Emissions de carbone, défi
climatique : un mix à nucléaire important est la seule solution.
Aujourd'hui,
au niveau mondial, l’électricité est la première
source des émissions de CO2 (25%), bien devant le bâtiment et les transports. Pourquoi ? À cause d’un mix mondial de production aux 2/3
fossiles (45 % charbon, 25% gaz et pétrole). La plupart des pays devront énormément
décarboner leurs sources d’électricité et c’est un sacré défi.
Grâce
à son mix énergétique fortement nucléaire, la France possède ici un avantage
considérable : environ 4t de CO2 en
France et en Suède contre près de 9t en Allemagne. La différence s’explique par le mix électrique
(décarboné à 95% en France et Suède, fossile à plus de 50% en Allemagne). Cette
situation critique de l’Allemagne, qui fait que, à cause de leur arrêt du
nucléaire, chez eux, comme l’a fait remarquer Mme Merkel, le diesel pour la
voiture est moins pire pour le climat que la voiture électrique montre combien
leur politique a conduit à une absurdité
Or
la part de l’électricité dans la consommation d'énergie finale mondiale doit doubler d'ici
2050 (GIEC) ; dans les bâtiments (chauffage), elle doit passer de 30% aujourd'hui à plus de 50%,
dans le transport, elle doit passer de 1 % aujourd'hui à 20-40% en 2050. C’est
dire qu’un bon mix énergétique décarboné pour la production d’électricité est
absolument critique.
Grâce au nucléaire et à
l’hydraulique, 97% de la production d’EDF en France
continentale est sans CO2. Des performances qui donnent à la France une large avance par rapport à la plupart des pays
européens !
La politique européenne du carbone
est déficiente et ne favorise pas la décarbonation de l’énergie
L’Europe
vise une réduction de 80% des émissions de CO2 d’ici 2050. Cette ambition passe
par une réduction des émissions dans tous les secteurs et par une décarbonation
quasi totale du mix électrique européen d’ici 2050. Sur la trajectoire actuelle, l’Europe ne remplira pas ses obligations
climatiques. Pourquoi ? Parce
qu’il n’y a pas de régulation efficace
du marché du carbone !
Les
volumes de droits d’émissions ont été trop généreux : le prix a considérablement chuté
depuis le lancement du marché et il est durablement déprimé, ce qui n’incite pas à réduire les
émissions.
Pour aller plus loin,
il faudrait l’unanimité au sein de l’UE, ce qui n’est pas possible – les pays
fort producteur de charbon- Allemagne, Pologne s’y opposent fortement.
D’où l’idée de mettre en place un prix plancher du CO2 (comme au Royaume-Uni)
sur la base de pays volontaires. C’est ce que veut faire le gouvernement français : « la deuxième priorité,
c’est d’avoir un prix plancher du CO2 en Europe et je suis favorable à ce que nous
puissions dans les prochains mois acter d’un vrai prix à 30 euros la tonne pour le CO2,
ce qui on le sait est le prix de référence qui permettra de changer durablement les
comportements, de transformer les priorités de nos investisseurs, de nos acteurs industriels et dans
aucun pays européen, ce ne sera facile ». (Intervention du Président de la République lors de la COP23)
Et
surtout sur la base du volontariat, cela sera insuffisant !
Autonomie énergétique et sécurité d’approvisionnement :
une situation fragile en France
La
France est globalement exportatrice nette d’électricité mais le solde varie
assez significativement d’une année à l’autre, selon l’évolution et la
disponibilité des mix de production européens. Ses capacités d’exportation, conjuguées avec
une production nucléaire et renouvelable à bas coût, permettent à la France de dégager un solde
commercial d’électricité d’environ 2 Md€ par an (sauf en 2016), tout en disposant d’une couverture supplémentaire pour satisfaire
son équilibre offre-demande en cas d’aléa hivernal. Pourquoi en 2016 ? A
cause du manque de disponibilité du parc nucléaire ! Donc, sans nucléaire,
pas d’exportation et pas même d’économies !
Une politique européenne
incohérente et pénalisante.
Prenons
trois exemples.
