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vendredi 9 février 2018

Transition énergétique-PPE : la trajectoire du fou

La loi de transition énergétique, déjà idiote, scandaleuse, a été encore aggravée par les déclarations récentes du ministre Hulot précisant la PPE (Programmations pluriannuelles de l’énergie), envisageant la mise à l’arrêt de 17 tranches de 900 MW d’ici 2025, ce qui conduirait à effacer environ 16 GW de puissance nucléaire. C’est véritablement suicidaire pour plusieurs raisons : la sécurité d’approvisionnement, l’effet sur le réchauffement climatique,  l’effet sur le prix de l’énergie pour les consommateurs et la compétitivité de la France, l‘effet sur l’emploi.

Effet de l’arrêt de 17 tranches nucléaires sur la sécurité d’alimentation-hiver comme été

Compte tenu de l’incapacité de l’électricité intermittente à fournir une puissance garantie lors de ces périodes critiques, l’arrêt de 16 GW de nucléaire serait d’autant plus problématique que l’attrition du parc thermique à combustibles fossiles fera perdre 8 GW d’ici 2022 par rapport à la situation des derniers hivers (5 GW de centrales au fioul, dont il ne reste que 0,7 GW jusqu’en avril 2018, puis 3 GW de centrales au charbon d’ici 2022).

Il faudrait donc construire en urgence 20 GW de moyens de secours au gaz pour éviter de mettre une partie de la France dans le noir 3 à 4 fois par hiver, perspective à l’évidence totalement inacceptable. C’est un sujet majeur : fermer inconsidérément des capacités nucléaires dans les années à venir ferait courir des risques extrêmement importants à la sécurité d’alimentation du pays.
Et il n’ y a pas que l’hiver ! En fait, en été aussi, mais pour des raisons différentes   : les risques d’instabilité instantanée du réseau lors des périodes de très faible consommation d’été.  Les réseaux sont d’autant plus sensibles aux déséquilibres introduits par l’électricité intermittente (éolienne et photovoltaïque) que la consommation est faible, la cause profonde étant une réduction de l’inertie mécanique des machines qui y sont raccordées. Cette étude montre notamment que les réseaux deviennent instables dans ces circonstances dès que le taux de pénétration instantané d’électricité intermittente atteint environ 25 %.
Pour la stabilité du réseau, nous avons besoin de moyens pilotables, de préférence  pas (ou peu) émetteurs de CO2. L’hydraulique y participe, mais  La seule autre énergie pilotable non émettrice ET non limitée en puissance est le nucléaire.

Effet de l’arrêt de 17 tranches nucléaires sur nos engagements climatiques : carbone en hausse

Grâce à la combinaison de nucléaire (77 % du mix en énergie) + d’hydraulique (12 % du mix, les autres énergies renouvelables comptant pour environ 6 %), les émissions de CO2 du secteur électrique français sont très faibles en année normale (21 Mt pour la moyenne 2014 - 2015, ce qui qualifie la France comme le grand pays développé le moins émetteur par MWh produit). C’ est un énorme avantage pour nous ; du point de vue climatique nous sommes exemplaires.
Le remplacement de  17 tranches de 900 MW nucléaire par du gaz augmentera considérablement notre bilan carbone- sur le modèle de l’ « Energiewende »  allemand, avec son arrêt criminel du nucléaire.

Effet de l’arrêt de 17 tranches nucléaires sur le prix de l’électricité. Pharamineux !

 Il faudrait donc construire en urgence 20 GW. Des investissements supplémentaires extrêmement lourds (de 52 à 63 Mds € selon les options de la PPE) devraient être consentis
En dépit de leur importance, ces investissements ne permettraient pas de retrouver la production de 16 GW de nucléaire : il y manquerait entre 9 et 12 % (selon option PPE) de production annuelle. Ce qui mettrait fin aux exportations annuelles nettes d’électricité (10 % de la production annuelle environ). D’où une perte de rentrées pour le commerce extérieur de l’ordre de 1 à 1,5 Md €/an. Mais nous avons un commerce extérieur tellement florissant que l’on peut s’en passer…
 Si l’on y ajoute l’importation des parties « nobles » des éoliennes terrestres et du photovoltaïque, toutes construites à l’étranger par absence de base industrielle nationale, et les importations supplémentaires de gaz pour alimenter les moyens d’appoint/secours, le déséquilibre global de la balance commerciale du pays serait aggravé d’environ 5 Mds €/an.
Les investissements très importants cités ci-dessus se traduiraient par une production d’électricité très chère, dépassant les 100 €/MWh (coûts d’appoint/secours inclus) à comparer aux 33 €/MWh du nucléaire prolongé.

