Convention Citoyenne climat : le « fâcheux »
précédent du grand débat sur la PPE
A l’heure où débute la
consultation citoyenne sur la fiscalité énergétique, il n’est pas inutile de
rappeler ce qu’avait donné le grand débat sur la PPE (la loi de programmation
pluriannuelle de l’énergie) ; un grand débat de qualité finalement, avec
multiples échanges entre experts, citoyens souhaitant s’informer et partie
prenantes ; la plupart des échanges
très riches peuvent encore être vus sur le site.
Sauf que le résultat avait
été assez rude pour le gouvernement, avec des remarques fortes sur l’incohérence des deux objectifs de
décarbonation et de modification du mix (notamment la baisse du nucléaire),
une contestation assez généralisée, et une
conclusion logique de tout cela : une offensive forte pour remettre en
cause la loi elle-même ainsi que ceux qui l’incarnent ou la pilotent.
Bref une mise en cause directe de
la démagogie sans borne de Ségolène Royal et de l’idéologie rétrograde des
Verts (cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2018/09/le-debat-public-sur-la-transition.html)
Compte-tenu de ce précédent, il
est probable que les participants à la
convention citoyenne seront sérieusement cadrés et chambrés. A eux de ne
pas se laisser manipuler dans une opération de justification d’une politique
décidée d’avance.
Ils pourront par exemple lire
utilement une tribune récente de Michel Negynas sur Contrepoint très éclairante
sur les absurdités de la PPE.
Michel
Negynas : Énergie : pourquoi arrêter 14 réacteurs nucléaire d’ici 2035 ?
texte
complet : ((https://www.contrepoints.org/2019/10/12/355575-energie-pourquoi-arreter-14-reacteurs-dici-2035)
Extraits :
« En écrivant mon dernier billet sur cette folie du programme énergétique
français, en particulier le volet électrique, une question toute bête m’est
venue à l’esprit : comment diantre a-t-on déterminé le chiffre de 14
réacteurs à arrêter d’ici 2035 ? Alors j’ai cherché, dans les documents
publiés tous azimuts par le gouvernement et ses agences, où il pouvait y avoir
une justification du calcul. Eh bien il semble qu’il n’y en ait pas. »
« Alors, j’ai essayé de me mettre
dans la tête d’un homme ou d’une femme politique qui a une formation standard :
juriste ou licence d’histoire, sciences po, puis ENA ou Normale sup lettre. Il
ou elle n’a pas le temps de lire des documents techniques, et de toute façon il
ou elle a oublié même la physique élémentaire enseignée avant le baccalauréat.
Le seul outil scientifique à sa disposition est la règle de trois, et encore il
ou elle ne l’applique pas assez. Par ailleurs, à propos de l’électricité, un
classique indémodable dans les media et chez la plupart des politiques, est de
confondre ou de mélanger des KW, unité de puissance, et des KWh, unité
d’énergie. »
« Première méthode :
Quelles sont les données de base ? Nous
allons augmenter la puissance installée des énergies renouvelables de 30 GW
pour l’éolien, soit une équivalence de 7 GW compte tenu du taux de capacité de l’éolien
de 25 % car le vent ne souffle pas toujours. Pour le solaire, c’est environ 30
GW également, soit 3 GW en équivalence avec un taux de capacité de 11 %, car le
soleil se cache parfois. Cela fait environ 10 GW.On va baisser le nucléaire d’un équivalent de 12 réacteurs après
démarrage de l’EPR et fermeture de Fessenheim, soit environ 10 GW. » Génial,
ça colle parfaitement ! »
« Deuxième méthode :
On veut faire passer la part du nucléaire de
75 % à 50 % du mix. Supposons qu’on soit à consommation constante. On baisse de
25 %.
Nous avons 58 réacteurs en service, nous
allons arrêter en arrêter 14. Il en restera 75 % du chiffre initial : moins 25
%. Bon sang ! Cela colle encore parfaitement ! »
« Finalement, je pencherais plutôt
pour la première méthode. En effet, on trouve partout, dans les textes, qu’on «
arrêtera du nucléaire en fonction de la montée en puissance des ENR… » Lorsqu’on
lit les études sur la sécurité d’approvisionnement de RTE, seules études «officielles
», on n’est pas vraiment rassurés.
