Un dossier pour le CCNE_
bénévolat contre affairisme
Bonne chance à M. Jean-François Delfraissy,
qui succède à Jean-Paul Ameisen à la
tête du Comité Consultatif National d’Ethique. Car il va tout de suite se
heurter à un problème important et délicat : celui de la congélation du
sang de cordon ombilical. La loi de bioéthique de 2011 autorisé le prélèvement
et la conservation du sang de cordon ombilical, mais uniquement pour effectuer
un don anonyme et gratuit, mais pas dans le but d’un usage médical futur pour
le donneur lui-même. Or le TGI (tribunal de grande instance de Grasse) vient
d’autoriser, le 21 novembre 2016, un couple à conserver le sang du cordon
ombilical de son enfant à naître, pour un usage médical futur, « au regard des nécessités thérapeutiques
dûment justifiées ». Il s’agissait en l’occurrence, dans une famille où
existent des antécédents de cancer, de garder une source de cellules souches
pour une future auto-greffe éventuelle.
Le sang du cordon
ombilical contient des cellules souches habituellement localisées dans la
moelle osseuse. Elles produisent les cellules du sang : globules rouges,
globules blancs et plaquettes. Prélevées à la naissance, ces cellules souches,
dites «hématopoïétiques», peuvent être utilisées comme une alternative
extrêmement intéressante à la greffe de moelle osseuse pour traiter des
maladies du sang, comme les leucémies ou les lymphomes, des maladies génétiques
ou des déficiences immunitaires. Cette technique bien validée (plus de 20.000
greffes) permet de remplacer les dons de
moelle osseuse. C’est pourquoi la loi française a autorisé la constitution de
banques publiques et non lucratives de
sang de cordons ombilicaux, provenant de dons anonymes et gratuits lors de
l’accouchement – une pratique généreuse à encourager.
Mais jamais, au grand
jamais, cette seule technique validée ne justifie la conservation du sang
ombilical pour le donneur lui-même. Au contraire, la greffe de sang de cordon n’est
active dans les leucémies que parce que le donneur et le receveur sont deux individus
immunologiquement distincts (on parle de greffe «allogénique»). Et, en cas de
maladie génétique, quel serait l’intérêt de conserver des cellules porteuses
des même anomalies ?
Le consensus de la communauté scientifique
Il semble y avoir un fort consensus de la communauté scientifique sur cette
matière. Dans un article très pédagogique du Figaro, Luc Douay, hématologiste et membre
correspondant de l'Académie nationale de médecine, affirme :
« Tout
naturellement, beaucoup s'interrogent sur l'intérêt de conserver le sang de
cordon de son propre enfant. Il s'agirait alors de mettre de côté ses
précieuses cellules souches. Il n'est plus question ici de faire un don, mais
bien de payer des banques privées à usage personnel pour congeler et conserver
le cordon au cas où… En quelque sorte un pari sur une «assurance-vie
cellulaire» ! Y a-t-il des raisons scientifiques et médicales avérées
de proposer cela à des parents anxieux de protéger leur enfant ? La
réponse est formellement non. »
Évelyne Marry (La Croix) :
« la conservation à des fins autologues (pour le donneur lui-même) n'a
pas "d'intérêt scientifique". "Il est bien évident que l'on ne
va pas greffer à un enfant malade ses propres cellules-souches porteuses de
l'anomalie à l'origine de sa maladie »
François
Goffinet, chef de service de la maternité de Port-Royal à Paris. : « Nous
sommes de longue date confrontés à ce type de demande, que nous refusons. Je
m’interroge sur les conséquences de cette décision de justice, qui pourrait
encourager toutes sortes de requêtes irrationnelles. »
Jean
Léonetti, remarquable rapporteur de la loi de 2011, a estimé qu’il
s’agissait « d’une transgression
éthique et d’une illusion scientifique » (Le Monde, 18 décembre
2016).
J’ai
consacré récemment un article aux margoulins des cellules souches, prévoyant une
série d’attaques de leur part en France et en Europe. Il semble que nous y
soyons. Car il existe, aux USA et en Angleterre, des sociétés privées et très
lucratives en forte expansion qui constituent des banques payantes de cellules
de cordon, proposant de les
conserver pour un futur usage personnel.
Quel usage futur ? Aucun n’est
connu. Si l’on ajoute à cela que
seulement 7% des cordons prélevés sont conservés par les banques publiques pour
des raisons de qualité, et que personne ne connaît les effets d’une
conservation à long terme, il semble que nous ayons là affaire à une
escroquerie et à une exploitation
indigne de l’angoisse des familles.
J'évoquai dans un blog récent les attaques des margoulins des cellules souches. En voilà un autre exemple.
Au nom de quoi jugent-ils ?
Il
reviendra sans doute au CCNE de se prononcer sur cette affaire. Mais en
attendant, on se demande bien à quelles « nécessités thérapeutiques dûment justifiées » faisait allusion
le juge du TGI de Grasse qui a rendu son arrêt, et l’on se demande encore plus
quelle compétences qui permettait d’aller ainsi contre la loi, avec comme
effets prévisible de créer un antécédents qui permettra aux crocodiles et
requins de la bio-escroquerie de prospérer et le risque de déstabiliser le
système très utile du don anonyme et gratuit pour le traitement des leucémies. Mais au nom de quoi, de quelle compétence
médicales les juges peuvent ainsi ignorer l’avis des experts et la loi
elle-même ?
L’indépendance
de la justice n’autorise pas n’importe quoi, et surtout pas le fait d’aller
contre une loi que le juge est censé faire respecter. La loi est l’expression
de la volonté du peuple français, et le juge est censé au nom de ce même
peuple Ce jugement de Grasse est
scandaleux, et plus scandaleux encore le fait que le parquet n’ait pas fait
appel. Il y a là, de la part de plusieurs magistrats, des fautes graves qui
devraient entrainer des sanctions à la mesure des enjeux.
Personnellement,
cela des fait des années que la justice rendue en mon nom ( pour 1/60
millionième) par une corporation de magistrats qui prétendent s’exonèrer de
tout contrôle, hormis par eux-mêmes, me fait simplement vomir. Rappelons tout
de même que l’institution judiciaire française a infligé un blâme minimal au
fameux et toxique juge d’Outreau, tandis que M. le juge Van Ruymbecke ( Urba
gracco, le financement du Parti républicain entre autres) que M. Le procureur
de Montgolfier, à qui l’on doit toute de même la condamnation pour fraude de
HSBC eurentt bien des ennuis….
Entendons-nus,
c’est l’institution judicaire en tant que telle que je vise, et sa prétention à
ne rendre aucun compte. Pas les magistrats individuels, en tous cas, pas tous,
loin de là.
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