Viv(r)e la recherche se propose de rassembler des témoignages, réflexions et propositions sur la recherche, le développement, l'innovation et la culture



Rechercher dans ce blog

lundi 16 novembre 2015

La recherche en France et en Europe- état des lieux


Panorama intéressant de la recherche mondiale  (Innovation’s New World Order) publié par  PWC strategy . Chiffres clés :
- Les dix premiers groupes en terme de dépense de recherche sont Volkswagen (mais sur quoi ?), Samsung, Intel, Microsoft, Roche, Google, Amazon, Toyota, Novartis, Johnson and Johnson (de 15.5 à 8 milliards de dollars par an) 
- Le premier français est  Sanofi, à la seizième position (6.4 milliards de dollars). A noter que la petite Suisse place 2 firmes dans le top ten, deux firmes pharmaceutiques Roche et Novartis. En Suisse, l’industrie pharmaceutique rapporte plus que la finance… Elle peut donc être un atout considérable pour un pays, et non une charge. Pour la recherche pharmaceutique, l’initiative européenne IMI (Innovative Medecine Initiative) et l’existence d’un système de santé assez intégré et homogène ( vu de l’étranger…) est considéré comme un atout
- Le shift vers l’Asie- et même l’Asie en  première place est spectaculaire ; la recherche scientifique en Asie compte maintenant pour 35% de la recherche mondiale, contre 33% pour l’Amérique du nord et 28 % pour l’Europe.
- Entre 2007 et 2015, les dépenses de recherche en Chine ont augmenté de 120%. La Chine dépasse maintenant les USA et le Japon ; grâce, pour une large partie, à des efforts de recherche implantés par les firmes étrangères en Chine. L’Inde suit de très près, avec des dépenses en augmentation de 115%, avec une spécialisation très forte dans le domaine informatique ; pas loin, également, la Corée du Sud avec 98% d’augmentation… Il va falloir s’habituer aux prix Nobel chinois !
- La France est clairement à la traine, et cela devient inquiétant. La recherche en France a diminué de 1.5% en 2015 ; et depuis 2005 (dix ans) les dépenses de recherche en France n’ont augmenté que de 28%, alors que la moyenne européenne est de 66%.  Si l’on compare par rapport aux USA, en huit ans, l’effort de recherche français a diminué de 41%, les Anglais de 29%, l’Allemagne de 14%, pendant que la Chine a augmenté de 64%, l’Inde de 61%, la Corée du Sud de 48% et Israel de 26% (voir graphique ci-joint). L’Europe est nettement à la traine, et en Europe, la France encore nettement plus. C’est presque un effondrement, qui inaugure mal du redressement industriel.

- Lorsque de grands groupes mondiaux envisagent d’externaliser un centre de recherche, les principaux facteurs qu’ils prennent en compte sont la formation des chercheurs, ingénieurs et techniciens, la proximité des clients finaux, les parts de marché, les coûts d’opération., les infrastructures. Sur plusieurs de ces plans, la France est bien placée, et l’incitation fiscale que constitue le  crédit d’impôt recherche  est connu et apprécié. Un gros point noir : l’interventionnisme, la lourdeur, la complexité des administrations.

Succès du Crédit Impôt recherche, échec du CICE

Si le crédit d’impôt recherche est un atout apprécié, qui a d’abord évité une dégradation beaucoup plus importante de la recherche en France, et est de plus en plus copié ailleurs,  c’est le CICE (crédit d’impôt compétitivité Emploi, 20 milliards d’euros tout de même contre 5 milliards pour le Crédit impôt recherche) qui manque clairement sa cible. Dixit Henri Lachmann ( Schneider Electric, et un grand industriel) : « Les premiers bénéficiaires du CICE sont la Poste, puis Carrefour. Il favorise des entreprises  qui n’ont aucun risque de délocalisation et qui emploient beau coup de salariés peu qualifiés ( la plafond est à 2.6 SMIC)… Les premiers bénéficiaires des baisses de charge sont l’hôtellerie et la Restauration, les services administratifs ou encore la construction » (Marianne, 30 octobre 2015)). Louis Gallois voulait en faire un outil pour la reconstruction industrielle, c’est complètement raté, et il fait volontiers savoir son écœurement, la responsabilité de ce gâchis revenant conjointement au gouvernement et au Medef, qui n’ont pas su résiter aux pressions de certains secteurs pourvoyeurs d’électeurs, mais qui ne subissent en rien la concurrence internationale, et dont le contenu en innovation est pour le moins assez faible.  Par ailleurs, il constitue une trappe à bas salaires…et,  l’on ne voit pas en quoi il favorise la compétitivité des entreprises, l’innovation et la réindustrialisation. Louis Gallois a été complètement trahi.
 
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commentaires

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.