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lundi 12 mai 2014

De l’est à l’ouest _ Les laques Martin


Jusqu’au huit juin, le Musée des Arts Décoratifs accueille une exposition intitulée « Les secrets de la laque française, les vernis Martin ». En un temps, le XVIIIème siècle, où Chine et Occident s’émerveillaient réciproquement, les laques chinoises et japonaises atteignaient des prix faramineux et les quatre frères Martin, installés au faubourg Saint Antoine, ont su développer un vernis qui eut un immense succès (1710-1770 environ). Si la laque chinoise est obtenue à partir de résines de latex, le vernis Martin était à base de copal, résine fossile proche de l’ambre que l’on trouve en Afrique et en Inde. Enfin, semble-t-il, car Guillaume Martin tenta d’obtenir un privilège (ancêtre du brevet)  sur « un vernis de sa composition », composition qu’il se garde bien de décrire. C’est Watin dans l’Art de faire le vernis qui souligne que la réputation « du fameux Martin » s’est établie sur ses vernis blancs faits au copal, mais le recensement des matières premières présentes dans les ateliers lors des inventaires rédigés après les décès des Martin ne mentionne jamais de copal ; mais diverses gommes : « carabé », « goutte », « sandaraque », « lacque ». (cf le catalogue ou le site internet de l’exposition). Sans doute peut-on regretter qu’une analyse scientifique plus récente ne précise le secret des frères Martin, qui leur permit, non seulement d’imiter les laques orientales au point de tromper les connaisseurs de l’époque, mais d’innover considérablement

 L’innovation Martin

 Alors que les laques japonaises et chinoises étaient à fond noir ou rouge, le vernis Martin permit d’infinies et délicates variations de couleur sur des fonds bleus, jaunes, verts, blancs ou ors ;  leur iconographie s’éloigna des motifs traditionnels orientaux et la variété et la facilité d’utilisation des vernis Martin leur permit de reproduire les motifs délicats des peintres contemporains, tels Greuze, Oudry, Vernet, Boucher , et ce, sur tout type de surfaces, de minuscules bonbonnières, tabatières, étuis, bijoux jusqu’à de monumentaux buffets, commodes, bureaux ou portes de carosse – des instruments scientifiques aussi, car en cette époque, science et art ne se dissociaient pas. Le vernis Martin, contrairement à la laque, pouvait s’utiliser sur des panneaux bombés ; par contre, il était beaucoup moins résistant à l’eau.

L’exposition réunit près de trois cents objets superbes, témoin de ce que les fécondations croisées entre l’art et la science, entre l’Orient et l’Occident peuvent apporter.


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