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dimanche 12 juillet 2020

La French Based Medecine, l’invention de@medicus

Merci à @medicus

Un grand merci à @medicus, qui, pendant ces temps de confinement,  a bien instruit et distrait quelques centaines (milliers ?) de tweetos scientifiques  passionnés . Partant de ce scandale absolu, inquiétant pour ce qu’il révèle de la nullité crasse en matière scientifique des journalistes, des décideurs et hélas des citoyens français en général qu’a été l’affaire Raoult et de la chloroquine/hydroxychoroquine), sans oublier le scandale qui l’avait précédé de peu des essais cliniques clandestins des Pr Joyeux et Fourtillan menés dans une abbaye, @medicus s’est avisé qu’une partie des médecins et pharmacologues français avaient vraiment inventé quelque chose. 

Alors que l’ensemble de la communauté médicale internationale s’efforce depuis de longues années de promouvoir une « evidence based medecine », une médecine fondée sur des preuves scientifiques, certains de nos plus brillant savants ont vraiment créé autre chose, un machin alternatif que @medicus a baptisé French Based Medecine. (Ou France Based medecine ?)

Il a même proposé une très dynamique coupe de France de French Based Medecine, destinée à  identifier les plus illustres des représentants de ce nouveau courant qu’on n’ose appeler scientifique et à les faire passer à la postérité- et certes, ils y passeront, pour la plus grande honte de la France et de ses chercheurs. Choix qui fut difficile, comme vous pourrez en juger.

Malheureusement, après un brillant départ (il me semble qu’il y a quand même eu un vainqueur désigné dans une joyeuse confusion, mais je ne sais plus lequel !!!, encore une fois, ce fut très disputé) l’affaire s’est conclue…par la disparition du compte @medicus, celui-ci étant las de recevoir des tombereaux d’insultes ( et jusqu’à des menaces) de la part des afficionados de Didier Raoult, qui n’ont pas supporté de se voir confronté…à ce qui était pourtant la stricte vérité… c’est-à-dire que cet escroc paranoïaque aurait dû dès le début être révoqué et rendre compte de ses agissements devant la justice.

Donc, in memoriam @medicus, merci Monsieur de votre courage, de votre humour ravageur, de votre honnêteté, de vos connaissances, dons d’analyse précis et informés,  esprit critique. Ayez la carrière et les succès que vous méritez, revenez quand vous le jugerez bon, vous nous manquez, à moi, et à beaucoup d’autres.
Et maintenant, quelques héros de la French Based Medecine !

Didier Raoult : A tout saigneur (bon @medicus est plus doué que moi), tout honneur.

Titres de gloire :
Rendons d’abord hommage à ses étonnantes  facultés d’anticipations – toujours très sûr de lui, le gars !
Coronavirus :  « Moins de morts que par accident de trottinette ». ; « L’épidémie n’est pas mondiale et est localisée en Chine » ; « Il y a trois Chinois qui meurent et ça fait une alerte mondiale, l'OMS s'en mêle », « Fin de partie ! pour le Covid-19 « (avec la choloroquine ou l’hydroxychloroquine)
Et surtout :

Une compétence reconnu dans les études cliniques : Trois études, dont la dernière sur 1000 patients qui ne sont absolument pas exploitables, ne montrent rien et ne peuvent rien monter parce qu’il travaille n’importe comment et en fait met en danger ses patients pour rien.
Des patients disparaissent sans explication, passent d’une étude à l‘autre, pas de groupe comparateur,  c‘est du grand n’importe quoi, purement et simplement scandaleux, de la merde intégrale.

C’est tellement n’importe quoi que même le journal qui a publié la première étude, alors que les premiers reviewers étaient des proches de Raoult s’est désavoué, et d’une manière assez brutale. 
"The article does not meet the Society’s expected standard, especially relating to the lack of better explanations of the inclusion criteria and the triage of patients to ensure patient safety"

Un expert du médicament qui connait (pas) la pharmacocinétique : La première des premières choses, lorsqu’on veut tester une hypothèse comme celle de la chloroquine c’est quand même de vérifier les propriétés pharmacocinétiques (la concentration de la moléculesdans le sang ou organes spécifiques après administration) et de vérifier que les doses administrés peuvent avoir l’effet attendu. Et alors là, ça m’a scotché, et réellement montré à quel point ce type était un clown, Raoult ne l’a même pas vérifié.
Et quand quelqu’un s’y est collé…Mathieu Molimard, Bordeaux : il faudrait théoriquement au minimum 67 comprimés de Plaquenil dosé à 200 mg soit 13.400 mg, pour avoir une concentration dans le plasma et la salive (les virus se trouvant dans les postillons) comparable à celle minimale nécessaire in vitro (1µM). « Or, la posologie habituelle, est de 1 à 2 comprimés par jour voire 2 à 3 maximum dans le traitement du lupus, soit 600 mg. On ne peut pas arriver à donner une telle dose même sur une semaine. Dans le traitement du Covid-19, un essai mené en Chine est monté à 1000 mg par jour. A 2000 mg c’est la mort assurée »,

Une nouvelle approche très pragmatique de la toxicologie : Séparément la chloroquine ou l’HCQ et l’Azythromycine ont déjà des effets très dangereux et parfois mortels sur le rythme cardiaque. Ensemble, l’association est interdite ! 54 cas de troubles cardiaques, dont 4 mortels, ont été recensés en France chez des malades prenant ce traitement. Ils ne seraient que « la partie emergée de l’iceberg ».

Le centre de pharmacovigilance de Nice a alerté sur les effets cardiaques graves de l'hydroxychloroquine et de l’AZT. Mais ça, c’est à Nice ! Parce que, à Marseille, rien , nib de nib, aucun effet indésirable signalé ! Ca, c’est du localisme ! Commentaire@medicus: « Pas un seul effet indésirable. Alors que la collecte des effets indésirables est une obligation et que même avec des placebos on trouve des effets indésirables. Combien d’article du code de santé publique l’équipe de Raoult va dégommer ? »

Une approche très cool des réglementations :

- Inclure des enfants de 10 ans couvert par le critère d’exclusion = 3 ans de prison, 45keurs d’amende Et même s’ils font partie d’un groupe témoin, c’est interdit !!!!)
- Maquiller une étude interventionnelle en observationnelle pour ne pas demander l’autorisation de l'ANSM :1 an de prison et 15keurs d’amende
- Le consentement des patients et de leurs proches, c’est pas facultatif !
Bon, on ajoute le fait que l’Inserm et le CNRS, au courant de ses dérives depuis longtemps ont refusé de labelliser son institut, qu’il a été interdit de publications ds des revues majeurs de microbiologie, que ses stratégies forcenées (une publi tous les 2 jours en 2019) de publication dans des revues  dirigées par ses copains détournent complètement les pratiques scientifiques reconnues et aussi les systèmes de récompenses et lui rapportent pas mal d’argent

Allez une petite dernière pour ce grand champion de la French Based Medecine :

« A l’Assemblée Nationale, l’infectiologue Didier Raoult s’est départi de son équanimité face à l’ultime question posée par le député MoDem du Gard Philippe Berta : « pourquoi n’avez-vous pas mené une étude clinique digne de ce nom, dès le départ, qui aurait pu définitivement répondre, oui ou non, l’hydroxychloroquine a un effet ? Vous saviez très bien que ces pseudo-essais cliniques n’étaient absolument pas recevables par qui que ce soit », s’est interrogé le parlementaire, qui est aussi généticien. Piqué au vif, l’infectiologue marseillais a rétorqué que « moins il y a de gens dans un essai, plus c’est significatif. (…) Tout essai qui comporte plus de 1 000 personnes essaie de démontrer quelque chose qui n’existe pas. » Avant de s’exclamer : « Je suis un grand scientifique ! »

Christian Perronne : le complot de Lyme

Lui aussi  a soutenu Raoult, publiant le preprint d’une étude « montrant » l’efficacité du traitement HCQ /AZT, avec une approche remarquable, très French Based de la statistique : « Quand on a des tests statistiques significatifs sur un petit nombre de malade c'est beaucoup plus puissant ... que sur des milliers de malades ». Etude retirée aussi vite que publiée.

