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mercredi 18 novembre 2015

L’énergie électrique : trop sérieux pour être confié aux économistes ?


Menace sur les barrages français : mise en demeure de la Commission

On avait déjà vu les dégâts causés par la privatisation de la production électrique en Californie, ce sont maintenant les barrages et l’électricité hydro-électriques française qui sont dans le collimateur des fous libéraux de la Commission Européenne.  Il est vrai que la France ne peut pas faire semblant de découvrir le problème (cf mon billet précédent : Electricité : vers le grand noir !

Donc la Commission Européenne veut imposer la concurrence sur l’énergie hydroélectrique, Pourtant, il s’agit d’ un marché naturellement limité et concernant des ressources publiques – 1) on ne peut pas construire autant de barrages que l’on veut. 2) C’est une industrie où la sécurité est primordiale et le profit ne peut être le seul moteur – les barrages ont tué plus que le nucléaires. 3) C’est un secteur qui a été relativement négligé ces dernières années et qui nécessite de gros investissements, pour la sécurité et aussi pour augmenter la productivité, et les expériences étrangères montrent que les opérateurs privés ne les feront pas. 4) Enfin, l’énergie hydroélectrique constitue une énergie durable et écologique au plus haut point, et une énergie d’appoint mobilisable à volonté lorsqu’une pénurie menace, justement ce dont nous avons le plus grand besoin !

En France, cette politique de le Commission a trouvé un relais dévoué avec la Cour des Comptes, qui a cru bon d’appuyer la demande européenne de mise en concurrence des barrages hydroélectriques ; ils connaissent tellement bien le sujet qu’il a d’ailleurs fallu leur expliquer gentiment que la concession, pour des raisons techniques évidentes, ne pouvait se faire barrage par barrage, mais par vallées entières. La Cour des Comptes, ce sont des comptables et pas des stratèges industriels !

Les Allemands ont gentiment expliqué à la Commission que leurs monopoles régionaux équivalent à une concurrence au niveau national, et que donc, ils ne feraient rien ;  les Portugais se sont dépêchés de faire passer leurs concessions de service public sur l’hydroélectrique à cent ans ; l’Autriche a choisi 80 ans, ce qui laisse aussi le temps de voir venir les prochaines Commissions. La Norvège et la Suède ont carrément choisi de garder le contrôle public de leurs barrages – ce qui n’empêche pas les Suédois d’être candidats à la reprise de barrages en France.

 En France, nous n’avons rien fait, et nous voilà au pied du mur puisque la Commission vient d’envoyer  début novembre 2015 une mise en demeure  extrêmement sèche, comme le révèle notamment Mediapart du 3 novembre 2015 : « La Commission considère que les mesures par lesquelles les autorités françaises ont attribué à EDF et maintenu à son bénéfice l’essentiel des concessions hydroélectriques en France sont incompatibles avec l’article 106 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. ». Missive ou missile de Margareth Vestager expédié à Laurent Fabius. La seule réaction du gouvernement français semble être de faire semblant de n’avoir pas reçu la mise en demeure en question, et le manque de réponse appropriée provoque l’inquiétude.

 Comment se tirer une balle dans le pied

Cette politique de l’ignorance ayant brillamment réussi, il semble que nous ayons décidé de la continuer. Le flou des intentions du gouvernement et du Ministère de l’Ecologie concerné au premier chef entretient une inquiétude légitime qui augmente, notamment à EDF. D’autant que la solution que semblait envisager Ségolène Royal ( la constitution de société d’économie mixte  impliquant les collectivités locales ») n’est guère rassurante au vu dont sont gérées les concessions de fournitures d’eau, guère rassurante pour la sécurité de l’approvisionnement en France, pour l’investissement, pour la sécurité, hydraulique, mais aussi nucléaire, pour l’intérêt du consommateur- la rente hydraulique se trouvant confisquée par des actionnaires privés

La façon dont la France s’est tirée une balle dans le pied est instructive : loi Sapin de 1993 obligeant à la mise en concurrence lors du renouvellement de concession ; abandon du statut de service public d’EDF en 2006 ; absence de réaction en 2011 lors de la directive européenne sur les concessions, où il aurait été encore possible d’exclure les barrages hydroélectriques, comme l’ont fait les Allemands. Et c’est ainsi que nous nous retrouvons les seules à passer sous la fourche caudine de la concurrence libre et non faussée, dogme exclusif du culte de la Commission.

