1) Les scénarios
Rappel : RTE dans son travail de
prospective propose une hypothése centrale de consommation d’électricité à 645
TW.h ( basée sur 40% d’efficacité énergétique) et 6 scenarios :
Ces hypothèses ne sont pas sans poser quelques
problèmes :
cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/11/les-futurs-energetiques-2050-de-rte.html
Les scenarios M sans nouvelles
construction de réacteurs nucléaires
M0 (100%ENR), M2 (Scenario ENR diffus- essentiellement
photovoltaïque-13% nucléaire historique), M2 (grands parcs éoliens sur terre et
en mer et photovoltaïque -13% nucléaire historique)
Les scenarios N avec construction de nouveau nucléaire: N1 (6 EPR 2, une paire EPR tous les cinq ans à partir de 2035, 26% (28GW
) nucleaire -14 historique+12 nouveau), N2 (14 EPR2,une paire de nouveau
réacteurs tous les 3 ans à partir de 2035, 36% (39GW) nucléaire 14 historique,
22 nouveau), N03 : (14 EPR2 plus des SMR, 50% (51GW) nucléaire, 24
historique, 27 nouveau : s’écarte
des 14 fermetures prévues par la PPE, implique d’exploiter le plus longtemps
possible le parc existant, y compris pour 3à 5 centrales au-dessus de 60ans et construction
volontariste d’EPR et de SMR)
Règle du jeu : Tous les scenarios permettent la neutralité
carbone en 2050. Tous les scenarios sont censé garantir la sécurité
d’approvisionnement selon un modèle RTE heure par heure pendant 30 ans, et
tiennent compte des modifications climatiques.
2) Le coût : le scenario le plus nucléarisé est de loin le moins
coûteux
La LCOE ( Leverage cost of electricity) n’est pas
pertinente pour comparer les différents systèmes de production, car il faut
tenir compte des coûts systèmes . Les
scénarios comprenant un parc nucléaire de 40 GW au moins (N2 et N03) peuvent
conduire, à long terme, à des coûts plus bas pour la collectivité qu’un
scénario 100% renouvelable reposant sur de grands parcs. Cet effet apparaît d’autant plus marqué quand le parc
nucléaire est significatif.
Le coût du système électrique est actuellement de
45 milliards par an ; avec le scénario fortement nucléaire (50%), il
serait de 59 milliards d’euros par ans, et avec le scénario le plus ENR de 80
milliards, soit une différence de 20 milliards par an ( NB : ça fait plus
de 3 EPR par ans …si on pouvait les construire)
2a ) Même en simple comparaison des coûts de productions, la prolongation
du nucléaire existant est l’option la plus économique
Même en intégrant de manière rigoureuse la totalité des
investissements nécessaires à la poursuite de l’exploitation du nucléaire
existant au-delà de 40 ans et au changement des gros composants des centrales,
les coûts de production à engager se situeraient autour de 30 à 40 €/MWh en
coût de prolongation (hors remboursement et rémunération de l’investissement
initial), soit un niveau plus faible que celui de nouvelles installations
renouvelables à cet horizon (40-80 €/MWh).
Ceci fait de la poursuite de l’exploitation des réacteurs existants l’option
économique la plus compétitive à moyen terme, et ce dans toutes les
configurations étudiées
3) Le scénario le plus nucléarisé est celui qui assure la meilleure
sécurité d’approvisionnement sans avoir recours au thermique, avec le minimum
de besoin de réserves
Et la sécurité d’approvisionnement pour les ENR : ca sent fortement
le gaz ! : « Un
développement poussé des énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire
n’est pas concevable sans que des moyens de production pilotables n’existent en
complément…En France, le besoin sera d’autant plus fort que le parc
nucléaire est réduit. Il est massif dans les scénarios 100% renouvelables ou en
cas de faible relance du nucléaire : de l’ordre de 30 GW, soit plus de centrales thermiques que la France n’en a eu depuis
les années 1970 (aujourd’hui la France dispose de 16 centrales à gaz
fossile). Il peut en revanche être
écarté dans les scénarios de forte relance du nucléaire… »
« Dans
les scénarios sans nouveau nucléaire, le socle nécessaire de capacités
thermiques dépasse la taille du parc de CCG et TAC au gaz : plus de 20 GW de
centrales thermiques au méthane ou hydrogène en 2050 sont nécessaires, contre
un parc au gaz de l’ordre de 7 GW aujourd’hui. Il ne s’agit donc pas uniquement
de convertir les centrales actuelles, mais également d’en construire de
nouvelles…..Dans des scénarios sans relance du nucléaire, il
n’apparaît ainsi pas imaginable, même avec un fort volontarisme sur le
développement de la flexibilité de se passer de capacités thermiques pour
assurer la sécurité d’approvisionnement… la mutualisation des moyens thermiques de
«back-up» en Europe conduira la France à importer de l’électricité produite à
partir de centrales au gaz situées à l’étranger » (Chapitre 7.