Il est l’un de seuls médecins à penser à défendre, à propos de la maladie de Lyme l'existence d'un « syndrome persistant polymorphe » nécessitant un traitement antibiotique de très longue durée. En 2019, il affirme recevoir des patients « de la France entière et même de l’étranger » et en guérir environ 80 % par un traitement antibiotique de longue durée[16] que ses confères jugent pourtant risqué ou inutile[. Selon La Croix, ses prétendus résultats « laisse[nt] sceptique l’immense majorité de ses confrères infectiologues », qui attribuent la guérison à un effet placebo ou à un diagnostic erroné.

En 2015, il supervise au CHU de Garches l'étude controversée d'un traitement « électrophotonique » de la maladie de Lyme, avec » un dispositif breveté permettant de mettre en évidence des champs informationnels jamais identifiés à ce jour. » . Traitement ensuite mis en ouevre par un certain nombre de médecins à prix d’or.

En 2016, il affirme que l'explosion de la maladie de Lyme, cachée par « l'armée américaine et les scientifiques sous sa coupe », est due à une prolifération mal contrôlée de tiques trafiquées par le chercheur en virologie nazi — Erich Traub  — réfugié aux États-Unis. Si, Si

Le professeur Didier Raoult le qualifie alors de « confrère qui a pris une position de leader du Lyme, sans bagage scientifique spécifique dans ce domaine, autre que ses croyances et le support de ses disciples »

En matière de French Based Medecine, ça c’est une forme supérieure de reconnaissance. Un candidat sérieux, donc 

Dominique Belpomme : ne vous approchez pas, électrosensibilté !

En  septembre2007 , le cancérologue Dominique Belpomme annonçait une «catastrophe sanitaire» aux Antilles due à la pollution par un pesticide, le chlordécone, en s'appuyant sur une expertise qu'il avait «coordonnée» sur place au printemps. Des déclarations qui ont suscité un vent de panique, un emballement médiatique.

En fait, sa pseudo expertise  reprenait des éléments déjà bien connus, mais en les détournant et leur donnant une ampleur hors de proportion avec la réalité, voire, en ce qui concerne les cancers du sein, avançant des chiffres tout simplement faux.

Confronté à une commission d’Enquête de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Sceinecs et techniques, il a d'abord accusé les médias de lui avoir fait dire ce qu'il n'avait jamais dit. Confronté à plusieurs vrais experts (Luc Multigner, Juliette Bloch) il a fini par reconnaître «des  imperfections » dans son rapport mais en rejetant la faute sur des « épidémiologistes antillais » qui lui auraient transmis des « informations erronées ». « Les incertitudes, peut-être même les inexactitudes, qui existent dans ce rapport résultent d'une tromperie des informations que nous avons récoltées en Martinique ».

Classe et pro le gars ! Mais après ce début un peu pitoyable, il a brillamment rebondi et est devenu le psécialiste français de l’électrosensibilité. « « la situation actuelle ne permet pas le doute méthodique scientifique. Nous sommes dans un débat polémique, alimenté par des opérateurs qui créent la confusion pour défendre leurs territoires économiques et financiers avec l’aide de quelques scientifiques à leur solde »…. « La France est absente des recherches » dans le domaine de l’électrosensibilité, « aucune équipe française n’étant aujourd’hui capable d’aligner des données scientifiques publiées » ...

Ben non. Il y a quantité d’études françaises, notamment diligentées par l’ »Anses, qui toutes aboutissent au même résultat… qui est le contraire de ce que dit Belpomme ; aucun effet prouvé !

Mais il en vit très bien, ayant fondé une clinique dédiée à l’électrosensibilité. Le Pr Belpomme a finalement été attaqué par le Conseil de l’Ordre pour avoir établi à la chaine  des certificats de contre-indications pour électrosensibilté, non individualisés- tous étaient rédigés à l'identique, avec pour seule modification le nom du patient, ce qui va à l'encontre de l'article 35 du code de déontologie médicale préconisant individualisation du diagnostic et prise en compte de la personnalité du patient. Second grief, l'utilisation pour asseoir son diagnostic d'une technique appelée EncéphaloSCAN, ou tomosphygmographie cérébrale ultrasonore (TSCU), facturée 250 euros, décrite dans les années 80 et absente de toute publication depuis 1986. Une technique qui n'a jamais été répliquée ni validée par la science, la Caisse d'Assurance Maladie ni la HAS (Haute autorité de santé). Encore une fois, ce mode opératoire va donc à l'encontre du code de déontologie, qui impose d'établir son diagnostic avec soin et de donner au patient des soins consciencieux et fondés sur la science en s'interdisant tout procédé "illusoire ou insuffisamment éprouvé"

Un candidat sérieux donc, qui dans la coupe organisée par @medicus aurait injustement pâti du fait que ses partisans électrosensibles répugnaient à utiliser leur portable…

Jean-Louis Montastruc : un beau doublé.

Par deux fois, et sur des thèmes similaires, le Pr Monstatstruc a jeté la panique das le système sanitaire français , beau doublé, beau récidiviste !
Première  alerte sur des chocs septiques, après un changement de flaconnage du taxotère, qui a permis de supprimer une étape de prémélange, de diminuer le risque de précipitation et d’améliorer la stabilité physico-chimique de la solution de perfusion. L’étude confiée au Pr Montastruc conclut à un signal d’alerte qui provoque l’arrêt des traitements des patients français avec remplacement par un médicament moins efficace.  Lorsque l’étude est présentée un mois plus tard devant l’Agence européenne du médicament (EMA), les pharmaco-épidémiologistes présents ne comprennent pas la méthodologie utilisée et soulignent l’indigence du travail. Pis, leur verdict est sans appel: au vu des éléments présentés, il n’y a pas de signal…Gentiment, L’Agence Européenne fait savoir qu’elle éprouve quelques difficultés à comprendre les méthodes statistiques particulières de l’équipe de Toulouse… » some difficulty to understand the pecular  statistics of the Toulouse team »

Rebelotte avec l’affaire du changement de formule du Levothirox. Montastruc prétend dans une étude de bioéquivalence avoir  trouvé une différence significative entre le Levothyrox ancienne et nouvelle formulation. Une toute petite étude mais Montastruc explique et théorise que justement, moins il y de sujets dans une étude, plus cela permet  de mettre en évidence les différences.