Les mécanismes de capacité : Pour assurer la sécurité du
système et la garantie d’approvisionnement, la France, comme l’Angleterre, ont
des mécanismes de capacités ; c’est-à-dire qu’un certain nombre de
centrales ( les plus anciennes) ne produisent normalement pas, mais sont quand
même entretenues par leurs exploitants pour éventuellement intervenir quelques
jours par ans. Le dispositif français repose sur une obligation imposée aux
fournisseurs de couvrir le besoin de puissance en pointe de leurs clients. Pour
cela ils doivent acquérir des certificats de capacité auprès des exploitants
(ou détenteurs de capacité d’effacement). EDF a ainsi fait certifier l’ensemble
de son parc pour les années 2017, 2018 et 2019. Mais seul EDF peut assurer un
tel service public.
Or il semble que dans ses directives 2018 (Winter package 2017), la Commission Européenne n’ait pas validé les mécanismes de capacité…tandis qu’elle acceptait bizarrement les « réserves stratégiques « allemandes…qui sont pas très différentes !
Or il semble que dans ses directives 2018 (Winter package 2017), la Commission Européenne n’ait pas validé les mécanismes de capacité…tandis qu’elle acceptait bizarrement les « réserves stratégiques « allemandes…qui sont pas très différentes !
La loi Nome et l’ARENH : les absurdités de la loi Nome de
libéralisation de l’énergie qui impose le dispositif de l'ARENH (Accès Régulé à
l'Electricité Nucléaire Historique). A tout moment, les fournisseurs
alternatifs doivent pouvoir s’approvisionner auprès d’EDF en énergie nucléaire
historique « à des conditions économiques équivalentes » à celles d’EDF.
Conclusion :
lorsque le coût spot de l’électricité est élevé, les fournisseurs dits
alternatifs peuvent revendre très cher à EDF de l’électricité qu’ils lui ont achetée
au tarif régulé ARENH tandis que lorsque le coût spot est peu élevé ils s’approvisionnent
ailleurs et laissent à EDF l’énergie qu’elle est de toute façon obligée de
produire. Génial, gagnant à tous coups car l’ARENH a été conçu comme une option
gratuite pour les fournisseurs. En
conséquence, et contrairement à l’objectif initial, EDF ne couvre pas ses coûts
dans la durée.
Et
notez bien que tandis que l’Europe impose ainsi à EDF de subventionner ses
concurrents, elle s’apprête à demander la fin des tarifs régulés qui protègent
les particuliers des variations fortes ces cours, et surtout des augmentations
brutales au moment où ils ont réellement besoin d’électricité. L’Europe de la
secte libérale, dans toute sa brutalité et sa folie, ce sont des tarifs régulés pour les profits financiers et la fin des
tarifs régulés pour les particuliers.
Troisième exemple, l’hydraulique : alors que l’hydraulique
constitue en en France une énergie décarbonée majeure, propre et renouvelable,
l’Europe, toujours au nom de sa conception idéologique et fanatique du
libéralisme a imposé un système absurde et impraticable de mise en concurrence
des concessions hydrauliques. Bilan : une fois de plus, un des atouts
majeurs de la France part à la dérive : les coûts moyens de production ne sont
progressivement plus couverts depuis 2014, les investissements de rénovation du parc
se rentabilisent difficilement et se heurtent à une durée limitée pour les amortir.
L’Etat français fait l’objet d’une mise en demeure de la Commission
Européenne depuis octobre 2015, demandant la mise en concurrence effective des concessions hydrauliques.
Cette procédure retarde la mise en œuvre des dispositions de la loi de transition
énergétique (regroupement de concessions, investissement contre prolongation,
partenariats avec les collectivités).
La transition énergétique en Allemagne
et au Royaume-Uni :
Allemagne :Le prix de détail de l’électricité a été
multiplié par 2. Les EnR sont de plus en plus difficiles à intégrer : besoin d’investissements
lourds sur le réseau et problème d’acceptabilité - pylônes ; Objectif CO2
national pour 2020 : -40 % par rapport à 1990. Le gouvernement a reconnu en 2017
qu’il ne pourra être atteint ; Obligation de sortir du charbon
(capacités installées actuelles : 47 gW) pour baisser les émissions de CO2 mais pas de consensus politique.
