Service
national universel ou parcours citoyen ? Quel coût ?
En
mars 2017, lors d’un discours consacré à la politique de défense, Macron
improvisait une mesure nouvelle, un « service national
universel, encadré par les armées et la gendarmerie nationale, qui s'adressera
aux jeunes femmes et hommes aptes de toute une classe d'âge, soit environ
600.000 jeunes par an», Cette mesure ne figurait pas dans son
programme qui ne prévoyait à l'origine que de renforcer le service civique mis
en place par François Hollande. Eh oui, camarades marcheurs, il arrive que la
nouvelle politique ressemble beaucoup à
l’ancienne ! Ce nouveau service national n’était censé duré qu’un mois,
devait inculquer «de la
discipline, de l'autorité, des priorités stratégies de la France», mais
comprendre aussi «des activités physiques et sportives pour permettre la
cohésion» des appelés.
S'agissant de son coût annuel,
l'ex-ministre de l'Économie lui-même l'estimait d'abord entre 2 et 3 milliards d'euros par an «en régime
de croisière».
En
juin 2017: un premier rapport parlementaire s'inquiète des coûts (Ah ce
parlement, il est bien embêtant, trop
ancienne politique !). Serge Lepeltier annonce un coût
de fonctionnement compris entre 1,5 et 2
milliards par an, mais l’investissement de départ, est évalué à plus de 15 milliards par Emmanuel Macron
lui-même !
Et la Défense fait savoir
qu’il est hors de question de prélever
cette somme sur son budget, déjà au maximum du taquet ! Un rapport
sénatorial (Raffarin, Reiner) estime le coût du projet à 30 milliards d'euros sur cinq ans et assure que le nouveau service
national «ne doit pas ‘tuer dans l'œuf' la remontée en puissance des moyens des
armées» Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des
Armées, affirme que le projet de service national d’un mois s'annonce «très
lourd en termes d'organisation et de budget».
Service national universel ? Personne n’en veut, mais Macron s’obstine
En janvier, France Info révèle
que les députés LREM qui planchent sur le sujet envisagent de remplacer le
service national par un «parcours
citoyen» d'une semaine par an, destiné aux collégiens et élèves de seconde,
âgés de 10 à 16 ans. Ca, ça parait plus raisonnable. Mais Macron persiste et
signe et lors de ses vœux aux armées le
19 janvier confirme que le SNU «sera mené à son terme». «Il entrera à bon port,
il sera conduit par l'ensemble des ministères concernés, et pas simplement par
le ministère des Armées, il aura un financement ad hoc, qui ne viendra en rien
impacter la loi de programmation militaire 2019-2025.
Rien à voir avec la vieille
politique et les sondages montrant qu’une large majorité de Français serait favorable au retour d'un service
national ? Mais leur en a-t-on expliqué le coût ?
Dans un avis rendu le 30
janvier au ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer, le Conseil
d'orientation des politiques de jeunesse (COJ), un cercle d'experts, préconise
de ne pas rendre le service national universel obligatoire. Le patron de la
commission de la Défense de l'Assemblée Jean-Jacques Bridey (LREM) confirme que
le service ne peut pas être rendu «obligatoire pour des adultes… Même si c'est
adopté par le Parlement, même si on change la Constitution).
En fait, du service national
universel, les armées n’en veulent pas, n’ont ni les moyens, ni le temps, ni l’envie
de former des citoyens, elles qui ont déjà bien de la peine à former des
soldats et à les équiper convenablement ! la ministre de la défense, Mme
Parly, à son tour explique « que le service national n'aurait probablement
«pas un caractère obligatoire, au sens où les gendarmes viendraient rechercher
le réfractaire».
Mais peu importe, Macron
persiste à vouloir que le service
national universel soit «obligatoire» et dure autour du trimestre, voire de 3 à
6 mois (...) si l'on intègre un service civique».
Résumons la fantaisie
macronesque: Service national universel : 15 milliards immédiatement d’investissement et à 30 milliards d'euros sur cinq ans.
18 milliards pour le service national de Macron, 160 millions pour les
Ehpad
En revanche, tout le monde a
pu constater l’état lamentable des Ehpad (établissements d'hébergement pour
personnes âgées dépendantes), la manière scandaleuse, indigne, honteuse dont les personnes âgées dépendantes y sont
maltraitées, la pression qui s’exerce sur le personnel soignant et les oblige
quasiment à la maltraitance.
Eh bien, nous sommes ravis d’apprendre
(sur le site de La Republique en marche) que à partir de 2019, « une
enquête de satisfaction sera menée chaque année auprès des résidents, pour
évaluer la bienveillance, la bientraitance et la qualité de vie au travail. Les
résultats de cette enquête seront publics.Consciente des difficultés que
connaissent certains EHPAD, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès
Buzyn en appelé à “arrêter l’EHPAD bashing” et à reconnaître le travail
formidable que font les professionnels de santé dans de nombreux
établissements. ». !!!
Et la République en marche d »annoncer fièrement : que le
gouvernement a « décidé un budget supplémentaire
sur le volet « santé » des personnes âgées dépendantes de 160 millions
d’euros en 2018 au soutien des EHPAD pour permettre le recrutement de nouveaux
personnels, pour l’accompagnement des établissements en difficulté et pour
renforcer la présence des infirmiers de nuit dans les EHPAD.
Donc, vous avez
bien lu : 15 milliards immédiatement
d’investissement et à 30 milliards
d'euros sur cinq ans pour la petite fantaisie de Macron, son Service National qui de toute façon ne sera pas universel d, et en 2018, 160 millions
d’euros
au soutien des EHPAD.
On aimerait en
plaisanter, mais c’est l’écœurement qui domine.
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