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mercredi 26 décembre 2018

Raison de détester l’Eurokom -20 : L’Eurokom et la sécurité sanitaire : l’Europe qui ne protège pas !


Europe et Eurokom :Dans un de mes précédents blogs, je m’enflammais sur les propos de Macron à Epinal sur « l’Europe qui nous a donné la Paix ». Face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne.

Sécurité alimentaire : de scandales en scandales

La fraude à la viande de cheval de 2013 est une fraude commise à l'échelle européenne, faisant passer de la viande de cheval pour de la viande de bœuf en modifiant l'étiquetage sur des lots de minerai de viande. Portant sur environ 4,5 millions de plats préparés, elle touche, à des degrés divers, des dizaines de millions de consommateurs. Connue depuis 2007, cette affaire éclate dans les îles Britanniques à la mi-janvier 2013 et connaît plusieurs rebondissements. Révélée en France sur des lasagnes de la marque Findus contenant 100 % de viande de cheval, elle implique toute la chaîne du commerce alimentaire européen dont des abattoirs, des intermédiaires (Draap Trading), des négociants (Spanghero) et des transformateurs (Comigel). De très nombreuses marques d'agroalimentaire sont concernées. Le motif est essentiellement économique, la viande de cheval étant moins chère à l'achat pour les fournisseurs et fabricants que la viande bovine. Cette affaire s’inscrit dans un contexte de tricheries généralisées en matière d'abattage des chevaux qui persiste encore (Merci Wikipedia, pour le rappel)

Le scandale des œufs contaminés au fipronil est un scandale sanitaire ayant débuté en Europe en 2017 avant de se propager en Asie. Début juin 2017, la Belgique est alertée par un exploitant qui détecte du fipronil, un acaricide puissant, dans ses œufs. Ces traitements sont interdits pour les animaux destinés à la consommation humaine. Ils ont été utilisés par des entreprises de désinfection dans des exploitations agricoles aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne, massivement et en toute inégalité. Plus de six mille litres de produit interdit ont été saisis chez Poultry-Vision. Des millions d'œufs de poule ont été retirés du commerce, dont des œufs estampillés « bio » provenant des Pays-Bas. La Commission européenne ajoute ensuite à la liste des pays touchés la France, l’Allemagne, la Pologne, l'Irlande, l'Italie, la Slovénie, l'Autriche, la Corée, Taîwan, Hong-Kong…. En dehors de l'Europe, Hong-Kong est également touché. En ce qui concerne la France , le ministre de l’agriculture Stéphane Travert commence par affirmer que la France n’est pas concernée, puis révèle que 250 000 œufs contaminés ont été vendus. Il met alors en cause la coopération entre les pays européens, qui n'aurait selon lui pas permis aux autorités françaises de réagir  dès les premiers instants…
Allez, un troisième, en 2018,  le scandale Lactalis du lait infantile contaminé par des salmonelles, bactérie dont le groupe savait qu‘elle contaminait un de ses sites de production depuis 2006… informations masquées par des analyses pour le moins complaisantes. 83 pays concernés par le rappel des produits.

Et pourtant, depuis 2002, l’Europe dispose d’une directive sur la sécurité alimentaire,  « d'une nouvelle approche intégrée et transparente, permettant de couvrir toute la chaîne alimentaire de la ferme à l'assiette ». Merveilleux bullshit européen !*

Foodwatch France analyse ainsi le problème : « Le premier souci est qu'il y a un sentiment d’impunité… Dans le cas du scandale de la viande de cheval, cherchez les sanctions, il n'y en a pas ! Ensuite, si Foodwatch souhaite rappeler l’importance du rôle de l’Etat : "L'entreprise doit faire ses autocontrôles, elle a un devoir de signalement et de remontée d'information", explique-t-elle "mais l'analyse des risques in fine doit rester à la charge de l'Etat, parce que ce n'est pas aux entreprises qui sont en conflit d'intérêt et en zone grise de déterminer quelle décision il faut prendre". Face à ce constat, Foodwatch déplore une diminution trop importante des effectifs dans les services de contrôle, ainsi qu’un système trop complexe" et ne permettant d’assurer ni transparence ni efficacité. En quelques années, la DGCCRF en charge des contrôles a perdu plusieurs centaines de fonctionnaires. Si l'agence comptait environ 3000 agents en 2015, c'est 716 de moins qu'en 2005 !