Tant et si bien que la France se retrouverait la seule en Europe à ouvrir ses barrages  hydroélectriques à la concurrence, alors qu’elle possède le deuxième réseau européen, amorti, et qui produit l’énergie la moins chère entre 20 et 30 euros le Megawatt.heure , contre 50 euros pour le nucléaire et 80 euros pour l’ éolien et le solaire.

Comme Mediapart l’indique dans son article, « cette remise en cause est lourde de conséquences, non seulement pour EDF, mais pour l’ensemble du système électrique français. Représentant un peu plus de 12% de la production électrique en France, les barrages constituent la seule énergie stockable, disponible à tous moments, pour assurer la continuité sur le réseau face  aux consommations de pointe et aux intermittences de la production, devenues de plus en plus fréquentes avec l’émergence des autres énergies renouvelables. ( éolien et solaire). Ce sont aussi les barrages qui soutiennent la sûreté du parc nucléaire français, bâti au bord de l’eau, en fournissant l’eau nécessaire au refroidissement des centrales ».

Les spécificités du Parc Français, et notamment le lien entre l’hydraulique et la sécurité nucléaire devraient permettre d’échapper aux mises en demeures de la Commission, encore faudrait-il que les politiques rattrapent leurs multiples erreurs précédentes et indiquent une volonté claire de préserver la propriété publique de l’hydraulique français.

 Le retour de la politique industrielle : pas trop tard ?

L’hydraulique n’est qu’un exemple, l’un des plus inquiétant, d’une politique industrielle à vau-l’eau…inexistante depuis qu’elle est abandonnée  aux économistes  et à leurs dogmes. En témoigne, d’une certaine façon, un article du très libéral Le Boucher dans le très libéral L’Opinion : La ruine des industries gaullo-pompidoliennes (L’Opinion, 25 Octobre 2015). Citations : « Le donjon n’en est plus un. EDF n’a pas la force d’éclairer seul les Français. Des industries nées de la volonté du général de Gaulle et de la pugnacité de Georges Pompidou, il ne va bientôt plus rester grand-chose. Toutes ces puissances, adossées à l’Etat interventionniste, sont en ruines ou proche de l’être.

Dans cet espace hier fortifié, EDF était le donjon. Premier groupe d’énergie électrique dans le monde, des ingénieurs les meilleurs, des employés à haut dévouement, une image d’excellence entretenue par ces hommes en haut des pylônes dans les tempêtes d’hiver, raccordant les populations isolées…. Mais surtout, cet aveu de Jean-Bernard Lévy : le groupe n’aura pas la capacité financière de construire seul ses centrales, il lui faudra trouver des partenaires.

On a bien lu : le donjon n’en est plus un. EDF n’a pas la force d’éclairer seul les Français. Déjà qu’il a perdu son monopole mais en plus, pour ce qui le concerne, pour sa part de marché, il n’a pas les moyens financiers. En clair, il faut des «partenaires» et comme EDF a dû le faire en Grande-Bretagne, les Chinois seront sans doute parmi eux.

Se rend-on bien compte de la situation de la France ? EDF contraint de faire comme un vulgaire Peugeot appel aux Chinois... La France gaullo-pompidolienne n’a plus de courant. Coupure. Sans Chinois, ou d’autres, nous devrions faire le noir pendant des heures de la journée, comme le Venezuela.

La France n’a plus les moyens d’être autonome pour son électricité. On cauchemarde.

Mais EDF n’est pas seul. Faites le tour du paysage, c’est pire.. »

Ah ben oui, très chers, dans tous les sens, économistes libéraux. Mais il était urgent, n’est-ce pas, de briser le monopole EDF, d’ouvrir le marché électrique la concurrence, de casser EDF en deux en cédant GDF au privé, suscitant de manière totalement artificielle et avec d’énormes avantages un concurrent privé. La concurrence libre et non faussée plutôt que la stratégie industrielle. Et après cela, on s’étonne qu’EDF ne soit plus assez gros pour assurer l’approvisionnement en électricité des Français ?

Un petit mea culpa ? L’abandon de la priorité absolue à la concurrence libre et non faussée ? Le  retour de la stratégie industrielle ?  A l’échelle européenne ? D’autres idées ?

