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dimanche 2 juin 2013

Miel, abeilles et néonicotinoides : moratoire ou piège ?

Le dossier scientifique des effets des insecticides néonicotinoides sur les abeilles paraissant maintenant bien solide, et après une lutte acharnée des apiculteurs las  de voir leurs abeilles mourir en masse, la Commission européenne s'est officiellement décidé à imposer un moratoire de deux ans  .
Ces décisions sont néanmoins en retrait sur les préconisations du Parlement français et les apiculteurs appellent à ne pas baisser la garde, voire dénoncent un piège. En effet, ces insecticides les plus dangereux (Gaucho, Régent…)  seront interdits pour une durée-test de deux ans à l'issue de laquelle les autorités sanitaires contrôleront si l'interdiction a mis un terme au massacre des abeilles, et s'il faut ou non interdire définitivement les néonicotinoides.
Or, cette interdiction risque de n’avoir aucun effet sur la santé des abeilles ! Ces pesticides seront interdits seulement quelques mois par an... et largement utilisés tout le reste de l'année – sur près de 85% des céréales, et sur une grande partie des cultures de fruits, légumes et herbes aromatiques. De plus, de nombreuses études ont montré que ces substances peuvent rester présentes dans le sol jusqu'à trois ans après le traitement, et que les cultures non-traitées replantées sur le même terrain révèlent des traces de néonicotinoïdes jusque dans leur pollen…
 A la fin de la période-test de deux ans, il est donc probable que rien ne pourra être prouvé et que certains pourront même alors annoncer triomphalement que l’interdiction est sans effet !

 La France importe du miel- d’où ?

La production de miel  (chiffres 2011_source FranceAgrimer septembre 2012) se répartit ainsi :
-91% des producteurs sont familiaux (moins de 30 ruches), 5% pluriactifs (31 à150 ruches), 4% professionnels (plus de 150 ruches)
Les professionnels détiennent 55% des ruches et fournissent les 2/3 de la production.
- Sur la période 2004-2010, 40% des producteurs ont arrêté leur activité!-, le nombre de ruches a baissé de 20% et la production de 28 % 
Quel secteur a subi sans que l’on s ‘en émeuve d’un tel recul ?
Au fait, si des abeilles ont la mauvaise idée de s’installer dans votre maison, les pompiers ne viennent plus. Donc, vous avez intérêt à ce qu’il y ait un apiculteur à proximité !
Un secteur économique qui certes ne pèse pas lourd face à la grande industrie agroalimentaire Donc un secteur économique qui ne peut se battre contre les céréaliers, mais qui concrene tout de même beaucoup de monde.
A commencer par les consommateurs !
De 2004 à 2010, la consommation est restée stable autour de 40,000 tonnes. La France n’est pas auto-suffisante en miel : en 2004, elle importait 36% de sa consommation, en 2010 : 56%.
La France pourrait quand même être autosuffisante, voire exportatrice en miel- l’Allemagne l’est bien !
D’où vient le miel importé ? Six pays fournisseurs représentent plus de 80 % des importations françaises de miel en volumes : l’Espagne, l’Allemagne, la Belgique, la Hongrie, l’Argentine et l’Italie.
Avec quelques étrangetés : une grande partie du miel de Belgique vient en réalité de Chine ; pour l’Espagne, on ne sait pas, mais ce que l’on sait, c’est que la Chine est le premier fournisseur de miel de l’Espagne, qui est le premier fournisseur de la France
Il faudrait certainement que ces chiffres soient plus connus, que l’on enquête sur les circuits du miel et sa qualité, que l’on impose une meilleure traçabilité de façon à mieux valoriser la production française – et à la développer.
Le délai d’interdiction des néonicotinoides pris par la Commission Européenne ? Une victoire, très partielle ? Un piège ?
Dans l’idéal, il devrait être mis à profit pour rechercher des solutions alternatives ; le dossier scientifique des effets nocifs des néonicinoïdes  pour les abeilles semble maintenant bien solide et l’INRA a proposé des méthodes d’évaluations. Aux industriels de  rechercher maintenant des  produits ne présentant les inconvénients du Gaucho et du Régent. Et aussi, pourquoi pas, des composés permettant de lutter contre Nosema cerema, le principal parasite décimant les ruches. Plutôt que de continuer un combat douteux pour le Gaucho et le Régent, gageons que la firme qui reconnaîtra les problèmes posés par ces insecticides et investira pour découvrir un produit meilleur remportera un succès bien mérité.


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