On n’hésite pas à citer : « Dans un nouvel article paru cette semaine, la même équipe s'interroge sur le fait que Merck ait inclus plus de 200 personnes dans cette étude. En effet, ce type d'étude de bioéquivalence se réalise souvent sur bien moins de sujets. Or d'après Pierre-Louis Toutain, un des auteurs de cette recherche, plus le nombre de participants est important, plus il est facile d'obtenir un résultat qui entre dans l'intervalle de confiance fixé (0,9-1,1) : « Si on avait pris un nombre classique de sujets  (entre 24 et 48, mais pas 200), ce ne serait pas passé. »

Si big pharma se casse le cul à monter des études à 200 là où ils pourraient se contenter de 20, c’est forcément pour cacher quelque chose !

Bof, c’est juste qu’ils ont les moyens et l’on parle de plusieurs milliers de statisticiens qui se sont immédiatement placés en Position Latérale de Sécurité à la lecture de l’étude de Montastruc et consorts.
Une si audacieuse constance dans le domaine assez fourni de l’hétérodoxie statistique méritait à mon avis une très, très bonne place, mais peut-être y-a-il eu un problème avec le traitement statistique des réponses ?

Luc Montagnier, mais jusqu’où descendra-t-il ?

Bon à 85 ans, on peut un peu déconner, mais faut quand même pas en abuser, et là, abus incontestable il y a et depuis longtemps.
Il y avait déjà le Montagnier soutien de Benveniste et de sa mémoire de l’eau. On ne résiste pas au plaisir de citer :
« Pour moi Jacques Benveniste est un grand chercheur, comme vous avez dit, et c'est vraiment scandaleux la façon dont il a été traité. Il est mort comme vous savez en 2004, on peut dire épuisé par toutes ces luttes, et je crois qu'un jour prochain, il sera complètement réhabilité. (...) Les biologistes en sont restés encore à Descartes. Descartes, l'animal machine, les rouages, les engrenages... Or, après Descartes, il y a eu Newton, la gravité, une force qui se transmet à distance, il y a eu Maxwell, et la découverte des ondes électromagnétiques, donc tout ceci les biologistes l'ignorent totalement. Les biologistes actuels, biologistes moléculaires, imaginent les contacts entre les molécules par des contacts physiques n'est-ce pas alors que les molécules, c'est ce que disait Benveniste, peuvent correspondre également à distance. Donc c'est une révolution mentale et ça prend du temps."
Montagnier a d’ailleurs payé de sa personne, menant des expériences démontrant selon lui « que l’eau peut sous l’action du champ magnétique terrestre émettre des signaux électromagnétiques basse fréquence aptes à coder de manière totalement immatérielle une molécule aussi complexe que l’ADN »
Il y avait eu ensuite le Montagnier anti-vaccin qui s‘affichait avec le Pr Joyeux (un autre sérieux concurrent, voir ci-aprés) :

« Nous sommes ici non pas pour créer des polémiques, mais nous sommes ici pour lancer une alerte à la France, à tout le pays, et aussi même au monde, parce que c’est un problème général. L’alerte, c’est que nous risquons, avec des bonnes volontés au départ de vaccins, d’empoisonner petit à petit toute la population qui va nous succéder»

Et il y a eu le Montagnier des temps de Covid

 « L’histoire du marché aux poissons (...) est une belle légende. Il y a eu  "une manipulation sur ce virus initialement présent chez la chauve-souris, "mais auquel on a ajouté par dessus des séquences du VIH…Ce n’est pas naturel, c’est un travail de professionnel, de biologiste moléculaire, d’horloger des séquences. Dans quel but ? Je ne sais pas (…). Une de mes hypothèses est qu’ils ont voulu faire un vaccin contre le Sida »

A 85 ans, pas sûr qu’il puisse faire mieux ! Mais tout de même, la presse devrait examiner d’un  œil un peu plus critique ce qu’elle rapporte.  Alors que toute la communauté scientifique se gaussait ou plutôt se consternait, les propos de Montagnier étaient abondamment diffusés, souvent sans prise de distance et paraissaient presque crédibles

Jacques Benveniste, in memoriam

Il y a un article du règlement de la coupe de French Based Medecine qui interdit aux morts de concourir ? Non, bon alors ? Parce que toute cette histoire de mémoire de l’eau, c’est quand même lui qui l’a lancée, et de main de maître !

« Les résultats de notre recherche imposent à tous, et surtout à la communauté scientifique, un considérable effort d’adaptation. Il s’agit d’entrer dans un autre monde conceptuel. Le changement de mode de pensée n’est pas moins grand que lorsqu’on est passé avec la Terre de la platitude à la rotondité. (…)
Les études que nous présentons montrent l’existence d’un effet de type moléculaire spécifique en l’absence de molécule. La procédure utilisée s’apparente à celle qui ferait agiter dans la Seine au pont Neuf la clé d’une automobile puis recueillir au Havre quelques gouttes d’eau pour faire démarrer la même automobile, et pas une autre. On comprend dès lors les réticences, voire l’agressivité, au nom de la déesse Raison, des adversaires de ce type d’expériences. »

Quand même, déconner à ce point dans Nature (Nature 333, 816-818 (30 Jun 1988). !! Ca n’est donné qu’aux plus grands !!!
Tiens, allez, un des derniers héritiers de Benveniste, un petit jeune qui promet !

Marc Henry : de la physique quantique à l’homéopathie !

Marc Henry, une chimiste pour changer, Professeur de Chimie à l’Université de Strasbourg et spécialiste de physique quantique des matériaux complexes donc en premier lieu… de l’eau
Verbatim : « la médecine est-elle une science ? La réponse est ici un non franc et massif. La raison en est que la racine du mot science est le verbe latin « scire » qui signifie « savoir » ???

« Maintenant privons la médecine moderne de l’outil statistique qui est l’outil de l’ignorance, que reste-t-il? Pas grand chose… Privons l’homéopathie de l’outil statistique, que reste-t-il? Cela ne change quasiment rien. Car l’homéopathie c’est avant tout du savoir acquis par l’expérience. Cela met clairement en valeur le caractère foncièrement scientifique de l’homéopathie. Car si tel n’était pas le cas, moi, scientifique aguerri aux méthodes scientifiques, je ne prendrais même pas la peine de la défendre. »

 C’est ici que l’homéopathie révèle sa vraie nature quantique et que réside bien sûr son apparente extraordinaire efficacité, à condition bien sûr que l’entretien avec le malade soit fait dans les règles de l’art et en prenant tout son temps.
Dès que l’on prend en compte la dualité incontournable matière/vibration, on peut mettre l’information de guérison sur la vibration (le champ quantique) dès qu’il n’y a plus de matière active.

