Panorama intéressant de la
recherche mondiale (Innovation’s New
World Order) publié par PWC
strategy . Chiffres clés :
- Les dix premiers groupes en terme de dépense de recherche sont Volkswagen
(mais sur quoi ?), Samsung, Intel, Microsoft, Roche, Google, Amazon,
Toyota, Novartis, Johnson and Johnson (de 15.5 à 8 milliards de dollars par an)
- Le premier français est Sanofi, à la seizième position (6.4 milliards de dollars). A noter que la petite
Suisse place 2 firmes dans le top ten, deux firmes pharmaceutiques Roche et Novartis.
En Suisse, l’industrie pharmaceutique rapporte plus que la finance… Elle peut
donc être un atout considérable pour un pays, et non une charge. Pour la
recherche pharmaceutique, l’initiative européenne IMI (Innovative Medecine
Initiative) et l’existence d’un système de santé assez intégré et homogène ( vu
de l’étranger…) est considéré comme un atout
- Le shift vers l’Asie- et même l’Asie en
première place est spectaculaire ; la recherche scientifique en Asie compte maintenant pour 35% de la
recherche mondiale, contre 33% pour l’Amérique du nord et 28 % pour l’Europe.
- Entre 2007 et 2015, les dépenses de recherche en Chine ont augmenté de
120%. La Chine dépasse maintenant les USA et le Japon ; grâce, pour une
large partie, à des efforts de recherche implantés par les firmes étrangères en
Chine. L’Inde suit de très près, avec des dépenses en augmentation de 115%,
avec une spécialisation très forte dans le domaine informatique ; pas
loin, également, la Corée du Sud avec 98% d’augmentation… Il va falloir
s’habituer aux prix Nobel chinois !
- La France est clairement à la traine, et cela devient inquiétant. La
recherche en France a diminué de 1.5% en 2015 ; et depuis 2005 (dix ans)
les dépenses de recherche en France n’ont augmenté que de 28%, alors que la
moyenne européenne est de 66%. Si l’on compare par rapport aux USA, en
huit ans, l’effort de recherche français a diminué de 41%, les Anglais de 29%,
l’Allemagne de 14%, pendant que la Chine a augmenté de 64%, l’Inde de 61%, la
Corée du Sud de 48% et Israel de 26% (voir graphique ci-joint). L’Europe
est nettement à la traine, et en Europe, la France encore nettement plus. C’est
presque un effondrement, qui inaugure mal du redressement industriel.
- Lorsque de grands groupes mondiaux envisagent d’externaliser un centre de
recherche, les principaux facteurs qu’ils prennent en compte sont la formation
des chercheurs, ingénieurs et techniciens, la proximité des clients finaux, les
parts de marché, les coûts d’opération., les infrastructures. Sur plusieurs de
ces plans, la France est bien placée, et l’incitation fiscale que constitue
le crédit d’impôt recherche est connu et apprécié. Un gros point
noir : l’interventionnisme, la lourdeur, la complexité des
administrations.
Succès du Crédit Impôt
recherche, échec du CICE
Si le crédit d’impôt recherche est un atout apprécié, qui a d’abord évité
une dégradation beaucoup plus importante de la recherche en France, et est de
plus en plus copié ailleurs, c’est le
CICE (crédit d’impôt compétitivité Emploi, 20 milliards d’euros tout de même
contre 5 milliards pour le Crédit impôt recherche) qui manque clairement sa
cible. Dixit Henri Lachmann ( Schneider Electric, et un grand
industriel) : « Les premiers bénéficiaires du CICE sont la Poste,
puis Carrefour. Il favorise des entreprises
qui n’ont aucun risque de délocalisation et qui emploient beau coup de
salariés peu qualifiés ( la plafond est à 2.6 SMIC)… Les premiers bénéficiaires
des baisses de charge sont l’hôtellerie et la Restauration, les services administratifs
ou encore la construction » (Marianne, 30 octobre 2015)). Louis Gallois
voulait en faire un outil pour la reconstruction industrielle, c’est
complètement raté, et il fait volontiers savoir son écœurement, la
responsabilité de ce gâchis revenant conjointement au gouvernement et au Medef,
qui n’ont pas su résiter aux pressions de certains secteurs pourvoyeurs
d’électeurs, mais qui ne subissent en rien la concurrence internationale, et
dont le contenu en innovation est pour le moins assez faible. Par ailleurs, il constitue une trappe à bas
salaires…et, l’on ne voit pas en quoi il
favorise la compétitivité des entreprises, l’innovation et la
réindustrialisation. Louis Gallois a été complètement trahi.
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