Autre sujet d’inquiétude non résolu : la forte  propension des institutions européennes à pousser pour des accords de libre échange les plus débridés possibles. Alors, vivent le boeuf aux hormones, le poulet chloré ou le porc à la ractopamine ! Pas sûr à tous coups, mais il faudra que les consommateurs se battent et restent vigilants ; il faut quand même se souvenir que l’interdiction européenne du bœuf aux hormones US avaient donné lieu à des rétorsions américaines ( sur le roquefort, par exemple…) et avait été condamnée par l’Organisation Mondiale du Commerce avant de parvenir finalement à un accord boiteux avec les USA ( bœuf aux hormones interdit, mais pas les carcasses lavées à l’acide lactique…). FoodWatch : « Avec ces accords de commerce on risque de ne plus pouvoir décider sur des sujets tels que les résidus de pesticides, les OGM, ou dire ce que l'on souhaite interdire ou autoriser etc En somme, alors que la législation européenne sur la sûreté des aliments est l’une des plus strictes au monde, (NB en théorie, voir plus haut !), l’UE risque en concluant des accords de libre-échange de ne plus pouvoir décider de résidus de pesticides ou des OGM qu'elle souhaite interdire ou autoriser ».

Sécurité sanitaire : l’aberration des implant files ! Prothèses PIP et filets à mandarines

Merci au consortium des journalistes qui fait un boulot remarquable et utile. Donc malheureusement passé inaperçu au milieu de l’insurrection gilets jaunes, il suffit d’acheter un filet à mandarine, de le découper, de la joindre à un dossier fictif bourré d’absurdités  pour demander une homologation européenne pour une mèche vaginale contre les descentes d’organes. Trois organismes de certification ont assuré à la journaliste néerlandaise qui s’est livré à ce jeu quelle obtiendrait sans problème une homologation européenne !

Contrairement aux médicaments, qui doivent passer par des essais cliniques très réglementés et onéreux et obtenir une autorisation de mise sur le marché des agences du médicament, les dispositifs médicaux échappent à toute évaluation sérieuse et ne doivent obtenir qu’une certification ( marquage CE) d’un organisme de contrôle privé !  Et cela se voit ! En 10 ans, 5.4 millions d’incidents aux USA, dont 82.000 morts et 1.7 millions de blessés et de vies massacrées. En Europe, en France : eh bien on ne sait pas ! On ne sait pas le nombre de blessés, on ne sait pas même le nombre de morts ! On ne sait même pas combien de dispositifs médicaux sont sur le marché européen ( le nombre est inapprochable !!!! dit gentiment l’ANSM française). A la louche, entre 500.000 et deux millions, qui ont tous leur marquage CE. Et de plus contrairement aux USA, il n’y a aucun moyen de savoir combien et quels patients ont reçu tel dispositif – seul peut-être le chirurgien ayant réalisé l’opération le sait  ! Un scandale absolu, incroyable, inimaginable même ! Impossible de prévenir les patients, comme dans le cas des prothèses PIP !

Quelques exemples emblématiques. Les prothèses de sein PIP, ou un margoulin, véritable escroc, a vendu pendant des années des prothèses de sein défectueuses, qui se rompaient facilement, relâchant dans l’organisme un gel de silicone…de sa fabrication, absolument non homologué, mais dix fois moins cher que le gel homologué qu’il était censé utiliser. Les enquêtes menées par l'Afssaps ont établi que non seulement l'enveloppe des implants était d'une qualité médiocre, mais aussi que le gel qu'ils contenaient avait une composition des plus exotiques, avec des ingrédients variés suivant les lots, ce qui empêche les victimes de savoir avec précision la nature des produits qui se répandent dans leur organisme. Les enquêteurs ont notamment retrouvé de l'huile de silicone industrielle Baysilone (additif pour carburant), du Silopren et du Rhodorsil (agents d'enrobage de câbles électriques), produits destinés à un usage industriel et dont les effets n'ont jamais été testés sur la santé d'un être vivant — et de ce fait interdits dans tout dispositif médical ! Et tout ceci sans que l’agence de certification (l’allemand TUV) ne manifeste le moindre soupçon, ne serait-ce que quant à l’absence totale de corrélation entre les commandes de gel silicone officiellement approuvé et le nombre de prothèses produites.

