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vendredi 1 mai 2015

Réforme du collège : la République menacée


Le projet Najat Vallaud-Belkacem
A la base du pacte républicain, historiquement, il y a la promotion des talents et du travail plutôt que les hasards de la naissance et du sang ; ce fut tout de même une des causes principales de la Révolution Française, une de ses grandes conquêtes reprise et organisé par l’Empire ( Napoléon instaurant les lycées : je veux que le fils d’un cultivateur puisse se dire je serai cardinal ; maréchal d’Empire ou ministre). Promesse républicaine toujours insuffisamment réalisée, certes, toujours à remettre sur le chantier, certes. Mais de là, et je parle de la réforme du collège de Mme Najat Vallaud-Belkacem à aller à l’encontre de cet espoir, c’est une véritable trahison. La méritocratie républicaine doit rester un principe fondateur de la République, elle doit autant que faire se peut permettre à chacun de se réaliser au mieux de son travail et de ses mérites. Dans une Education Nationale, qui ne porte pas toujours aussi mal que l’on le lit, mais enfin, ne va pas très bien, une réforme, celle des classes européennes, avait connu un succès éclatant  et eu des effets extrêmement heureux. Dans chaque collège, même en zone considérée comme défavorisée, une classe d’élite, d’élite républicaine, était accessible, qui permettait aux meilleurs élèves sur tout le territoire d’accéder aux études les plus élevées. C’était la meilleure réforme qui avait été faite depuis longtemps pour l’égalité et la justice, et pour éviter la ghettoïsation scolaire. Sans ces classes européennes, combien de parents auraient mis leurs enfants dans le privé ?

Maintenant, non, les classes européenne ne sont pas accessibles à tous et ne peuvent pas l‘être. Quand comprendra-t-on enfin qu’un même enseignement ne saurait profiter à tous ? Et que la justice et le simple bon sens ne consistent pas à brimer Paul pour rendre Pierre heureux, mais à permettre à Pierre et Paul de se développer chacun à l’aune de leurs capacités ? En langue autant, sinon plus qu’ailleurs, la même pédagogie ne peut convenir à tous. Nos voisins belges, hollandais, nordiques obtiennent d’excellents résultats généraux par la simple diffusion des programme télés  (disons, pour être aimable, les moins scolaires) en anglais à tout âge. Ce n’est pas d’une haute ambition intellectuelle, mais c’est efficace.

En ce qui concerne les langues, la réforme proposée du collège est donc inacceptable, qui revient à briser ce qui était efficace sans apporter pour autant de solution à ce qui l’était moins. Et il reste le problème de l’Allemand, du latin, du grec et de l’histoire, dont des pans entiers disparaitraient au profit d’un gloubiboulga (merci Casimir) pédagogique.

Incompétence et mépris

Il est tout de même assez atterrant de voir un organisme peuplé d’intelligences brillantes accoucher régulièrement de projets aussi stupides. Mais que se passe-t-il donc au Ministère et dans les hautes sphères administratives de l’Education Nationale ?

Comble de l’amateurisme ou de la bêtise, ou du mépris des enseignants, Marianne (24 avril 2015) révèle que le dossier de présentation de la réforme part d’un constat ainsi rédigé : 25% des élèves de l’école primaire s’ennuient souvent, voire tout le temps. Ils sont 71% à être dans ce cas au collège. Sauf que ce chiffre provient d’une unique étude, réalisée par un étudiant dans des banlieues défavorisées, et ne s’appuient sur aucune autre étude sérieuse ou officielle ( alors que les dernières études PISA, si elles montraient encore une baisse des niveaux moyens, révélaient aussi que les écoliers français étaient parmi les plus heureux d’aller en classe :

Autre signe de mépris ou d’incompétence gouvernementales : alors que le gouvernement ne cesse de vanter l’économie de la connaissance, enseignement supérieur et recherche sont laissés, depuis la démission de Me Fioraso, déjà peu présente lorsqu’elle était en fonction,  sans ministres dédiés.

 
Mme Vallaud-Belkacem (contrairement à M. Peillon) n’a que peu de légitimité comme ministre de l’Enseignement, et aucune pour la recherche et l’enseignement supérieur. C’est vraiment trop charger la barque que de lui confier tous ces ministères – et d’ailleurs, en matière de recherche, M. Fabius avec sa diplomatie scientifique, en fait plus qu’elle. Il est temps qu’un prochain remaniement  rende à Mme Belkacem un repos, qu’il soit peu ou bien mérité.
 

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