La
production d’électricité ne va pas baisser !
Tiens, un calcul
intéressant de l’Ademe ! L’ADEME estimait effectivement en 2014 qu’1 Mo
envoyé (bon d’accord, c’est un assez gros message, mais enfin pas irréaliste)
correspondait à 15 grammes de CO2 ! Imaginons que vous envoyiez 30 mails par
jour à différents destinataires pendant un an, cela correspond à presque 330 kg
de CO2, soit plusieurs milliers de km d’essence utilisés en voiture ! Ou
bien encore, pour une entreprise de 100
personnes envoyant en moyenne 33 e-mails par jour, 220 jours par an, cela
représente 13,6 tonnes eqCO2, soit 13 A/R en avion entre Paris et New York !
Une autre façon de se représenter l’ampleur du problème : Lorsque l'on
envoie un e-mail avec une pièce jointe qui pèse environ 1 Mo, cela correspond à
la consommation électrique d'une ampoule
de 60 Watts pendant 25 minutes !
Et le CO2 n’est pas la
seule émission causée par l’envoi d’e-mails. Traduit en données, 1 Mo en pièce
jointe dans un e-mail est l’équivalent de 7,5 grammes de fer. Cela est dû aux
serveurs des data centers qui requièrent des métaux et des ressources
importants pour être fabriqués et entretenus. Enfin, il faut également parler
des spams, ces mails intempestifs que l’on reçoit par centaines. Dans le monde
entier, les spams utiliseraient autant
d’énergie plus de 2 millions de foyers américains annuellement !
L’intérêt de cette étude
est de rappeler au grand public que les e-mails, les recherches sur le web et
le stockage de documents numériques n’ont rien d’immatériel. L’envoi et la
réception d’un e-mail ou la recherche sur le web nécessitent en effet une
lourde infrastructure technique : data centers, l’internet, et les équipements
des utilisateurs finaux.
Et il n’y a pas que les
emails, les recherches internet aussi consomment de l’énergie. Toujours selon l’Ademe,
à l’échelle des 29 millions d’internautes français qui effectuent en moyenne
949 recherches par an, les émissions de gaz à effet de serre (GES) induites
représenteraient 287 600 tonnes d’équivalent CO2 ! (soit environ 250.000 aller retours
Paris New-York en avion !)
Et aussi, et encore plus,
le développement du cloud, du « big data », qui vont multiplier les
consultations à distances et les échanges de fichiers volumineux. Sans parler
des techniques de validation en blockchain, qui sont à la base des divers
bitcoin. L’utilisation pour l’instant folklorique (ou délictueuse et risquée)
des bitcoins a déjà des conséquences faramineuses : sur les quelque 17 millions
de bitcoins en circulation dans le monde, une bonne partie est « made in
Islande ». L’Islande offre des conditions
uniques au monde pour la production de cryptomonnaies, en raison de son énergie
géothermique bon marché et 100 % renouvelable. Le kWh hors taxes (0,065 euro) y
est en moyenne deux fois moins cher que dans l’Union européenne (0,114 euro),
selon les données d’Eurostat pour 2016,
Mais l’implantation de fermes de minage dans le paysage islandais a un
véritable impact environnemental. Selon le fournisseur d’énergie islandais HS
Orka, les data centers islandais
spécialisés dans le minage devraient consommer 840 gigawatts/heure en 2018
soit plus que toute l’électricité
consommée par les 330.000 habitants de l’île pour leurs besoins domestiques
(700 gigawatts/heure) ! Et hors de cette utilisation très particulière, la
technologie des blockchain devraient se développer pour le stockage et la
transmission d'informations très sécurisées !
Bon aller : d’autres
chiffres ; en 1 heure, 8 à 10 milliards de mails échangés (hors spam), 180
millions de recherches Google. 50
milliards d’objets connectés (Prévision 2020), 15 000 km distance moyenne
parcourue par une donnée numérique (mail, téléchargement, vidéo, requête web)…
Et si on ajoute à ça l’électrification
des transports et probablement aussi en partie du chauffage, vous croyez
vraiment que la consommation d’électricité va diminuer ? Non évidemment,
elle va exploser ! Vous croyez que les éoliennes et le solaire vont nous
en fournir près de la moitié ? En tous temps ?
N’importe quel idiot,
sauf les écolos les plus butés et vivant très bien de l’écologie tels Pascal
Canfin, sait bien que non ! Vous croyez qu’il est raisonnable de diminuer
la production nucléaire ? N’importe quel idiot, sauf les écolos les plus
butés et vivant très bien de l’écologie tels Pascal Canfin, sait bien que non !
Et même pour arriver à 50% de nucléaire ( ce qui est inenvisageable pour la
sécurité d’approvisionnement, qui soit dit en passant, deviendra de plus en
plus critique), l’explosion de la
demande d’électricité exigera la construction de réacteurs de nouvelle
génération. Et beaucoup !
Une
leçon taiwanaise : les Taïwanais se prononcent par référendum pour
l'énergie nucléaire (24 novembre 2018).
L'île chinoise de Taïwan forme un état séparé
du régime de Pékin de 23 millions d'habitants, disposant d'une économie
dynamique et moderne. Son premier partenaire commercial est la Chine.
La nouvelle présidente ,
Tsai Ing-wen élue en 2017, avait dans son programme la sortie du nucléaire pour
2025 et le développement des énergies renouvelables (solaire et éolien). Le
nucléaire, en 2017, avait fourni 14% de l'électricité. Un réacteur , terminé
depuis 2014 n'a pas encore démarré. Au début du mois d'août 2018, trois des six
réacteurs en service étaient à l'arrêt pour maintenance. Le 11 août, une
délégation patronale s'est rendue chez Mme Tsai pour lui faire part de son
inquiétude quant à la stabilité du réseau électrique. Elle demanda le
redémarrage de certains réacteurs. Refusé ! Un communiqué de la présidence indiqua que
tout était en ordre de marche ; l'instabilité provenait d'un réseau trop
centralisé et qu’il fallait continuer à investir dans les renouvelables.
Le 15 août, une panne géante affecta la partie nord de l'île
et toucha, durant plusieurs heures sept millions de foyers, soit un tiers de la
population Taïwanaise ! Entre
autres,le métro de la capitale fut plongé dans le noir. On imagine les
répercussions dans un pays moderne, feux de signalisation, informatique,
ascenseurs etc...
Le ministre de l'économie
démissionna, mais le traumatisme fut profond. Des questions se posèrent quant à
l'existence d'un réseau électrique solide indispensable à l'économie et à la
défense nationale.
Un mouvement
pro-nucléaire puissant se forma, qui, à travers maintes embûches juridiques,
obtint finalement la tenue d'un référendum
d'initiative populaire afin d'interdire la sortie du nucléaire.
Celui-ci a
eu lieu le 24 novembre. La sortie du nucléaire a été rejetée par
59% des électeurs contre 41% d'avis opposés. La participation et le nombre
de votants pro-nucléaires sont conformes à la Constitution locale et rendent le
verdict valable juridiquement.
Le gouvernement, après le
vote, persiste dans son refus du nucléaire. Les élections locales avaient lieu
le même jour et le parti au pouvoir a subi une lourde défaite. Mme Tsai, à la
suite des élections locales a annoncé sa démission de la direction de son
parti.
Tiens, un avertissement ?
Demain, les gilets jaunes de l’électricité !
(Merci à M. Lionel Taccoen et
à sa très précieuse Lettre Géopolitique de
l'Electricité !)