L'entreprise occupait à son apogée le troisième rang mondial du secteur des implants mammaires avec 100 000 unités produites par an. Elle exportait près de 80 % de sa production hors de France, notamment en Amérique du Sud et en Europe de l'Est. Environ 300 000 femmes dans le monde seraient porteuses de prothèses mammaires PIP.

Autres exemples : les implants contraceptifs  (Essure, par exemple), dont la composition en nickel, ignorée de la plupart des praticiens, a provoqué de nombreuses allergies et intolérance, au point d’imposer parfois l’ablation de l’utérus ; ces sondes de stimulateurs cardiaques qui se rompent si vite ; ces stent intracrâniens (Wingspan) contre les anévrismes implantés sur des milliers de patients sans étude sérieuse avant qu’une comparaison avec les médicaments antiplaquettaires montre deux fois plus d’AVC , y compris d’AVC mortels et impose l’arrêt des stent. Ou ces deux chirurgiens italiens placés sous écoutes «  J’ai mis cette prothèse là aujourd’hui, mais ils font vraiment de la merde…Et la machine qui coupe le fémur, c’est un désastre ». (Cf la remarquable enquête du consortium publiée par exemple dans Le Monde des 28-29 novembre 2028)….Ce sont autant de drames, de souffrances infinies et horribles, de mutilations, et parfois de décès…

D’où ces constatations d’Eric Vicaut responsable du Centre d’Evaluation des dispositifs médicaux de l’APHP. « Un stent intracrânien ne doit pas être mis sur le marché comme un réfrigérateur ». Ainsi qu’il le signale, la FDA s’est inquiété de la légèreté, pour ne pas dire plus, des procédures européennes concernant les implants : « le marquage CE est souvent la première étape du business model des industriels. Une fois celui-ci obtenu, ils vendent leurs dispositifs médicaux en Europe et avec l’argent, lancent les études nécessaires pour obtenir le visa de la FDA américaine »…. Les Européens sont ainsi les cobayes des Américains !

Cette remarque, encore, tirée de son article du Monde (27 novembre 2018) : « A trop renforcer la législation, on freine l’innovation avancent les entreprises ? Ce discours, je l’entends tout le temps, et malheureusement, il a été parfaitement intégré par les autorités. Or, c’est précisément cet argument qui a permis que la réglementation ne soit pas au niveau. Les patients n’ont pas besoin de neuf, ils ont besoin de mieux. Pour cela, il faut des études comparatives avant la mise sur le marché. . Il n’y a aucune raison de commercialiser quelque chose sans avoir démontré qu’il apporte un progrès ! »
En effet. Et de manière plus générale, il est très inquiétant de voir de plus en plus se substituer le vocable innovation à celui du progrès. Il y a vraiment danger à confondre changement et progrès, et il est urgent de redonner tout son sens (et son prestige) à la notion de progrès ( et relire les positivistes !)

Une autre remarque : les sectaires de l’ultra libéralisme ont inventé la recette universelle de la catastrophe : 1) privatiser un secteur ; 2) privatiser le contrôle de ce secteur ; 3) placer en concurrence les entreprises chargées du contrôle et les faire payer par les entreprise contrôlées. En comptabilité, cela donne Enron et Arthur Andersen ; dans le domaine naval, cela donne l’Erika et la société de classification Rina ; et dans le domaine de la santé, les prothèse PIP et le certificateur TUV.

Les pénuries de médicaments : une évolution inquiétante !

