Viv(r)e la recherche se propose de rassembler des témoignages, réflexions et propositions sur la recherche, le développement, l'innovation et la culture



Rechercher dans ce blog

samedi 28 mai 2022

Quelques considérations sur l’éolien

 1) La décarbonation de l’électricité n‘est pas le sujet en France, et ne le sera jamais si on redéveloppe le nucléaire Le problème c’est la décarbornation des transports, du chauffage, de l’industrie, de l’agriculture

 2) Comme le montrent l’exemple de l’Allemagne et de l’Espagne, les ENR ( ou plus exactement Energie Variables Intermittentes) ne permettent pas de décarboner significativement l’électricité.

Et les derniers évènements d’Ukraine confirment que les éoliennes, qu’une transition à l’allemande,  c’est plus de gaz, et plus de charbon…

cf. L’Allemagne pourrait réactiver 15 centrales à charbon (900g de CO2/kWh) mais veut toujours fermer ses 3 derniers réacteurs nucléaires (12g CO2/kWh) en fin d’année  

https://twitter.com/ValerieFaudon/status/1529688946480926721

Quitte même à aller le chercher au Bostwana ! Un record d’émissions de CO2 !

https://twitter.com/BjrnPeters3/status/1524523156383358978

3) Conséquence : ainsi que sans cesse rappelé par M. J M Jancovici, il existe mille et mille moyens d’utiliser l’argent mis dans les Energies Variables Intermittentes pour des actions de décarbonation sur les énergies thermiques, une action plus efficace climatiquement, plus rentable économiquement, plus soutenable socialement.

Et il faudrait quand même s’habituer à compter le coût de la tonne de CO2 évitée !!

4) Corollaire heureux : on peut se passer en grande partie  de transformer nos plus beaux paysages y compris côtiers en zones industrielles éoliennes, de sacrifier nos pêcheurs, de rendre infernale la vie des voisins… (500m, la distance minimale aux éoliennes la plus faible d’Europe)

A croire que ceux qui veulent s’imposer cela à eux et surtout aux autres recherchent surtout l'exploitation d'un sentiment masochiste d’expiation pour l’utilisation des ressources fossiles.et le "capitalisme dévastateur".

Leur cas est bien décrit par Janco dans le Monde sans fin ! Chef d'œuvre.!


Quelques citations..

« Par conséquent, à mon sens, développer en France les énergies renouvelables électriques ne présente pas le moindre intérêt sur aucun plan. Les seules bonnes énergies renouvelables dont on doit s’occuper en France, ce sont les énergies renouvelables chaleur. Les énergies renouvelables électriques n’ont strictement aucun intérêt, sauf pour les antinucléaires."

Jancovici devant la Commission Aubert

"L’analyse de la situation de l’Allemagne et de l’Espagne me conduisent à conclure clairement qu’augmenter les énergies non pilotables dans un réseau électrique ne permet pas de baisser significativement la capacité pilotable."

Jancovici devant la Commission Aubert

" L’éolien offshore aujourd’hui, c’est 25 milliards d’euros qui vont partir dans ce dispositif qui a encore moins d’intérêt que l’éolien terrestre. S’il y a un truc qu’il faut arrêter tout de suite, c’est bien ça ! Avec ces 25 milliards d’euros vous avez de quoi payer 6000 euros de prime de conversion du fuel en pompe à chaleur aux quatre millions de ménages français qui sont chauffés au fuel qui sont souvent des ruraux, souvent précaires. Qu’on augmente mon taux d’imposition pour ça, moi je veux bien ! Mais qu’on me prélève un centime de plus pour payer l’éolien offshore, ce truc de Shadock »….

« J’aurais fourni la totalité de la pompe à 10 à 15 millions de ménages français. J’aurais sorti la totalité du fioul et les deux tiers du gaz et gagné une partie de ma course contre la montre. J’aurais évité 15 % des importations de pétrole, donc, selon les années, de 3 à 6 milliards d’euros, voire 9 milliards d’euros J’aurais évité la moitié des importations de gaz, créées macroéconomiquement de l’emploi et évité du CO2 »

Jancovici devant la Commission Aubert

"En 2009, j’étais présent à la COP 15 à Copenhague. Le dimanche, il n’y avait pas de réunions de négociations. J'en ai profité pour assister par curiosité à un colloque organisé par les gaziers. …Tous les dirigeants défilaient à la tribune pour dire : l’éolien, c’est génial…parce qu’il y a besoin de gaz pour compenser son intermittence"

Jancovici, Le Monde sans fin, p 159.

