1) Le cadre de l’étude prospective et les scénarios
Cela fait plus de 2 ans que RTE prépare sa
publication « Futurs énergétiques 2050 » sur l’évolution du système électrique
de la France. Alors que les études prospectives du gestionnaire de réseau ont
classiquement « une échéance de 10 à 15 ans », cette étude a « un horizon de 30
ans » et elle intègre les scénarios du GIEC, souligne Xavier Piechaczyk,
Président du Directoire de RTE. Ce travail de prospective a été construit en
suivant « une démarche inédite en matière de concertation », impliquant près de
120 organisations : tous les paramètres de l’étude ont été discutés en
cherchant les meilleurs compromis possibles sur différentes hypothèses. Une
consultation publique sur ces scénarios a reçu près de 4 000 réponses.
Remarque 1) : C’est beaucoup de travail, et, à côté
de la conférence de presse et du résumé que je commente seuls ici, 600 pages de
données intéressantes. Ceci dit, sur la concertation : « nous
avons travaillé de manière très étroite, main dans la main avec Negawatt, avec
l'Ademe »
Eh ben, ça se voit... Et si beaucoup ont été
conviés, tous n’ont pas été écoutés au même niveau. « Un consensus était
recherché ». Ça se voit aussi. Sauf que parfois, entre Negawatt et PNC,
moyenner n'a aucun sens, il faut choisir…
Et RTE n’a pas
le monopole de la prospective, laquelle est un art délicat. La CRE a
aussi ses Comités de Prospective, EDF et les producteurs en général ; un
peu de modestie et rappeler les performances
des précédents dans le domaine n’aurait pas été inutile…
Voici donc les hypothèses de départ sur la consommation
électrique et sa répartition:
Le scénario de référence est à 645 TWh soit 36% de plus que 2019. L’électricité
représentera alors 55% de la consommation énergétique.
RTE a également étudié deux variantes qui
pourront faire l’objet d’études ultérieures
: une variante sobriété à 555 TWh et une variante réindustrialisation forte (
12-13% du PIB en 2050) à 752 TW.h
L’hypothèse
de référence à 645 TWh suppose 40% d’efficacité énergétique. Lors de la
conférence de presse, il a été beaucoup insisté sur le concept de sobriété
énergétique et c’est l’un des messages martelés par RTE : Agir sur la consommation grâce à l’efficacité,
voire la sobriété, est indispensable.
Remarque 2) : Là c’est quand même le dur du dur…parce que tout
le reste en dépend. Alors l’hypothèse de référence à 645 TWh (36%
d’augmentation), elle est quand même sérieusement discutable. On est encore loin des projections de l'Académie des Sciences
et de l'Académie des Technologies qui prévoient 700-900 Twh. Et loin de
certaines estimations des RTE étrangers... La Grande-Bretagne et les Pays-Bas,
neutres idéologiquement proposent des augmentations 100%, IAE 100%, les USA 170 % (110% avec
sobriété importante. Pas 35% !
Remarque 3) : RTE ne
questionne pas les 40% d'efficacité énergétique de la SNBC. Efficacité ou
sobriété à la Negawatt ? Parce qu’il faudra expliquer comment on fait. Le grand
défi c’est le chauffage, et là, on le sait très très bien, c’est la grande
foire à n’importe quoi. " Elle implique une inflexion très significative du rythme
de rénovation dans le secteur résidentiel. De l’ordre de 400000 par an
aujourd’hui, l’ambition est de porter ce rythme à près de 700000 par an en
moyenne autour de 2030 et à plus de 800000 par an à partir de 2040. Un échec de
la politique de rénovation des bâtiments aurait une influence haussière sur la
consommation à hauteur d’une vingtaine de térawattheures »
Rythme de croisière de 700 000 ou 800 000
opérations de rénovation efficaces par an, contre 400 000 en rythme
tendanciel". Euh, rénovation, ça va
être déjà dur, alors efficace en
plus !, Ca se fera pas en rajoutant un peu de laine de verre ici et là et,
à quel coût ? Les normes BBC à 50 kWh/m2/an en énergie primaire pour la
moyenne du parc immobilier, soit environ 5 fois moins que pour le parc actuel ?
On y arrive déjà pas pour le neuf, alors pour les rénovations !
