1) Le
grand débat sur la transition énergétique et la programmation pluriannuelle n’a aucun sens s’il n’est pas précédé
d’une information préalable solide et scientifique. Or, rien n’a at été prévu
pour cela. Comment les Français pourraient-il se prononcer sans d’abord un débat solide, organisé,
honnête donnant le temps nécessaire à la confrontation et lorsqu’elle est
possible à la conciliation, entre experts, expliquant leurs données, d’où elles
viennent et ce qu’ils en concluent.
Et sans par exemple que soit expliquées (et les conclusions
tirées) l’échec de l‘injection massive d’énergies renouvelables non pilotables
(Australie du Sud) ou de privatisation de l’électricité ( Californie) ?
2)
Comment mener ce débat sans se mettre d’accord sur un scénario crédible
d’évolution de la consommation ? En particulier, les scénarii basse
énergie, par exemple de l’ADME manquent de crédibilité. Il n’y aura de baisse
globale de la consommation d’énergie, ni bien sûr dans les pays en développement,
ni même dans les pays développés (voir l’exemple
de l’Islande où la consommation d’électricité utilisée pour le calcul des
bitcoins dépasse la consommation à usage domestique !)
3) Une
part important de nucléaire (au moins 70%) est seule de nature à permettre le
respect des engagements climatiques, et c’est d’autant plus vrai si se
développe l’utilisation des véhicules électriques, utiles pour diminuer la pollution
dans les grandes agglomérations.
Une preuve par l’absurde (Oh combien !) en est la
situation allemande, où Angela Merkel affirme avec raison que les véhicules
Diesel sont moins polluants que les véhicules électriques (en effet, si l’on
produit l’électricité à partir de charbon !)
4) Tant
qu’une innovation de rupture ne permettra pas le stockage massif des électricités
intermittentes (et ce n’est pas en perfectionnant les piles actuelles que l’on
y parviendra), un pourcentage supérieur à 70% d’électricité nucléaire sera indispensable
pour maintenir la sécurité d’approvisionnement.
Par conséquent, il est nécessaire de maintenir les
installations nucléaires existantes et sûres et d’investir dans un nouveau
nucléaire (EPR), qui d’ailleurs se positionne bien à l’export. Rappelons que
les organisations syndicales et le CCE d’EDF
, se basant sur l’avis de l’autorité de sûreté nucléaire, ont donné un avis négatif unanime concernant la
fermeture anticipée de la centrale
de Fessenheim, décision qui met en péril le fragile équilibre du réseau.
La loi de transition énergétique doit être modifiée de façon
à prévoir le maintien de la production nucléaire à plus de 70% tant que le
problème du stockage massif de l’énergie ne sera pas résolu, faute de quoi,
elle perd tout rapport avec la réalité.
5) L’hydraulique
constitue, après le nucléaire, le deuxième pilier du mix français et a produit en
2016 10 % de la production d’électricité, soit 53,6 TWh. Elle est pilotable,
flexible, renouvelable.
Une concession hydraulique, c’est aussi la gestion
intégrée de la ressource en eau confiée à EDF avec ses diverses missions indispensables
à la vie et à l’économie des territoires : irrigation pour l'agriculture,
alimentation en eau potable, besoins de l'industrie, tourisme… C’est encore la
prévention des risques en gérant les crues et évitant que les cours d’eau ne
viennent à sec, au bénéfice de tous les usages (en particulier les centrales
nucléaires refroidies par les fleuves).
Par
conséquent, il faut s’opposer à tout processus de privatisation des concessions
hydrauliques d’EDF, comme à tout bradage à la concurrence.
6) La
mission de service public de l’électricité (EDF) doit être confortée : fournir
de l’électricité à tout le pays au même prix, toute l’année, en toutes
conditions. En particulier, la sécurité d’approvisionnement impose qu‘en
cas de problème tout soit mis en œuvre, quel qu’en soit le coût pour rétablir
le courant- quel exploitant privé l’assurera ?
La péréquation tarifaire et la sécurité d’approvisionnement
du réseau sont incompatibles avec l’intégration de productions locales à grande
échelle.
La lutte contre la précarité énergétique est incompatible
avec la fin des tarifs sociaux et l’imposition de tarifs dynamiques, comme le
veut la Commission européenne.
Enfin, il convient de s’assurer que les biens communs
(matériels et immatériels) résultant des immenses efforts historiques
d’équipement soient entretenus, valorisés, développés et profitent à tous.
Tout ceci est incompatible avec les politiques de
privatisation de production de l’électricité imposés par la Commission
Européenne sur laquelle il faudra revenir.
7) Le secteur de
l’électricité étant en France déjà largement décarboné (6% des émissions
totales du pays) grâce à son mix énergétique et en particulier au nucléaire, la
priorité est à donner à la décarbonation des secteurs des transports et du
bâtiment. Ce qui nous ramène à un autre grand service public, celui du frêt
ferroviaire, que le privé sera bien incapable de mettre en œuvre, tout
simplement parce qu’il ne prend pas en charge l‘ensemble des externalités
négatives (ou positives)
Tous ceux qui le souhaitent peuvent (tenter) de participer au grand débat sur la programmation pluriannuelle de l'énergie (https://www.debatpublic.fr/revision-programmation-pluriannuelle-lenergie)
Tous ceux qui le souhaitent peuvent (tenter) de participer au grand débat sur la programmation pluriannuelle de l'énergie (https://www.debatpublic.fr/revision-programmation-pluriannuelle-lenergie)
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