C’est le titre d’une intéressante
tribune libre dans Le Monde des
sciences du 1er juillet du Directeur de l’Inserm, Yves Levy :. L’article s’ouvre par ce rappel : le séquençage du
premier génome humain a nécessité dix ans et couté 2.15 milliards
d’euros ; aujourd’hui, le séquençage de la partie codante d’un génome ne
nécessite plus que quelques heures et coûte moins de 1,000 euros. D’autre part,
les techniques d’édition du génome (remplacement d’un gêne défectueux par un
autre de façon précise ont aussi extraordinairement progressé, grâce en
particulier à la méthode Crispr/Cas9. Ces nouvelles méthodes, si nous voulons
profiter de ce qu’elles peuvent apporter, proposent des défis nouveaux au système
de santé. Résumé et commentaires
Renforcer le lien entre recherche fondamentale et translationnelle
( la preuve du concept chez l’homme). « Cette nouvelle donne pose la
question de la prise de risque nécessaire dans le financement de cette
recherche ».
Commentaire : En effet, une
part importante de la recherche fondamentale est assurée par l’industrie
pharmaceutique. On ne peut pas à la fois sans cesse vouloir baisser le prix des
médicaments et investi davantage dans une recherche thérapeutique de plus en
plus complexe, risquée et personnalisée. Par ailleurs l’industrie
pharmaceutique est une industrie, et ce qu’elle sait faire , c’est
produire de façon industrielle, standardisée, des médicaments et des
dispositifs médicaux. Quid de méthodes de traitements consistant à prendre les
cellules d’un patient, à les modifier et à les remettre en place ? Comment
financer ces nouvelles méthodes si elles se développent ?
Développer les infrastructures d’analyse de données (big data) ? … « des données privées issues de
multiples capteurs de bien être utilisés par une population de plus en plus
connectée et attentive à sa santé ».
Commentaire : Oui, mais en
protégeant les patients et leurs médecins d’utilisations non souhaitées par le
patient de ces données. Or, pour l’instant, ceux qui utilisent le plus le big
data, c’est la CNAM pour contrôler les pratiques médicales, avec notamment en
ce moment une offensive sur les arrêts
maladies, à coups de normes générales ignorant les situations particulières
(par exemple, pas d’arrêt pour un lumbago chez une personne occupant un poste
assis- même si elle est clouée au lit).
Permettre l’amélioration de la chaine d’innovation : « plutôt
que de tirer au maximum la recherche vers son volet finalisé, il faut surtout
financer une bonne recherche en créant les conditions opportunes d’innovation
et de valorisation. A mélanger les deux, nous risquons de sacrifier des
recherches de rupture à plus long terme sans pour autant créer les vrais
leviers pour innover à court terme. »
Commentaire : en effet, il est
préférable que les Organismes de recherche et les Universités fassent de la
bonne recherche fondamentale plutôt que de la recherche appliquée non
applicable…
Inventer un nouveau modèle économique et partenarial aux interfaces
public-privé : « un tissu industriel solide est indispensable à
la maturation de l’invention puis à sa mise sur le marché »
Commentaire : oui, merci. Je
n’ai pourtant pas vu l’industrie pharmaceutique, bouc émissaire habituel des
dépenses de santé, ni la recherche thérapeutique bien placées dans les
investissements d’avenir…
Repenser les mécanismes d’évaluation et
d’estimation du prix de l’innovation en santé : « on va
traiter des sous-types de pathologie et des sous-familles de malades, avec des
bénéfices restreints sur des populations restreintes. Comment assure-t-on les coûts de l’innovation ? »
En effet.
Garantir le passage de la recherche vers la clinique puis l’égalité d’accès
à l’innovation. « Les approches thérapeutiques les plus prometteuses
devront être testées dans des essais pilotes…Il convient de repenser la mise
sur le marché des médicaments innovants, peut-être en conditionnant leur mise à disposition et leur remboursement
à l’accumulation des données »
Commentaire : oui, mais qui finance
cette accumulation des données ? Avons-nous encore la volonté de
progresser dans le traitement des maladies, des douleurs ? A noter que
dans certains cas de traitements très couteux et très spécifiques, les firmes
pharmaceutiques ont accepté que le prix du traitement soit conditionné par sa
réussite.
En tous cas des débats qu’il
faudra avoir, de nouvelles solutions à imaginer pour de nouveaux défis, si nous
voulons que le progrès thérapeutique continue, que les promesses des nouvelles
biotechnologies se concrétisent et qu’elles profitent à tous.
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