Promouvoir la recherche
climatique française_ un ensemble peu lisible
Si diplomatie scientifique de
la France il doit y avoir (et il devrait effectivement y avoir, c’est un thème
qui a été récemment mis en place au Ministère des Affaires étrangères et qui
doit être développé), il serait dommage qu’on ne profite pas de cette occasion
unique et majeure qu’est la conférence de Paris sur les changements climatiques
(COP 21) en novembre 2015 pour mieux faire connaître et promouvoir la recherche
française dans le domaine du climat. Certaines ambassades (Dublin notamment)
ont fait un effort en ce sens en consacrant un page internet à ce thème ;
Campus France propose en ligne un document sur la recherche climatique en
France, certes utile aux spécialistes ; mais le moins qu’on puisse dire
est que les informations sur la recherche climatique en France sont dispersées,
peu homogènes, peu attractives pour le grand public et qu’elles font peu pour la
promotion de la recherche française en dehors d’un cercle étroit et informé de
spécialistes. Un cercle facilement dérouté, car, défaut
exacerbé en France, l’enchevêtrement des structures de recherche et des
collaborations rend l’ensemble vraiment peu lisible. Citons, et je suis sûr
d’en oublier : le CEA, acteur majeur, d’où est issu le glaciologue et
climatologue Jean Jouzel, centre d’excellence mondial pour la recherche
historique sur le climat, depuis la paléoclimatologie jusqu’aux glaciations
récentes (les « archives du climat »), l’étude des événements
climatiques soudains, la mesure du CO2 et autres traceurs géochimiques et
climatiques (qui fait partie de son cœur de métier), les interactions entre la
composition de l’atmosphère, les échanges avec la surface terrestre et les
activités humaines, etc. ; L’Institut Pierre Simon-Laplace et ses
calculateurs géants, en pointe sur la modélisation du climat et de la mesure
des gaz à effets de serre, l’ Institut des Sciences de l’Univers du CNRS (INSU), l’IRD
(institut de recherche sur le développement) qui suit particulièrement les
effets du changement climatiques sur les pays en voies de développement, le
Centre National de Recherche Météorologique (CNRM, partagé entre Meteo France et
le CNRS), qui participe très activement depuis le début aux travaux du GIEC....
De Charcot à Jouzel, une belle
histoire
Oui, il serait quand même
intéressant que la COP 21 soit l’occasion de montrer un visage plus clair et unifié d’une recherche
climatique française, très active et de valeur, d’ailleurs reconnue entre autres
récompenses par le Prix Nobel de Jean Jouzel. Une recherche climatique
française qui a su attirer des
personnalités étrangères de premier plan, comme Robert Kandel, diplômé de
Harvard, spécialiste mondial du bilan radiatif et des aérosols, qui a fait
toute sa carrière en France. Ce pourrait être l’occasion aussi, de raconter une
vraie histoire scientifique française, une histoire qui part de l’exploration
et de la recherche arctique et antarctique,
des missions polaires de l’extraordinaire Jean-Baptiste Charcot (1867-1936), des
odyssées de ses Pourquoi pas, et de
sa mort héroïque. Une histoire qui passe par Paul-Emile Victor, puis par Claude Lorius, prédécesseur de Jouzel, par les
premières campagnes de prélèvement des carottes de glace arctique et de l’analyse
de la composition des bulles d’air qu’elles contiennent (projet Vostock
1984-1991). Cette exploitation des extraordinaires « archives climatiques arctiques »
ont montré sans ambiguïté le lien entre évolution climatique et taux de gaz à
effets de serre sur des périodes allant de 15000 à 800000 ans, point de départ de
la prise de conscience du réchauffement climatique et de son origine
anthropique, puis des travaux du GIEC. C’est une belle histoire qui continue, et
que la France, qui y a joué un rôle majeur, devrait mieux faire connaître à l’occasion de la COP 21.
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