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dimanche 28 mars 2021

Retournement de l’opinion publique française en faveur du nucléaire-Sondage Odoxa_2021

 Référence : Sondage Odoxa, Baromètre de l’économie, mars 2021(http://www.odoxa.fr/sondage/retour-de-flamme-francais-faveur-nucleaire)

Re-Basculement de l’opinion publique en faveur du nucléaire : 59% pour !

 

Selon la version 2021 du  sondage, les Français soutiennent aujourd’hui la production d’énergie par les centrales nucléaires à 59%, et seulement 41% s’affirment contre. En 2017, 53% des sondés se disaient opposé au nucléaire.




La ventilation par opinion politique est intéressante et devrait titiller certains responsables politiques :

 

« Sur l’échiquier politique, les sympathisants de gauche se situent dans la moyenne, avec 60% des électeurs PS et 58% des électeurs La France Insoumise favorables au nucléaire ( !!!) A droite, c’est un plébiscite : les électeurs LR soutiennent le nucléaire à 84%, LREM à 69% et RN à 65%. Les électeurs écologistes, assez logiquement, ne sont que 34% à soutenir l’atome. »

 


Commentaire :

 

1) Grosse surprise pour LFI, et même pour le PS, ça devrait faire réfléchir quelques-uns de leurs dirigeants. Il est heureux au fond que le nucléaire ne soit pas si marqué politiquement que cela et encourageant de constater que le rationalité scientifique et technique l’emporte sur les considérations partisanes

 

2) Non , il ne me semble pas « logique » que les écologistes ne soutiennent pas l’énergie nucléaire, en raison de son intérêt dans la lutte contre le réchauffement climatique pour l’économie, mais aussi popur l’environnement ne général ( moindre consommation de matières premières, moindre impact territorial). Il faudra continuer à leur expliquer !

 

Cependant, le sondage Odoxa révèle aussi que le sujet reste assez clivant : «  Le nucléaire est aussi un sujet de clivage social et sociétal. Il fracture les sexes, les générations et les catégories socioprofessionnelles. Ainsi, alors que le nucléaire est plébiscité par les hommes (73% y sont favorables), les Français les plus âgés (71% auprès des plus de 65 ans) et les catégories supérieures (62%), cette production d’énergie suscite plus de circonspection auprès des femmes (54% y sont opposées), des jeunes (51% des 25-34 ans) et des catégories populaires (50%) »

 

Commentaire : un effort à faire auprès des femmes ( des initiatives existent déjà), et aussi des jeunes- alors là c’est assez inquiétant ; Il faut certainement essayer d’agir par les enseignants ; d’autres part, un espoir existe avec de nombreux et talentueux jeunes vidéastes  (youtubeurs  ) qui proposent une vulgarisation de qualité sur le nucléaire.

 

Le nucléaire et l’environnement : le nucléaire menace ou allié ?

 

Un Français sur 2 (50%) perçoit le nucléaire comme une menace pour l’environnement…mais presque autant (47%) le voit comme une opportunité…

L’impact du nucléaire sur l’environnement n’est pas forcément jugé négativement par nos concitoyens. Ceux-ci sont extrêmement partagés sur cette question. 50% des Français pensent que le nucléaire est plutôt une menace pour l’environnement « à cause de la question des déchets nucléaires et des risques d’accidents graves qu’il présente » et presque autant (47%) pensent que le nucléaire est plutôt une opportunité pour l’environnement car « c‘est la principale source d’énergie décarbonée et donc non polluante contrairement au charbon et au pétrole ».

On retrouve là encore des clivages importants : plus on est de gauche ou écologiste, et plus on est jeune, et plus o voit le nucléaire comme une menace ( 68% des écologistes et 64% des 18-24 ans) ; et plus on est de droite et âgé, et plus on voit le nucléaire comme une opportunité pour l’environnement (76% des partisans LR et et 63% des plus de 65 ans)

 

Commentaire : Un grand bon point : l’intérêt du nucléaire pour la décarbonation de l’énergie et la lutte contre le dérèglement climatique est de plus en plus connu et compris !

Mais, encore des efforts de pédagogie à faire, notamment sur les accidents (cf.Fukuhsimahttps://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/02/fukushima-10-ans-apres-bilan-et-lecons.html)  et sur les déchets nucléaires (NB l’enfouissement géologique profond fait maintenat unanimité chez les experts et les autorités de régulation cf https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/03/le-nucleaire-et-ses-dechets-3-en-avant.html, https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/09/le-probleme-des-dechets-ultimes-du.html)


Et la suite est encore plus intéressante !

 

La priorisation des objectifs : le climat, pas les ENR ni la baisse du nucléaire !

Sur les question énergétiques, la priorité des Français, ces dernières années, était plutôt au développement des énergies renouvelables. En ce début 2021, c’est la lutte contre le réchauffement climatique qui est devenue la source de préoccupation la plus partagée (51% des Français, contre 48% pour le développement des EnR et 33% par la diminution du coût de l’énergie).

Quant à la baisse du nucléaire dans la production d’électricité, il n’est un objectif que pour 13% des Français !

