Beaucoup ont sans doute déjà oublié ce nom, Khaled Asaad, qui
dirigeait les Antiquités de Palmyre
depuis 1963, âgé de 83 ans, décapité par Daech en public. Mais peut-être
certains considèrent qu’il l’avait mérité, c’était un officiel syrien ; il
avait refusé de quitter la ville et jusqu’au dernier moment, et même trop tard,
il s’efforçait de cacher et mettre à l’abri les trésors de ses musées – et c’est
sans doute l’une des raisons de son
exécution.
Car à la barbarie contre les
personnes a succédé la barbarie contre la culture, la destruction à la dynamite
des temples de Bêl et Baalshamin et du célèbre arc de triomphe, plusieurs des tours
funéraires de la cité, uniques au monde réduites en poussière, l’amphithéâtre
dégradé et servant de cadre à l’exécution publique de 25 soldats syriens par
des adolescents, la destruction de statues et un pillage organisé qui servait à
financer Daech.
Palmyre a été libérée, oui, libérée
de la barbarie, par les Russes et l’armée syrienne. Affrontant les tirs qui
viennent encore des palmeraies voisines et les milliers d’engin explosifs
laissés par Daech, déminant, archéologues syriens de la DGAM (Direction
Générale des Antiquités et Musées) et archélogues russes s’affairent sur le
site, sauvant ce qui peut encore l’être, identifiant, ramassant les pièces du
puzzle des vandales, préparant les restaurations futures.
Et les Français ? Eh bien,
ils ne sont pas là ! Parce que comme l’explique crûment l’historienne
Sartre Fauriat, exprimant une espèce de position officielle française, la
libération de Palmyre n’est pas vraiment une libération, elle est avant tout « un
coup médiatique d’Assad et y aller maintenant serait une caution donnée au
régime ». Ah oui, ce ne sont pas les alliés des alliés de nos très chers
amis qatari et saoudiens qui sont sur place, eux se battent aux cotés des
vandales.
Pendant ce temps, Russes et
Syriens donc travaillent et- devinez quoi- lorsqu’il s’agit d’Antiquités, ils
se parlent en français, langue commune de travail la plus commode. Le Directeur
de la DGAM, Maamoun Abdulkarim a ces paroles amères et terribles pour la France :
Je me suis senti abandonné par la
France, et tout ça pour des raisons politiques. L’archéologie syrienne est
francophone, comme vous pouvez le voir ; tout est écrit en français dans
mon département. Pourquoi un tel gâchis historique après un siècle de
coopération entre l’archéologie syrienne et française ? Une exposition sur
l’art syrien aura lieu au musée Pouchkine en octobre ; figurez-vous que nos
échanges avec les Russes se font en français… Pourquoi au sein de l’Unesco, pas
une seule personnalité française n’est venue à notre rencontre ?Et
pourquoi certaines institutions françaises ont même été jusqu’à refuser de nous
recevoir ? La DGAM est une organisation scientifique et non politique. J’attendrais
un soutien moral et scientifique, pas des attaques (cité dans un remarquable
article de Marianne5-11août 2016)
Heureusement certains français n’ont
que faire de leurs gouvernants, et, à leur risque, vont à Palmyre, ainsi
Jacques Seigne Directeur émérite au CNRS, l’architecte Yves Ubelmann, président
d’Iconem proposent leur compétence te
leur aide. Palmyre revivra, et certains Français au moins seront associés à sa
renaissance.
Mais que nous sommes loin des
ambitions initialement affichés par Laurent Fabius pour une diplomatie
scientifique et culturelle de la France. Que cette présidence Hollande aura été
minable, dans tous les domaines.
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