Cynisme,
mépris, manipulation pour un échec
provoqué
Décidément, il sera dit que la manipulation, le mépris, l’insulte
et le plus bas cynisme seront la marque d’une présidence de moins en moins
jupitérienne et de plus en plus ubuesque. L’échec
des négociations paritaires syndicats de salariés- syndicat patronaux sur la
réforme de l’assurance chômage était à peine acté que Macron triomphait :
« On est dans un drôle de pays ! Chaque jour, dans le pays, on dit
corps intermédiaires, démocratie territoriale, démocratie sociale, laissez-nous
faire. Et quand on donne la maoin, on dit « mon bon monsieur, c’est trop
dur reprenez-là. »
Quel cynisme ! Car en fait, c’est Macron
qui a sciemment provoqué l’échec de ces négociations par une lettre de cadrage imposant
3 à 4 milliards d’euros d’économie en trois ans, que syndicats de salariés et
syndicats patronaux jugeaient impossibles. Alors, le désaccord sur la
pénalisation des contrats courts, chiffon rouge bien agité par Macron a
exactement rempli son office : celui de mener droit à un échec prévu
d’avance qui permettra au gouvernement d’imposer les réformes drastiques qu’il souhaitait mettre en place.
Revenons un instant sur le diagnostic de
cynisme et de manipulation, tellement évident qu’il est partagé par tous les
syndicats. CGT : « Menteur, manipulateur « (simple et
efficace : la CFE-CGC : « C’est en très grande partie la faute
du gouvernement qui nous avait dressé un cadre dans lequel il était
quasi-impossible de trouver un compromis » ; la très gentille
CFDT : « La démocratie sociale a très souvent prouvé son efficacité
et sa responsabilité lorsqu’elle n’est pas soumise à des lettres de cadrage impossibles,
menant sciemment une négociation dans l’impasse ».
Et le Medef lui-même, qui fustige « la
lâcheté de l’Etat qui fixe toutes les règles, mais veut aire endosser les
décisions par les autres »
Et c’est très exactement ce dont il
s’agit ; en provoquant sciemment cet échec, Macon veut imposer une réforme
ultra libérale, un véritable démantèlement de l’assurance-chomage, dont très
démagogiquement, les cadres seront les premières victimes.
Les cadres et classes moyennes en ligne de mire.
Parmi les mesures que veut imposer le
gouvernement, trois constituent d’ores et déjà une régression sans précédent
des droits des assurés sociaux : le plafonnement des indemnités, leur
dégressivité, la diminution de la durée d’indemnisation. Elles ciblent particulièrement las
cadres; oui et non, tout le monde y perdra, pas de gagnants, mais ce seront
sans doute les cadres qui y perdront le plus ; mais surtout c’est, comme
il l’a fait de manière constante pour les lois travail, en attisant la division
entre salariés, en dénonçant les pseudo privilèges de certains, ceux qui ont un
peu plus (parce qu’ils cotisent plus que les autres), ici des
cadres, que le gouvernement espère faire passer sa réforme.
Première cible, première démagogie : le plafond d’indemnisation maximal, ou le
mythe du cadre au chômage qui se dore au soleil sur une plage tropicale. Seulement 900
personnes touchent l’allocation maximale (7 454 € brut par mois soit 6560€
net), cela représente 0,03 % des bénéficiaires en 2017 ! S’ils touchent beaucoup,
c’est qu’ils ont beaucoup cotisé. En fait, 95 % des allocataires perçoivent une
allocation de moins de 2 275 € brut par mois. Le taux de remplacement (3) pour
une personne au SMIC est en moyenne de 79 % contre 64 % pour un salarié qui
gagnait environ 3 000 euros net par mois (2016).
Deuxième
cible, deuxième démagogie : les
allocations dégressives, ou le mythe du chômeur, cadre ou pas, qui tient à
profiter de son généreux chômage au maximum avant de ne rechercher un emploi
que le dernier mois, juste avant la fin de son indemnisation. C’est quand même
un pari singulièrement risqué, surtout pour des postes à responsabilité qui ne
se trouvent pas en traversant la rue ! Et surtout, les expériences
étrangères ont amplement démontré qu’elles n’avaient qu’un effet minime sur la
durée du chômage (vous savez, oh macronistes bas de plafond, le facteur ultra
prédominant dans la durée du chômage, surtout chez les cadres, c’est le nombre
d’emplois disponibles !). En période de chômage élevé, elles ont même un
effet pervers spécifique aux cadres, celui d’encourager à prendre un emploi
sous-diplômé et peu satisfaisant…au détriment d’un chômeur moins qualifié qui,
du coup, aura encore plus de difficulté à trouver un emploi…
Troisième
cible, troisième démagogie, les durées
d’indemnisation rallongées (2 ans et demi (30 mois) à partir de 53 ans, 3
ans (36 mois) à partir de 55 ans, ou le mythe du chômeur volontaire se faisant
financer de bonnes années de retraite par l’assurance chômage. Les cadres sont
là encore particulièrement visés, commençant plus tardivement leurs carrières,
ils doivent travailler plus longtemps et, de plus en plus souvent, ne touchent
pas de retraites complètes. Argument du gouvernement : le chômage des
cadres est si faible qu’un cadre qui ne trouve pas un poste en deux ans, c’est
qu’il y met de la mauvaise volonté. Ben voyons, oh macronistes bas de plafond
(bis, parce que vraiment vous m’énervez), c’est facile pour un cadre de 55, 60
ans (mettons tiens un chercheur spécialiste d’un domaine pointu licencié lors
de la reprise de sa start-up qui a trop bien réussie par un groupe étranger- le
truc qui n’arrive jamais). Sans parler d’un cadre de 63, 64 ans qui doit
travailler jusqu’à 67 ans pour toucher une retraite complète !
