Endotis après Novexel : meurtre en série chez les biotechs
Nouveau scandale à Biocitech, le parc d’activité des industries de la santé laissé par Aventis à Romainville à la place de la très prolifique, inventive et profitable Roussel-Uclaf. Après Novexel, c’est Endotis qui licencie la plus grande partie de sa recherche.
Cette société a-elle échoué ? Non, bien au contraire. Comme Novexel, Endotis a réussi à développer un composé, réussi sa première administration chez l’homme, et entreprend une étude clinique de phase II.
Mais surtout Novexel et Endotis ont les mêmes actionnaires majoritaires, qui ont eu le même comportement : prends l’oseille et tire-toi ! Il existait de multiples solutions pour permettre à Endotis de mener ses études cliniques tout en continuant sa recherche : augmentation de capital, entrée d’autres actionnaires au capital _ il y avait des candidats ; Cette solution a été refusée : l’actionnaire ne veut pas développer la société, il veut simplement vendre le produit si la phase II est un succès.
Autrement dit, dans la politique d’innovation française, ou bien les « jeunes pousses » échouent, et les chercheurs en paient le prix, ou bien elles réussissent, et les chercheurs … paient le même prix. Cela ne se passe pas ainsi dans les autres pays européens. Faut-il s’étonner que la France acquière ainsi un retard considérable dans la recherche scientifique et l’innovation ? On sait qu’elle manque considérablement de grosses PME, mais comment les PME pourraient-elles grossir si les sociétés dites de capital risque les avorte en cas de succès comme en cas d’échec!
En fait, le financement de l’innovation français est pathologique. Les sociétés de capital risque – le capital est pour eux, le risque pour les jeunes pousses- s’occupent d’amorçage (phase proche de la recherche fondamentale, risquée et relativement peu coûteuse), ce qu’elles ne savent pas faire, au lieu de s’occuper de développement (risque amoindri, mais exigeant des financements plus important et une stratégie industrielle). Aux USA, c’est essentiellement l’argent public et le gouvernement qui, à travers le Small Business Act et les SBIC (small business investment company) financent les phases d’amorçage, et le capital-risque prend le relais, en cas de succès pour les phases de développement : conclusion : sept ans après leur création, l’emploi dans les jeunes pousses est multiplié par 60 contre 5 à 30 selon les pays
Deux ouvrages récents et intéressant mettent en évidence le retard de la France en matière de recherche et d’innovation et ses conséquences, le déclin industriel français : Etats généraux de l’industrie, 2010, Jean-françois Dehecq, (Ladocumentationfrancaise.fr) ; Pas d’avenir sans industrie Jean-Louis Levet, Economica 2010).
Les solutions :
- Adopter une politique similaire à celle du small business act pour favoriser la naissance d’entreprises innovantes, avec un financement d’amorçage favorisé par l’Etat
- Réhabiliter l’état développeur, les commandes publiques et les aides aux PME
- Baisse de l’impôt sur les sociétés pour les bénéfices réinvestis
- Favoriser les projets collaboratifs entre grandes entreprises et PME, veiller à un meilleur équilibre entre sous-traitance et donneurs d’ordres
- Prendre conscience de l’impact sur l’emploi du tout délocalisable et que la délocalisation de la production finit par entraîner celle de la recherche
Il y a donc beaucoup à faire, et de manière urgente, en matière de recherche et d’innovation…cela devrait devenir une sujet central pour les prochaines élections
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