Europe et Eurokom :Dans un de mes précédents blogs, je m’enflammais
sur les propos de Macron à Epinal sur « l’Europe qui nous a donné la Paix ».
Face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité
géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses
institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à
construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je
propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et
l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne.
Sécurité
alimentaire : de scandales en scandales
La fraude à la viande de cheval de 2013 est une fraude commise à
l'échelle européenne, faisant passer de la viande de cheval pour de la viande
de bœuf en modifiant l'étiquetage sur des lots de minerai de viande. Portant sur environ 4,5 millions de plats
préparés, elle touche, à des degrés divers, des dizaines de millions de
consommateurs. Connue depuis 2007, cette affaire éclate dans les îles
Britanniques à la mi-janvier 2013 et connaît plusieurs rebondissements. Révélée
en France sur des lasagnes de la marque Findus contenant 100 % de viande de
cheval, elle implique toute la chaîne du commerce alimentaire européen dont des
abattoirs, des intermédiaires (Draap Trading), des négociants (Spanghero) et
des transformateurs (Comigel). De très nombreuses marques d'agroalimentaire
sont concernées. Le motif est essentiellement économique, la viande de cheval
étant moins chère à l'achat pour les fournisseurs et fabricants que la viande
bovine. Cette affaire s’inscrit dans un contexte de tricheries généralisées en
matière d'abattage des chevaux qui persiste encore (Merci Wikipedia, pour le
rappel)
Le scandale des œufs contaminés au fipronil est un
scandale sanitaire ayant débuté en Europe en 2017 avant de se propager en Asie.
Début juin 2017, la Belgique est alertée par un exploitant qui détecte du
fipronil, un acaricide puissant, dans ses œufs. Ces traitements sont interdits
pour les animaux destinés à la consommation humaine. Ils ont été utilisés par
des entreprises de désinfection dans des exploitations agricoles aux Pays-Bas,
en Belgique et en Allemagne, massivement et en toute inégalité. Plus de six
mille litres de produit interdit ont été saisis chez Poultry-Vision. Des
millions d'œufs de poule ont été retirés du commerce, dont des œufs estampillés
« bio » provenant des Pays-Bas. La Commission européenne ajoute ensuite à la
liste des pays touchés la France, l’Allemagne, la Pologne, l'Irlande, l'Italie,
la Slovénie, l'Autriche, la Corée, Taîwan, Hong-Kong…. En dehors de l'Europe,
Hong-Kong est également touché. En ce qui concerne la France , le ministre de
l’agriculture Stéphane Travert commence par affirmer que la France n’est pas
concernée, puis révèle que 250 000 œufs contaminés ont été vendus. Il met alors
en cause la coopération entre les pays européens, qui n'aurait selon lui pas
permis aux autorités françaises de réagir dès les premiers instants…
Allez, un troisième, en 2018, le scandale Lactalis du lait infantile
contaminé par des salmonelles, bactérie dont le groupe savait qu‘elle
contaminait un de ses sites de production depuis 2006… informations masquées
par des analyses pour le moins complaisantes. 83 pays concernés par le rappel
des produits.
Et pourtant, depuis 2002, l’Europe dispose d’une
directive sur la sécurité alimentaire,
« d'une nouvelle approche intégrée et transparente, permettant de
couvrir toute la chaîne alimentaire de la ferme à l'assiette ».
Merveilleux bullshit européen !*
Foodwatch France analyse ainsi le problème : « Le
premier souci est qu'il y a un sentiment d’impunité… Dans le cas du scandale de
la viande de cheval, cherchez les sanctions, il n'y en a pas ! Ensuite, si
Foodwatch souhaite rappeler l’importance du rôle de l’Etat : "L'entreprise
doit faire ses autocontrôles, elle a un devoir de signalement et de remontée
d'information", explique-t-elle "mais l'analyse des risques in fine
doit rester à la charge de l'Etat, parce que ce n'est pas aux entreprises qui
sont en conflit d'intérêt et en zone grise de déterminer quelle décision il
faut prendre". Face à ce constat, Foodwatch déplore une diminution trop
importante des effectifs dans les services de contrôle, ainsi qu’un système
trop complexe" et ne permettant d’assurer ni transparence ni efficacité. En quelques années, la DGCCRF en charge des
contrôles a perdu plusieurs centaines de fonctionnaires. Si l'agence comptait
environ 3000 agents en 2015, c'est 716 de moins qu'en 2005 !
