La
fermeture de centrales nucléaires, c’est l’assurance d’une explosion du prix de
l’électricité
En France, le parc électronucléaire est constitué de 58 réacteurs en
activité, répartis dans 19 centrales. Deux de ces réacteurs sont implantés sur
la commune de Fessenheim dans le Haut-Rhin (en Alsace). Disposant chacun d’une
puissance électrique de 900 MW, ils ont fourni, en cumul, près de 2,4% de la production électrique française en 2015 et 1,6% de celle-ci en 2016. En 2016, la centrale nucléaire de
Fessenheim a généré près de 8,4 TWh,
soit l'équivalent d'environ 65% de la
consommation alsacienne d'électricité. Près de 1 100 personnes travaillent
en permanence sur le site (850 salariés d’EDF et près de 250 salariés
permanents d’entreprises extérieures). Lors des arrêts pour maintenance, il s’
y ajoute 600 à 2 000 personnes supplémentaires, issues de sociétés
prestataires. Au niveau local, la centrale de Fessenheim représente 47,1
millions d’euros en 2016, dont 15,9 millions d'euros au titre de la taxe sur
les installations nucléaires, 14,3 millions de redevance voie navigable et 2,1
millions d’euros de taxe foncière. Les investissements moyens dans la centrale
(maintenance et amélioration de la sûreté) ont représenté 128 millions d’euros en 2016.
EDF souhaitait poursuivre l’exploitation au-delà de 40 ans, pour une
durée minimale de 50 ans. L’Autorité de Sûreté Nationale (ASN) a validé cette
prolongation à chacune de ses visites décennales, la dernière d’entre elles
ayant été effectuée en 2009/2010 pour le réacteur 1 et en 2011/2012 pour le
réacteur 2 de la centrale. Fermer
Fessenheim n’est donc pas une question de sécurité !
Fermer Fessenheim, mais le remplacer par quoi ? Un remplacement progressif du nucléaire par
de l’éolien stocké coûte donc environ 6 fois plus qu’avec du nucléaire à 60
ans, sans faire rien gagner sur les émissions de CO2 par ailleurs. Avec le
photovoltaïque les investissements seraient multipliés par un facteur 5 à 10
par rapport à l’éolien (donc 50 par rapport au nucléaire), à consommation
identique ! En passant, lorsqu’on s’inquiète avec un peu de raison du
dérapage de la construction de l’EPR, eh bien, l’EPR, son coût il peut dériver encore 5 fois, 10 fois, il sera
encore moins cher que les énergies renouvelables, compte-tenu du flux
d’électrons qu’il relâchera !
Ce qui veut dire aussi que la
fermeture de centrales nucléaires, si elle devait être actée par la PPE, c’est
l’assurance d’une explosion du prix de l’électricité. Après les gilets jaunes de l’essence, préparez-vous aux gilets jaunes
de l’électricité.
Et aux restrictions autoritaires ! Remember : Le
compteur Linky est prévu pour pouvoir vous « effacer » du
réseau !
Fermer Fessenheim, mais le remplacer par quoi ? Eh bien,
dans l’immédiat, par les centrales au charbon (voire au lignite !)
allemandes, les plus polluantes et les carbonnées qui soient. Vive la pollution
en Alsace et en France !
Fermer Fessenheim, mais le remplacer par quoi pour les
travailleurs d’EDF, pour les habitants de la région ? Ben, on sait pas
trop ! Et si ce sont 4, 6 centrales nucléaires de plus qu’on ferme ?
Fermer
Fessenheim, c’est un scandale écologique, économique, social, sanitaire, c’est
une absurdité idéologique, c’est une magouille pour complaire aux écologistes bigots et
rétrogrades et scientifiquement ignares. C’est révoltant et inacceptable, c’est
brader le patrimoine technologique français et les efforts de nos parents qui ont
construit le nucléaire français.
Et fermer d’autres centrales nucléaires, encore plus ! Le
nucléaire est certes hors de prix, mais les alternatives non carbonées sont
bien plus chères !
« Tout le monde est d’accord pour réduite la part du nucléaire à 50% » Eh
bien non !
C’est une des
déclarations de Hulot, qui prend de plus en plus l’aspect d’un prophète
sectaire et déjanté bourré de tics, jouant et rejouant l’annonce de
l’Apocalypse, manipulant les peurs, jouant sur l’indignation (parfois
justifiée), la colère, la culpabilisation,
en perpétuelle séquence émotion, ce qui le dispense de toute raison et
de toute argumentation scientifiquement fondée.
Non M. Hulot, tout le monde n’est pas d’accord pour réduire la
part du nucléaire à 50% dans la production électrique, et en particulier pas
les scientifiques du Giec. Tous les
scenarios du GIEC qui permettent de limiter la hausse de la température moyenne
du globe à moins de 1.5° en 2100 ; tous ! incluent une augmentation significative de la part du
nucléaire ! (de 59-106% d’ici 2030, de 98-501% d’ici 2050. Le respect des objectifs climatiques
nécessitera de multiplier par six les capacités nucléaires mondiales. Et
pour la France, la recommandation spécifique est de commencer dès maintenant la
construction de nouveaux EPR, compte-tenu des délais de mise en route
effective pour des raisons plus
administratives que techniques !). Nous sommes déjà exemplaires sur le
plan de la décarbonation de l’électricité (mais pas sur celui des transports,
du diesel, de l’isolation thermique), pourquoi revenir en arrière et priver la
France d’une énergie durable, décarbonnée, économiquement très compétitive, pourvoyeuse d’emplois durables et qualifiés,
bonne pour le climat et la pollution, et dont nous étions les leaders mondiaux,
avec une solide expertise !
