Viv(r)e la recherche se propose de rassembler des témoignages, réflexions et propositions sur la recherche, le développement, l'innovation et la culture



Rechercher dans ce blog

samedi 3 février 2018

Halte au nucléaire bashing

Bure/Cigeo: un raté significatif et signifiant du Monde

Raté significatif du journal de référence vespéral à propos du projet de centre d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure (CIGEO),  qui nous a valu un bel exercice de contrition du médiateur Franck Nouchi.  Le Monde du 16 janvier titrait sur quatre colonnes à la une : Nucléaire : l’ASN (Autorité de Sureté Nucléaire) juge le projet de Bure dangereux. Ce titre énorme en première page ne correspondait pas du tout à la retranscription de l’interview du président de l’ASN en page 6, lequel jugeait que le projet de Bure était un très bon projet (« L’Andra nous a soumis un très bon dossier, commence-t-il par indiquer au quotidien. Il confirme que la zone argileuse retenue possède les caractéristiques géologiques requises. Et il marque des avancées significatives en termes de sûreté. ») à l’exception d’un sujet « important » ( c’est le rôle de l’ASN de froncer les sourcils dans ce cas), celui des colis bituminés, ,issus d’une ancienne technique de conditionnement de boues radioactives dans des matrices en bitumes. Ce ne sont pas les déchets les plus radioactifs et ils représentent 18% des colis prévus. Par ailleurs, l’ASN indique deux solutions possibles et assez faciles en mettre en œuvre, soit le reconditionnement de ces déchets, soit, pour ces déchets, un espacement plus important que prévu initialement par Cigeo. L’une ou l’autre ne devrait pas remettre en cause la mise en service du site en 2019.

Le Monde cite par exemple la réaction d’un lecteur, Clément Lemaignan, ancien Directeur de recherche au CEA : « Abonné du Monde depuis des décennies et par ailleurs ayant travaillé dans le domaine de l’industrie nucléaire et enseigné sur les aspects technologiques de cette industrie, je commence à être franchement exaspéré par le positionnement trop systématiquement anti-nucléaire du journal. A cet égard, la première page du numéro du 16 janvier dépasse ce qui est acceptable. On peut se demander ce que le rédacteur du titre de la première page veut induire dans la tête des lecteurs… »

Et de fait, les lecteurs et passants qui n‘auront vu que la une du Monde auront eu une opinion complètement déformée de Cigeo et de l’avis de l’ASN. !

Réagir à la malhonnêteté et au nucléaire bashing

Face à la colère justifiée  de certains lecteurs, le Directeur de la rédaction a reconnu une erreur : « Il faut savoir reconnaitre ses erreurs lorsqu’on en fait. Ce titre donnait l’impression que l’ensemble du projet de Bure était remis en cause. Ce n’est pas le cas. Il aurait fallu trouver une formulation plus nuancée ». Le journaliste Pierre Le Hir, qui a mené l’entretien, assume aussi honnêtement sa responsabilité : « Ce titre constitue un raccourci qui ne reflète pas la teneur de l’entretien. Il dénature le propos de M. Chevet en pouvant laisser entendre que celui-ci juge dangereux le principe même de l’enfouissement, alors qu’il défend au contraire cette solution, tout en pointant le danger que représentent en l’état actuel certains déchets…J’assume évidemment ma part de responsabilité dans cette erreur éditoriale pour n’avoir pas eu la présence d’esprit de proposer une alternative, telle que Les réserves de l’ASN, ou Le oui mais de l’ASN. »

Dont acte et absolution… pour cette fois. 

Car il y a dans la presse une attitude générale systématiquement hostile au nucléaire qui commence à devenir extrêmement pesante. Il y a là à l’œuvre une véritable campagne de désinformation, continue, acharnée, durable. En maitre d’œuvre, les tenants de la secte libérale dominant à Bruxelles, qui ont juré d’avoir la peau de tous les services publics ; c’est que l’électricité nucléaire, en raison de son intensité capitalistique, des problèmes de sécurité, de ses liens historiques avec l’Etat rend impossible toute privatisation du secteur nucléaire- surtout après Fukushima ; et c’est très embêtant, pour les fanatiques de la libéralisation de l’énergie ; en opportunistes très intéressés, les concurrents gaziers d’EDF, magouilleurs qui au prétexte d’énergies renouvelables veulent en réalité développer leur activité gazière ; et en imbéciles complices, certains écologistes rétrogrades et scientifiquement incultes et les manipulateurs et profiteurs de peurs.

C’est à  ce point que le contrat signé récemment avec la Chine, un contrat historique couronnant plus de quarante ans d’étroite et intelligente collaboration entre nucléaire civil français et chinois, n’a pas fait, c’est le moins qu’on puisse dire, l’objet de communications enthousiastes, et que M. Macron a refusé que des photographies soient prises sur le site de l’EPR chinois. Il a semble-t-il le nucléaire honteux, alors qu’ »il devrait l’avoir fier, ou peur de la nième menace de démission de M. Hulot ?

Alors, oui, pour obtenir une information honnête sur les enjeux énergétiques, il va sans doute souvent falloir s’énerver.

Je veux de l’électricité nucléaire

En attendant tiens, pourquoi pas une petite lettre à votre fournisseur préféré, pour un nouveau type de contrat, un contrat nucléaire :

Parce que je suis un citoyen vraiment concerné par le dérèglement climatique et que je veux une électricité décarbonée, parce que je veux lutter contre la précarité énergétique et pour la compétitivité de l’industrie française avec une énergie bon marché, parce que je veux la sureté et l’égalité d’approvisionnement sur tout le territoire et un réseau qui ne s‘effondre pas en hiver, ni d’ailleurs en été, je demande un contrat me garantissant une énergie électrique à 80% nucléaire.


Réacteur EPR

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commentaires

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.