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mardi 17 février 2015

Mimile fait de la biologie cellulaire


OGM ou pas ?
Mimile, je viens de l’inventer comme un équivalent masculin de Bécassine, et parce qu’il commence par un M, comme le Monde, Le Monde (22 jan 15)  qui a publié cet article : « Comment des OGM cachés arrivent sur le marché ». A vrai dire, l’article est plutôt bien fait et décrit la manière dont les firmes du secteur agroalimentaire, les Monsanto, Bayer, Syngenta, Pioneer, BASF etc… créent des organismes génétiquement modifiés qui pourraient échapper à toute réglementation européenne. Les OGM classiques, rappelle l’article sont obtenu en insérant un gène étranger conférant une propriété « intéressante » dans le génome d’un organisme (ainsi le maïs M810 de Monsanto contient un gène d’une bactérie exprimant un insecticide). Ce que souligne,  l’article du Monde, c’est qu’il existe d’autres moyens plus anciens de provoquer des mutations génétiques, telles l’exposition à des radiations, que des semences de colza et de tournesol génétiquement modifiées par ce procédé et rendues résistantes à des insecticides sont ou vont être commercialisées ; d’autre part, des procédés plus récents d’édition de gènes (méganucléases de Cellectis, technologie Crips/cas 9) permettent de réarranger le génome plus efficacement et plus rationnellement que l’irradiation et de rendre les variétés végétales plus productives ou plus résistantes au stress (chaud, froid salinité, sécheresse), sans toutefois introduire de gènes étrangers. Pour cette raison, ces produits échappent à la réglementation sur les OGM ; il ne s’agit là que d’une amélioration de processus à l’oeuvre dans la nature. L’Union Européenne est en train de prendre position sur ce sujet.

Comme d’habitude, les croisés de l’obscurantisme se font entendre de manière tonitruante, quoique certains prennent une forme plus modérée : « Ce qui pose problème, ce n’est pas tel ou tel OGM, mais la frénésie avec laquelle on y introduit de façon massive des plantes qui n’ont pas l’historicité de ce système » plaide le spécialiste de France Nature environnement, Frédéric Jacquemart ». Les chercheurs, eux, plaident qu’il est indispensable tant pour  les partenaires privés que pour la puissance publique de disposer en France et en Europe de ces technologies émergentes » (Olivier Le Gall, INRA). Peter Rogowsky, également de l’INRA, s’inquiète : « Depuis des années, la profession et les chercheurs attendent que la question soit tranchée par la Commission européenne, qui a peur d’ouvrir une boite de Pandore »

Et c’est bien le problème. Un certain nombre d’organisations, qui manipulent les peurs et l’irrationnel, et qu’il faut bien qualifier d’obscurantistes font régner un tel climat d’intimidation, depuis des années, sur la question des OGM qu’aucun débat serein ne peut plus avoir lieu. On les a vu à l’oeuvre avec la lamentable affaire Séralini, qui a tout de même fini par se retourner contre eux. Oui, l’inquiétude du spécialiste de France Nature Environnement sur la rythme de modification du vivant est légitime, et pose des questions auxquelles il faut répondre, auxquelles donc il faut  pouvoir répondre, par exemple par des études en plein champ, ces mêmes études que rejettent et interdisent par la force, la violence, la destruction les extrémistes écologiques.

Un futur OGM

Monsanto a commercialisé neuf variétés de maïs génétiquement modifiés, sept de coton, une de soja, une de luzerne et une de colza pour leur conférer une résistance à son herbicide Roundup. Monsanto vend aussi une variété de colza et une de soja avec des teneurs plus faibles en acide linoléique. En France, en Europe, rien : bien que la France avec Jacob, Monod , l’Institut Pasteur, l’Inra, ait été à l’aube de la révolution génétique, à cause de l’action de groupes organisés de fanatiques rétrogrades, la voilà bloquée dans les années soixante pendant que le reste du monde avance à grands pas.  Le riz « doré » est un OGM qui fabrique du beta carotène, ce qui permet de suppléer en cette vitamine essentielle, dont la carence provoque la cécité et pourrait sauver la vie d’un à deux millions d’enfants dans le Monde.  Un riz résistant aux inondations prolongées a été mis au point ; le gêne  été identifié par les techniques de génie génétique, mais étant naturellement présent dans certains riz, il peut échapper à la qualification d’OGM.

La peur des OGM ? OGM, modifiés par des générations et des générations d’agriculteur le blé qui fait notre pain, le maïs qui fait nos galettes, OGM, les raisins qui font nos crus fameux et les ferments qui les transforment,  les vaches qui donnent notre lait, les ferments qui le transforment en fromages, les plantureux et fameux bœufs charolais, Angus ou de Kobé, OGM encore les roses que vous offrez à la Saint-Valentin etc. etc ;

OGM également ces plans de tabac capables de produire en masse et rapidement un vaccin anti-grippe (Medicago) , ou encore qui produisent un cocktail d’anticorps contre le virus Ebola (Zmapp) ; ces laitues produisant un facteur de coagulation contre l’hémophilie, ou encore un facteur stimulant la production d’insuline, contre le diabète,  ou des vaccins contre la polyomélite développés à l’Université de Pennsylvanie (Henry Daniell). Faudra-t-i se priver de tout cela ? La France et l‘Europe, autrefois en pointe dans la génétique doivent-ils être absents du siècle de la biologie ?

OGM aussi, ces moustiques stériles et incapables de survivre sans un antibiotique, et lâchés par millions au Brésil pour lutter contre la dengue. Et OGM aussi ces bébés qui pourront naître en Angleterre, après transfert de mitochondries d’une donneuse saine, et qui pourront échapper à la malédiction des maladies mitochondriales, myopathies diverses, neuropathies conduisant à l’épilepsie ou à la démence, diabète juvénile et surdité etc…

Serons-nous, en France, absent de tout cela ? Les OGM ont été notre passé, ils seront, avec des technologies plus rationnelles, plus efficaces, plus rapides, plus sûre. Oui, l’accélération permise par la technique, ouvre des possibilités immenses, et présente aussi des dangers qui doivent être estimés. Il n’ y a pas eu besoin d’OGM pour que des catastrophes dues à des espèces végétales invasives se produisent (myriophylle du Brésil, ambroisie à feuilles d'armoise,..). Mais la technologie des OGM, cette technologie qui nous permet de faire plus rapidement, plus rationnellement, plus efficacement, plus sûrement, ce que l’Humanité a toujours fait, permet aussi de prévoir et d’éviter ces inconvénients.
 

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