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/12/la-renovation-energetique-est-mal.html
A partir de l’hypothèse centrale, RTE a proposé 6 scénarios :
Les scenarios M sans nouvelles
construction de réacteurs nucléaires
M0 (100%ENR), M2 (Scenario ENR diffus- essentiellement
photovoltaïque-13% nucléaire historique), M2 (grands parcs éoliens sur terre et
en mer et photovoltaïque -13% nucléaire historique)
Les scenarios N avec construction de nouveau nucléaire: N1 (6 EPR 2, une paire EPR tous les cinq ans à partir de 2035, 26% (28GW
) nucleaire -14 historique+12 nouveau), N2 (14 EPR2,une paire de nouveau
réacteurs tous les 3 ans à partir de 2035, 36% (39GW) nucléaire 14 historique,
22 nouveau), N03 : (14 EPR2 plus des SMR, 50% (51GW) nucléaire, 24
historique, 27 nouveau : s’écarte
des 14 fermetures prévues par la PPE, implique d’exploiter le plus longtemps
possible le parc existant, y compris pour 3à 5 centrales au-dessus de 60ans et construction
volontariste d’EPR et de SMR)
Règle du jeu : Tous les scenarios permettent la neutralité
carbone en 2050. Tous les scenarios garantissent la sécurité
d’approvisionnement selon un modèle RTE heure par heure pendant 30 ans, et
tiennent compte des modifications climatiques.
Remarque 3) La neutralité carbone, c’est le postulat de
départ. Pour la sécurité, elle est obtenue dans les scénarios sans construction
de nouveau nucléaire par un effort énorme de flexibilité et de
ressources comme le biogaz et
l’hydrogène, d’interconnections. RTE semble bien sûr de lui, ce n’est pas
l’avis de France Stratégie, ni de la Cour Fédérale Allemande qui insistent les
risques sur une baisse trop importante des pilotables dans toute l’Europe…Car
les interconnexions, si votre voisin est
aussi dépourvu que vous, ça le fait pas.
Note de France
Stratégie :
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/02/note-de-france-strategie-quelle.html
Et une remarque de RTE fait un peu frémir par sa légèreté : « Plus le système est interconnecté, moins le besoin de flexibilité
à garantir dans chaque zone qui le compose est important : cette réalité
technique a permis d’améliorer fortement l’efficacité du système électrique en
France au XXe siècle, et peut être renforcée à l’échelle européenne au cours
des prochaines années au bénéfice des consommateurs français. »(p.34)
Ben oui, mais à l’époque il s’agissait de production pilotable, pas
variable et intermittente !
Par contre, on notera, dans la partie européenne du
rapport : « la superposition
des stratégies définies au niveau national ne garantit pas la construction d’un
système où la sécurité d’approvisionnement est assurée et où les coûts sont
optimisés. » (Chap6, p.232)
Principaux messages :
- La consommation d’énergie va baisser mais celle
d’électricité va augmenter pour se substituer aux énergies fossiles ; (NB de 473
TWh en 2019 à 645 TWh en 2050, soit 36 % de plus que 2019)
- Accélérer la réindustrialisation du pays, en
électrifiant les procédés, augmente la consommation d’électricité mais réduit
l’empreinte carbone de la France ;
- Atteindre la neutralité carbone est impossible
sans un développement significatif des énergies renouvelables ;
- Se
passer de nouveaux réacteurs nucléaires impliquerait des rythmes de développement
des énergies renouvelables plus rapides que ceux des pays européens les plus
dynamiques, et pour le solaire, et pour l’éolien
Ainsi, pour le scenario MO, RTE note :
« Il ne peut
exister aucune ambiguïté sur le caractère très ambitieux de tels rythmes, qui
dépassent les meilleures performances européennes en la matière, et qui
semblent aujourd’hui difficilement atteignables au vu des
rythmes constatés et projetés et des difficultés d’acceptabilité des nouveaux
projets. La faisabilité technique de M0 est en outre conditionnée aux
différentes conditions listées dans le rapport publié conjointement par RTE et
l’Agence internationale de l’énergie en janvier 2021 »
- Même le scenario N1 (26% nucléaire doit être
considéré à fort pourcentage d’ENR
- Même le scénario N3 (51% nucléaire) comprend un
fort socle d’électricité renouvelable : 70 GW solaire, 40GW éolien à terre
(soit 3 fois plus de mats qu’aujourd’hui) et 22 GW éolien off shore
- Pour les scenario nucléaires, « 50GW, ce n’est pas une limitation
technique, ce n’est pas gravé dans le marbre, c’est juste la photographie à
date de ce qui représente déjà un véritable défi industriel »
Dans le corps du document RTE précise : « Cette
projection pourra être amenée à évoluer avec le temps : sans réinvestissement
dans la filière, sa capacité projetée à long terme continuera de diminuer,
tandis qu’une décision rapide de relance
pourrait conduire, ultérieurement, à revoir à la hausse ses perspectives »(Chap
4 p.112)
- Pour l’aval du cycle du nucléaire, les hypothèses
les moins favorables ont été retenues par précaution
- La fermeture de 14 réacteurs prévue par la PPE
n’a pas fait l’objet d’un consensus et
n’est d’ailleurs pas maintenue dans le scenario N03 à 50 GW. Les
réacteurs sont fermés plus lentement, tous ceux qui peuvent être prolongés sont
amenés à 50-60 ans, et certains au-delà (nécessite l’accord de l’autorité de
sureté)
-« Une sortie (très) rapide du nucléaire est incompatible avec le
respect des trajectoires climatiques de la France et/ou le maintien de la
sécurité d’approvisionnement à court terme…Même
avec un préavis de dix ou quinze ans,
ce scénario pose un problème évident de bouclage énergétique.