Et la dernière partie de la phrase
confirmerait mes craintes : l’arrêt
du nucléaire serait juste un problème d’ignorance totale du sujet par les
décideurs, considérant qu’un KW délivré de façon aléatoire et intermittente est
équivalent à un KW pilotable à la demande. Ou qu’ils confondent KW et KWh.
Un doute m’assaille : dirigerait-on la
France vers une catastrophe, juste parce que nos décideurs sont des littéraires
post-modernes, considérant dépassé de
tenir compte des contingences techniques ? Nous sommes effectivement dans le
monde des « éléments de langage » et des « narratifs ». Le narratif : «
on arrête le nucléaire au fur et à mesure de l’augmentation des ENR » est
simple, compréhensible par tous, donc satisfaisant pour l’esprit. Peu importe
qu’il soit une fable.
Réveillez-moi de ce cauchemar. »
Commentaire : rien à ajouter ,
vraiment rien. Parfaitement expliqué et tout à fait vraisemblable ; et vraiment, de quoi cauchemarder !
Et pour cauchemarder un peu plus, et se rendre
encore davantage compte de l’absurdité de la PPE actuelle, on peut se ramener à
une tribune précédente du même Michel Negynas, également sur
contrepoint :
Michel Negynas : « L’arithmétique est sans pitié pour le programme énergétique français
Extraits ( pour
l’article entier, se reporter ci-dessus) :
« Il est programmé de multiplier par trois
l’éolien et par cinq le photovoltaïque, soit de passer à environ 90 GW
d’énergie intermittente et aléatoire. La loi sur l’énergie et le climat prévoit :
1) la fermeture des centrales
au charbon en 2022 ; 2) l’arrêt de 14 réacteurs nucléaires d’ici
2035… »
« Par ailleurs, il est programmé de
multiplier par trois l’éolien et par cinq le photovoltaïque, soit de passer à
environ 90 GW d’énergie intermittente et aléatoire…
Qu’en est-il à la pointe de
consommation, en hiver, avec le programme qui vient d’être voté ?
La situation actuelle de la production française, dont pilotable, est la
suivante : nucléaire : 63 GW ; charbon
: 3 GW ; fioul : 3 GW (pour mémoire, plus rien n’est vraiment
opérationnel ; gaz : 12 GW ; hydraulique : 25 GW, (mais 15 GW
vraiment mobilisables en même temps) ; éolien : 16 GW ; solaire : 9
GW ; bio énergie : 2 GW (bois et méthanisation)
La consommation à la pointe a atteint un
record en 2012 à 102 GW. En 2018 elle a été de 96 GW.
Or, il y a des jours sans vent en hiver,
et même très souvent. On peut parfaitement le constater sur le site eCO2mix de
RTE. Par exemple :
le 11
décembre 2018 : l’éolien était à 486 MW pour 15 000 MW installés
le 27
décembre 2018 : 209 MW
le 20/01
2019 : 693 MW
le 21/02
2019 : 269 MW (cette situation a duré deux jours complets).
Quelle sera la situation en
2022 : la pointe ne changera guère en
si peu de temps, prenons la à 95 GW ; la capacité disponible à la pointe
sera, en tenant compte de la disponibilité des installations (95 % de taux de
marche pour les centrales classiques) de 88 GW.
Donc dès 2022 on ne passe pas les soirs sans vent. C’est d’ailleurs ce qu’a
plus ou moins laissé entendre RTE, le Réseau de Transport de l’Électricité,
filiale d’EDF. Mais sans trop le dire.
Comment l’État peut-il être aussi
irresponsable ? Il semble qu’une des raisons est que la loi oblige RTE dans ses
calculs à prendre non pas une sécurité absolue pour l’approvisionnement
(c’est-à-dire avoir une capacité mobilisable bêtement égale à une prévision de
consommation) mais une approche probabiliste ; pour simplifier, n’être en
rupture que dans 10 % des cas… »
Et en 2035 ?
