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samedi 21 janvier 2017

Conservation du sang de cordon Ombilical : les margoulins contre la science

Un dossier pour le CCNE_ bénévolat contre affairisme

 Bonne chance à M. Jean-François Delfraissy, qui succède à  Jean-Paul Ameisen à la tête du Comité Consultatif National d’Ethique. Car il va tout de suite se heurter à un problème important et délicat : celui de la congélation du sang de cordon ombilical. La loi de bioéthique de 2011 autorisé le prélèvement et la conservation du sang de cordon ombilical, mais uniquement pour effectuer un don anonyme et gratuit, mais pas dans le but d’un usage médical futur pour le donneur lui-même. Or le TGI (tribunal de grande instance de Grasse) vient d’autoriser, le 21 novembre 2016, un couple à conserver le sang du cordon ombilical de son enfant à naître, pour un usage médical futur, « au regard des nécessités thérapeutiques dûment justifiées ». Il s’agissait en l’occurrence, dans une famille où existent des antécédents de cancer, de garder une source de cellules souches pour une future auto-greffe éventuelle.

Le sang du cordon ombilical contient des cellules souches habituellement localisées dans la moelle osseuse. Elles produisent les cellules du sang : globules rouges, globules blancs et plaquettes. Prélevées à la naissance, ces cellules souches, dites «hématopoïétiques», peuvent être utilisées comme une alternative extrêmement intéressante à la greffe de moelle osseuse pour traiter des maladies du sang, comme les leucémies ou les lymphomes, des maladies génétiques ou des déficiences immunitaires. Cette technique bien validée (plus de 20.000 greffes)  permet de remplacer les dons de moelle osseuse. C’est pourquoi la loi française a autorisé la constitution de banques publiques et non lucratives  de sang de cordons ombilicaux, provenant de dons anonymes et gratuits lors de l’accouchement – une pratique généreuse à encourager.

Mais jamais, au grand jamais, cette seule technique validée ne justifie la conservation du sang ombilical pour le donneur lui-même. Au contraire, la greffe de sang de cordon n’est active dans les leucémies que parce que le donneur et le receveur sont deux individus immunologiquement distincts (on parle de greffe «allogénique»). Et, en cas de maladie génétique, quel serait l’intérêt de conserver des cellules porteuses des même anomalies ?

Le consensus de la communauté scientifique

Il semble y avoir un fort consensus de la communauté scientifique sur cette matière. Dans un article très pédagogique du Figaro,  Luc Douay, hématologiste et membre correspondant de l'Académie nationale de médecine, affirme :
« Tout naturellement, beaucoup s'interrogent sur l'intérêt de conserver le sang de cordon de son propre enfant. Il s'agirait alors de mettre de côté ses précieuses cellules souches. Il n'est plus question ici de faire un don, mais bien de payer des banques privées à usage personnel pour congeler et conserver le cordon au cas où… En quelque sorte un pari sur une «assurance-vie cellulaire» ! Y a-t-il des raisons scientifiques et médicales avérées de proposer cela à des parents anxieux de protéger leur enfant ? La réponse est formellement non. »

Évelyne Marry (La Croix) : «  la conservation à des fins autologues (pour le donneur lui-même) n'a pas "d'intérêt scientifique". "Il est bien évident que l'on ne va pas greffer à un enfant malade ses propres cellules-souches porteuses de l'anomalie à l'origine de sa maladie »
François Goffinet, chef de service de la maternité de Port-Royal à Paris. : « Nous sommes de longue date confrontés à ce type de demande, que nous refusons. Je m’interroge sur les conséquences de cette décision de justice, qui pourrait encourager toutes sortes de requêtes irrationnelles. »

Jean Léonetti, remarquable rapporteur de la loi de 2011,  a estimé qu’il s’agissait « d’une transgression éthique et d’une illusion scientifique »  (Le Monde, 18 décembre 2016).
J’ai consacré récemment un article aux margoulins des cellules souches, prévoyant une série d’attaques de leur part en France et en Europe. Il semble que nous y soyons. Car il existe, aux USA et en Angleterre, des sociétés privées et très lucratives en forte expansion qui constituent des banques payantes de cellules de cordon, proposant de  les conserver  pour un futur usage personnel.  Quel usage futur ? Aucun n’est connu.  Si l’on ajoute à cela que seulement 7% des cordons prélevés sont conservés par les banques publiques pour des raisons de qualité, et que personne ne connaît les effets d’une conservation à long terme, il semble que nous ayons là affaire à une escroquerie et à une  exploitation indigne de l’angoisse des familles.
J'évoquai dans un blog récent les attaques des margoulins des cellules souches. En voilà un autre exemple.

Au nom de quoi jugent-ils ?

Il reviendra sans doute au CCNE de se prononcer sur cette affaire. Mais en attendant, on se demande bien à quelles « nécessités thérapeutiques dûment justifiées » faisait allusion le juge du TGI de Grasse qui a rendu son arrêt, et l’on se demande encore plus quelle compétences qui permettait d’aller ainsi contre la loi, avec comme effets prévisible de créer un antécédents qui permettra aux crocodiles et requins de la bio-escroquerie de prospérer et le risque de déstabiliser le système très utile du don anonyme et gratuit pour le traitement des leucémies. Mais au nom de quoi, de quelle compétence médicales les juges peuvent ainsi ignorer l’avis des experts et la loi elle-même ?

L’indépendance de la justice n’autorise pas n’importe quoi, et surtout pas le fait d’aller contre une loi que le juge est censé faire respecter. La loi est l’expression de la volonté du peuple français, et le juge est censé au nom de ce même peuple  Ce jugement de Grasse est scandaleux, et plus scandaleux encore le fait que le parquet n’ait pas fait appel. Il y a là, de la part de plusieurs magistrats, des fautes graves qui devraient entrainer des sanctions à la mesure des enjeux.

Personnellement, cela des fait des années que la justice rendue en mon nom ( pour 1/60 millionième) par une corporation de magistrats qui prétendent s’exonèrer de tout contrôle, hormis par eux-mêmes, me fait simplement vomir. Rappelons tout de même que l’institution judiciaire française a infligé un blâme minimal au fameux et toxique juge d’Outreau, tandis que M. le juge Van Ruymbecke ( Urba gracco, le financement du Parti républicain entre autres) que M. Le procureur de Montgolfier, à qui l’on doit toute de même la condamnation pour fraude de HSBC eurentt bien des ennuis….

Entendons-nus, c’est l’institution judicaire en tant que telle que je vise, et sa prétention à ne rendre aucun compte. Pas les magistrats individuels, en tous cas, pas tous, loin de là.


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