Le barrage de la Rance restera-t-il français ?
 

lundi 16 novembre 2015

La recherche en France et en Europe- état des lieux


Panorama intéressant de la recherche mondiale  (Innovation’s New World Order) publié par  PWC strategy . Chiffres clés :
- Les dix premiers groupes en terme de dépense de recherche sont Volkswagen (mais sur quoi ?), Samsung, Intel, Microsoft, Roche, Google, Amazon, Toyota, Novartis, Johnson and Johnson (de 15.5 à 8 milliards de dollars par an) 
- Le premier français est  Sanofi, à la seizième position (6.4 milliards de dollars). A noter que la petite Suisse place 2 firmes dans le top ten, deux firmes pharmaceutiques Roche et Novartis. En Suisse, l’industrie pharmaceutique rapporte plus que la finance… Elle peut donc être un atout considérable pour un pays, et non une charge. Pour la recherche pharmaceutique, l’initiative européenne IMI (Innovative Medecine Initiative) et l’existence d’un système de santé assez intégré et homogène ( vu de l’étranger…) est considéré comme un atout
- Le shift vers l’Asie- et même l’Asie en  première place est spectaculaire ; la recherche scientifique en Asie compte maintenant pour 35% de la recherche mondiale, contre 33% pour l’Amérique du nord et 28 % pour l’Europe.
- Entre 2007 et 2015, les dépenses de recherche en Chine ont augmenté de 120%. La Chine dépasse maintenant les USA et le Japon ; grâce, pour une large partie, à des efforts de recherche implantés par les firmes étrangères en Chine. L’Inde suit de très près, avec des dépenses en augmentation de 115%, avec une spécialisation très forte dans le domaine informatique ; pas loin, également, la Corée du Sud avec 98% d’augmentation… Il va falloir s’habituer aux prix Nobel chinois !
- La France est clairement à la traine, et cela devient inquiétant. La recherche en France a diminué de 1.5% en 2015 ; et depuis 2005 (dix ans) les dépenses de recherche en France n’ont augmenté que de 28%, alors que la moyenne européenne est de 66%.  Si l’on compare par rapport aux USA, en huit ans, l’effort de recherche français a diminué de 41%, les Anglais de 29%, l’Allemagne de 14%, pendant que la Chine a augmenté de 64%, l’Inde de 61%, la Corée du Sud de 48% et Israel de 26% (voir graphique ci-joint). L’Europe est nettement à la traine, et en Europe, la France encore nettement plus. C’est presque un effondrement, qui inaugure mal du redressement industriel.

- Lorsque de grands groupes mondiaux envisagent d’externaliser un centre de recherche, les principaux facteurs qu’ils prennent en compte sont la formation des chercheurs, ingénieurs et techniciens, la proximité des clients finaux, les parts de marché, les coûts d’opération., les infrastructures. Sur plusieurs de ces plans, la France est bien placée, et l’incitation fiscale que constitue le  crédit d’impôt recherche  est connu et apprécié. Un gros point noir : l’interventionnisme, la lourdeur, la complexité des administrations.

Succès du Crédit Impôt recherche, échec du CICE

Si le crédit d’impôt recherche est un atout apprécié, qui a d’abord évité une dégradation beaucoup plus importante de la recherche en France, et est de plus en plus copié ailleurs,  c’est le CICE (crédit d’impôt compétitivité Emploi, 20 milliards d’euros tout de même contre 5 milliards pour le Crédit impôt recherche) qui manque clairement sa cible. Dixit Henri Lachmann ( Schneider Electric, et un grand industriel) : « Les premiers bénéficiaires du CICE sont la Poste, puis Carrefour. Il favorise des entreprises  qui n’ont aucun risque de délocalisation et qui emploient beau coup de salariés peu qualifiés ( la plafond est à 2.6 SMIC)… Les premiers bénéficiaires des baisses de charge sont l’hôtellerie et la Restauration, les services administratifs ou encore la construction » (Marianne, 30 octobre 2015)). Louis Gallois voulait en faire un outil pour la reconstruction industrielle, c’est complètement raté, et il fait volontiers savoir son écœurement, la responsabilité de ce gâchis revenant conjointement au gouvernement et au Medef, qui n’ont pas su résiter aux pressions de certains secteurs pourvoyeurs d’électeurs, mais qui ne subissent en rien la concurrence internationale, et dont le contenu en innovation est pour le moins assez faible.  Par ailleurs, il constitue une trappe à bas salaires…et,  l’on ne voit pas en quoi il favorise la compétitivité des entreprises, l’innovation et la réindustrialisation. Louis Gallois a été complètement trahi.
 
 

lundi 9 novembre 2015

Fin de vie - ai-je bien compris ?