L’eau joue ici un rôle crucial pour véhiculer des informations codées sur ce que l’on appelle des « domaines de cohérences » où matière et vibrations forment un tout quantique. Je renvoie les personnes intéressées à mes ouvrages (4). Le point clé ici est d’admettre comme nous l’indique la physique moderne, via la théorie quantique des champs ou bien la relativité générale que matière et vide sont les deux faces d’une même réalité et que c’est l’aspect vibratoire qui unit les deux…. »

« Les expériences de Luc Montagnier ont démontré que l’eau peut sous l’action du champ magnétique terrestre émettre des signaux électromagnétiques basse fréquence aptes à coder de manière totalement immatérielle une molécule aussi complexe que l’ADN. »
Pr Henri Joyeux et Jean -Bernard Fourtillan ; à deux, c’est toujours mieux !
Comment le dire ? On pensait même pas que c’était possible : « Le 19 septembre 2019, l'ANSM annonce avoir interdit un essai clinique mené depuis presque un an dans une abbaye poitevine, hors de tout cadre légal, sur plusieurs centaines de patients souffrant de la maladie de Parkinson, d'Alzheimer, de troubles du sommeil ou de dépressions nerveuses. Il s'agissait de tester des patchs transdermiques contenant deux molécules aux "effets inconnus" : les hormones valentonine et 6-méthoxy-harmalan. A la manœuvre, une fondation religieuse nommée Fonds Josefa, créée par le Pr Jean-Bernard Fourtillan, qui revendique la découverte de la valentonine, et le Pr Henri Joyeux. 

Leur défense : « Sachant pertinemment que ces découvertes seraient considérées comme trop belles pour être vraies, il a été décidé de ne pas utiliser la voie classique de développement d'un nouveau médicament, soit l'essai clinique. Nous n'aurions pas obtenu l'AMM avant 2023… »

Vous savez le meilleur ? Les deux compères ont réussi à faire condamner pour diffamation le directeur de l'Inspection de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, Bernard Celli qui avait déclaré : « on est aux confins du charlatanisme…la confiance de ces patients a été abusée »

Nous avons clairement affaire à deux très grand champions, complices depuis longtemps et qui ne reculent devant rien. La preuve avec la suite de l’histoire.

Poursuivis pour « abus frauduleux de l'ignorance ou de la faiblesse d'une personne vulnérable, tromperie sur la nature, la qualité substantielle ou l'origine d'une prestation de services et ouverture d'un établissement pharmaceutique sans autorisation, les deux compères ne se démontent pas. Fourtillan écrit ainsi une lettre au président Macron dans laquelle il propose une solution géniale à  l’un des plus grands scandales sanitaires. J’explique, enfin j’essaie : il s’agit des sels d’aluminium utilisés comme adjuvant dans les vaccins. « C’est tout simplement le plus grand scandale jamais vu dans l'histoire de la médecine : le massacre imposé à tous les enfants nés en France depuis le 1er janvier 2018… Les enfants nés depuis le 1er janvier 2018, auxquels on impose les 11 vaccins obligatoires, ont toutes les chances d'avoir une de ces deux maladies neurodégénératives incurables (NB sclérose en plaques et Parkinson avant l'âge de 5 à 10 ans ». Sic !
Et la solution c’est quoi ? Ben, si vous l’avez pas deviné, vous ne serez jamais un des héros de la French Based Medecine ! Ce sont bien sûr… les patchs à la la valentonine, et au 6-méthoxy-Harmalan, « testés avec succès par le Fonds Josefa sur plusieurs centaines de patients atteints de maladie de Parkinson, d'Alzheimer »
Des gr (l)ands, je vous dis !

 Gilles-Éric Séralini : un as de la manipulation doublé d’un incompétent et d’un escroc ?

Roi de la manipulation ; oui, là, il a clairement innové et en grand. Vous vous souvenez peut-être de ces photographies de rats porteurs de gigantesques tumeurs en une des grands journaux, dont le Nouvel Obs. Des rats traités par le Round-Up et par le maïs génétiquement modifié de Monsanto.

« EXCLUSIF. Oui, les OGM sont des poisons !

« Des chercheurs français ont étudié secrètement, pendant deux ans, 200 rats nourris au maïs transgénique. Tumeurs, pathologies lourdes… une hécatombe. Et une bombe pour l'industrie OGM.
C’est une véritable bombe que lance, ce 19 septembre à 15 heures, la très sérieuse revue américaine "Food and Chemical Toxicology" - une référence en matière de toxicologie alimentaire - en publiant les résultats de l’expérimentation menée par l’équipe du français Gilles-Eric Séralini…

« Même à faible dose, l’OGM étudié se révèle lourdement toxique et souvent mortel pour des rats. A tel point que, s’il s’agissait d’un médicament, il devrait être suspendu séance tenante dans l’attente de nouvelles investigations….
Jusqu’en 2011, les chercheurs ont travaillé dans des conditions de quasi-clandestinité. Ils ont crypté leurs courriels comme au Pentagone, se sont interdit toute discussion téléphonique et ont même lancé une étude leurre…
Après moins d’un an de menus différenciés au maïs OGM, confie le professeur Séralini, c’était une hécatombe parmi nos rats, dont je n’avais pas imaginé l’ampleur »

Bon, on arrête là sur ce teasing d'enfer et cet emballement qui a quand même pas mal ridiculisé la recherche française et posé de sérieuses questions sur la manière dont la grande presse traite des sujets scientifiques. Cette mise en scène médiatique a été orchestrée par une agence de communication, qui a proposé à des journalistes français l'exclusivité des résultats sous des conditions d'embargo d'information très inhabituellement restrictives. Elle entraîne une forte agitation médiatique et politique, jouant sur les angoisses collectives et la haine du géant de l'agro-industriel Monsanto.

Le but : que la presse publie les « résultats » avant que la communauté scientifique ne les connaisse et puisse les mettre en doute et critiquer les expérience et méthodes statistiques de Séralini. Et ce fut une réussite complète ! Dans la Fake medecine !

En effet dès que l’étude fut publiée, le travail de Séralini fut proprement massacré, et d’ailleurs l’article de Food and Chemical Toxicology fut retiré aussi vite qu’il avait été publié.
Sans entrer dans les détails, les rat Sprague Dawley sont utilisés habituellement pour 90 jours, et non pas 2 ans, comme l’a fait Séralini, soit les 2/3 de leur espérances de vie…Et en plus, ils vieillissent mal et ont de nombreuses et très grosses tumeurs spontanées…
Bref, l’étude de Séralini ne montrait rien, rien de significatif. Et elle ne pouvait pas le faire, compte-tenu du taux d’apparitions des tumeurs spontanées- il aurait fallu au mpoins sis fois plus de rats par groupe pour pouvoir espérer voir quelque chose…s’il y avait quelque chose à voir !

La méthode d'analyse utilisée dans l'étude est unique, et a été critiquée comme étant développée « sur mesure » par rapport aux données. Le Haut Conseil des biotechnologies a effectué un traitement statistique standard qui montre qu'il n'y aucune différence entre les groupes témoins et soumis à l'OGM et/ou Roundup…

L'Académie d'agriculture de France, l'Académie nationale de médecine, l'Académie nationale de pharmacie, l'Académie des sciences, l'Académie des technologies et l'Académie vétérinaire de France ont estimé que l'étude contient « de nombreuses insuffisances de méthodologie et d'interprétation » et « ne permet aucune conclusion fiable ». Évoquant un « problème éthique majeur », les académies critiquent également les conditions de publication de l'étude en notant « la concomitance de la sortie de deux livres, d'un film et d'un article scientifique, avec l'exclusivité de leur contenu accordé à un hebdomadaire, assortie d'une clause de confidentialité y compris vis-à-vis des scientifiques » et en concluent que « l'orchestration de la notoriété d'un scientifique ou d'une équipe constitue une faute grave lorsqu'elle concourt à répandre auprès du grand public des peurs ne reposant sur aucune conclusion établie.