Avec 530 signalements, soit dix fois plus qu’il y a dix ans, l’année 2017 a vu un nombre record de ruptures de stock et d’approvisionnement déclarés auprès de l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), et ceci pour des médicaments essentiels, tels dans anticancéreux ou des parkinsoniens. Ceci s’est traduit rès concrètement par la mise en danger, la souffrance, voire la mort prématurée de certains patients.
Ces difficultés d’approvisionnement ne sont pas limitées au territoire français : une situation comparable est observée à l’échelle européenne. Une enquête menée en 2016 dans 21 États européens par le groupement pharmaceutique de l’Union européenne a montré que les pharmacies d’officine de l’ensemble des 21 pays couverts par l’enquête avaient été concernées par des phénomènes de pénurie durant les 12 mois précédents.
Et pourtant, la France est l’un des trois seuls États membres de l’Union européenne à avoir introduit une définition des ruptures d’approvisionnement de médicaments dans leur législation nationale avec la Roumanie et la Slovénie !
Ces pénuries de médicaments, qui font de plus en plus ressembler l’UE à un pays du tiers mondes a trois causes principales :

1) une pression trop forte sur les prix en même temps que s’accroissent ( et c’est heureux), les exigences réglementaires. Des anciennes molécules, non réévaluées ne sont plus rentables et disparaissent. 

2)  la délocalisation et la concentration des fabrications de principes actifs. L’Inde (4 442 sites de fabrication) et la Chine (2 794 sites de fabrication) concentrent à elles seules 61 % des sites de production de substances pharmaceutiques actives des médicaments commercialisés dans l’Union Européenne.
Ainsi sommes-nous pour une partie non négligeable de nos médicaments essentiels dépendant de l’étranger, et d’une chaîne de production que nous contrôlons fort mal, peu réactive et peu résiliente, très concentrée et qui ne permet plus de répondre à l’ensemble des besoins de santé.  Ainsi un rapport sénatorial récent ( fin 2018) invite-t-il à prendre des mesures efficaces favorisant la relocalisation en Europe et en France de la fabrication de principes actifs pharmaceutiques, et même éventuellement un système public de productions pour certains médicaments essentiels à la sécurité sanitaire.

3) Les exportations parallèles entre pays européen et la dégradation du service public rendu par les répartiteurs pharmaceutiques. Les répartiteurs, bien que privés,  ont des obligations de service public (OSP)  et sont tenus de disposer d’un assortiment de médicaments comportant au moins les neuf dixièmes (environ 25000) des présentations de spécialités pharmaceutiques effectivement commercialisées en France, afin de satisfaire la consommation de leur clientèle habituelle pour une durée d’au moins deux semaines et d’honorer les commandes passées par les pharmacies dans un délai de 24 heures (en dehors des week-ends et jours fériés)- et ceci dans les quelques 22000 pharmacies française. Or la politique de libéralisation européenne a encouragé l’apparition de « short liners »  qui s’exonèrent des obligations de service public. Ils ne proposent qu’une courte gamme de médicaments, la plus rentable, à un nombre réduit d’officines auxquelles ils vendent de grandes quantités quand ils ne travaillent pas uniquement à l’export. Ils  ne détiennent pas physiquement en stock et sciemment la collection requise et acquièrent des stocks pour un assortiment très limité de spécialités, sous couvert de leur autorisation d’ouverture ? C’est un facteur supplémentaire critique de fragilisation de l’approvisionnement en médicament, qui, jusque-là fonctionnait plutôt bien ( les répartiteurs évitent jusqu’à présent que les deux tiers des pénuries de médicament se manifestent à l’officine )

Sécurité alimentaire, sécurité sanitaire des implants et des médicament ; non seulement l’Eurokom ne protège pas, mais en démantelant au nom de l’idéologie ultra libérale les protections étatiques existantes et favorisant  la libre circulation de toute chose au détriment de toute autre considération !

Il faut sortir de cet Eurokom là .

1 commentaire:

  1. aussi sur https://eurokomonaimepas.blogspot.com/2019/01/raison-de-detester-leurokom-20-leurokom.html

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Commentaires

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