Les subventions pour l’éolien et le solaire coûtent 150 milliards. Sinon, doubler tout le réseau ferroviaire français couterait 150 milliards. Les bénéfices pour le climat sont bien supérieurs. "

Jancovici, Le Monde sans fin, p 159

« Le développement des énergies renouvelables est très rapide en Allemagne. En 2021, la puissance installée des parcs éoliens (63 GW) et solaires (56 GW) est, pour chacun, équivalente à celle du parc nucléaire français (61 GW) et a plus que doublé en une dizaine d’années... Entre les années 2000 et 2020, la puissance installée des centrales à combustibles fossiles (charbon ou gaz) a augmenté, passant de 71 GW à 74 GW, pendant que le nucléaire diminuait, passant de 22 GW à 8 GW. Le développement des renouvelables n’a pas permis de sortir des énergies fossiles."

F-M Bréon.https://www.afis.org/La-transition-du-secteur-electrique-en-Allemagne

5) Et parlons coût

Un calcul a été fait par le cabinet @RolandBerger dans le cadre du rapport commandité par le @_Cereme_  Il en résulte que le prix de la tonne de CO2 évitée par l'éolien est de l’ordre de 550 € !

6) Et parlons acceptation des éoliennes…et des réseaux qui vont avec

Par exemple : Récapitulatif des référendums locaux et consultations locales organisés en France sur des projets d'éoliennes


« La transition en Allemagne freinée par le réseau électrique : Sur les 7 700 kilomètres de lignes à haute tension nécessaires, 1 750 km seulement ont été approuvés et 950 réalisés.( https://www.la-croix.com/Economie/Economie-et-entreprises/transition-Allemagne-freinee-reseau-electrique-2019-03-04-1201006339) »

« Le plan actuel de développement du réseau de transport , entré en vigueur en mars 2021, prévoit environ 12 200 km terrestres (nouvelles lignes, renforcement des lignes existantes).Selon la dernière mise à jour du rapport monitoring de l´Agence Fédérale des Réseaux, seuls 1.771 km soit environ 14,5% des 12.239 km ont été réalisés mi-2021 » https://allemagne-energies.com/2021/11/02/la-modernisation-des-reseaux-electriques-talon-dachille-de-lenergiewende/ »

 7) Et parlons rente des profiteurs éoliens et économie

« Appliqués sur un cas similaire au système français, dans son contexte européen et avec des hypothèses de coût voisines, des modèles ont été développés par différentes équipes de chercheurs : au DIW de Berlin, à l'OCDE, au MIT et à l'Université Dauphine….

Dans leurs travaux, le nouveau nucléaire (EPR), même cher, bat économiquement les ENR qui n'occuperaient alors à terme qu'une part très limitée du mix électrique.

Les quatre modèles cités testent chacun un scénario dans lequel les énergies renouvelables se développent uniquement par le marché, c'est-à-dire sans dispositifs d'appui et d'aide assurés par l'État et garantissant les revenus des investisseurs, et dont le coût est financé par une taxe sur les consommations d'électricité. Elles restent dans un tel cas confinées à une part de production modeste, de l'ordre de 10 %.

En effet, à partir de ce niveau, la rémunération des ENR à apports variables retirée des marchés électriques ne permet plus de couvrir les coûts d'investissement….

Il s'ensuit que le nouveau nucléaire (EPR), même à un coût de 4 000 €/kW et un prix de revient de 75-80 €/MWh, domine le mix électrique à l'horizon 2050 : de 70 à 75 % dans le modèle de Dauphine ; 60 à 65 % dans le modèle de l'OCDE et celui du MIT quand la part des ENR est de 10 %.

 La raison en est simple : la rémunération que toute nouvelle centrale dite « pilotable » - comprendre qui peut fonctionner au moment où on le commande et quelle que soit l'heure de l'année - retire des marchés est suffisamment haute pour permettre de recouvrir des coûts fixes très élevés et d'assurer ainsi la rentabilité des investissements.