Mourir de soif !
La majorité conservatrice (ou du moins une partie d’entre elle) du Sénat a si bien dénaturé le projet de loi sur la fin de vie que même ses promoteurs, en particulier Jean Leonetti  ont appelé à voter contre la version sénatoriale. De toute façon, les députés auront le dernier mot, mais ce que l’épisode révèle est assez inquiétant en ce qui concerne nos législateurs ; je ne mets pas là en cause leurs intentions, leur souci de bien faire, leurs convictions réelles, leurs peurs, leur appartenance politique (et sur ce sujet, la liberté de vote était totale) ; mais, plus fondamentalement le rôle qu’ils se donnent, qu’ils croient être le leur.
 
Les Sénateurs sont revenus sur le caractère contraignant  des directives anticipées laissées par les patients arguant « qu’elles devaient être « prises en compte » par le médecin, mais « ne sauraient contrevenir à sa liberté de prescription ». C’est retirer en grande partie l’intérêt à ces directives anticipées. Au nom de quoi ont-ils le droit de décider cela, de nous priver de notre dernière liberté ?
Passons sur l’obscur amendement qui a fait enlever « continue jusqu’au décès » de la rédaction initiale mentionnant pour les patients atteints  d’une affection grave et incurable « le droit à une sédation  profonde et continue jusqu’au décès », parce que cela prouverait que « l’intention est bien de précipiter la mort ». On demeure confondu devant ce type de débat byzantin, pourtant  mené par des gens intelligents et sincères. L’homme doit naître et mourir dans la douleur ?
Troisième point : les Sénateurs ont instauré la possibilité, lors de la mise en place d’une sédation en phase terminale, de maintenir l’hydratation jusqu’à la mort . C’est précisément ce qui est en cause dans des affaires comme l’affaire Lambert, c’est-à-dire que le maintien de l’hydratation permet de maintenir une vie artificielle très longtemps. Ainsi maintiendrait-on indéfiniment des gens sous sédation terminale et sous hydratation. M. Leonetti lui-même a précisé que cet amendement ôtait toute signification à sa nouvelle loi.
 
Mais en fait, cela signifie aussi que ce projet de loi qu’on nous présente comme le progrès des progrès, l’ultime en matière de concession éthique, le top du top de l'humanité et de l’intelligence…  consiste simplement à autoriser les gens à choisir de mourir de soif.
 
Ceci bientôt paraîtra barbarie

Eh bien, cela me parait tout simplement horrible, barbare. Que sait-on d’ailleurs de cette fin de vie ? Que sait-on de l’absence de douleur ? Pour information, le numéro de la Recherche d’octobre 2015 mentionne que « dans quarante pour cent des cas, les patients diagnostiqués en état végétatif montrent des signes de conscience minimale », et qu’ils doivent être protégés contre la souffrance .

De toute façon, je ne veux pas (et, je crois beaucoup partagent ceci) mourir ainsi. Si mon état se dégrade au point de ne laisser qu’un avenir de dégradation physique et mentale, qu’il n’y a plus d’espoir de guérison,  ni même de maintien d’une vie digne d’être vécue (et ce qu’est une vie digne d’être vécue, c’est, en ce qui me concerne, à moi d’en juger), je ne veux pas mourir ainsi. Dans ces conditions, je veux pouvoir mourir, le jour où je le déciderai, ou, si je suis hors d’état de le faire, le jour où un proche  mandaté, ou un médecin obéissant en conscience à mes directives, le jugera adapté, je souhaite mourir d’une mort rapide, indolore, apaisée - il existe des moyens chimiques convenables pour cela. Et j’entends évidemment que ceux qui m’assisteront dans ce moment là n’aient à en subir aucune conséquence - qu’ils en soient même remerciés infiniment par avance.

Mais en fin au nom de quoi, Mesdames et Mrs les députés et sénateurs, au nom de quoi avez-vous le droit, voire vous estimez-vous le devoir d’intervenir dans cette décision ? Au nom de quoi avez-vous le droit de me condamner à mourir d’une mort qui me fait horreur, et me refusez-vous la mort que je souhaite, dans les conditions d’une maladie grave et incurable ? Je ne vous ai jamais mandaté pour cela, personne ne vous a mandaté pour cela ! Pour surveiller le budget, veiller au bon état de l’économie, à la justice sociale, gérer l’Etat, veiller qu’il assume bien ses fonctions régaliennes, dans l’esprit d’une certaine ligne politique pour laquelle j’ai voté, oui ! Mais pour décider de ma mort ? Non ! Pour qui vous-prenez-vous ?