L’un des rares vrais journalistes scientifiques français, Sylvestre Huet, a commenté : « Il est difficile de comprendre la stratégie scientifique des auteurs tant la faiblesse du protocole peut paraître délibérée ».
Peut-être cela tient-il au fait que l’étude a bénéficié de financements gérés par le CRIIGEN et provenant de l'association Consommateurs et entreprises responsables (CERES)25, qui regroupe des entreprises de l'agroalimentaire et les groupes de la grande distribution Auchan et Carrefour. Pour que les sponsors soient contents, il fallait à tout prix publier quelque chose, même un torchon impubliable…

A grands frais, des expérimentations semblables ont été réalisées par deux études européennes, sur une durée 4 à 8 fois plus courte. Leurs résultats publiés en 2018 concluent que l'OGM NK 603 (traité ou pas avec du Roundup, formulation glyphosate de Monsanto) n'a aucun effet toxique sur ces durées. Cette fois-ci, les résultats sont suivis d'un quasi silence médiatique…

Au battage médiatique, à la nocivité, à l’égotisme, à la mégalomanie, Séralini se compare avec Raoult et a pleinement sa place dans cette fine équipe de la French Based Medecine !

jeudi 9 juillet 2020

Géopolitique de l’électricité II : Europe et électricité la grande naïveté européenne et l’activisme Chinois, Russe, USA, GAFAM

Etude publiée par Enerdata


Une libéralisation mal conçue  qui a beaucoup affaibli l’Europe

Extraits : « La politique énergétique est un pilier historique de l’intégration européenne (CECA, EURATOM). Mais l’introduction au niveau communautaire au cours des deux dernières décennies de législation visant à améliorer la concurrence entre les opérateurs du secteur de l’électricité par la libéralisation progressive des marchés de l’électricité et la fin des monopoles étatiques ou régionaux a en pratique conduit à une participation croissante des acteurs non communautaires, parfois soutenus par les États. En outre, depuis dix ans, les institutions européennes, se considérant comme une mission mondiale de lutte contre le changement climatique, se sont efforcées, par leurs directives, de promouvoir une transition énergétique mondiale. »

Ces effets, combinés aux chocs de la demande résultant de la crise financière de 2008, ont considérablement réduit la capitalisation boursière des grands services publics européens et leur capacité d’investissement. Certains jours, des niveaux élevés de production d’électricité renouvelable conduisent les marchés à des prix négatifs records, en particulier en Allemagne, pour protéger la stabilité du réseau. Ce phénomène est une conséquence inévitable des subventions massives versées aux énergies renouvelables, qui bénéficient également d’un accès prioritaire aux réseaux. Elle a fortement déstabilisé l’équilibre économique des services publics et  a conduit à une sécurité de l’approvisionnement en électricité en Europe de plus en plus précaire. En outre, les institutions européennes, en particulier la Commission européenne, ont longtemps estimé que leur mandat n’était pas de créer des champions industriels européens, mais d’assurer la protection des consommateurs, bien que les premiers traités européens visaient aussi le premier but. À la mi-2019, le Parlement européen a finalement demandé que des mesures de protection soient prises, en particulier dans le domaine des infrastructures énergétiques.

Dans ce contexte, les investisseurs de l’extérieur des frontières de l’UE jouent un rôle croissant. Dans ce mémoire de l’exécutif, nous examinerons de plus près l’implication chinoise, russe et américaine dans le secteur européen de l’électricité.

La stratégie énergétique chinoise  une politique mondiale basée sur les réseaux. L’initiative mondiale d’interconnexion énergétique

Depuis le milieu des années 2000, la Chine s’est lancée dans une politique d’investissements massifs dans le monde entier, en particulier dans le domaine de l’énergie. Sur près de 1,8 billion de dollars investis entre 2005 et 2017, 37 % ont été investis dans le secteur de l’énergie. Initialement axés sur le pétrole et le gaz, les investissements se sont progressivement déplacés, à partir de 2010, vers les systèmes de production et les réseaux électriques. L’objectif de la Chine, d’ici le centenaire de la révolution de 1949, est de réduire sa dépendance géopolitique aux hydrocarbures, en particulier en ce qui concerne les pays du golfe Persique, tout en créant un système énergétique « propre » exempt des inconvénients associés à l’utilisation des fossiles.

L’approche de la Chine est maintenant structurée autour de la Belt and Road Initiative (BRI), qui comprend une version spécifiquement liée à l’énergie : l’Initiative mondiale d’interconnexion énergétique (GEII). Il s’agit d’une « stratégie nationale », une priorité personnelle du président Xi Jinping, qui vise à créer le premier réseau électrique mondial, en utilisant une technologie que la Chine a entièrement maîtrisé, UHV (Hyper High Voltage) réseaux de transmission d’énergie, et d’investir dans les réseaux électriques de plus de 80 pays. La mise en œuvre du GEII doit se faire à deux niveaux : remplacer les sources d’énergie conventionnelles en Chine par l’énergie électrique, et accéder à des ressources électriques externes car elle ne sera pas en mesure de répondre à toute cette augmentation future de la demande d’électricité à elle seule. La raison d’être du GEII exige la prise de contrôle progressive des services publics en charge des réseaux électriques dans les pays développés et une position dominante dans le financement des réseaux et des équipements dans les pays émergents.

Commentaire : attention, là on parle de ligne à 800.000vlts, seule la Chine atteint des tensions aussi élevées

Succès de GEII dans les réseaux électriques européens   : Au total, entre 2013 et le premier trimestre 2018, les opérateurs d’électricité chinois ont investi 123 milliards de dollars dans des réseaux électriques étrangers. Si l’on ajoute le financement lié au secteur de l’énergie, mais provenant d’institutions financières ou d’autres acteurs chinois, le montant total sur la période s’élève à 452 milliards de dollars. Bien que l’Europe ne reçoive pas la plus grande part de ces investissements, elle se classe néanmoins au troisième rang, et les acteurs chinois sont actuellement actifs dans 11 pays européens. Il convient de noter que toutes les entreprises chinoises n’ont pas réussi, car certains actifs convoités n’ont pas pu être acquis en raison de l’opposition des autorités publiques locales : par exemple, l’espagnol TSO REE en 2012, le distributeur belge Eandis en 2016, ou plus récemment l’allemand TSO 50 Hertz et Energias de Portugal, dont le dernier comprenait l’implication américaine.