« Comment va-t-on passer a priori l’arrêt de
12 réacteurs supplémentaires après Fessenheim, soit 10 GW ?
Dans 15 ans,
on n’aura pas d’EPR supplémentaires, car aucun n’est décidé actuellement, et
même si une décision est prise dans quelques années, les délais d’autorisation
vont traîner en longueur.
Il n’y aura pas plus de vent et
de soleil en hiver
Nos voisins font les mêmes
programmes, voire pire (NB et même nettement pire dans le cas de
l’Allemagne !), on ne peut compter sur eux
La capacité sera alors de l’ordre de 80
GW. Comment baisser la pointe à cette valeur, sachant qu’on va privilégier le
vecteur électricité chaque fois que c’est possible ? »
Examinons les solutions
« 1) Installer
10 GW de centrales à gaz power to power (via bio méthane, méthane de
synthèse, ou hydrogène) avec stockage associé capable de fournir pendant deux
jours. C’est plus ou moins le principe du programme Negawatt (assorti d’une baisse de consommation de
moitié !!!). Mais les
technologies n’en sont qu’au stade de pilote, et les rendements attendus sont
tellement faibles que le coût sera exorbitant avec des impacts environnementaux
très négatifs. Et la disponibilité de la ressource (biomasse) est sujette à
caution. En aucun cas cela ne pourra être opérationnel dans 15 ans, si même
c’est faisable un jour. »
2) Installer en catastrophe 10 GW de centrales
à gaz, alimentées en gaz russe ou qatari.
3) Baisser la
pointe malgré des besoins en forte croissance : faire de la France un désert industriel. Il est vrai que c’est bien
engagé ; utiliser les compteurs
Linky pour organiser une pénurie tournante, via des algorithmes de tirage au
sort ? En tant que particuliers,
acheter un petit groupe électrogène diesel
Commentaire : Pas mieux pour démontrer l’absurdité de la
PPE et de la fermeture de centrales nucléaires en état de marche, une absurdité
écologique, sociale, économique, technique, climatique et pour l’indépendance
nationale et un gaspillage innommable du patrimoine collectif des Français,
Et le black out annoncé, on s’en rapproche déjà ! Lundi 7 octobre
2019…
« L'incident a été discret et
rapidement circonscrit, mais ce lundi 7 octobre le système électrique français
a été mis à rude épreuve. Faute de
production suffisante, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité
(RTE) qui doit assurer un équilibre permanent entre l'offre et la demande , a
dû débrancher en urgence 21 sites de production industriels aux alentours de 21
heures. Créé dans le cadre de la loi NOME de 2011, ce dispositif dit «
d'interruptibilité » permet de déconnecter en quelques secondes des usines
fortement consommatrices d'électricité, volontaires et rémunérées pour cela,
afin d'éviter le risque de « black-out ».
Jusqu'ici, le mécanisme n'avait été actionné qu'une seule fois, le 10 janvier
dernier, lorsqu'un problème de mesure sur les lignes connectant l'Allemagne et
l'Autriche avait mis en risque le réseau électrique européen. Arrêt inopiné
d'une turbine à Gravelines En cause cette fois-ci selon RTE : l'arrêt inopiné de la production d'un
réacteur d'EDF dans sa centrale de Gravelines. « L'indisponibilité à
Gravelines lundi soir a fait chuter la fréquence sur le réseau français à un
moment critique car en fin de journée, on observe traditionnellement une baisse
de la consommation », explique RTE. Chez EDF, on précise que l'arrêt à
Gravelines n'est pas lié à un problème sur l'un de ses réacteurs nucléaires
mais sur une turbine qui a été déconnectée du réseau et remise en service à 7
heures mardi matin. « L'unité de production a été déconnectée afin de réaliser
une opération de maintenance sur le circuit secondaire, situé en partie non
nucléaire de l'installation »
Un seul réacteur nucléaire vous manque, et
tout s’éteint ! Les électrointensifs effacés, mais bientôt aussi les
particuliers !
Bou Dieu, et ils vont fermer Fessenheim. C’est sûr, on passera pas
l’hiver !
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