Effet de l’arrêt de 17 tranches nucléaires sur le prix payé par le consommateur

Les consommateurs d’électricité subventionnent déjà massivement les énergies intermittentes au titre des engagements déjà pris à ce jour, pour un montant total qui devrait dépasser 100 Mds €. La mise en œuvre de la PPE renouvelables 2018-2023 (prolongée jusqu’en 2025) rajouterait à ce montant entre 36 et 62 Mds € environ, portant le total entre près de 140 et plus de 160 Mds €, en ordre de grandeur. Ce qui apparait comme très difficilement soutenable à la fois pour les consommateurs domestiques et professionnels et la compétitivité du pays. Dans ce contexte, les pouvoirs publics ne pourront plus continuer à cacher cette réalité aux consommateurs et devront les informer clairement de ce qui les attend si on va jusqu’au bout des prévisions de la PPE actuelle
Ces chiffres sont validés par  la situation allemande et la véritable catastrophe qu’elle a provoqué.  Les taxes sur les renouvelables payées par les consommateurs allemands au titre de la loi EEG ont atteint 125 Mds € pour la période 2000-2015 et devraient encore augmenter de 283 Mds € entre 2016 et 2025 ! Pour atteindre plus de… 400 Mds €, à rapporter à une puissance installée en éolien et photovoltaïque d’environ 95 GW en 2017. C’est l’une des électricités les plus chères au monde.

Résultat les consommateurs allemands payent leur électricité deux fois plus cher que les français, et c’est cette voie qui nous attend avec l’arrêt de 17 tranches.  Ca, c’est lutter contre la précarité énergétique !

Effet de l’arrêt de 17 tranches nucléaires ; en plus il va falloir indemniser

Suite à la publication de la loi LTECV, le Conseil constitutionnel a confirmé sans ambiguïté la légitimité du gouvernement à décider de l’arrêt prématuré d’un ou plusieurs réacteurs nucléaires. Mais a rappelé que tout arrêt non motivé par une raison de sûreté, par décision de l’exploitant et/ou à la demande de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), ou encore par une décision de l’exploitant pour des raisons de rentabilité, devait donner lieu à indemnisation.
En résumé : toutes ces indemnisations seraient à la charge des contribuables… D’abord ceux des générations actuelles pour l’indemnisation à court terme, ensuite ceux des générations futures pour les indemnisations différées, entre 2041 et 2050 environ… Les pouvoirs publics devront là encore expliquer aux contribuables français, qui possèdent de facto près de 85 % des centrales concernées, que l’on va en arrêter le quart en leur demandant de payer pour cela près de 5 Mds € immédiatement et mettre à la charge de leurs enfants ou petits enfants des sommes indéterminées qui pourraient atteindre plusieurs dizaines de milliards d’euros dans les années 2040 ! Cet arrêt prématuré d’installations en parfait état de marche ayant par ailleurs comme conséquence d’augmenter fortement leurs factures d’électricité… L’incompréhension risque d’être massive, d’autant plus que cela augmenterait la dette du pays à long terme de montants inconnus mais potentiellement très élevés.

Effet de l’arrêt de 17 tranches nucléaires sur l’emploi

Des études approfondies ont montré que l’arrêt prématuré de la centrale de Fessenheim détruirait 2 200 emplois locaux, directs, indirects et induits. Si l’on extrapole là encore ces données à l’arrêt prématuré de 16 GW, ce sont près de 18 000 emplois locaux pérennes (directs, indirects et induits) qui seraient ainsi supprimées, dont plus des 2/3 à haute qualification et haute contribution économique.

Les filières éolien et photovoltaïque sont caractérisées par une absence de base industrielle en France pour la fabrication des composants principaux, qui sont importés en totalité. Il en résulte que les emplois créés le sont majoritairement dans le développement amont, les montages sur site et l’exploitation-maintenance, qui n’ont ni la qualification ni l’étendue d’emplois de développement et production de composants principaux sophistiqués. De plus, les montages sur site étant très rapides dans ces deux filières, les emplois associés sont nombreux mais éphémères : ils sont détruits dès que les investissements d’une année baissent. Quant aux emplois d’exploitation-maintenance, ils sont peu nombreux eu égard à la relative simplicité technologique des installations.  Sur la base des statistiques d’emploi publiées notamment par l’ADEME, ils peuvent être estimés en moyenne à 0,25 emploi (direct et indirect) par MW exploité. Ce qui, pour 50 à 58 GW de mix éolien + photovoltaïque, conduirait à la création d’environ 12 500 à 14 500 emplois pérennes. Qui sont donc à mettre en regard des 18 000 emplois pérennes détruits dans le nucléaire en exploitation-maintenance. 

Le bilan est donc clairement négatif au détriment des énergies intermittentes renouvelables et ne serait partiellement rééquilibré que très transitoirement par les emplois éphémères créés lors des activités de montages sur site, très brefs.

 En résumé : supprimer 16 GW de nucléaire détruirait de très nombreux emplois pérennes de très haute qualification, mais aussi des emplois locaux induits par les retombées économiques. Les filières éoliennes et photovoltaïques de remplacement créeraient numériquement moins d’emplois, surtout moins pérennes et moins qualifiés.

Cette loi de transition énergétique et cette PPE Programmations pluriannuelles de l’énergie) sont une pure folie, une trajectoire du fou.  C’est dangereux pour la sécurité d’approvisionnement, c’est néfaste pour le climat et revient à renier nos engagements en ce domaine, c’est aggraver la précarité énergétique, dégrader la compétitivité de la France et renoncer à l’un de nos rares avantages, c’est destructeur pour l’emploi.

Et merde , chaque centrale nucléaire en état de marche que vous fermez, c’est le patrimoine des Français que vous dilapidez, ce sont mes impôts, et tout cela pour me faire payer l’électricité deux fois plus cher et  renier nos engaments contre le réchauffement climatique !    

  

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