Et pas plus l’ensemble des scientifiques internationaux qui ont
adressé au Pt Macron une lettre pour lui faire part de leur inquiétude devant votre décision d'éloigner la
France d'une production nucléaire propre, soulignant que « toute
réduction de la production nucléaire en France aura pour effet d'augmenter la
production d'électricité par des combustibles fossiles, donc la
pollution ».
Et pas plus les dizaines de milliers de citoyens
français (~40.000) et les centaines d’organisations représentatives, bons
connaisseurs des problématiques énergétiques) , qui ont tenu à participer au
Grand Débat sur la PPE ( programmation de la politique énergétique), qui à la
grande surprise du rapporteur et du gouvernement, ont contesté « la cohérence des deux objectifs de décarbonation et de
modification du mix (notamment baisse du nucléaire ». Conclusion du
rapporteur : « Une offensive forte pour remettre en cause la loi
elle-même ainsi que ceux qui l’incarnent ou la pilotent », et
notamment la baisse de la production nucléaire. Puisque c’est lui qui le
dit !
Et pas plus cette syndicaliste de l’alliance
UNSA/CFE-CGC (Mme Autissier), qui signe dans Le Monde du 25 novembre
2018 une tribune justement intitulée, « Non, tout le monde n’est pas d’accord pour réduire la part du nucléaire ».
Citations : « Pour réduire la part du nucléaire à 50 % de la
production totale à l’horizon de 2030, Ampère préconise la fermeture de 16
réacteurs entre 2020 et 2030, réduisant le parc nucléaire de 63 gigawatts (GW)
à environ 50 GW. Pour arriver à 50 % d’électricité nucléaire en 2035, Volt
préconise pour sa part la fermeture de 9 réacteurs et un parc nucléaire de 55
GW.
De tels scénarios conduiront inéluctablement à des
arrêts d’activité dans nos régions et généreront des pertes d’emplois – avec
leurs conséquences sur la vie locale. Le scénario Ampère entraînera la
suppression de 70 000 à 120 000 emplois directs, indirects et induits, tandis
que le scénario Volt ferait perdre entre 35 000 et 65 000 emplois. En outre, ces
scénarios détruiront à terme la filière de recyclage de l’uranium, dont la
France est l’incontestable leader, avec des conséquences désastreuses sur
l’activité industrielle en Normandie et dans la vallée du Rhône. »
« Alors que la France aspire à promouvoir
l’activité industrielle nationale et à faire vivre ses territoires tant
malmenés par la désindustrialisation, cherche-t-on à casser une industrie qui
se déploie sur l’ensemble du pays ? Rappelons que 40% des emplois de la
filière nucléaire sont situés en Rhône Alpe et en Provence Cote d’Azur, un
quart en Île de France, 20% en Normandie… La filière fournit des emplois
durables, particulièrement aux jeunes générations,.. »
Et pas plus cette syndicaliste CGT (Mme
Cailletaud), qui s’exprime dans le même numéro du Monde dans une tribune intitulée la France doit se doter d’un service public de l’énergie, :
Sortir du fissile n’est pas climato-compatible. La France, qui a encore des
compétences précieuses en la matière
porte une responsabilité particulière. Il
est donc plus que jamais d’actualité que la PPE prenne en compte les réalités techniques et économiques pour
répondre aux enjeux sociaux et environnementaux et se débarrasse des points de
vue idéologiques.
Trente ans de dérèglementation du secteur de l’énergie ont conduit à la déstructuration, à l’affaiblissement
des énergéticiens européens, à la fragilisation de notre sécurité et de notre
indépendance énergétique, qui a diminué de deux points de CO2 en 2016 et à l’augmentation
des coûts.
Non à la scission d’EDF ! …Garantir
simultanément des dividendes élevés et une forte valorisation boursière du
titre d’EDF est peu compatible avec les
besoins très lourds et à long terme d’une entreprise comme EDF… Le caractère stratégique
de l’énergie implique d’avoir une vision systémique servie par un pôle public
répondant aux besoins et aux enjeux du XXIème siècle » En effet !
