Viv(r)e la recherche se propose de rassembler des témoignages, réflexions et propositions sur la recherche, le développement, l'innovation et la culture



Rechercher dans ce blog

vendredi 20 mai 2022

Audition de l’ASN devant le Sénat, 17 mai 2002 : l’ASN alerte sur « l’impasse d’une politique énergétique mal calibrée »

Bernard Doroszczuk, président de l’ASN, s’est montré rassurant sur l’état de sûreté des centrales, mais inquiétant sur les fermetures de réacteurs qui seront nécessaires pour maintenir ce niveau de sûreté. Les pouvoirs publics doivent d’après lui les prendre en compte pour ne pas tomber dans « l’impasse d’une politique énergétique mal calibrée. »

Corrosion sous contrainte : un « phénomène sérieux » ; Bernard Doroszczuk : « D’abord parce qu’il concerne des parties de tuyauterie directement connectées au circuit primaire principal, et des tronçons pas isolables. Il n’y a donc pas d’organe de coupure, en cas de rupture de ces canalisations, c’est le circuit primaire principal qui est avec une brèche. 

Mais pas un phénomène de vieillissement ! D’ après l’ASN paradoxalement, les réacteurs les plus anciens (les 900 MWe) « pourraient ne pas être touchés », alors que les réacteurs les plus récents (les N4 et les 1300 MW) sont les plus sévèrement atteints. Les experts de l’ASN estiment selon Bernard Doroszczuk, que cela serait lié « à la géométrie des lignes », « différente entre les réacteurs de paliers de 900 MW et les designs de réacteurs 1300 MW et N4 où le design initial de Westinghouse [entreprise américaine, ndlr] a été francisé. Cette nouvelle géométrie des lignes favorise un phénomène de stratification thermique du fluide en haut et en bas de tuyau, ce qui génère une contrainte dans les zones de soudure. »

La  poursuite de fonctionnement des réacteurs nucléaires ne doit pas être conçue comme la variable d’ajustement d’une politique énergétique mal calibrée…au risque de la sécurité !  

L’ASN n’est pas alarmiste sur la capacité d’EDF à assurer la sûreté de ses centrales. En revanche, garantir un niveau de sûreté suffisant supposera de mettre des réacteurs à l’arrêt,

RTE présente un mix électrique avec une part d’électricité nucléaire de 50 % en 2050, qui repose sur un programme ambitieux de construction et la prolongation des réacteurs existants à plus de 60 ans. » ; « Ce scénario est non-justifié à ce stade et présente un risque d’engager le système électrique dans une impasse, dans le cas où le nombre de réacteurs aptes à fonctionner au-delà de 60 ans serait finalement insuffisant ou ne serait connu que trop tardivement. » Pour l’ASN, il ne faudrait pas que, faute d’anticipation suffisante, la poursuite de fonctionnement des réacteurs nucléaires soit conçue comme une variable d’ajustement d’une politique énergétique mal calibrée. » 

Un point de basculement. Un plan Marshall pour le nucléaire !

En plus de maintenir le parc actuel en état de fonctionnement, EDF va devoir réussir à relancer le parc nucléaire français. « Nous sommes à point de basculement, nous sortons d’une ère post-Fukushima et rentrons dans une ère de relance du nucléaire », analyse Olivier Gupta, directeur général de l’ASN, après les nouvelles orientations prises par Emmanuel Macron en fin de quinquennat. « Au regard de l’ampleur des projets nouveaux et de la poursuite d’exploitation des réacteurs actuels, il va falloir redimensionner les objectifs en termes de ressources humaines et financières, et en termes d’investissements.

Le président de l’ASN en appelle à un « Plan Marshall pour rendre industriellement soutenable cette perspective et faire en sorte que les entreprises de la filière disposent des compétences et des moyens financiers en temps voulu. » D’après lui, on passe « d’une période où l’on n’imaginait pas assez de projets, à une période où l’on a plein de projets, il faut le planifier, sinon les engagements affichés ne seront pas tenables. » Cela requiert notamment « un engagement de la part des pouvoirs publics, puisqu’il « va falloir payer d’avance le recrutement, la formation, avant de pouvoir disposer des ressources. »

NB : Et les moyens financiers, ça passe par la taxonomie !

» https://www.publicsenat.fr/article/politique/prolongation-des-reacteurs-nucleaires-l-asn-alerte-sur-l-impasse-d-une-politique

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commentaires

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.