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samedi 23 septembre 2023

Eolien en mer : l’été meurtrier et des raisons d’espérer ( pour les associations antiéoliennes !)

 Les projections d’éolien en mer reprises par RTE (18 GW en 2035 puis 40 GW en 2050, soit plus d’une cinquantaine de zones industrielles éoliennes dont 25 GW- 30 parcs- le long des côtes bretonnes) sont-elles inéluctables ? 

Pas sûr ! L'absurde ne peut durer indéfiniment sans se heurter à la réalité

Tout d'abord l'été n'a pas été avare de mauvaises nouvelles pour l'éolien, démontrant son absurdité, les mensonges sur ses coûts, les difficultés des promoteurs éoliens et leur renonciation à de nombreux projets. La prise de conscience des effets néfastes sur l'environnement et la biodiversité gagne du terrain, le programme éolien en mer est encore largement en discussion et une consultation organisée par la CNDP va s'ouvrir : chaque association, chaque citoyen pourra donner son avis.

Le contexte n'est plus si favorable à l'éolien offshore, comme nous l'expliquons ci-dessous. Profitons-en !

1) Des records d'absurdité électrique, climatique, économique

Ainsi, en pleine canicule, le 10 septembre 2023le facteur de charge du parc éolien allemand, qui comprend de nombreuses éoliennes en mer, était de…0. 21 % .

Dit autrement, la capacité installée du parc éolien allemand (66GW), légèrement supérieure à celle de l'ensemble du parc nucléaire français, ne produisait qu'un dixième de la production d'un seul réacteur nucléaire. Evidemment, les Allemands devaient alors avoir recours massivement au charbon, à la lignite et au gaz, et ce jour-là, les émissions de CO2 de l'Allemagne pour la production électrique étaient 42 fois plus élevées que celles de la France.

Ceci dit, il arrive que l'éolien fonctionne, et même à plein. Dans ce cas, l'Allemagne est en excès de production électrique, et lors de cet été de tous les records, il est arrivé que l'Allemagne nous « vende » son électricité …à –(moins !) 60,04€ le MWh. C'est -à-dire qu'elle nous a payé pour prendre une électricité excédentaire non stockable dont personne ne veut à un tarif excédent de beaucoup le coût de production (~42 €/MWh en France)

Le recours à l'éolien terrestre et plus encore maritime est bien cette absurdité climatique, électrique, économique que PIEBÎEM ne cesse de dénoncer. Elle ne saurait durer bien longtemps

2) Dernier appels d'offre éolien en mer au Royaume-Uni : Zéro candidats !

Un événement que la presse britannique a qualifié de « plus grand désastre pour l'énergie verte depuis des années» , et qui était pourtant assez prévisible. Masqué en Angleterre par des contrats à prix faibles mais dont les producteurs se dégageaient très facilement et par des flots de subventions et d'aides diverses (deux milliards d'euros pour les vingt premières éoliennes de Bretagne Sud), le vrai coût de l'éolien en mer commence à apparaître, et il est exorbitant.

L'éolien en mer est de loin le plus nécessiteux en matières premières, matériaux et métaux critiques, dont le prix commence à flamber alors que des goulots d'étranglement apparaissent, qui rendront certains projets tout simplement impossibles. C'est également le cas pour les câbles électriques – il ne sera pas possible de faire à la fois toutes les interconnexions et l'éolien en mer dont nous menacent les plans européens et français !

Les premières statistiques des parcs danois indiquent des durées de vie des éoliennes en mer de moitié inférieures à celles prévues (12-13 ans au lieu de 25 et déjà de nombreuses pannes au bout de sept ans). Enfin l'éolien flottant (celui de Bretagne Sud) n'est pas technologiquement mature et il reste des problèmes majeurs (vibration, nature des supports, des câbles dynamiques) à résoudre. Quant au prix, l'un des acteurs majeurs (Total Energie) avouait devant le Sénat : « Estimer les coûts de construction d'une filière qui n'est pas mature sur une période de 8 à dix ans ; impossible c'est une boule de cristal »

Cette annonce de l'appel d'offre manqué résulte d'effets structurels qui s'accumulent depuis des années et n'a donc rien d'une surprise ; les illusions et mensonges entretenus à propos de l'éolien en mer se heurtent à la réalité.

3) Une industrie éolienne européenne en plein crash.

L'annonce estivale la plus spectaculaire a été, le 23 juin 2023, la perte de valeur de 35% du groupe Siemens à la bourse de Francfort ( le plus gros krach depuis longtemps  d'une société allemande), suite à l'annonce de difficultés dans sa filiale éolienne Siemens Gamesa dues à une sous- des défaillances de turbine.

