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dimanche 13 décembre 2015

Islam, Islamisme : une vue Positiviste


Que s’est il passé ?
Les attentats de Paris de janvier et novembre 2015, nous imposent, au-delà de la sidération normale,  une réflexion sur l’islam. Que s’est-il passé ? (ce titre faisant allusion bien sûr à l’utile essai de Bernard Lewis, qui pointait déjà le divorce des civilisations islamiques et de l’esprit de la modernité, en particulier de la science moderne).
Voici une analyse  positiviste possible.  Il existe des lois d’évolution des sociétés (loi des trois états de Comte, etc.), comme il existe des lois physiques, chimiques, biologiques. Dans les civilisations islamiques, ces lois, au moins en trois moments critiques, n’ont pas été suivies.
Au septième siècle, le monde arabe est passé directement du fétichisme (ou animisme, par exemple l’adoration de la Kaaba) au monothéisme, sans passer par les étapes intermédiaires des polythéismes de type égyptiens et greco-romains (suprématie sacerdotale, puis militaire). Il en est résulté un monothéisme importé (des juifs et des chrétiens) dans une société et des mentalités qui n’ y étaient pas préparés par une évolution endogène, un monothéisme incomplet, qui n’ a pas mis en place la séparation des pouvoirs spirituels et temporels, et qui, cela est lié, pratique plus que les autres religions qui ont évolué différemment, la conversion par la conquête.
Au cours du XXème siècle, la civilisation arabo-musulmane a tenté de passer de l’état théocratique à l’état positif, industriel, laïque, le tout encore sous des influences importées, sans l’indispensable préparation de la phase critique, c’est-à-dire sans avoir assimilé les idées de liberté de pensée, de souveraineté du peuple et d’égalité pour dissoudre respectivement l’ordre théocratique, politique et social . Il en est résulté de très grand désordres et des dictatures ineptes ou insupportables.
Enfin, la civilisation arabo-musulmane s’est trouvée confrontée aux résultats de la science occidentale, à ses pouvoirs techniques, sans l’indispensable préparation de la mentalité et de la méthode scientifique.
Les lois positivistes d’évolution des sociétés ne peuvent ainsi être ignorées sans causer d’immenses chaos et régression. Il ne peut y avoir de « democracy building », de « civilisation building » sans une évolution sociologique propre.
Que faire ? Malala.
Posant ainsi le problème, le Positivisme permet d’entrevoir une solution possible. C’est par la formation à la mentalité scientifique, à la compréhension des méthodes et résultats des principales sciences  qu’une évolution bénéfique pourra se produire. Plus il y aura de musulmans étudiant les sciences, plus il y aura d’ingénieurs, de chercheurs musulmans, plus le fanatisme islamisme, plus la violence théocratique reculeront. L’occident peut (et doit) aider cette évolution, il ne peut s’y substituer.
Cela paraît naïf ? Alors écoutons la formidable Malala, cette fillette pakistanaise gravement blessée par les intégristes musulmans parce qu’elle bravait leur interdiction d’aller à l’école, sans doute l’un des Prix Nobel de la Paix les plus mérités qui soit, et aussi l’un des discours es plus émouvants :
« L'éducation est l'une des bénédictions de la vie - et un de ses nécessités. Cela a été mon expérience pendant la durée de vie de 17 ans. Dans ma maison dans la vallée de Swat, dans le nord du Pakistan, je ai toujours aimé l'école et apprendre de nouvelles choses. Je me souviens quand mes amis et moi-même décorions nos mains avec du henné pour des occasions spéciales. Au lieu de dessiner des fleurs et autres modèle,  nous peignions nos mains avec des formules et équations mathématiques. »
Et Malala d’appeler les USA à cesser les attaques de drones dans les régions frontalières du Pakistan et de préciser :   « Je veux l'éducation pour les fils et les filles de tous les terroristes ».
Alors, d’un point de vue spirituel et théorique, Michel Onfray a raison d’appeler à cesser les interventions militaires dans les pays musulmans. On ne construit pas des collèges et des écoles sous les bombes, au contraire ; mais  le pouvoir temporel politique a ses propres obligations et sujétions pratiques, c’est son honneur et sa servitude, qui demeureront toujours séparées en partie du domaine spirituel ; en certaines extrémités, il faut bien détruire celui qui s’est désigné comme votre ennemi avant qu’il ne vous détruise.
Toute réflexion ne peut ignorer la douleur des victimes et de leurs proches. Pour un Positiviste, les victimes rejoignent l’immortalité subjective, ensemble des êtres convergents passés et à venir, et leur mémoire subsistera. Les journaux qui ont entrepris de publier leurs portraits font bien. Les terroristes, eux, ne connaîtront ni enfer, ni paradis ; ayant vécu en ennemi de l’humanité, ils seront oubliés par l’humanité. Une bonne mesure serait de les nommer le moins possible, sinon par un nom générique – terroristes islamistes. Au surplus, cela aurait le mérite de ne pas stigmatiser leurs familles.
« L'islam a été la seconde grande tentative, après le catholicisme, pour fonder l'unité du genre humain. L'islam fut une tentative à la fois religieuse, politique, militaire et économique pour constituer l'unité du genre humain. Sous ce rapport, son action doit apparaître avec un caractère moins universel que le catholicisme, parce que l'islam serrait de plus près la réalité et ne se contentait pas de superposer aux situations affectives un plan d'amélioration morale pour gagner le ciel. Ainsi, il y a dans l'islam tout un système d'organisation sociale et morale de la propriété. Au lieu de se borner, comme le catholicisme, à engager plus ou moins vaguement à un emploi plus ou moins charitable de la richesse, l'islam constitue partout où il prévaut une organisation de la propriété qui prescrit des devoirs légaux autant que moraux. Mais l'établissement d'un pareil système suppose nécessairement la conquête ; car il ne peut s'établir par la persuasion seule. » Pierre Laffitte,
 

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