Je suis positiviste, ce qui signifie, entre autres,  que je prends très au sérieux la séparation des pouvoirs temporels et spirituels. Que les différents pouvoirs spirituels condamnent ou approuvent mon choix en cas de maladie grave et incurable, c’est leur affaire ! Mais aucun pouvoir temporel n’a le droit de le faire, ce serait une tyrannie et une barbarie.

Ces arguments ne vous touchent pas ? D’accord, mais comment pouvez-vous accepter, comment pouvez-vous ne pas frémir d’horreur devant le cas de cet homme, ce quasi-nonagénaire malade, souffrant d’un cancer et d’un Parkinson, M. Jean Mercier, comment pouvez-vous supporter  qu’il ait été contraint de se présenter à plusieurs reprises devant des juges, qu’il se soit trouvé un avocat général pour requérir un an de prison ( avec sursis), des juges pour prononcer cette condamnation, parce qu’il a aidé, à sa demande, sa femme atteint d’une maladie grave et incurable à mourir selon ses volontés, dans la paix et sans douleur ? Et ceci au nom du peuple français. Oui, barbarie !

Mesdames et Mrs les députés et sénateurs, encore une fois, je ne mets pas en doute votre désir de bien faire – M Leonetti et quelques autres ont porté ce sujet avec beaucoup de courage et de dévouement. Mais je vais soulager votre conscience d’un poids énorme : vous n’avez tout simplement pas à décider de ma mort et de celles de nos concitoyens. La seule chose que vous ayez à faire, c’est de définir les formes selon lesquelles mes volontés en ce domaine pourront être connues et exécutées. 
 
 

lundi 2 novembre 2015

Réchauffement climatique, COP21, Verdier, la Chine

Merci à Stéphane Foucart
 
 Ce blog ne saurait se limiter au commentaire des articles de Stéphane Foucart dans sa chronique  Planète du Monde, le chroniqueur avec qui j’adore être en désaccord (seulement parfois, mais il est assez constamment intéressant). Mais, je ne peux pas y résister : merci ! pour la chronique Verdier contre Lorius (Le Monde, 26 octobre 2015), et ce pour plusieurs raisons ; parce qu’il commence par prendre la défense de Philippe Verdier, chef du service météo de France télévision, mis à pied et menacé de licenciement pour avoir écrit un livre climatosceptique ; parce qu’il prend la peine de réfuter certains de ses arguments et de montrer sans complaisance à quel point ils sont scientifiquement faux et ridicules ; parce qu’il parle de Claude Lorius, un grand monsieur discret d’une recherche climatique française plutôt brillante ( cf. mon article sur Mercator).
 