À moyen terme, un moratoire sur les énergies renouvelables combiné à un maintien de
toute la capacité nucléaire existante ne constituerait donc pas une inquiétude
immédiate pour l’approvisionnement électrique de la France, même avec le
développement des nouveaux usages électriques.(Chap5p.180-183)
En revanche, dans une telle configuration, à
l’horizon 2030, le solde exportateur de la France diminuerait fortement jusqu’à
s’annuler dès que les nouveaux usages électriques se seront suffisamment
développés »
Remarque 4) 50GW de nucléaire, donc 50% de nucléaire
(scenarioN3) est une estimation « à date » de la filière, c’est un
rythme de construction bien inférieur à ce qu’était le plan Messmer (cela
représente 28GW dans 30 ans alors que la France a ouvert 40GW en 10 ans dans
les années 80). Avec des prolongations à 80 ans pour Sauvons Le Climat, 67 -70
GW demeurent atteignables. Pour la SFEN, l’idée est de commencer immédiatement
la construction de 6 EPR, de voir ainsi à quel rythme on peut réapprendre à
marcher, avant de se mettre éventuellement à courir et à construire des EPR2 à
un rythme plus élevé qui permettrait de dépasser mes 50% de nucléaire en 2050. Quel
était le rythme de construction « à date » des réacteurs nucléaires
en 1973 ? Que donnerait une mobilisation totale sur le mode du plan
Messmer (54 tranches de 1977à 1990), à l’échelle européenne- du moins des
Européens (assez nombreux) qui veulent du nucléaire ?
2) Etude
économique et faisabilité
- Message martelé plusieurs fois lors de la
conférence : la LCOE ( Leverage
cost of electricity) n’est pas pertinente pour comparer les différents systèmes
de production, car il faut tenir compte des coûts systèmes
- Les scénarios comprenant un parc nucléaire de
40 GW au moins (N2 et N03) peuvent conduire, à long terme, à des coûts plus bas
pour la collectivité qu’un scénario 100% renouvelable reposant sur de grands
parcs.
- Cet effet apparaît d’autant plus marqué quand le parc
nucléaire est significatif (40 GW dans N2) de sorte à éviter les coûts associés
à une boucle «power-to-gas-to-power» en France et aux renforcements massifs des
réseaux.
Ainsi
le coût du système électrique est actuellement de 45 milliards par an ;
avec le scénario fortement nucléaire (50%), il serait de 59 milliards d’euros
par ans, et avec le scénario le plus ENR de 80 milliards, soit une différence
de 20 milliards par an ( NB : ça fait plus de 3 EPR par ans …si
on pouvait les construire)
RTE insiste sur le fait que rapporté au MWh,
l’augmentation serait très supportable (de l’ordre de 15%)
Pour le démantèlement, le retraitement et le stockage des
déchets nucléaires, « RTE a pris systématiquement les hypothèses les plus hautes,
selon un principe de prudence »
Et les écarts entre scénarios se creusent progressivement à partir de la décennie 2040-2050…À partir de l’horizon 2040-2050, les besoins d’adaptation du réseau et de développement des nouvelles flexibilités se font plus importants dans les scénarios avec une forte part d’énergies renouvelables et creusent ainsi les écarts de coûts.