Et pas plus la fédération FO mines énergie, au discours particulièrement
net, courageux, compétent et argumenté ( eh oui, vivent les corps intermédiaires,
malgré leurs défauts !) :
« FO Énergie et Mines rappelle son
désaccord constant avec l’atteinte d’un objectif de 50 % de part du nucléaire
dans le mix électrique, lequel ne repose sur aucune considération objective. La
définition d’une politique énergétique doit être fondamentalement pragmatique
et reposer sur l’analyse de la contribution réelle des différents moyens de
produire l’électricité à la lutte contre le réchauffement climatique. La montée
en puissance des énergies intermittentes et la réduction de la part du
nucléaire n’améliorent en rien le bilan CO2 de notre pays. Comme l’a rappelé la
Cour des Comptes, l’accélération du
développement des énergies renouvelables intermittentes génère des coûts élevés
qui pèsent largement sur les ménages. Elle amplifiera le déficit commercial de
notre pays et présente à terme des risques géopolitiques avérés (terres
rares quasi exclusivement concentrées en Chine). Elle porte également un risque
sur la sécurité d’approvisionnement de notre pays en l’absence de solution
économiquement abordable en matière de stockage.
Notre pays peut compter aujourd’hui sur un parc nucléaire performant qui a contribué à faire de la France un des pays européens où l’électricité - hors taxes - est l’une des moins chères d’Europe et sur la troisième filière industrielle de France, qui emploie 220 000 salariés. FO Énergie et Mines considère qu’au point de vue économique, social et environnemental ,la fermeture pour des raisons politiques d’une centrale nucléaire serait une absurdité et un gâchis pour notre pays, sa compétitivité et le pouvoir d’achat des Français. FO s’y opposerait alors de toutes ses forces avec les personnels. »
Le nucléaire reste une énergie d’avenir et il importe en conséquence, pour maintenir les compétences, de lancer parallèlement un programme de construction de nouveaux réacteurs."
« Tout
le monde est d’accord pour réduite la
part du nucléaire à 50% » Eh bien non ! (bis)
Cf. sur un
ton moins revendicatif mais sur le fond aussi critique la tribune de l‘expert Jacques
Percebois, Coresponsable
du pôle Transitions énergétiques à la Chaire Économie du Climat
(Paris-Dauphine), qui s’exprime sur le très officiel et très gouvernemental Connaissance
des énergies. Citation :
« La
presse a évoqué hier trois scénarios envisagés par le gouvernement quant à
l’évolution du nucléaire en France. Le scénario retenu sera officialisé la
semaine prochaine lors de la présentation de la programmation pluriannuelle de
l’énergie (PPE).
Dans les
trois cas, il est prévu de fermer entre
11 et 14 réacteurs avant fin 2035 (en incluant les 2 tranches de Fessenheim
dont l’arrêt est déjà acté) sur les 58
réacteurs en activité. Dans les trois cas, la part du nucléaire devrait baisser
à 50% de la production d’électricité mais à des dates un peu différentes : 2035
dans le scénario « Hulot/Rugy » et le scénario dit « intermédiaire », et 2040
dans le scénario « Bercy ».
Dans les
trois cas, la part des renouvelables devrait atteindre 40% de la production
d’électricité contre 18% environ aujourd’hui, mais là encore à des dates un peu
différentes : 2030 dans le premier scénario, 2032 dans le second et 2034 dans
le troisième.
La vraie
divergence entre ces scénarios ne tient pas aux dates, assez proches, de réduction
de la part du nucléaire mais au fait que seul le troisième scénario envisage de
façon explicite de construire de nouveaux réacteurs : 4 EPR, 2 vers 2034-2035
et 2 vers 2040-2041.
Dans les
deux premiers scénarios, on donne l’impression que le nucléaire est à échéance
plus ou moins lointaine condamné à disparaître en France. Seul le troisième
maintient le cap nucléaire tout en réduisant la voilure.
Plusieurs
questions devront être explicitées :
Sur quelle base d’évolution de la demande
d’électricité ces scénarios ont-ils été construits ? Maintient-on l’hypothèse d’une demande d’électricité
stable, voire en baisse ? Quid des nouveaux besoins liés à la mobilité
électrique et aux objets connectés ? (NB un message électronique
avec pj standard équivaut à la consommation d'une ampoule de 60W pendant 25 minutes- et les besoins des blogs chain font déjà exploser les besoins en serveurs...)
Quels
réacteurs seront fermés ? Si ce sont les plus anciens, cela concerne les
réacteurs dits « moxés ». Si tel est le cas, ne risque-t-on pas de mettre en péril le retraitement du combustible
donc toute la filière « aval » du cycle ? La France a choisi le cycle fermé du
combustible avec recyclage de l’uranium et du plutonium, ce qui permet
d’économiser de l’uranium et de réduire le volume des déchets à stocker.
Si l’on veut
maintenir les compétences dans le nucléaire, renvoyer à 2035 la construction de
nouveaux réacteurs n’est-il pas trop tardif ?
ll faudra
aussi se prononcer sur le choix de l’après EPR : maintient-on le cap de la «
Génération IV » (les RNR) ? Le projet Astrid est-il abandonné, repoussé ? Qu’en
est-il des nouvelles technologies du type SMR (Small Modular Reactors) ? Un
regard sur ce qui se fait à l’international, en Russie, en Chine et aux
États-Unis sera nécessaire à ce niveau si l’on veut rester dans la course. Mais
le veut-on ?
Comme on le
voit, beaucoup de questions demeurent en suspens et devront être débattues en
rappelant que la lutte contre le réchauffement climatique est une priorité à la
réalisation de laquelle le nucléaire contribue fortement en France.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.