Bilan :
Un échec total : les particuliers
allemands payent leur électricité en moyenne 74 % plus cher qu’en France. Cette énergie n’est absolument pas
décarbonée puisque le nucléaire a été largement remplacé par des énergies carbonées,
et l’Allemagne trahit totalement ses objectifs climatiques.
En plus, l’investissement sur le solaire n’a
même pas permis de sauver une industrie locale complètement balayée par les Chinois.
Royaume-Uni : une
approche globale, prudente et économique de la décarbonation ; des plans
pluriannuels qui articulent les différents leviers d’efficacité énergétique (isolation
des bâtiments notamment). Une électricité pas encore suffisamment décarbonée (combustibles fossiles : 54,5 %
ENR (surtout éolien) 24,5 % ; nucléaire 20,1 %. Une régulation
par le prix plancher du CO2. Investissement soutenu dans le nucléaire avec
garantie de revenus.
Le mythe de la rénovation thermique
A
force de bonnes intentions et de normes accumulées, on se prend parfois les
pieds dans le tapis ; ainsi, la réglementation thermique des bâtiments (RT2012) a été contreproductive du point de vue des émissions de CO2
puisqu’elle a entraîné une baisse des parts de marché de l’électricité dans la construction
neuve au profit du gaz….
Si
tous les bâtiments étaient rénovés très fortement sans modifier les énergies de
chauffage utilisées aujourd’hui, les émissions moyennes seraient de l’ordre de
15 kgCO2/m²/an, valeurs très éloignées des 3 kgCO2/m²/an qui est la valeur
cible. Au-delà de l’amélioration de l’enveloppe des bâtiments et des
performances des systèmes, il sera donc nécessaire de substituer les énergies
fossiles par des énergies bas carbone, notamment l’électricité.
Le mythe de l’énergie produite à la
maison (ou Production décentralisée et communautés d’énergie)
Ce
n’est pas du tout la même chose que d’avoir une ferme Photovoltaïque de 300 mW
ou 100000 installations domestiques de 3 KW. Vu de l’équilibre entre la
production et la consommation, c’est à peu près pareil, elles produisent quand il y a du soleil et leur puissance
cumulée est la même. Vu du réseau ce n’est du tout pas pareil. Les 100000
installations domestiques ne sont pas raccordées au même niveau de tension. Dans un cas,
le réseau électrique a un interlocuteur qui aura un centre de conduite et des professionnels avec qui travailler
(pour l’entretien du réseau, pour l’analyse des incidents…). Dans l’autre, le
gestionnaire a en face de lui 100 000 utilisateurs qui sont d’abord des consommateurs et n’ont pas de compétence
technique d’exploitant. Le système électrique peut-il accueillir beaucoup de
production décentralisée ?
Réponse : non !!!! La
production décentralisée ne répond à aucune des exigences de base d’une
production électrique utilisable :
La puissance est-elle garantie ou pas ? L’équipement est-il flexible à la hausse et à la baisse,
à court et moyen terme ? La production est-elle adaptable ou au moins synchrone par rapport
à la demande ? La production est-elle près ou loin de la demande et du réseau ?
L’exploitant est-il un professionnel avec lequel on peut interagir, se
coordonner, corriger des problèmes ?
Ajoutons-y
le coût considérable de raccordement au réseau de centaines de milliers d’installations
domestiques !!!!
Et
ceci encore. Si comme la Commission Européenne le souhaite, les communautés
locales de production d’énergie se développent, c’est la fin de la péréquation
tarifaire géographique qui consiste à faire payer le même prix à tous les
clients quelle que soit leur localisation sur le territoire national : Il n’ y a un seul tarif d’acheminement
pour toute la France, identique dans les zones urbaines et rurales bien que les coûts des réseaux
soient différents et qui ne dépend pas de la distance parcourue par l’électricité
(contrairement au gaz). C’est la fin du
service public de l’énergie.
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