- Renforcer les interconnexions entre la France et ses
voisins représente un fort levier d’économie qui implique un degré
d’interdépendance entre partenaires européens..
- Un développement
poussé des énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire n’est pas
concevable sans que des moyens de production pilotables n’existent en complément…En
France, le besoin sera d’autant plus fort que le parc nucléaire est réduit. Il
est massif dans les scénarios 100% renouvelables ou en cas de faible relance du
nucléaire : de l’ordre de 30 GW, soit
plus de centrales thermiques que la France n’en a eu depuis les années 1970 (aujourd’hui
la France dispose de 16 centrales à gaz fossile). Il peut en revanche être écarté dans les scénarios de forte relance
du nucléaire dans le cas où l’interconnexion avec le système électrique
européen est importante et fluide.
« Dans le scénario « M0 » sans nucléaire en 2050, RTE estime par
exemple que le système électrique devrait, pour pallier la variabilité des
filières renouvelables, pouvoir entre autres s’appuyer sur 26 GW de capacités
de stockage par batterie, de 15 GW de demande « pilotable », de 1,1 million de
véhicules électriques pouvant restituer de l’électricité sur le réseau
(vehicle-to-grid) et de 29 GW de nouvelles centrales thermiques « décarbonées »
(alimentées par de l’hydrogène « vert » ou par d'autres gaz « renouvelables »
Et ces moyens pilotables sentent fortement le
gaz :
« Dans les scénarios sans nouveau nucléaire, le socle nécessaire de capacités
thermiques dépasse la taille du parc de CCG et TAC au gaz : plus de 20 GW de
centrales thermiques au méthane ou hydrogène en 2050 sont nécessaires, contre
un parc au gaz de l’ordre de 7 GW aujourd’hui. Il ne s’agit donc pas uniquement
de convertir les centrales actuelles, mais également d’en construire de
nouvelles…..Dans des scénarios sans relance du nucléaire, il
n’apparaît ainsi pas imaginable, même avec un fort volontarisme sur le
développement de la flexibilité de se passer de capacités thermiques pour
assurer la sécurité d’approvisionnement… la mutualisation des moyens thermiques de
«back-up» en Europe conduira la France à importer de l’électricité produite à
partir de centrales au gaz situées à l’étranger » (Chapitre 7.
P 291_299)
Remarque 5) : Sur l’hydrogène, RTE semble très très optimiste,
et ce n‘est pas vraiment en ligne avec le Comité de Prospective de la CRE qui
se montre très dubitatif sur les
possibilités massives d’une
utilisation autre qu’industrielle et localisée avec de grands réseaux.
Quiconque sait comment fonctionne un compresseur à hydrogène, la volatilité et
l‘explosivité de ce gaz, se souvient du Hindenburg et de quelques accidents
récents en Corée ou en Norvège a aussi des doutes. Préférez-vous vivre à proximité
d’installations nucléaires oud’usines d’hydrogène ?
Reste aussi
l’équation thermodynamique :
le stockage hydrogène c’est d’emblée deux tiers de perte !
Et l’équation économique : produire de
l’hydrogène à partir d’électricité pour le brûler, ou pire, le retransformer en
électricité, c’est brûler des sacs Vuitton dans un poêle (Samuel Furfari)
Bref, tout ça a toutes les chances de se
transformer en gaz bien carboné, si Poutine veut bien, à la mode allemande
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/07/comite-de-prospective-de-la-cre-le.html
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/09/les-enjeux-de-lhydrogene-le-rapport-de.html
- « Les
scénarios à très hautes parts d’énergies renouvelables, ou celui nécessitant la
prolongation des réacteurs nucléaires existants au-delà de 60 ans, impliquent
des paris technologiques lourds pour être au rendez-vous de la neutralité
carbone en 2050 »
Les prérequis technologiques associés aux
scénarios à forte proportion en renouvelables ont été explicités dans le
rapport commun publié par RT et l’Agence internationale de l’énergie : (1)
l’arrivée à maturité de solutions technologiques permettant de maintenir la
stabilité du système électrique sans production conventionnelle : 2) le déploiement à grande échelle des
flexibilités : flexibilité de la demande, les capacités d’effacement, le
pilotage « intelligent » de la consommation…(3)
la maîtrise des enjeux de développement des réserves techniques (« Bien
que le dimensionnement des réserves opérationnelles et la responsabilité
d’équilibre soient des enjeux bien identifiés dans le débat actuel sur
l’architecture de marché, ce point n'a pas suscité une forte attention dans le
cadre des travaux prospectifs sur les scénarios de long terme. Ainsi, l’effet
de l'éolien et du photovoltaïque sur les réserves opérationnelles n'est
généralement pas pris en compte dans les publications académiques sur le
déploiement à grande échelle des EnR « ) (4) une mise à niveau des
réseaux électriques nationaux.