 Dit autrement, les ENR que sont le vent et le soleil ne parviennent pas à évincer le nouveau nucléaire, même cher, car la valeur économique de l'énergie et des services qu'elles produisent ne supporte pas la compétition avec celle de centrales pilotables qui peuvent produire à pleine puissance toute l'année. « 

François Lévêque, Mines ParisTech et Dominique Finon, Centre national de la recherche scientifique https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/pour-une-juste-estimation-du-cout-du-tout-renouvelable-813679.html

Et ne parlons même pas de l’éoline offshore

8) L’équation économique difficile de l’éolien off shore

Le Monde (18 février 2022) : « Energie : « Tempête financière pour l’éolien en mer » : «

Extraits : Les leaders du secteur en Europe sont à la peine. Le métier est peu rentable, les prix explosent et les investisseurs sont méfiants »

 « Avec seulement trois acteurs non chinois de taille mondiale (Vestas, Siemens et GE), les résultats ne sont pas au rendez-vous. Le danois Vestas a prévenu que, en 2022, sa marge bénéficiaire serait au maximum de 4 % et pourrait tutoyer le zéro. L’allemand Siemens Gamesa anticipe, lui, une marge négative de 4 % cette année. Début février, le patron a été évincé par les actionnaires. Il faut dire que les chéris de la Bourse ne le sont plus vraiment. En un an, le cours de l’action Siemens Gamesa a perdu la moitié de sa valeur, et Vestas a plongé de 40 % depuis ses plus hauts de novembre 2020. Sans parler des déboires du parapétrolier italien Saipem, dont la reconversion dans l’éolien est en train de prendre l’eau, au large de l’Ecosse, dans un projet géant conduit par EDF

https://www.forbes.fr/environnement/leolienne-en-mer-le-nouvel-eldorado-des-energies-renouvelables

https://www.greentechmedia.com/articles/read/orsted-warns-industry-not-to-ignore-forecast-downgrades

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/02/leolien-off-shore-avis-de-tempete.html

Fin 2019, les cours du géant danois Orsted, pionnier de l’éolien offshore ont plongé en fin d’année en raison de la réévaluation de la production de son parc éolien en mer. Ce dernier aurait sous-évalué les pannes à répétition entraînées par les vents violents du large. Les marchés s’interrogent donc sur la viabilité de ce business model dont la robustesse financière reste encore à démontrer. Selon l’agence environnementale américaine, le coût actualisé de l’énergie éolien en mer reste 2,7 fois plus élevé que l’éolien conventionnel.

Très confraternel, Orstedt  qu ’il baissait son taux de rendement interne prévu pour plusieurs projets en Europe et à Taïwan. La question sous-jacente est une sous-estimation des effets de sillage et de blocage. Son porte-parole a  insisté sur le fait que le problème n’est pas propre à l’entreprise, mais plutôt à l’ensemble de l’industrie, ajoutant que ses prévisions sont généralement plus prudentes que celles de ses concurrents

« Notre tâche principale est de nous assurer que nous ne prenons que des projets où nous créons effectivement de la valeur. Il n’est dans l’intérêt d’aucun actionnaire, ni de notre organisation d’opérer avec des prévisions de production gonflées et de gagner des projets sur cette base »

https://www.theguardian.com/business/2021/apr/29/rsted-says-offshore-uk-windfarms-need-urgent-repairs

Oersted a récemment averti que ses 10 parcs offshore auront besoin de réparations urgentes, les câbles s’usant prématurément en raison du frottement contre le plancher rocheux…L’opérateur dit qu’il pourrait avoir besoin de dépenser 350 millions de livres sterling sur deux ans pour réparer les dommages aux câbles causés par les roches du fond marin

Et pour ce qui concerne plus spécifiquement la France, et même la Bretagne ( projet Bretagne Sud, 60 éoliennes entre Groix et Belle-Île)

Naval Group : début février 2021, Naval Group met fin à sa diversification (Naval Energies) dans le secteur des énergies marines renouvelables qu’il estime immature  : «Malgré les efforts de toutes et de tous, ces projets, engagés depuis près de 12 ans ne présentent pas aujourd'hui suffisamment d'assurance de succès économique à court, moyen ou long terme. L'éolien flottant représente des investissements considérables pour une rentabilité incertaine, voire inatteignable »

https://actu.fr/normandie/cherbourg-en-cotentin_50129/emr-naval-group-decide-de-jeter-l-eponge_39284292.html

Saipem et EDF en Ecosse (qui a d’ailleurs repris Naval Energies): « Derrière l’avertissement choc sur les bénéfices de Saipem la semaine dernière se cache la perte importante sur un contrat de fourniture de fondations d’éoliennes pour un projet d’EDF au large de la côte est de l’Écosse.

