Je m’étonnais depuis quelque temps
du nombre de firmes ukrainiennes et russes dans le domaine de la chimie, qui
vendent notamment des composés élaborés pour la recherche, des chimiothèques, de bonne qualité. La réponse à l’énigme se
trouve dans le no de juin 2014 de l’Actualité
Chimique, à travers un article sur les Olympiades Internationales de Chimie.
La France y inscrit bon an mal an 250 candidats, contre 10.000 pour les USA,
250. 000 pour l’Ukraine, et 500.000 pour la Russie.
L’engouement pour la Chimie (qui
commençait autrefois avec les mallettes de petit chimiste, (avant qu’on ne
puisse plus rien y mettre d’excitant pour cause de réglementation) semble avoir
largement quitté la France pour prospérer ailleurs. Pourtant, ce fut assez
largement une science française, fondée dans sa version moderne par Lavoisier.
Alors, pour redonner du baume au cœur
aux professeurs de Chimie, ces citations de deux disciples de Lavoisier :
Fourcroy 1800, dans son Tableau synoptique de chimie, qui se
lance dans un éloge de la chimie
médicinale : « La Chimie… découvrira la nature et la composition des
matières animales. Elle déterminera précisément les réactions chimiques qui se
produisent chez l’animal vivant, comme Spallanzani a élucidé les mécanismes de
la digestion et Lavoisier, la respiration. Par l’analyse des organes altérés,
elle découvrira ce qui se produit dans les blessures organiques et en quoi les
maladies consistent. Elle permettra de découvrir les moyens de prévenir les
maladies à leur commencement. Elle simplifiera les remèdes pharmaceutiques,
écartera les substances inactives, rendra leur formule plus exacte et plus
reproductible… »
Et Chaptal, pour la Chimie Industrielle :
« Avant que la Chimie n’eut ramené à des principes généraux les nombreuses
opérations de l’industrie, les fabriques, les manufactures étaient, pour ainsi
dire, l’apanage de quelques nations et la propriété d’un petit nombre
d’individus. Le secret le plus absolu couvrait chaque procédé du voile du
mystère; les formules et les pratiques se transmettaient en héritage de
générations en générations. La chimie a tout dévoilé ; elle a rendu le domaine
des arts le patrimoine de tous, et, en peu de temps, on a vu tous les peuples
chez lesquels cette science a été cultivée s’enrichir des établissements de
leurs voisins. Les préparations de plomb, de cuivre, de mercure; les travaux
sur le fer, la fabrication des acides; l’apprêt des étoffes; l’impression des
couleurs sur toile; la composition des cristaux, des terres cuites et des
porcelaines; tout cela a été tiré du secret, et forme aujourd’hui une propriété
commune...Ainsi, depuis vingt ans, la chimie a créé plusieurs branches
d’industrie ».
Ludique, spectaculaire, passionnante, ubiquitaire…
Comme toute science bien faite, la
Chimie est un langage, et celui qui n’en connait pas les rudiments ne peut
comprendre grand-chose à la biologie, aux médicaments, aux textiles, aux
colorants, aux encres, aux plastiques, à la photographie, à la géologie et à
ses merveilleux cristaux, à l’air, à l’eau et à leurs polluants, aux cosmétiques,
aux métaux et à leurs transformations, aux verres de plus en plus techniques, au
pétroles et à ses éventuels substituts, à l’agrochimie et ses engrais, insecticides, herbicides aujourd’hui
décriés, mais qui ont sauvé l’Humanité des famines, aux végétaux et aux étonnantes
substances qu’ils fabriquent – le magasin du Bon Dieu, disait Pierre Potier, l’inventeur
du taxotère ; et les couleurs des tableaux, et les odeurs des fleurs et des
parfums ; tout cela sans la Chimie est incompréhensible.
Alors peut-être peut-on rappeler
que l’enseignement de la chimie peut-être passionnant, spectaculaire, ludique
et qu’il est sans doute à revoir. Que ce langage peut en partie être acquis
assez tôt sous une forme assez ludique, élémentaire
au départ. Les revues professionnelles sont
pleines d’idées de TP intéressant – il faudrait que les enseignants aient
avantage de temps à consacrer à la chimie expérimentale. Il serait sans doute aussi possible de
construire une vidéothèque d’expériences spectaculaires – une expérience de
chimie périodique en TP, je n’y crois pas trop. Certains aspects se prêtent
bien à des simulations ou à des présentations amusantes sur ordinateur.
Sans doute conviendrait-il de commencer
assez tôt au collège ou en seconde par un panorama des différents domaines de
la chimie. Et peut-être faudrait-il aussi davantage spécialiser les
enseignants- séparer la physique et la Chimie ? ou, du moins permettre à
ceux que passionnent la chimie de l’enseigner en priorité.
Rien d’impossible : Fourcroy
enseignait la Révolution Chimique de Lavoisier devant des auditoires passionnés
de 1500 personnes ; il avait fallu pour cela agrandir l’amphithéâtre de
Buffon au Muséum d’Histoire Naturelle (Jardin du Roi)
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