Autre sujet d’inquiétude non résolu : la forte propension des institutions européennes à
pousser pour des accords de libre échange les plus débridés possibles. Alors,
vivent le boeuf aux hormones, le poulet chloré ou le porc à la
ractopamine ! Pas sûr à tous coups, mais il faudra que les consommateurs
se battent et restent vigilants ; il faut quand même se souvenir que
l’interdiction européenne du bœuf aux hormones US avaient donné lieu à des rétorsions
américaines ( sur le roquefort, par exemple…) et avait été condamnée par
l’Organisation Mondiale du Commerce avant de parvenir finalement à un accord
boiteux avec les USA ( bœuf aux hormones interdit, mais pas les carcasses
lavées à l’acide lactique…). FoodWatch : « Avec ces accords de
commerce on risque de ne plus pouvoir décider sur des sujets tels que les
résidus de pesticides, les OGM, ou dire ce que l'on souhaite interdire ou
autoriser etc En somme, alors que la législation européenne sur la sûreté des
aliments est l’une des plus strictes au monde, (NB en théorie, voir plus
haut !), l’UE risque en concluant des accords de libre-échange de ne plus
pouvoir décider de résidus de pesticides ou des OGM qu'elle souhaite interdire
ou autoriser ».
Sécurité sanitaire : l’aberration des implant files ! Prothèses
PIP et filets à mandarines
Merci au consortium des journalistes qui fait un boulot
remarquable et utile. Donc malheureusement passé inaperçu au milieu de
l’insurrection gilets jaunes, il suffit d’acheter un filet à mandarine, de le
découper, de la joindre à un dossier fictif bourré d’absurdités pour demander une homologation européenne pour
une mèche vaginale contre les descentes d’organes. Trois organismes de certification ont assuré à la journaliste
néerlandaise qui s’est livré à ce jeu quelle obtiendrait sans problème une
homologation européenne !
Contrairement aux médicaments, qui doivent passer par des essais cliniques
très réglementés et onéreux et obtenir une autorisation de mise sur le marché
des agences du médicament, les dispositifs médicaux échappent à toute
évaluation sérieuse et ne doivent obtenir qu’une certification ( marquage CE)
d’un organisme de contrôle privé ! Et cela se voit ! En 10 ans, 5.4 millions
d’incidents aux USA, dont 82.000 morts et 1.7 millions de blessés et de vies
massacrées. En Europe, en France : eh bien on ne sait pas ! On ne
sait pas le nombre de blessés, on ne sait pas même le nombre de morts ! On
ne sait même pas combien de dispositifs médicaux sont sur le marché européen (
le nombre est inapprochable !!!! dit gentiment l’ANSM française). A la
louche, entre 500.000 et deux millions, qui ont tous leur marquage CE. Et de
plus contrairement aux USA, il n’y a aucun moyen de savoir combien et quels
patients ont reçu tel dispositif – seul peut-être le chirurgien ayant réalisé
l’opération le sait ! Un scandale absolu, incroyable, inimaginable même !
Impossible de prévenir les patients, comme dans le cas des prothèses PIP !
Quelques exemples emblématiques. Les prothèses de sein
PIP, ou un margoulin, véritable escroc, a vendu pendant des années des
prothèses de sein défectueuses, qui se rompaient facilement, relâchant dans
l’organisme un gel de silicone…de sa fabrication, absolument non homologué,
mais dix fois moins cher que le gel homologué qu’il était censé utiliser. Les
enquêtes menées par l'Afssaps ont établi que non seulement l'enveloppe des
implants était d'une qualité médiocre, mais aussi que le gel qu'ils contenaient
avait une composition des plus exotiques, avec des ingrédients variés suivant
les lots, ce qui empêche les victimes de savoir avec précision la nature des
produits qui se répandent dans leur organisme. Les enquêteurs ont notamment retrouvé
de l'huile de silicone industrielle Baysilone (additif pour carburant), du
Silopren et du Rhodorsil (agents d'enrobage de câbles électriques), produits
destinés à un usage industriel et dont les effets n'ont jamais été testés sur
la santé d'un être vivant — et de ce fait interdits dans tout dispositif
médical ! Et tout ceci sans que l’agence de certification (l’allemand TUV)
ne manifeste le moindre soupçon, ne serait-ce que quant à l’absence totale de
corrélation entre les commandes de gel silicone officiellement approuvé et le
nombre de prothèses produites.