Les
validations techniques à apporter pour atteindre cette cible demeurent
importantes et nécessitent un effort de R&D conséquent et soutenu.
Soyons
clair aucune
des quatre conditions essentielles identifiées par RTE n’a de solution autre
que fortement hypothétique (sauf peut-être la 4ème) !
Remarque
6) Alors là, c’est un peu culotté de mettre sur le même
plan les défis scientifiques fondamentaux des scénarios 100% ENR que les défis
techniques et opérationnels des EPR et des SMR (certes, ce sont de beaux défis
industriels)...qui existent déjà et ne posent aucun défi scientifique
fondamental. Pas besoin d’inventer de nouvelle science !
Pour plus de précisons,
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/02/rapport-iearte-conditions-et-prerequis.html
- La
transformation du système électrique doit intégrer dès à présent les
conséquences probables du changement climatique,
Les centrales nucléaires existantes situées en
bord de fleuve seront plus régulièrement affectées par des périodes de forte
chaleur et de sécheresse… La sensibilité des nouveaux réacteurs nucléaires à
ces aléas climatiques pourra être minimisée en privilégiant certains sites (en
bord de mer ou en bord de fleuve faiblement contraints en matière de débits et
de température seuil) et grâce aux aéroréfrigérants imposés pour les futures
centrales en bord de fleuve.
La nature
du risque évoluera avec des périodes de tension qui interviendront
principalement lors de périodes combinant températures faibles et absence de
vent (alors qu’elles étaient par le passé réduites aux situations de froid
extrême). Ces périodes froides et sans vent, qui suscitent beaucoup de
questions dans le débat public sur le mix électrique, induisent ainsi des
besoins de capacités pilotables très significatifs dans les scénarios à haute
part en énergies renouvelables (plusieurs dizaines de gigawatts). Seules de
telles capacités permettront de passer ce type de situations.
L’augmentation des situations de sécheresse à la
fin de l’été et à l’automne pourra également conduire à des périodes de tension…
3)
Problématiques environnementales
« Le développement des énergies renouvelables soulève un enjeu d’occupation de l’espace et de limitation des usages. Il peut s’intensifier sans exercer de pression excessive sur l’artificialisation des sols, mais doit se poursuivre dans chaque territoire en s’attachant à la préservation du cadre de vie… Les énergies renouvelables ne conduisent pas, de manière générale, à une forte imperméabilisation et artificialisation des surfaces »
Oui, bon, mais voyons d'un peu plus près...
Les analyses des «Futurs énergétiques 2050» confirment
une plus grande visibilité des infrastructures : les éoliennes pourraient
représenter entre 14000 et 35000 mâts, et les panneaux solaires entre 0,1% et
0,3% du territoire…. Les scénarios avec construction de nouveaux réacteurs nucléaires
conduisent à une moindre occupation de l’espace… mais tout de même 15 à 20000 mâts
pour le scénario le plus nucléarisé.
Dans
les différents scénarios à l’horizon 2050, les surfaces artificialisées sont
ainsi multipliées par 2 à 5 suivant les hypothèses associées au PV au sol et à
l’éolien tandis que les surfaces imperméabilisées augmentent de 50%.
Les scénarios à plus forte proportion en énergies renouvelables sont ceux pour lesquels le flux d’artificialisation est le plus important, tiré par le développement du photovoltaïque, de l’éolien et dans une moindre mesure du réseau. Il atteint jusqu’à environ 600 ha/an dans le scénario M0 contre moins de 250 ha/an pour le scénario N03
Remarque 7 : là aussi, c’est culotté ! Parler de
l'artificialisation des sols, au surplus dans un sens ministériel très
restrictif (un panneau PV sur un chassis
à un m. du sol n'artificialise pas, 1 éolienne =1 pylône ?- sauf que il faudra
et les éoliennes, et les pylones)) et non d'occupation de l'espace est assez
manipulatoire et malhonnète.