Saipem est en retard dans la livraison des fondations en acier  pour 54 éoliennes, ce qui aggrave les retards potentiels du projet EDF, ont déclaré des personnes proches du dossier. Les pertes de Saipem pourraient dépasser la valeur de son contrat d’une valeur d’environ 550 millions d’euros (630 millions de dollars), ont déclaré les gens, demandant à ne pas être nommés car l’affaire est privée. »

https://www.energiesdelamer.eu/2022/02/10/les-pertes-sur-le-contrat-fondations-de-saipem-pour-edf-en-ecosse-ont-largement-pese/

 8) Et des nuisances de l’éolien off shore

« Contrairement à certains pays européens où la biodiversité est prise en compte en amont dans le choix des localisations de parcs, comme l’Allemagne, ce n’est pas le cas jusqu’à présent en France où ce choix s’est fait en fonction des contraintes socio-économiques ou militaires, la démarche ERC (Eviter, Réduire, Compenser)  ne s’effectuant que trop tardivement lors des études d’impact… On ne comprend pas pourquoi tous les parcs actuellement décidés l’ont été dans la zone des 12 miles de la côte, à une distance de 10 à 20 km de celles-ci. S’éloigner des côtes (notamment avec l’éolien flottant) est une nécessité »  

« La transgression de ce principe de non installation de parcs éoliens en zones NATURA 2000 par la France (à notre connaissance il n’y a qu’un seul parc éolien dans une ZPS en Europe, en Allemagne) et d’absence d’étude d’incidence préalable au niveau des macro-zones, contredisent toutes les positions ministérielles antérieures au ministère Ségolène Royal. Trois projets de parcs sont en infraction à ce principe, Dunkerque, Port-Saint Louis du Rhône (face à la Camargue) et le projet d’Oléron » 

http://www.avis-biodiversite.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2021-17_avis_autosaisine_cnpn_eolien_offshore_france_du_06_juillet_2021.pdfhttps://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/09/conseil-national-de-la-protection-de-la.html 

CSSPP spécialement sur Bretagne Sud : « Certains membres de la Commission remarquent que malheureusement le choix final de la « zone ministre » pour lancer l’appel d’offre notamment en Bretagne sud est encore trop près des côtes, alors que la technologie de l’appel d’offre concerne l’éolien flottant et que la macro-zone s’ouvrait bien plus au large. Pourtant dès les premiers débats publics, l’enjeu paysager a été au cœur des échanges, et a cristallisé les oppositions et les principaux recours juridiques. »

https://www.sitesetmonuments.org/Avis-du-16-juin-2021-de-la-Commission-superieure-des-sites-perspectives-et-paysages-CSSPP-sur-l-eolien-en-mer

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/09/des-environnementalistes-contre-leolien.html

En fait, on comprend très bien, cela a été expliqué par Fabrice Loher, Maire de Lorient défendant le projet Bretagne sud de 60 éoliennes entre Groix et Belle Ile : « Fabrice Loher, le maire de Lorient : « D’où l’importance d’une implantation à moins de douze miles nautiques du littoral morbihannais  afin que nous bénéficiions de la taxe de l’éolien en mer.  

Alors, c’est vrai d’autres pays ont des projets éoliens ambitieux…Exemple ! 

Le développeur irlandais Simply Blue Group a dévoilé mercredi 19 mai deux importants projets de parc éolien flottant en Suède. Le projet Skidbladner de 2 GW sera situé à 100 km au sud-est de Stockholm et le projet Herkules de 2,75 GW implanté à environ 60 km au sud-est de l’île de Gotland.

 

NB : En Europe, la moyenne des distances des parcs éoliens off shore à la côte est de 40km)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commentaires

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.