L'entreprise occupait à son apogée le troisième rang
mondial du secteur des implants mammaires avec 100 000 unités produites par an.
Elle exportait près de 80 % de sa production hors de France, notamment en
Amérique du Sud et en Europe de l'Est. Environ 300 000 femmes dans le monde
seraient porteuses de prothèses mammaires PIP.
Autres exemples : les implants contraceptifs (Essure, par exemple), dont la composition en
nickel, ignorée de la plupart des praticiens, a provoqué de nombreuses
allergies et intolérance, au point d’imposer parfois l’ablation de
l’utérus ; ces sondes de stimulateurs cardiaques qui se rompent si
vite ; ces stent intracrâniens (Wingspan) contre les anévrismes implantés
sur des milliers de patients sans étude sérieuse avant qu’une comparaison avec
les médicaments antiplaquettaires montre deux fois plus d’AVC , y compris d’AVC
mortels et impose l’arrêt des stent. Ou ces deux chirurgiens italiens placés
sous écoutes « J’ai mis cette prothèse là aujourd’hui, mais ils font
vraiment de la merde…Et la machine qui coupe le fémur, c’est un
désastre ». (Cf la remarquable enquête du consortium publiée par exemple
dans Le Monde des 28-29 novembre
2028)….Ce sont autant de drames, de souffrances infinies et horribles, de
mutilations, et parfois de décès…
D’où ces constatations d’Eric Vicaut responsable du
Centre d’Evaluation des dispositifs médicaux de l’APHP. « Un stent intracrânien ne doit pas être mis
sur le marché comme un réfrigérateur ». Ainsi qu’il le signale, la FDA
s’est inquiété de la légèreté, pour ne pas dire plus, des procédures
européennes concernant les implants : « le marquage CE est souvent la
première étape du business model des industriels. Une fois celui-ci obtenu, ils
vendent leurs dispositifs médicaux en Europe et avec l’argent, lancent les
études nécessaires pour obtenir le visa de la FDA américaine »…. Les Européens sont ainsi les cobayes des
Américains !
Cette remarque, encore, tirée de son article du Monde (27
novembre 2018) : « A trop renforcer la législation, on freine
l’innovation avancent les entreprises ? Ce discours, je l’entends tout le
temps, et malheureusement, il a été parfaitement intégré par les autorités. Or,
c’est précisément cet argument qui a permis que la réglementation ne soit pas
au niveau. Les patients n’ont pas besoin de neuf, ils ont besoin de mieux. Pour
cela, il faut des études comparatives avant la mise sur le marché. . Il n’y a aucune raison de commercialiser
quelque chose sans avoir démontré qu’il apporte un progrès ! »
En effet. Et de manière plus générale, il est très
inquiétant de voir de plus en plus se substituer le vocable innovation à celui
du progrès. Il y a vraiment danger à confondre changement et progrès, et il est
urgent de redonner tout son sens (et son prestige) à la notion de progrès ( et
relire les positivistes !)
Une autre remarque : les sectaires de l’ultra libéralisme ont inventé la recette universelle
de la catastrophe : 1) privatiser un secteur ; 2) privatiser le
contrôle de ce secteur ; 3) placer en concurrence les entreprises chargées
du contrôle et les faire payer par les entreprise contrôlées. En comptabilité,
cela donne Enron et Arthur Andersen ; dans le domaine naval, cela donne
l’Erika et la société de classification Rina ; et dans le domaine de la
santé, les prothèse PIP et le certificateur TUV.
Les pénuries de médicaments : une évolution inquiétante !