Les
cadres dans le viseur du gouvernement à propos de l’assurance chômage, c’est
d’autant plus injuste qu’ils sont contributeurs nets, et pas de peu.
Ainsi, le taux de chômage des cadres
était de 3,3 % en 2017 ; ils ne représentaient que 7 % des allocataires
indemnisés en 2016. En 2015, les
cotisations des cadres apportent 42 % des cotisations chômage (33,4 milliards
en tout) soit 14,1 milliards et perçoivent 15 % des allocations c’est-à-dire
4,7 milliards. Ce qui veut dire qu’il y a environ 10 milliards des
contributions des cadres qui financent la solidarité.
Ce qu’ils
veulent : la fin de l’assurance chômage
Nous avons donc un système assurantiel, et en même temps,
solidaire. De l’assurance, les cadres attendent ceci,
clairement mis en avant par F. Hommeril, leader de la CFE-CGC : « Mon combat est
simple, ma vision de la justice: Qu’un cadre, licencié à 50 ans, ne soit pas
obligé de vendre sa maison pour continuer à payer les études de ses enfants. Et
ce alors qu’il aura cotisé toute sa carrière pour s’assurer contre ce risque. »
Et cette remarque d’un de ses membres : « j’ai cotisé des années à
une assurance
et aujourd’hui à 50 ans , licencié je comptais ( faute de ne pas retrouver de
travail) comme bcp de cadres me « lancer «, mais comment assumer le début d’une activité
si l’on nous ampute des allocations (taxées à l’impôt sur le revenu d’ailleurs) ? »
François Hommeril, lors de son entrevue avec la
ministre du travail, après l’échec programmé des négociations paritaires :
« Dans
un système assuranciel comme l’assurance chômage, il y a une logique de
répartition entre les niveaux de cotisations et d'allocations. Rompre ce
principe serait scandaleux et inefficace … Aujourd’hui, 42 % des ressources du
régime sont assurées par des cotisations sur les salaires des cadres qui ne
reçoivent que 15 % des allocations. C’est
grâce aux cadres et à leurs 10 milliards d’euros de contributions nettes que
l’on peut verser des allocations aux personnes éloignées de l’emploi et
préserver un haut niveau de solidarité inter-catégorielle auquel nous sommes
attachés. »
En
effet, c’est comme cela que cela fonctionne, et plutôt pas trop mal. Si les cadres cotisent à une assurance,
la moindre des choses, c’est le jour où l’on en a besoin d’avoir une couverture
en rapport avec la dite cotisation. Mais à travers les cadres, la volonté du
gouvernement est claire : supprimer
l’assurance chômage pour la remplacer par un filet minimal de solidarité, comme
en Angleterre. Ceux qui voudront réellement s’assurer devront le faire avec
des assurances privées ; et pas de doute, c’est un marché qui intéresse
beaucoup les assureurs. A ce nouveau
régime, comme le montrent les chiffres, tout le monde y perdra, et les cadres,
et les autres, et la société française
sera encore plus fracturée !
Ceci encore : rappelons que la Cour des
comptes évalue à 1,031 milliard d'euros
l'indemnisation des salariés du spectacle et de l'audiovisuel. Autrement
dit, le système d’assurance chômage sert à subventionner massivement la
brillante politique culturelle. C’est peut-être à cela qu’il faut mettre fin,
mais là, il y faudrait un vrai courage politique.
La CFE-CGC s’annonce fortement mobilisée :
« La
CFE-CGC assumera ses responsabilités et répondra présente en cas de
concertation organisée par le gouvernement. Elle sera particulièrement
vigilante et veillera à ce que la population qu’elle représente ne soit pas une
variable d’ajustement pour trouver des ressources supplémentaires en baissant
ses droits. Ce sont en effet les cadres et les membres de l’encadrement qui
financent l’équilibre du régime d’assurance-chômage… A ce sujet, la CFE-CGC
réitère par ailleurs que la piste un temps évoquée par le gouvernement d’une dégressivité des allocations chômage
pour les cadres constitue une ligne rouge absolue, rappelant que ce sont
bien les cotisations assises sur les salaires des cadres et de l’encadrement
qui permettent de verser des allocations à ceux qui n'ont pas de travail. Et
donc de préserver un haut niveau de solidarité intercatégorielle »
La
suite (le mois de mai ?) sera-t-il chaud, chaud, chaud, et pas simplement
à cause du réchauffement climatique ? Les macroniens seraient peut-être
bien avisés de ne pas trop se mettre à dos un électorat qu’ils pensent captif
et qui jusqu’à présent a voté massivement pour eux.
Car,
c’est une loi : l’écrasement des classes moyennes provoque des monstres
politiques !
Cadres et gilets jaunes, même combat ?
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