Le cannabis n’est pas une drogue douce…
A l’heure où certains reprennent à nouveau cette vieille lune qu’est la dépénalisation du cannabis, il n’est pas inintéressant de mentionner un article de La Recherche de juin 2012 résumant les travaux d’une équipe française sur la façon dont le cannabis affecte la mémoire. Ces travaux mettent en évidence la responsabilité de récepteurs du principe actif du cannabis, non pas seulement sur les neurones, mais également sur les astrocytes, cellules dont on pensait jusque récemment qu’elles se limitaient à un rôle de soutient mécanique des neurones (Marsicano et al…)
Rappelons que le cannabis, selon l’Académie nationale de Médecine, n‘est nullement une « drogue douce ». Il ne provoque pas d’overdose, parce que ses récepteurs sont situés loin des centres vitaux, mais il peut parfois entraîner des hallucinations, des épisodes délirants aigus ou des crises de panique mettant la vie de sujets sensibles en danger. Contrairement aux morphiniques, l’effet de sevrage est inexistant, parce que le cannabis s’élimine lentement. Par contre, le cannabis entraîne bien une dépendance, et les altérations neurobiologiques qu’il produit sont similaires à celles des drogues dures, ce qui, selon le Pr. Nordmann, de l’Académie de Médecine, rend tout à fait injustifiée la distinction drogue douce/drogue dure.
La consommation de cannabis a des effets immédiats sur la désinhibition, des effets relaxants et euphorisants, mais il provoque aussi des troubles de la coordination perceptivo-motrice, du traitement de l'information, dont il résulte un allongement du temps de réaction avec des troubles de l'attention et de la mémoire à court terme. Il n’est pas étonnant que le cannabis soit à l’origine de plus de 10% des morts sur la route, chiffre évidemment sous-estimé en raison de l’absence de détection systématique.
En ce qui concerne la consommation chronique, le cannabis a des effets biens connus et graves de démotivation et de désocialisation. Le cannabis a une action cancérogène plus marquée que celle du tabac. Il semble favoriser la survenue d'infarctus du myocarde, diminuer l'immunité et entraine, comme le tabac, des pathologies respiratoires. Pour l’Académie de Médecine, la conclusion est claire : « les politiques de prévention et de communication sur le cannabis doivent être renforcées, sans concession aux défenseurs du cannabis »
Le cannabis, un vrai problème de santé publique
Le cannabis n’a donc rien d’une drogue douce, il cumule finalement les effets et les inconvénients du tabac et de l’alcool. Par sa toxicité et l’ampleur de sa consommation, il devient vraiment un problème de santé publique. Selon les chiffres de la MILT , 60% des garçons et filles de dix-neuf ans en ont consommé au moins une fois, mais ce qui vraiment inquiétant, c’est le chiffre des consommateurs réguliers ou intensifs (vingt fois par mois ou plus) qui représente 15 % des jeunes garçons de 19 ans. De plus, l’âge de la première consommation ne cesse de baisser, de la seconde vers la troisième, et maintenat les premières classes de collège.
Toute politique de dépénalisation ou de libéralisation entraînera une aggravation du problème. Et il y a là vraiment une politique de gribouille : les partisans de la libéralisation prétendre mettre fin au trafic ; or soit le prix du cannabis officiel est plus fort que le prix actuel, et cela ne brise rien du tout ; soit il est plus faible, et il ne décourage pas la consommation suffisamment, comme le prouve la consommation actuelle.
Selon les conseils de l’Académie de Médecine, il faut maintenant sur le cannabis une politique d’information claire et fortement dissuasive, sur le modèle de ce qui a été fait avec quelque efficacité sur le tabac. La politique de recherche sur l’addiction doit aussi être renforcée, de façon à pouvoir proposer une aide thérapeutique, comme le patch parfois efficace pour le tabac.
Le chiffre de 15% de consommateur régulier chez les jeunes est le double de la moyenne européenne. Reste un problème plus vaste auquel il faudra s’attaquer : notre pays est dans le peloton de tête de tous les comportements à risques, qu'il s'agisse de cannabis, de tabac, d'alcool, de suicides, etc. pour les jeunes. Cela aussi justifie la priorité à la jeunesse du président actuel, et cela oblige à changer la société de façon à permettre une meilleure insertion des jeunes.