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dimanche 8 juin 2014

Canada, la recherche fondamentale menacée


Fin de la recherche gouvernementale, originalité canadienne ?

C’est sous ce titre que la revue La Recherche de juin 2014 (p.48-51) publie un article exposant les évolutions effectivement assez inquiétantes de la recherche au Canada. Le Devoir, dès le 29 mars 2012 annonçait ainsi les intentions du gouvernement conservateur : « Ottawa abandonne la recherche fondamentale pour mieux servir les entreprises » : « Le gouvernement Harper a enclenché aujourd'hui une réforme majeure de ses programmes d’aide à l’innovation qui se traduira notamment par l’abolition du soutien à la recherche fondamentale et une baisse du crédit d’impôt pour la recherche et développement (R-D).

Créé en 1916 afin d’appuyer la recherche fondamentale et la mise au point d’innovations commerciales, le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) voit ainsi disparaître le premier volet de sa mission.

 Le CNRC devra désormais «s’adapter aux besoins en recherche des entreprises et se concentrer sur des travaux de recherche appliqués dirigés par l’entreprise et pertinents pour l’industrie».

Et, pour une fois, un gouvernement aura tenu son programme !

La recherche au Canada repose sur trois piliers : la recherche universitaire, soutenue par des agences de moyens qui peuvent orienter la recherche sur des thèmes choisis par le gouvernement au moyen des financements qu’elles accordent ; le recherche privée, et la recherche gouvernementale, qui doit servir l’intérêt public ; elle regroupe notamment des laboratoires et des Instituts consacrés à la protection de l’environnement ou de la santé des Canadiens. C’est cette architecture qui a longtemps permis au Canada d’être un leader dans la recherche environnementale, et notamment dans celui de la mer – et des ressources halieutiques- avec le très prestigieux Pêches et Océans Canada. Et qui est aujourd’hui menacée avec la quasi-suppression de la recherche gouvernementale.

 Guerre à la recherche ?

Le chef du Parti Conservateur a montré son mépris de la recherche en nommant comme ministre un chiropracticien, qui refuse de se prononcer sur la Théorie de l’Evolution. De nombreux centres ont été fermés, de nombreux scientifiques ont été privés de leurs emplois ou ont dû réorienter leurs recherches, notamment dans le domaine de l’écotoxicologie et de l’environnement. Stephen Harper a affirmé sa volonté de  faire que le Canada devienne « le pays le plus attrayant du monde pour l’investissement dans l’exploitation des ressources naturelles » Ainsi, la Fondation Canadienne pour les sciences du climat et de l’atmosphère (FCSA) a vu ses crédits dramatiquement coupée, et son centre de du haut arctique PEARL, où avait été détectée le plus gros trou d’ozone en 2011 a du cesser ses activités avant que la mobilisation des chercheurs ne le sauve ; par contre, une nouvelle base a été ouverte en arctique, à Cambridge Bay, avec pour but de « faciliter la mise en valeur des ressources de l’arctique »…Plus de soixante lois ont été modifiées afin de rendre non obligatoires les évaluations environnementales concernant près de 3000 pipelines ou chantiers d’exploitation de sables bitumineux…Cette politique s’accompagne d’une censure des scientifiques : 50% d’entre eux affirment avoir été témoins de cas où la santé des Canadiens ou la protection de l’environnement a été compromise par des ingérences politiques. Un journaliste américain désirant s’informer sur une étude menée conjointement par la Nasa et Environnement Canada a décroché en quelques minutes un entretien avec les chercheurs américains, mais n’a pu en obtenir avec les Canadiens, sa demande ayant du passé par es mains de onze chargés de communication avant de … n’aboutir à rien.

En 2012 et 2013, des milliers de scientifiques ont manifesté « contre la guerre que le gouvernement conservateur mène à la recherche », ce qui est totalement inédit en ces contrées.

Merci à La Recherche d’avoir rappelé que tous les gouvernements, toutes les politiques ne se valent pas en matière de recherche. Le but de la recherche gouvernementale canadienne aujourd’hui menacée était que les scientifiques collectent et analysent les données, afin que les politiques se fondent sur les meilleures preuves scientifiques afin de légiférer.
 
« Savoir pour pouvoir afin de pourvoir », disait Comte, ce qui suppose « une liberté, liberté totale d’exposition, de discussion, d’appréciation », autre slogan positiviste toujours bon à rappeler.
 
 

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