P 291_299 »
3b) Le
scénario le plus nucléarisé n’exige pas d’hydrogène pour la production électrique
Rappelons les deux problèmes de l’hydrogène pour
la production d’électricité :
Les systèmes sans nucléaires ont un recours
important à l’hydrogène comme vecteur : «système hydrogène» (stockage et réseau)
compétitif et mutualisé… Cette
flexibilité n’est toutefois accessible que grâce à des infrastructures de stockage et de transport d’hydrogène dont la
disponibilité n’est aujourd’hui pas acquise. Le coût de ces solutions,
aujourd’hui soumis à une forte incertitude…
Le rendement power to gas to power est
catastrophique : c’est d’emblée deux tiers de perte
4) Artificialisation des sols/
occupation de l’espace : le scénario le plus nucléarisé est de loin ce lui
qui crée le moins de contraintes spatiales et préserve le mieux les paysages
Les analyses des «Futurs énergétiques 2050» confirment
une plus grande visibilité des infrastructures : les éoliennes pourraient
représenter entre 14000 et 35000 mâts, et les panneaux solaires entre 0,1% et
0,3% du territoire…. Les scénarios avec construction de nouveaux réacteurs nucléaires
conduisent à une moindre occupation de l’espace… mais tout de même 15 à 20000 mâts
pour le scénario le plus nucléarisé.
Dans
les différents scénarios à l’horizon 2050, les surfaces artificialisées sont
ainsi multipliées par 2 à 5 suivant les hypothèses associées au PV au sol et à
l’éolien tandis que les surfaces imperméabilisées augmentent de 50%.
Les scénarios à plus forte proportion en énergies
renouvelables sont ceux pour lesquels le flux d’artificialisation est le plus
important, tiré par le développement du photovoltaïque, de l’éolien et dans une
moindre mesure du réseau. Il atteint
jusqu’à environ 600 ha/an dans le scénario M0 contre moins de 250 ha/an pour le
scénario N03
Remarque : RTE est un poil de mauvaise foi. ! Parler de
l'artificialisation des sols, au surplus dans un sens ministériel très
restrictif (un panneau PV sur un châssis
à un m. du sol n'artificialise pas, 1 éolienne =1 pylône ?- sauf que il faudra
et les éoliennes, et les pylônes)) et non d'occupation de l'espace est assez
manipulatoire et malhonnête.
Parce que, rappelons-le, on ne lutte pas contre
les grandeurs physiques fondamentales...
4b) le scénario le plus nucléarisé est celui qui préserve aussi le mieux
les paysages et les activités littorales et maritimes
5) La décarbonation : le scénario le plus nucléarisé est celui qui
présente le moins de risque de ne pas atteindre les objectifs
Tous les scénarios RTE conduisent par construction à une situation décarbonée,
mais le scénario le plus nucléarisé est celui qui y parvient le mieux et
le plus sûrement :
« Dans les scénarios où la fermeture des réacteurs nucléaires
n’est pas compensée par de nouveaux, le maintien de la performance climatique
nécessite un strict respect des rythmes de développement des renouvelables (
rappelons-le plus intense que nulle part ailleurs en Europe) et implique un
remplacement du gaz fossile utilisé dans les centrales thermiques par du gaz
vert dès la décennie 2030-2040. Si ces
conditions ne sont pas respectées, les émissions de gaz à effet de serre du
système électrique augmenteront et rendront la neutralité carbone hors
d’atteinte »
Par ailleurs, RTE alerte sur ce qu’ils appellent un point
de vigilance majeure : substituer
du nucléaire par des ENR, ça ne marchera pas : un scénario de
«substitution» plutôt que «d’addition» entre énergies bas-carbone conduit à
faire augmenter les émissions. Seule une logique «additive» entre les énergies
bas-carbone permet au système électrique de pourvoir à court/moyen terme à des
besoins en augmentation.
6) Matériaux critiques : le
scénario le plus nucléarisé présente le moins de risques de dépendance
De nombreuses ressources nécessaires à la transition du système
énergétique (cuivre, lithium, cobalt, Aluminium, Silicium…) présentent des
enjeux de criticité réels, qui peuvent être de multiples natures et
spécifiques à chaque ressource : volume des réserves connues, monopole, conflit
d’usage et importance économique, substituabilité, impacts environnementaux
liés à leur extraction…
Ainsi, « la consommation de cuivre primaire d’ici 2050 s’élèverait
à plus de 80% des ressources connues en 2019 soit
un niveau susceptible de compliquer fortement l’approvisionnement en
cuivre ».
Rappelons que le nucléaire est respectivement 20, 2 000 et 100
fois plus économe en cuivre que l’éolien terrestre, l’éolien maritime et le
solaire PV, rapporté à l’énergie produite sur le cycle de vie de l’installation
(source IRENA-2019 et JRC-2020)
7) Le scenario le plus nucléarisé est le plus économe en puissance
perdue (écrêtement, conversion)
En effet, l’énergie électrique perdue dans les
écrêtements et les pertes de conversion augmente sensiblement dans les
scénarios avec une forte pénétration des EnR
8) Le
scénario le,plus nucléarisé est celui qui exige le moins de nouvelles lignes à
haute tension
ce qui présente un énorme avantage pour le coût, pour les paysages, pour l’acceptabilité
Un
prix Nobel du Climat pour le nucléaire ?
La forte
performance du parc français actuel sous l’angle des émissions est une réalité
indéniable. L’Allemagne émet ainsi sept fois plus pour produire son électricité
malgré un fort développement des renouvelables au cours des dernières années
pour sortir du nucléaire, le Royaume-Uni émet deux fois plus et l’Italie
presque trois fois plus.
Et cette performance est à replacer dans le temps. Ca en
fait des tonnes de carbone évitées !
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