Nous sommes aujourd’hui dans une crise énergétique grave, qui touche particulièrement, mais pas exclusivement, l’électricité. Des industriels électro-intensifs (verre, aluminium) arrêtent leur production- temporairement, pour l’instant, des PME n’arrivent plus à se fournir en électricité . Cette crise a des causes conjoncturelles (la guerre en Ukraine), mais aussi des causes structurelles qui la rendaient assez prévisible.
La cause la plus grave, la plus fondamentale et la plus prévisible de la crise que nous connaissons est tout simplement physique, c’est le manque de sources d’électricité pilotable et décarbonée. Décarbonée, parce que nous ne pouvons ignorer la menace existentielle que le réchauffement climatique fait peser sur l’humanité. Pilotable, parce que notre économie, notre société et nos vies ne peuvent dépendre d’énergies variables intermittentes générant une électricité décorrélée de nos besoins.
La pénurie énergétique était prévisible : nous avons fermé depuis 2007 20 GW de pilotable sur 140 GW fossile au prétexte qu’on a installé 30 GW d’énergies dites renouvelables. Or les uns ne remplacent pas les autres. Ce n’est pas qu’une tendance française, c’est une tendance européenne contre laquelle prévenait France Stratégie dans une note de janvier 2021 ([1]) : « D’ici à 2030-2035… ce seront plus de 110 GW de puissance pilotable qui seront retirés du réseau européen...
Nous n’avons pas pris assez de marge sur la production nucléaire, comme l’ont mis en évidence les arrêts supplémentaires de réacteurs en raison des phénomènes de corrosion sur un circuit de refroidissement de sécurité. Là encore, il y a déjà quinze ans, le président de l’ASN (A. Lacoste) avertissait : « Il importe donc que le renouvellement des moyens de production électrique, quel que soit le mode de production, soit convenablement préparé afin d’éviter l’apparition d’une situation où les impératifs de sûreté nucléaire et d’approvisionnement énergétique seraient en concurrence. »
La seule solution à moyen long terme pour éviter l’effondrement de nos sociétés, c’est un investissement rapide et massif dans le nucléaire de façon à éviter l’effet falaise qui résulterait immanquablement de l’arrêt des centrales historique et à répondre à l’augmentation de la demande électrique qu’implique la décarbonation de l’ensemble de nos activités pour répondre au défi climatique.
Enfin, Il est anormal que dans le cadre de ce débat, la CNDP n’ait pas pas considéré des scénario qui permettent de rester à 75-80% de nucléaire dans la production électrique. Pour citer au moins trois exemples ceux du Cérémé ( Cercle d’Etude réalité écologique et Mix énergétique) qui supposer la prolongation des centrales existantes à jusqu'à 70 ans et la construction de 24 nouveaux réacteurs de type EPR 2 d'ici 2050, pour obtenir 900 TWh ( et très peu d’éolien)
ou Negatep ( de Sauvons Le Climat) : 690 TWh avec des Les nouvelles tranches EPR de 1650 MW se substituant aux tranches actuelles et un rythme de construction de 2 EPR par an à partir de 2030.
Ou encore le Scenario Terrawater ( Les Voix du nucléaire) qui préconise un développement raisonnable du nucléaire (22 EPR2 d’ici 2050) et en même temps un développement massif de l’hydroélectricité, qui est la 1ère source d’énergie renouvelable dans le monde (multiplication par 9 des capacités de STEP),
Ces scénarios permettraient de disposer d’une énergie nucléaire décarbonée, abondante, pilotable, présente jour et nuit qu’il pleuve ou vente ou vente pas, bon marché , économique, qui permettent la réindustrialisation. De plus et surtout , ils sont construit sur des technologies éprouvées et maîtrisées aujourd’hui , contrairement aux scénarios à forte proportion d’ENR proposés par des adversaires dogmatiques du nucléaire
Il est dommage que la CPDP n’ait pas considéré ces
scénarios et invité les ONG qui les
défendent, cela jette une suspicion de partialité et d’information baisée sur
le débat et c’est très regrettable
Lien vers le débat
https://participer-debat-penly.cndp.fr/projects
[1]) Quelle
sécurité d’approvisionnement électrique en Europe à horizon 2030 ?, France
Stratégie, 15 janvier 2021
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.