Parce que, rappelons-le, on ne lutte pas contre
les grandeurs physiques fondamentales
-
Développer les renouvelables électriques dégage un
bénéfice climatique même si l’électricité française est déjà décarbonée à 93%
aujourd’hui.
La forte performance du parc français actuel sous l’angle
des émissions est une réalité indéniable. L’Allemagne émet ainsi sept fois plus
pour produire son électricité malgré un fort développement des renouvelables au
cours des dernières années pour sortir du nucléaire, le Royaume-Uni émet deux
fois plus et l’Italie presque trois fois plus.
Remarque
8) Et cette performance est à replacer dans le temps. Ca en
fait des tonnes de carbone évités !
RTE n’a cessé de marteler le message : l’ajout d’ENR
dans le mixte ne dégradera pas la décarbonation de l’électricité… Oui mais,
lisons plus loin : « poursuivre
le développement de l’éolien et du solaire conduit bien à réduire les émissions
si ces capacités s’ajoutent aux centrales nucléaires existantes »
Et
sinon ? « Dans les scénarios où la fermeture des réacteurs nucléaires
n’est pas compensée par de nouveaux, le maintien de la performance climatique
nécessite un strict respect des rythmes de développement des renouvelables (
rappelons-le plus intense que nulle part ailleurs en Europe) et implique un
remplacement du gaz fossile utilisé dans les centrales thermiques par du gaz
vert dès la décennie 2030-2040. Si ces
conditions ne sont pas respectées, les émissions de gaz à effet de serre du
système électrique augmenteront et rendront la neutralité carbone hors
d’atteinte »
Et oh surprise, finalement, le système le plus décarboné
est le plus nucléarisé :
- L’économie de la transition énergétique peut générer des tensions sur
l’approvisionnement en ressources minérales, particulièrement pour certains
métaux, qu’il sera nécessaire d’anticiper. (NB. RTE dans sa conférence a
surtout à juste titre insisté sur le
cuivre..que se disputent à peu près toutes les composantes de la transition
énergétique)
De nombreuses ressources nécessaires à la transition du système
énergétique (cuivre, lithium, cobalt, Aluminium, Silicium…) présentent des
enjeux de criticité réels, qui peuvent être de multiples natures et
spécifiques à chaque ressource : volume des réserves connues, monopole, conflit
d’usage et importance économique, substituabilité, impacts environnementaux
liés à leur extraction…
Ainsi, « la consommation de cuivre primaire d’ici 2050 s’élèverait
à plus de 80% des ressources connues en 2019 soit
un niveau susceptible de compliquer fortement l’approvisionnement en
cuivre ».
Rappelons que le nucléaire est respectivement 20, 2 000 et 1 00
fois plus économe en cuivre que l’éolien terrestre, l’éolien maritime et le
solaire PV, rapporté à l’énergie produite sur le cycle de vie de l’installation
(source IRENA-2019 et JRC-2020).
Ou
« Le scénario de référence décrit dans les «Futurs énergétiques 2050» prévoit une demande cumulée en lithium d’environ 1 million de tonnes sur les trente prochaines années pour électrifier 95% du parc de véhicules légers en France et décarboner les transports. Cette demande représente de l’ordre de 5% des réserves mondiales connues de lithium, pour les seuls besoins associés aux véhicules électriques français »
La croissance des besoins en métaux spécifiques
pour les batteries, notamment des véhicules électriques, constitue un point de vigilance réel. Des actions spécifiques
visant à limiter ces besoins de ressources critiques seront donc nécessaires
dans tous les cas : sobriété dans le secteur des transports (réduction du
nombre de véhicules, limitation de la taille des batteries, développement de
nouvelles générations de batteries avec un recours plus limité aux métaux
comme le cobalt, etc.
Remarque 8 : Oui, l’Ademe l’a déjà bien traité
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/06/le-photovoltaique-choix-technologiques.html ; https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/01/les-reseaux-electriques-choix.html
- « Quel que soit le scénario choisi, il y a urgence à se mobiliser… »
Comme le disait le Président de l’Autorité de Sureté : le nucléaire a besoin de prises de décisions. Les EPR2, c’est maintenant qu’il faut les lancer. » Sans réinvestissement dans la filière, sa capacité projetée à long terme continuera de diminuer, tandis qu’une décision rapide de relance pourrait conduire, ultérieurement, à revoir à la hausse ses perspectives » (Chap 4 p.112)
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