Commentaire : Bon,  alors on envoie aux orties la PPE, de toute façon complètement irréaliste ! (cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/03/perspective-de-la-demande-francaise.html)

On notera aussi qu’il semble exister une déconnection de plus en plus important entre la priorité « Sauvons le climat », désormais au premier plan et la priorité « développer les ENR », légèrement rétrogradée mais toujours très présente 

Alors on va continuer d’expliquer : Marjolaine Meynier Millefert, (LREM), rapporteur de la Commission d’enquête parlementaire sur les énergies renouvelables et la transition énergétique présidée par le député Julien Aubert (2019):

« Quand on a 80 % des gens qui vous disent que le développement des ENR électriques en France soutient la décarbonation et finalement la transition écologique en France, je pense que ce n’est pas bon non plus parce que le jour où les gens vont vraiment comprendre que cette transition énergétique ne sert pas la transition écologique vous aurez une réaction de rejet de ces politiques en disant vous nous avez menti en fait. »

A noter aussi la priorité « diminuer le coût de l’ énergie » qui reste affirmée par 1/3 des Français et augmente de 4% par rapport au précédent sondage  ; sauf que, avec la PPE, la question qui se pose sera plutôt : comment éviter une très forte hausse du prix de l’ énergie » ? 

Et là, on se dit que la réponse pourrait être différente et beaucoup plus vive…et que les politiques feraient bien d’y prêter attention.



Baromètre IRSN 2020 :

 

NB : il est intéressant de placer ce sondage en regard du baromètre IRSN 2020 (en fait 2019, donc avant le développement de la crise Covid..)

 

 

Le baromètre pour la première fois intégrait des questions sur la confiance en l’expertise (mai rappelons que c’était juste avant la crise Covid :

 

- Dans les sujets généraux, le dérèglement climatique arrivait en seconde position des préoccupations avec 17% de citations derrière la grande pauvreté et l’exclusion (20%) et juste devant le terrorisme et l’insécurité (15 et 14%)

 

- Dans les sujets environnementaux, Le dérèglement climatique » était en léger reculen 2019 (- 4 points). Il reste néanmoins, et de loin, la préoccupation environnementale la plus largement partagée par les Français avec 33 % de citations. Suivent « la disparition d’espèces animales » (16 %, stable par rapport à 2018) et les « dommages liés aux catastrophes naturelles » (13 %, + 5 points), qui passentde la 5ème à la 3ème position.

 

- Dans la perception du risque catastrophique des installations industrielles, les installations nucléaires demeurent à la première place avec 33%, devant le stockage des déchets radioactifs ( 20%), les installations chimiques (18%) et…les laboratoires de recherhe sur les virus (7%). Encore derrière, le transport des matières dangereuses (6%), les barrages (‘%°, la distribution de gaz naturel (4%)…

 

Commentaire : sur les virus, pas sûr que la réponse après Covid reste la même !

 

Accepteriez-vous de vivre près ?


Commentaire : les réponses sont à suivre, il y a de la pédagogie à faire, notamment sur les déchets radioactifs. Pas sûr que l’éoilien garde cette image relativement positive au fur et à mesure qu’il prolifère. Et la question est peut-être mal,posée : que signifie près ?

 

Energie nucléaire et autres sources 






Commentaire : de la pédagogie à faire, surtout sur les déchets !


A noter en faveur du  nucléaire, le fort impact de l’indépendance énergétique (81%) , du coût de l’électricité (62%) et de la création ou du maintien d’emploi en France (60.7%). Quant au gaz à effets de serre, la réponse était très confuse puisque un peu plus de Français (61%)  considéraient le nucléaire comme négatif sur ce point contre 57.9% positifs. Là-dessus, il semble que l’opinion ait évolué.


A nouveau, voire l’importance des déchets : ce qui se passe au tour de la taxonomie sur ce point est important aussi pour l’opinion publique ! 


Sur l’expertise scientifique : pas sûr que la réponse reste la même après la crise Covid !

 

« La confiance des Français dans la science et l’expertise se situe cette année encore à un niveau élevé. En réponse à une nouvelle question du Baromètre, plus de 70 % des Français déclarent faire confiance aux institutions scientifiques. Ils sont 65 % à avoir une bonne ou très bonne opinion des experts scientifiques (+ 7 points) et seulement 5 % à en avoir une mauvaise ou très mauvaise opinion. La qualité la plus attendue d’un expert reste « la compétence » (91 %), devant « l’honnêteté dans sa démarche scientifique » (87 %). Enfin, les Français souhaitent à une large majorité (76 %) un recours plus important des décideurs politiques aux experts.

Pour la première fois cette année, l’ASN, le CNRS et l’IRSN sont à la fois perçus comme les plus compétents et les plus crédibles dans le domaine. Les organismes scientifiques, les experts et les exploitants sont perçus comme compétents et crédibles, de même, dans une moindre mesure, que les associations écologistes et de consommateurs…. Les acteurs perçus comme les moins crédibles et moins compétents en la matière restent les syndicats, les journalistes mais surtout les acteurs politiques, au plan local comme national.

Commentaire : cependant, les déclarations d’hommes politiques favorables au nucléaire semblent rencontrer un certain écho et exercer une certaine influence.




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