Liberté, liberté totale d’exposition, de discussion, d’appréciation
 Les fautes de Philippe Verdier relevées par Stéphane Foucart ; qualifier le Giec de scientifiques politisés qui gomment sciemment les incertitudes de leurs rapports est d’abord faux, ensuite mensonger. Les rapports complets sont impressionnants et exhaustifs, les discussions libres… et le document assez illisible pour les non spécialistes ; dans les documents de synthèse, les conclusions sont clairement exprimées et expliquées ; peut-être ne plaisent-elles pas à M. Verdier, moi, il m’arrive aussi que le fait que deux et deux font quatre ne me plaise pas, ça dépend du contexte. Un exemple, précis, également relevé par M. Foucart, éclaire sur certains points l’ignorance de M. Verdier : lorsqu’il affirme que « le protoxyde d’azote, qui ne représente que 6% des gaz à effet de serre générés par l’homme est presque 300 plus nocif que le CO2… Il est émis en grande quantité pour parfaire l’entretien des pelouses… Pourquoi n’a-t-on pas vu un protocole pour interdire le protoxyde d’azote ? ». Réponse a) le rapport du GIEC précise que le protoxyde d’azote ne représente que 6 % du potentiel de réchauffement et non des gaz émis, autrement dit le rapport de 300 par rapport au CO2 a été déjà pris en compte ; b) le protoxyde d’azote, à ma connaissance, n’est utilisé qu’en anesthésie (et encore, est-ce encore le cas ?) ; c) ce n’est pas le protoxyde d’azote qui est directement en cause, mais les engrais azotés dont il est un produit de décomposition. Ce n’est donc pas un protocole sur l’utilisation du pauvre NO qu’il faut, mais, éventuellement, si c’est pertinent du point de vue climatique, une réflexion sur l’emploi des engrais. Ce qui peut être un vrai problème, mais abordé par une voie singulièrement détournée….
Pour autant, M. Philippe Verdier a le droit de s’exprimer, sans autre sanction que celle éventuelle du ridicule. Pour une raison liée au sujet : n’a-t-il pas raison lorsqu’il met en cause l’action de véritables margoulins qui prospèrent sur le thème du réchauffement climatique ? La promotion et l’implantation des parcs éoliens, par exemple, s‘est-elle toujours faite dans la transparence et l’honnêteté ? La réponse est connue : non !
Pour une raison de principe aussi, qui me ramène à un de mes thèmes favoris. Pour le Positiviste que je m’efforce d’être, le GIEC est un exemple quasi-parfait de ce que Comte appelait le pouvoir spirituel dont le but est de régler l’opinion à partir de principes démontrables. Une des conditions de son fonctionnement est la liberté complète des pouvoirs spirituels et temporels, et la « Liberté, liberté totale d’exposition, de discussion, d’appréciation », slogan positiviste ; par conséquent, nulle sanction temporelle ne doit être appliquée à M. Verdier, même s’il a tort. Pour le dire autrement, il s’agit de savoir si la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement climatique est une connaissance scientifique, ou une croyance. Si c’est une connaissance (ce qui est le cas), alors elle n’a aucun besoin d’un bras séculier pour la défendre – c’est même contre-productif ; si c’est une croyance, alors là, ce n’est pas la première fois qu’une croyance aurait besoin d’une Inquisition pour s’imposer. Pour terminer sur ce sujet, une autre citation du grand Auguste  (Comte, évidemment), parmi mes préférées : «  Les opinions non démontrables et les autorités non discutables s’appuient mutuellement ». Et quant à l’attitude de la direction de France Télévision selon laquelle la position  de présentateur de M. Verdier  engage l’entreprise sur ce qu’il écrit dans un livre, alors là, il va y a avoir du travail ! Mme Ernotte commence décidément assez mal son mandat.
 
Plus d’accroissement sans limites : un prix Nobel de la paix pour le peuple Chinois
 Au fond le réchauffement climatique n’est qu’un exemple des problèmes qu’aura maintenant l’Humanité à résoudre - un problème d’ailleurs que les Positivistes avaient déjà entrevu.  Auguste Comte avait déjà indiqué que pour l’Humanité, « le prochain grand problème à résoudre serait qu’un accroissement continu n’est pas forcément, et, dans le cas de l’humanité, ne peut pas être un accroissement sans limites :  Il est évident que les dimensions propres de notre planète assignent d’insurmontables limites générales à l’extension ultérieure de la population humaine, ce qui doit être pris en grave considération dans le système positif des spéculations politiques »  (Système de Politique Positive).
Et les disciples d’Auguste Comte ont pris très au sérieux cette réflexion, en particulier Pierre Laffitte, dans sa théorie du gouvernement, et ceci les a conduit à la conception de bien communs de l’Humanité que sont par exemple, certaines ressources rares, ou les forêts, ou le climat. La nécessité d’une action internationale pour  préserver ces bien communs de l’Humanité est  bien présent  chez les Positivistes dès les années 1880 : Pierre Laffitte :  «  on verra s’établir des opérations planétaires par l’intervention des divers gouvernements comme pour la conservation des forêts , par exemple, et de certains gisements inorganiques. Ces opérations cesseront d’être, dans une certaine mesure, non seulement individuelles, mais aussi nationales, pour devenir pleinement planétaires ; enfin, à mesure que la météorologie prendra le caractère de généralité que j’ai indiqué dans le système de philosophie troisième, elle donnera lieu à des opérations de précision et de renseignement, mais aussi à des actes directement positifs ».
Reste que la survie de l’Humanité exigera non seulement un accord global sur le réchauffement climatique, mais aussi un accord sur la limitation totale de la population, diont l’accroissement est la première cause du réchauffement climatique. Et pour cela, pour la lutte contre le réchauffement climatique, et bien plus encore, un Prix Nobel de la paix devrait déjà être accordé au Peuple Chinois pour la politique de l’enfant unique, politique trop brutale sans doute, imposée dans des cruautés, des souffrances et des malheurs inouïs, parfois criminelle dans sa violence. Mais si la Chine n’avait pas drastiquement limitée la croissance de sa population dans la phase très délicate de transition démographique, où en serions-nous ? Oui, un Prix Nobel de la paix pour le peuple chinois ne serait pas immérité.