Expertise technologique et industrielle chinoise : la Chine domine tous les secteurs

 Si la réalisation du GEII nécessite des réseaux, elle implique également une maîtrise approfondie de nombreuses technologies électriques. La Chine, en l’espace de quelques années, et profitant de l’opportunité offerte par l’Accord de Paris de 2015, est devenue le premier producteur, exportateur et installateur mondial de panneaux solaires, d’éoliennes, de systèmes de stockage de batteries et de leurs véhicules de recyclage et électriques, et peut ainsi s’imposer comme un champion de la transition énergétique. En outre, la Chine a également été le leader mondial dans le développement de l’énergie nucléaire et hydraulique, des équipements d’efficacité énergétique et l’acteur le plus actif dans la prise de contrôle de matières premières stratégiques telles que le lithium et les terres rares.

Une industrie photovoltaïque dominée par la Chine En principe, les fabricants chinois du secteur contrôlent désormais plus de 70% du marché mondial. Neuf entreprises chinoises figurent parmi les dix premiers fabricants de modules photovoltaïques au monde, sous la tête de Jinko Solar et Trina Solar. La Commission européenne a décidé de mettre fin aux mesures antidumping affectant les importations de panneaux solaires chinois en place depuis 5 ans. Cette mesure signifie probablement la fin de l’industrie européenne dans ce domaine, d’autant plus que le moratoire chinois sur les installations solaires en Chine a conduit à une offre massive chinoise à des prix sous-évalués.

L’industrie éolienne,  terrestre et offshore :  Pour la première fois au second semestre 2019, les sociétés éoliennes chinoises ont atteint plus de la moitié du marché onshore, avec 52% des commandes enregistrées dans le monde. Parmi les 10 principaux fabricants d’éoliennes dans le monde, six sont des groupes chinois. En outre, les principaux opérateurs européens, MHI Vestas et Siemens Gamesa RE commencent à parler de la délocalisation progressive de leurs usines d’Europe vers l’Asie, avec des suppressions d’emplois en Europe. En ce qui concerne l’offshore, la Chine, qui était légèrement en retard sur MHI Vestas, GE et Siemens Gamesa, commence à les rattraper, tant en termes de puissance des turbines que de parts de marché. Les experts prévoient que la Chine sera dominante dans ce secteur d’ici la fin de la prochaine décennie au plus tard, ou dès l’année prochaine.

Secteur nucléaire : à commencer par le programme nucléaire britannique, le programme nucléaire chinois s’ouvre à l’international, la Chine ne se contentant plus d’être co-investisseur, comme c’était le cas pour HPC ou CFC aux côtés d’EDF (33,5% et 20,0% respectivement). Par exemple, en octobre 2016, CGN a déposé une demande de validation de la conception générique du réacteur Hualong One au Royaume-Uni (l’achèvement du processus est prévu pour la fin de 2021). L’utilisation de ce modèle est notamment prévue par CGN et EDF pour le projet Bradwell. Et les projets nucléaires de la Chine au Royaume-Uni se multiplient.

Mais le Royaume-Uni n’est plus un cas unique pour l’énergie nucléaire chinoise à l’échelle internationale; le pays investit maintenant dans d’autres pays européens.

Efficacité énergétique : Dans de nombreux domaines, en particulier dans les équipements de chauffage et de refroidissement, les producteurs chinois dominent le marché, en particulier pour les pompes à chaleur, les radiateurs mobiles et les climatiseurs. En fait, la Chine compte déjà plus de 600 millions de climatiseurs, cinq fois plus que l’Europe dans son ensemble.

Stockage : C’est bien sûr la clé du développement du véhicule électrique, mais il y a plus en jeu que cela. Le stockage de l’électricité est également un défi majeur pour les systèmes électriques de l’avenir, caractérisé par la présence massive d’électricité renouvelable intermittente. La Chine représente 61 % du marché mondial des batteries, contre 21 % pour le Japon/Corée du Sud (combiné) et moins de 10 % pour les États-Unis. La Chine produit à elle seule 65,7% des anodes, 64,3% des électrolytes, 44,8% des séparateurs et 39% des cathodes. La Chine a également une domination totale sur le marché dans le recyclage des batteries lithium-ion. L’an dernier, la Chine a recyclé environ 67 000 tonnes de batteries lithium-ion, soit 69 % de tout le stock disponible pour le recyclage dans le monde, et 18 000 tonnes supplémentaires ont été recyclées en Corée du Sud, principalement pour le marché chinois. La Chine vise à prendre une part croissante dans ce secteur pour accroître l’offre à son secteur de production de batteries.

Véhicules électriques :: Pour l’Europe, le passage rapide aux véhicules électriques signifie la perte de l’avantage écrasant qu’il avait dans le domaine des moteurs à combustion interne contre les États-Unis et la Chine, alors que ce dernier possède une solide expertise en matière de mobilité électrique. De plus, les producteurs chinois se rapprochent de l’Europe. L’un des leaders chinois dans la production de cellules de batterie, CATL, va construire une usine en Allemagne, qui devrait éventuellement devenir l’un des sites européens les plus importants dans ce domaine. BMW, à cette occasion, a noté que « CATL a le savoir-faire pour produire en masse, savoir-faire qui n’existe pas encore en Europ », a déjà signé un contrat de 4 milliards d’euros avec CATL, tout en précisant qu’elle souhaite conserver le contrôle de l’approvisionnement en cobalt qu’elle mettra à la disposition du fournisseur. De même, BYD va installer une usine de production de véhicules électriques à Tanger pour l’Europe. Les constructeurs européens paient actuellement des fournisseurs chinois entre 4000 et 7 000 euros pour les batteries qui équipent leurs véhicules, les constructeurs chinois s’emparant ainsi d’une part importante de la valeur ajoutée par véhicule. Outre les véhicules électriques individuels, la Chine domine le segment des véhicules électriques lourds avec, en particulier, 98 % du marché mondial des e-bus.

Suprématie sur les matières premières : Le développement des véhicules électriques et des énergies renouvelables implique de sécuriser l’approvisionnement en matières premières stratégiques. En effet, sur la base des technologies actuelles et selon le scénario EV30 de l’AIE, un parc mondial de véhicules électriques de 130 millions de véhicules électriques augmenterait la demande de métaux stratégiques de 200 000 tonnes par an en 2018 à 2 200 000 tonnes en 2030, soit plus de 1000 %. La Chine a déjà pris de nombreuses options sur ces métaux stratégiques, en particulier les terres rares. En 2019, la Commission européenne a averti qu’à mesure que l’Europe s’éloigne des combustibles fossiles pour se rendre à l’énergie propre, elle doit éviter de tomber dans un autre piège lié aux matières premières et à la dépendance technologique.

Mais en septembre dernier, Zijin Mining Group, troisième producteur de cuivre de Chine (et premier producteur d’or) a acheté la mine de cuivre de Bor, l’un des meilleurs gisements de cuivre au monde, au groupe serbe RTB Bor pour 1,46 milliard de dollars. Elle a également acheté pour 1,66 milliard de dollars le groupe canadien Nevsun, qui prospectait ce dépôt. Le cuivre est un élément clé dans le développement des véhicules électriques. Cette opération s’inscrit dans le cadre du projet Belt and Road Initiative et s’inscrit dans une série d’investissements dans les infrastructures dans les Balkans, avec notamment la construction d’une ligne de chemin de fer reliant la Serbie au port du Pirée, rachetée à 67% en 2016 par le groupe Cosco, troisième propriétaire mondial de porte-conteneurs, avec la signature d’un contrat de concession et un engagement d’investissement de 350 millions d’euros.

