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lundi 2 décembre 2013

Electricité : vers le grand noir !

Vers 1905, le citoyen Pataud, anarcho-syndicaliste fondateur du syndicat des électriciens rêvait de plonger Paris dans le noir afin de déclencher le grand soir, une alliance de fait entre écologistes exploitant la phobie nucléaire et les ultra-libéraux de la Commission Européenne est en train de réaliser les fantasmes du citoyen Pataud

Le RTE (réseau de transport électrique) a prévenu : en 2016,  le réseau approchera de la congestion et des régions entières pourraient être plongées dans le noir et le chaos.(cf. Le Monde 19 novembre 2013)

Eole, c’est du vent !

Une des raisons principales en est l’absurde politique éolienne : la production éolienne ultra subventionnée et prioritaire sur le réseau, cette énergie produite lorsque le vent le veut bien et non lorsqu’on en a besoin, ne permet absolument pas de faire face aux demandes électriques. Plus il y a d’éoliennes, plus il faut de centrales à gaz –génial pour le bilan climatique, et les centrales à gaz, nous les avions fermées. Ajoutons à cela l’existence d’un véritable lobby écolo-affairiste, nourris aux tarifs subventionnés et aux niches fiscales, se ruant sur les maries rurales auxquelles ils font miroiter le nouveau pactole dans le vent, entraînant une multitude de prises illégales d’intérêts de certains élus (Jean-Louis Butré, Fédération environnement durable Marianne, 30 novembre 2013). Une autre raison ; le frein mis en France à la construction nucléaire – et bientôt ; nous serons incapable de construire une centrale sans les Chinois, qui, eux avancent à grands pas. De plus, l’énergie éolienne est chère, et entraîne une véritable écotaxe électrique, géante à côté de la trop fameuse écotaxe routière, qui se chiffrera par plus d’une centaine d’euros par an pour chaque consommateur. Enfin l’abandon par l’ Allemagne du nucléaire a été catastrophique, et a déséquilibré le système européen, entraînant même le remplacement des très utiles centrales à gaz par des centrales à charbon, moins chères, mais plus polluantes.

La politique Européenne

Cette politique a été bien caractérisée (et exécutée) par Claude Mandil, directeur de l’agence internationale de l »énergie de 2003 à 2007 : « la Commission Européenne, obsédée par le marché, a failli sur la question de la sécurité d’approvisionnement. La marché intérieur a été progressivement bâti depuis vingt ans, sous forte pression idéologique, avec la conviction que l’on se porterait d’autant mieux qu’on confierait plus aux marchés et moins au politique. Résultat : il ne permet plus bien entre autres de prendre en compte les investissements de sécurité, de développer des marchés de capacité pour faire face à l’explosion des énergies renouvelables intermittentes. Une réforme en profondeur s’impose »

Pourtant, une saine  compréhension des lois économiques de base indique qu’il existe des monopoles de faits ( par la géographie, la technique, l’intensité capitalistique, le service public) ; et de nombreux et catastrophiques exemples ont montré que chaque fois que par idéologie, on veut imposer le marché et la concurrence, le remplacement de ces monopoles étatiques par des oligopoles privés conduit tout simplement à la pénurie, les nouveaux gérants n’ayant aucun intérêt à réaliser les investissements massifs nécessaires et se contentent de voir monter le prix d’une ressource qu’ils raréfient jusqu’à la pénurie. La privatisation de l’électricité en Californie, celle des transports ferroviaires en Angleterre l’a prouvé à l’envie.


Stop à la privatisation de l’hydroélectrique !

Pourtant, les ayatollah libéraux de la Commission ne l’ont toujours pas compris, au point qu’ils veulent encore imposer la concurrence sur l’énergie hydroélectrique, et cela se joue en ce moment, et c’est extrêmement grave ! Là aussi, 1) c’est un marché naturellement monopolistique – on ne peut pas construire autant de barrages que l’on veut. 2) C’est une industrie où la sécurité est primordiale et le profit ne peut être le seul moteur – les barrages ont tué plus que le nucléaires. 3) C’est un secteur qui a été relativement négligé ces dernières années et qui nécessite de gros investissements, pour la sécurité et aussi pour augmenter la productivité, et évidemment les opérateurs privés ne les feront pas. 4) Enfin, l’énergie hydroélectrique constitue une énergie durable et écologique au plus haut point, et une énergie d’appoint mobilisable à volonté lorsqu’une pénurie menace, justement ce dont nous avons le plus grand besoin !

Toujours, partout, un monopole public remplacé par un oligopole privé, c’est la pénurie et l’explosion des prix assurées! On ne peut se permettre cela pour cette ressource précieuse qu’est l’énergie hydroélectrique

A noter que les Allemands ont gentiment expliqué à la Commission que leurs monopoles régionaux équivalent à une concurrence au niveau national, et que donc, ils ne feraient rien ; que les Portugais se sont dépêchés de faire passer leurs concessions de service public sur l’hydroélectrique à cent ans etc ; et nous nous n’avons rien fait !

Au contraire même, la Cour des Comptes a cru bon d’appuyer la demande européenne de mise en concurrence des barrages hydroélectriques ; ils connaissent tellement bien le sujet qu’il a d’ailleurs fallu leur expliquer gentiment que la concession, pour des raisons techniques évidentes, ne pouvait se faire barrage par barrage, mais par vallées entières. (La Cour des Comptes, qui a pourtant un immense travail de comptable, de vérification des comptes publics à accomplir a trop tendance ces derniers temps à se mêler de tout, voire de stratégie industrielle et de recherche, et les chercheurs qui ont eu l’immense bonheur de voir ses auditeurs débarquer dans leurs instituts en ont généralement gardé un immense dégoût devant tant d’incompétence et de morgue). A-t-on jamais vu des comptables décider d’une stratégie industrielle ou d’une politique de recherche ?)

Pas d’industrie sans électricité !

Face à la menace imminente de pénurie d’électricité, le Ministère du redressement productif doit d’urgence s’occuper du dossier : pas d’industrie sans électricité ! Il faut stopper immédiatement la mise en concurrence sur l’hydroélectrique, définir une politique énergétique européenne qui tienne compte des modes de consommation et de production propres à chaque pays, renforcer les interactions internationales, engager de nouvelles unités de production, notamment nucléaires.

Et préparer la transition énergétique du siècle prochain, qui reposera sur la seule énergie massivement durable, le solaire !

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