Près de 30 % des 108 GW d’éoliennes fabriquées par Siemens Gamesa pourraient être défectueuses. Les turbines offshore sot particulièrement touchées : « Siemens Energy a déclaré qu'il existait une série de problèmes distincts dans le secteur des turbines offshore « centrés sur un retard dans la montée en puissance de 30 % de la production : retard dans la construction des sites de production, problèmes au niveau de la chaîne d'approvisionnement, manque de qualité des composants lors de la montée en puissance, coûts de matériaux plus élevés que prévu »

Vestas la pépite danoise de la fabrication d’éoliennes vient d’annoncer une perte avant impôts de 130 millions et une perte nette de 115 millions d’euros au 2ème trimestre 2023, qui vient après une année 2022 très difficile avec une importante perte de 1,572 milliard en 2022. Et Vestas n’est plus le premier mondial des turbiniers, Vestas vient de se faire dépasser par le chinois Goldwind.

Oersted, l'inventeur de l'éolienne flottante, est aussi en fortes pertes  et a annoncé cet été des dépréciations pouvant aller jusqu’à 2,1 milliards d’euros sur l’ensemble de ses projets américains, à savoir Ocean Wind 1 (au large d’Atlantic City, New Jersey), Sunrise Wind (New York) et Revolution Wind (pour les Etats du Connecticut et de Rhode Island), en raison de tensions sur la chaîne d’approvisionnement, de retards de livraisons de la part des fournisseurs, de crédits d'impôt moins élevés que prévu et de la hausse des taux d'intérêt Immédiatement, le cours de Bourse de l’entreprise s’est effondré du quart de sa valeur.

Oersted a abandonné une vente aux enchères pour l'attribution de zones d'éolien offshore en Allemagne. 

En 2022, la branche énergies renouvelables de GE, baptisée Vernova, a perdu 2 milliards d'euros. En 2023 le conglomérat industriel américain reste confronté à des difficultés persistantes dans son activité énergies renouvelables et a prévenu d'une perte d'exploitation comprise entre 200 millions et 600 millions de dollars. GE cherche à vendre Vernova ce qui passe mal chez les salariés français de Saint-Nazaire, Nantes et Cherbourg.. Mais ce n’est même pas sûr ; face aux pertes et au manque de perspectives, les analystes se demandent si GE ne sera pas contraint de modifier son projet de scission de GE Vernova en une société distincte ; pour commencer, des pertes d’emploi de l’ordre de 20% sont prévues au niveau mondial 

Ajoutons que l'un des principaux assureurs des exploitants des parcs éoliens, Gcube, a dénoncé une course au gigantisme très mal maitrisée, et considère que « l'augmentation de taille des éoliennes offshore crée des risques de marché insoutenables ».

Nous sommes sur un point de bascule : le contexte n'est plus si favorable à l'éolien offshore

Il devient maintenant très clair qu'accélérer sur l'éolien offshore, ce serait subventionner très grassement une industrie chinoise qui possède l'ensemble de la chaine de valeur.

L'échec de l'appel d'offre en Grande Bretagne est donc tout sauf une surprise : lorsqu'on ment depuis des années sur les vrais coûts de l'éolien en mer, sa rentabilité, ses difficultés, ses goulots d'étranglement, sa dépendance en matériaux stratégiques, la réalité finit bien par se rappeler à vous !

Tout cela est d'assez mauvais augure pour les plans délirants français d'éolien en mer : 40 GW soit une cinquantaine de gigaparcs , dont 25 GW pour la seule Bretagne (30 parcs) : tout ne pourra pas se faire !

Et l'un des plus absurdes d'entre eux est bien Bretagne sud, qui cumule les inconvénients de l'éolien flottant (incertitudes technologiques, coûts) et celles de l'éolien posé (proximité des côtes).

Donc, le combat n'est pas perdu, Mobilisez-vous avec nous !

PIEBÎEM (Préserver l'Identité Environnementale de la Bretagne sud et des Îles contre l'Eolien en Mer) rappelle donc son opposition à un programme insensé d'éolien en mer climatiquement nul voirenégatif, électriquement inepte car dangereux pour la sécurité d'alimentation électrique, au coût de production exorbitant et économiquement no soutenables, néfaste pour l'économie locale, ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité.

A Erdeven comme ailleurs, PIEBÎEM, conformément à ses statuts, lutte avec confiance dans un contexte de plus en plus défavorable à l'éolien en mer pour protéger le patrimoine préhistorique, historique et naturel de la Bretagne et appelle donc, comme première mesure, à un moratoire immédiat sur les projets éolien en mer de Bretagne Sud et donc sur l'atterrage prévu dans les champs mégalithiques d'Erdeven et à travers les dunes de Kerhillio.

Plus nous serons nombreux, plus nous pèserons, plus nous serons entendus. Les décideurs économiques ne pourront rester indifférents à la rationalité économique et technique et aux menaces sur des activités locales importantes comme le tourisme, la pêche… Les politiques ne pourront rester sourds à la mobilisation publique pour éviter un désastre écologique pour le cadre de vie, l'environnement, la biodiversité et un désastre financier pour le contribuable et le consommateur. La mobilisation aura aussi un effet sur les promoteurs éoliens, créant de l'incertitude, y compris juridique, et renchérissant leur coûts.

Et de fait, alors que le programme éolien offshore s’annonce de plus en plus délirant, dans la vraie vie, les mises en service d’éoliennes marquent le pas



Eric Sartori pour PIEBÎEM

https://piebiem.webnode.fr/piebiem/

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