La Chine occupe une position de leader incontestable, à l’exception temporaire du secteur de l’énergie éolienne offshore. En outre, dans les trois secteurs véritablement clés de la transition énergétique, à savoir l’énergie solaire, le stockage de l’électricité et l’accès aux matières premières, sa domination semble écrasante par rapport à la position de l’Europe. Malgré quelques revers récents, en raison de la prise de conscience tardive de l’Europe du risque de perdre le contrôle des éléments clés de son système électrique, la Chine a été en mesure de mettre en œuvre des éléments importants de la phase I du GEII, et se prépare donc à passer à la deuxième phase. Par conséquent, si l’UE veut maintenir son indépendance dans l’évolution de son système électrique, qui est une infrastructure stratégique majeure, elle doit mettre en place des processus de sauvegarde.
Cela pourrait prendre la forme de: 1) La supervision des acquisitions d’actifs par Entso-E (similaire à la FERC américaine) 2)  Un système d’actions avec droit de vote spécifiques au niveau des actionnaires européens de TSO 3) un  suivi très étroit du développement de futures interconnexions reliant l’UE au reste du monde.

L’objectif de la Russie : l’énergie nucléaire

Contrairement aux ambitions chinoises, la stratégie russe est beaucoup plus limitée, tant en termes de ressources que de géographie. La Russie utilise bien sûr les leviers pétroliers et surtout gaziers comme une priorité, ce qui implique un conflit frontal avec l’administration américaine sur le gaz, depuis l’émergence de l’énorme production américaine de gaz de schiste et le développement d’une importante capacité d’exportation de GNL. Dans le secteur de l’électricité, la Russie se concentre sur le nucléaire, une industrie de longue date et active. Le pays profite du retrait des entreprises américaines sur le sujet, des difficultés technologiques de la France et d’une discrétion chinoise qui n’est peut-être que temporaire.
L’Europe de l’Est, et en particulier le groupe de Visegrad, semble être le marché naturel de la Russie. Historiquement, la Russie a fourni à cette zone des technologies et du carburant VVER et maîtrise parfaitement les réseaux d’influence (le personnel de l’industrie et certains dirigeants politiques ayant été formés à Moscou). En outre, la Russie finance très activement, comme la Chine, des projets dans les marchés émergents. Cependant, les ressources financières de l’État russe ne sont pas aussi massives que celles de la Chine, et les projets ont déjà échoué faute de capitaux (en Slovaquie, en Ukraine, en Argentine). La Russie, quatrième producteur mondial d’électricité nucléaire, dispose d’un complexe industriel et d’un savoir-faire de pointe qui sont exportés à l’échelle internationale. L’industrie est sous la direction de Rosatom State Corporation, qui possède le plus grand portefeuille de projets internationaux dans le secteur ainsi qu’un modèle phare concurrentiel et est en train de diversifier son portefeuille.

Géographiquement, l’emprise nucléaire de la Russie est clairement exercée sur la quasi-totalité de l’Europe de l’Est et des régions voisines comme le Bélarus et la Turquie. Techniquement, cependant, cette prise est également basée sur des partenariats majeurs avec des Français acteurs du secteur. Il convient de noter qu’il n’y a pas de présence simultanée d’investissements chinois et russes dans aucun pays européen (voir la carte I).

En 2018, Rosatom a créé un fonds de capital-risque de 40 millions d’euros pour investir dans « l’intelligence artificielle, l’énergie renouvelable et intelligente, l’impression 3D, de nouveaux matériaux et dispositifs pour les villes intelligentes et économes en énergie ». Cela prouve que la Russie a probablement l’intention de développer d’autres champs d’influence autour de la question nucléaire, mais pour l’instant les moyens mis en œuvre semblent plutôt modestes.

En résumé, l’approche essentiellement nucléaire de la Russie complète très bien l’influence exercée par Gazprom sur l’ensemble de l’Europe de l’Est. Elle peut profiter de l’enthousiasme fort de ces pays pour cette énergie, qui représente une rupture stratégique potentielle avec l’Europe occidentale, qui se montre prudente, voire hostile, vis-à-vis de la production d’énergie nucléaire.

L’approche numérique américaine : les  GAFAM en ordre de bataille pour prendre une part du « marché »  de l’électricité

En Europe, le gouvernement américain est infiniment plus discret sur le thème de l’électricité que sur le gaz. Au cours des deux dernières années, le secrétaire d’État a souligné à plusieurs reprises l’importance d’avoir une politique énergétique indépendante, avec des remarques visant en particulier les États d’Europe de l’Est et l’influence de la Russie. Mais en dehors de cela, le champ électrique européen est largement laissé à l’initiative des acteurs privés américains, et en particulier les GAFAMs (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft).

Le mécanisme de base Le label « green » est devenu pour de nombreuses entreprises, en particulier les entreprises « tech », un problème d’image pour le grand public, et en particulier pour leur groupe cible de base, les jeunes générations. Ces entreprises se positionnent donc comme des acteurs de la transition énergétique, en mettant en avant leur responsabilité sociale. Au-delà de l’énergie « verte », la recherche de l’indépendance et de la sécurité des coûts à long terme est également une tendance majeure, qui se manifeste par la recherche de l’autoconsommation/autoproduction. Enfin, dans la plupart des cas, les contrats d’achat d’électricité (APC) offrent une garantie financière à long terme à l’investisseur du projet, qui peut ainsi se protéger contre les fluctuations réglementaires.

Le 28 mars 2019, plus de 300 entreprises américaines « orientées vers le vert », dont Google, General Motors, Citigroup, Walmart et Disney, ont transformé la REBA (Renewable Energy Buyers Alliance), une organisation à but non lucratif, en un groupe de pression à part entière pour faire avancer la cause du changement climatique et résoudre les nombreux problèmes auxquels ces entreprises sont confrontées dans leur course pour devenir « vertes ». Dans le cadre de ce processus, ces acteurs pourraient remodeler les marchés de l’énergie. L’objectif premier de REBA est d’accroître la capacité des entreprises à choisir l’électricité propre, ce qui signifie rechercher de meilleurs contrats, diffuser les meilleures pratiques et ouvrir les marchés de l’électricité à une plus grande concurrence. REBA vise à mettre en ligne 60 GW de nouvelles énergies vertes d’ici 2025. Le développement de l’APP « vert » doit donc être considéré comme une tendance sous-jacente irréversible, qui risque d’avoir un impact et de modifier profondément les marchés de l’électricité à long terme.