Avec 530 signalements, soit dix fois plus qu’il y a dix ans, l’année 2017
a vu un nombre record de ruptures de stock et d’approvisionnement déclarés
auprès de l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), et ceci pour des
médicaments essentiels, tels dans anticancéreux ou des parkinsoniens. Ceci
s’est traduit rès concrètement par la mise en danger, la souffrance, voire la
mort prématurée de certains patients.
Ces difficultés d’approvisionnement ne sont pas limitées
au territoire français : une situation comparable est observée à l’échelle
européenne. Une enquête menée en 2016 dans 21 États européens par le groupement
pharmaceutique de l’Union européenne a montré que les pharmacies d’officine de
l’ensemble des 21 pays couverts par l’enquête avaient été concernées par des
phénomènes de pénurie durant les 12 mois précédents.
Et pourtant, la France est l’un des trois seuls États
membres de l’Union européenne à avoir introduit une définition des ruptures
d’approvisionnement de médicaments dans leur législation nationale avec la
Roumanie et la Slovénie !
Ces pénuries de médicaments, qui font de plus en plus
ressembler l’UE à un pays du tiers mondes a trois causes principales :
1) une pression trop forte sur les prix en même temps que
s’accroissent ( et c’est heureux), les exigences réglementaires. Des anciennes
molécules, non réévaluées ne sont plus rentables et disparaissent.
2) la délocalisation et la concentration des
fabrications de principes actifs. L’Inde (4 442 sites de fabrication) et la
Chine (2 794 sites de fabrication) concentrent à elles seules 61 % des sites de production de substances
pharmaceutiques actives des médicaments commercialisés dans l’Union Européenne.
Ainsi sommes-nous pour une partie non négligeable de nos
médicaments essentiels dépendant de l’étranger, et d’une chaîne de production
que nous contrôlons fort mal, peu réactive et peu résiliente, très concentrée
et qui ne permet plus de répondre à l’ensemble des besoins de santé. Ainsi un rapport sénatorial récent ( fin 2018)
invite-t-il à prendre des mesures efficaces favorisant la relocalisation en Europe et en France de la fabrication
de principes actifs pharmaceutiques, et même éventuellement un système
public de productions pour certains médicaments essentiels à la sécurité sanitaire.
3) Les
exportations parallèles entre pays européen et la dégradation du service public
rendu par les répartiteurs pharmaceutiques. Les répartiteurs, bien que
privés, ont des obligations de service
public (OSP) et sont tenus de disposer
d’un assortiment de médicaments comportant au moins les neuf dixièmes (environ
25000) des présentations de spécialités pharmaceutiques effectivement commercialisées
en France, afin de satisfaire la consommation de leur clientèle habituelle pour
une durée d’au moins deux semaines et d’honorer les commandes passées par les
pharmacies dans un délai de 24 heures (en dehors des week-ends et jours fériés)-
et ceci dans les quelques 22000 pharmacies française. Or la politique de
libéralisation européenne a encouragé l’apparition de « short liners »
qui s’exonèrent des obligations de
service public. Ils ne proposent qu’une courte gamme de médicaments, la plus
rentable, à un nombre réduit d’officines auxquelles ils vendent de grandes
quantités quand ils ne travaillent pas
uniquement à l’export. Ils ne
détiennent pas physiquement en stock et sciemment la collection requise et
acquièrent des stocks pour un assortiment très limité de spécialités, sous
couvert de leur autorisation d’ouverture ? C’est un facteur supplémentaire
critique de fragilisation de l’approvisionnement en médicament, qui, jusque-là fonctionnait
plutôt bien ( les répartiteurs évitent jusqu’à présent que les deux tiers des
pénuries de médicament se manifestent à l’officine )
Sécurité alimentaire, sécurité sanitaire des implants et des médicament ;
non seulement l’Eurokom ne protège pas, mais en démantelant au nom de l’idéologie
ultra libérale les protections étatiques existantes et favorisant la libre circulation de toute chose au
détriment de toute autre considération !
Il faut sortir de cet Eurokom là .
aussi sur https://eurokomonaimepas.blogspot.com/2019/01/raison-de-detester-leurokom-20-leurokom.html
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