Commentaire : il faut donc s’attendre à de très fortes pressions des Gafa vers plus de libéralisation du marché de l’électricité…( pour autant que ce soit un marché…) or l’experience européenne de libéralisation est loin d’être un succès…. après celle encore plus catastrophique de la Californie

Concrètement, les GAGA se verdissent : la course vers le Nord de l’Europe

C’est dans ce contexte que les GAFAM commencent à influencer le fonctionnement du marché européen de l’électricité. Au niveau mondial, le GAFAM a assuré ses approvisionnements en Energie Renouvelables , en particulier l’énergie éolienne (à l’exception d’Apple, qui a opté pour l’énergie solaire), avec près de 5 GW de PPA négociés en 2017, et Google s’est fixé un objectif de 100% d’approvisionnement en ENR d’ici 2017 (avec 1,1 GW, ce qui en fait le premier acheteur américain). Cette approche est en train de devenir monnaie courante, avec de nombreux contrats de 20 ans (ou même 25 ou 30 ans pour la construction d’équipements). Au premier semestre 2018, 7,2 GW ont été signés, contre 5,4 GW signés pour l’ensemble de l’année 2017. L’Europe va dans cette direction avec 1,6 GW contre 1,1 GW en 2017. Si l’approche européenne reste dominée par les secteurs des métaux (aluminium, acier) et du papier, elle s’ouvre désormais aux laboratoires pharmaceutiques, biotechs, télécoms ou constructeurs automobiles (Mercedes), tandis que les sociétés de transport Français SNCF, RATP et ADP ont lancé leur première consultation.

Microsoft a été confronté au problème posé par la consommation de centres de données, qui sont estimés  représenter un tiers de la consommation d’énergie du secteur numérique. Sur la base d’une croissance annuelle de 7% dans le secteur d’ici 2030, il a décidé de mettre en œuvre une politique proactive en passant d’un approvisionnement de 50% d’énergie renouvelable en 2018 à 60% d’ici la fin de 2019 et à 70% d’ici 2030, également en utilisant l’IA pour rationaliser les processus internes. Pour atteindre ses objectifs, Microsoft s’appuie sur une taxe carbone interne de 15 dollars/t, créée en 2012, qui vise à rendre les divisions du groupe responsables de l’objectif et à mobiliser des financements. Ainsi, le 22 mai 2019, Microsoft a annoncé la conclusion d’un PPP avec Eneco, couvrant 90 MW des 731,5 MW des parcs éoliens néerlandais Borssele 3 et 4, pour fournir ses centres de données pendant 15 ans. Il s’agit du deuxième PPP de Microsoft aux Pays-Bas et du 14e au monde (1,5 GW). Les deux parcs devraient être terminés en 2021. Plus tôt en 2019, Microsoft a choisi la Suède comme lieu d’une série de centres de données « durables », qui seront alimentés à 100 % par des énergies renouvelables à partir de projets locaux.

De son côté, le 20 septembre 2019, Google a annoncé son intention d’investir 3 milliards d’euros en Europe dans de nouveaux centres de données d’ici 2021. La moitié de l’approvisionnement énergétique de ces centres sera assurée par 10 nouveaux projets d’énergie renouvelable, un projet offshore en Belgique, cinq projets solaires au Danemark, deux projets éoliens en Suède et deux projets éoliens en Finlande. Au total, Google a annoncé 18 nouveaux PPP totalisant 1,6 GW pour augmenter son approvisionnement en énergies renouvelables (solaire et éolienne) de plus de 40% à 5,5 GW. 

Dans ce contexte, le 30 septembre 2019, Google a annoncé qu’il avait contracté la totalité de la production du parc éolien onshore de Björkvattnet dans le cadre de sa stratégie d’approvisionnement. L’accord suédois a été négocié avec GE Renewable Energy, qui soutient les promoteurs du projet et fournit les turbines pour 175 MW, GE 5,3 MW Cypress modèles qui devraient être commercialement opérationnels en 2020. La sortie du site sera utilisée exclusivement par les centres de données régionaux de Google. Le directeur de l’exploitation de Google a déclaré que la société tente de développer la capacité renouvelable là où elle est utilisée. Les achats européens d’énergie éolienne et solaire par Google en Europe s’intègrent parfaitement à ses centres de données en Irlande, en Belgique, aux Pays-Bas, en Finlande et au Danemark. Les centres de données nécessitent d’énormes volumes d’énergie, dont une grande partie est utilisée pour le refroidissement. La Scandinavie est un grand gagnant sur le marché des centres de données avec de faibles températures ambiantes et une grande disponibilité des énergies renouvelables, ce qui est très attrayant pour Google, Microsoft et d’autres grands opérateurs

Amazon a rejoint Google en annonçant un engagement majeur le 17 septembre 2019, à savoir un plan visant à atteindre 100% d’énergie renouvelable d’ici 2030 et le carbone net zéro d’ici 2040. Facebook a également investi près d’un milliard de dollars dans deux centres de données à Luleå, en Suède, pour se préparer à leur approvisionnement en énergie renouvelable. Les perspectives d’augmentation de la demande des entreprises technologiques sont claires : Cisco estime la croissance annuelle moyenne des centres de données en Europe occidentale à 17 % de 2016 à 2021, principalement en Scandinavie. Et au-delà des entreprises technologiques, d’autres industries américaines s’impliquent : par exemple, le groupe d’aluminium Alcoa a signé plus de 800 MW d’APP en Norvège.

Risques à long terme : une forme de confiscation des ressources renouvelables européennes par les GAFAMs.

 Même si toutes ces opérations restent modestes en termes de capacité par rapport à la capacité totale du système énergétique européen, cette forme d'« OPA » pour des projets renouvelables développés en Europe est susceptible de créer, à long terme, un déséquilibre sur les marchés de gros, des problèmes de stabilité dans l’équilibre du système énergétique européen, et l’impossibilité pour les acteurs moins puissants d’accéder à ce type de ressources énergétiques. Nous pourrions voir une forme de confiscation des ressources renouvelables européennes par les GAFAMs. Ces pratiques pourraient donner lieu à un risque de surenchère économique, certains États membres cherchant à attirer les investisseurs américains en utilisant leurs avantages énergétiques au détriment d’autres.

Mais surtout, cela pourrait à terme peser sur la politique des États en matière d’électricité en influençant les décisions d’investissement des services publics, comme on peut déjà le voir aux États-Unis, où Google s’est invité dans les organes de décision de certaine Gestionnaires de Réseau régionaux. Et en fin de compte, la tâche des Gestionnaires de Réseau Européens pourrait être rendue plus complexe en concentrant certaines capacités de génération sur des consommateurs spécifiques.

Résumé: La Chine a massivement investi dans le secteur européen de l’électricité depuis les années 2000, dans le cadre de sa stratégie mondiale pour créer le premier réseau électrique mondial. La Chine investit dans de nombreuses technologies (photovoltaïque, éolienne, nucléaire, stockage, véhicules électriques, matières premières utilisées dans les technologies d’énergie renouvelable...) et son expertise technologique en a fait un acteur clé, qui jouera un rôle toujours plus important à l’avenir. La Russie se concentre sur sa puissance nucléaire, en particulier dans sa zone d’influence traditionnelle (Europe centrale et orientale).
Les investissements américains proviennent principalement du secteur privé, en particulier de ses entreprises technologiques les plus performantes, à la recherche d'opportunités d'investissement dans l'électricité «verte».
Cette note de synthèse est issue d'une analyse d'Enerdata, de l'Institut français des affaires internationales et stratégiques (IRIS) et de Cassini pour le ministère français de la Défense (rapport complet disponible here).