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mardi 2 novembre 2021

Les « Futurs énergétiques 2050 » de RTE : conférence de presse (25 oct 2021) et rapport (600pages)

1)  Le cadre de l’étude prospective et les scénarios

Cela fait plus de 2 ans que RTE prépare sa publication « Futurs énergétiques 2050 » sur l’évolution du système électrique de la France. Alors que les études prospectives du gestionnaire de réseau ont classiquement « une échéance de 10 à 15 ans », cette étude a « un horizon de 30 ans » et elle intègre les scénarios du GIEC, souligne Xavier Piechaczyk, Président du Directoire de RTE. Ce travail de prospective a été construit en suivant « une démarche inédite en matière de concertation », impliquant près de 120 organisations : tous les paramètres de l’étude ont été discutés en cherchant les meilleurs compromis possibles sur différentes hypothèses. Une consultation publique sur ces scénarios a reçu près de 4 000 réponses.

 

Remarque 1) : C’est beaucoup de travail, et, à côté de la conférence de presse et du résumé que je commente seuls ici, 600 pages de données intéressantes. Ceci dit, sur la concertation : « nous avons travaillé de manière très étroite, main dans la main avec Negawatt, avec l'Ademe »

Eh ben, ça se voit... Et si beaucoup ont été conviés, tous n’ont pas été écoutés au même niveau. « Un consensus était recherché ». Ça se voit aussi. Sauf que parfois, entre Negawatt et PNC, moyenner n'a aucun sens, il faut choisir…

Et RTE n’a pas  le monopole de la prospective, laquelle est un art délicat. La CRE a aussi ses Comités de Prospective, EDF et les producteurs en général ; un peu de modestie et rappeler les performances  des précédents dans le domaine n’aurait pas été inutile…

 

Voici donc les hypothèses de départ sur la consommation électrique et sa répartition:

Le scénario de référence est à 645 TWh soit 36% de plus que 2019. L’électricité représentera alors 55% de la consommation énergétique.




RTE a également étudié deux variantes qui pourront faire l’objet d’études ultérieures : une variante sobriété à 555 TWh et une variante réindustrialisation forte ( 12-13% du PIB en 2050) à 752 TW.h



L’hypothèse  de référence à 645 TWh suppose 40% d’efficacité énergétique. Lors de la conférence de presse, il a été beaucoup insisté sur le concept de sobriété énergétique et c’est l’un des messages martelés par RTE : Agir sur la consommation grâce à l’efficacité, voire la sobriété, est indispensable.

 

Remarque 2) : Là c’est quand même le dur du dur…parce que tout le reste en dépend. Alors l’hypothèse de référence à 645 TWh (36% d’augmentation), elle est quand même sérieusement discutable. On est encore  loin des projections de l'Académie des Sciences et de l'Académie des Technologies qui prévoient 700-900 Twh. Et loin de certaines estimations des RTE étrangers... La Grande-Bretagne et les Pays-Bas, neutres idéologiquement proposent des augmentations  100%, IAE 100%, les USA 170 % (110% avec sobriété importante. Pas 35% !


Remarque 3) :  RTE ne questionne pas les 40% d'efficacité énergétique de la SNBC. Efficacité ou sobriété à la Negawatt ? Parce qu’il faudra expliquer comment on fait. Le grand défi c’est le chauffage, et là, on le sait très très bien, c’est la grande foire à n’importe quoi. " Elle implique une inflexion très significative du rythme de rénovation dans le secteur résidentiel. De l’ordre de 400000 par an aujourd’hui, l’ambition est de porter ce rythme à près de 700000 par an en moyenne autour de 2030 et à plus de 800000 par an à partir de 2040. Un échec de la politique de rénovation des bâtiments aurait une influence haussière sur la consommation à hauteur d’une vingtaine de térawattheures »

Rythme de croisière de 700 000 ou 800 000 opérations de rénovation efficaces par an, contre 400 000 en rythme tendanciel".  Euh, rénovation, ça va  être déjà dur, alors efficace en plus !, Ca se fera pas en rajoutant un peu de laine de verre ici et là et, à quel coût ? Les normes BBC à 50 kWh/m2/an en énergie primaire pour la moyenne du parc immobilier, soit environ 5 fois moins que pour le parc actuel ? On y arrive déjà pas pour le neuf, alors pour les rénovations !

 

 https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/12/la-renovation-energetique-est-mal.html


A partir de l’hypothèse centrale, RTE a proposé 6 scénarios :

 

Les scenarios M sans nouvelles  construction de réacteurs nucléaires  M0 (100%ENR), M2 (Scenario ENR diffus- essentiellement photovoltaïque-13% nucléaire historique), M2 (grands parcs éoliens sur terre et en mer et photovoltaïque -13% nucléaire historique)

 

Les scenarios N avec construction de nouveau  nucléaire: N1 (6 EPR 2, une paire EPR  tous les cinq ans à partir de 2035, 26% (28GW ) nucleaire -14 historique+12 nouveau), N2 (14 EPR2,une paire de nouveau réacteurs tous les 3 ans à partir de 2035, 36% (39GW) nucléaire 14 historique, 22 nouveau), N03 : (14 EPR2 plus des SMR, 50% (51GW) nucléaire, 24 historique, 27 nouveau :  s’écarte des 14 fermetures prévues par la PPE, implique d’exploiter le plus longtemps possible le parc existant, y compris pour 3à 5 centrales au-dessus de 60ans et construction volontariste d’EPR et de SMR)

 

Règle du jeu : Tous les scenarios permettent la neutralité carbone en 2050. Tous les scenarios garantissent la sécurité d’approvisionnement selon un modèle RTE heure par heure pendant 30 ans, et tiennent compte des modifications climatiques.



Remarque 3) La neutralité carbone, c’est le postulat de départ. Pour la sécurité, elle est obtenue dans les scénarios sans construction de nouveau nucléaire par un effort énorme de flexibilité et  de  ressources comme le biogaz  et l’hydrogène, d’interconnections. RTE semble bien sûr de lui, ce n’est pas l’avis de France Stratégie, ni de la Cour Fédérale Allemande qui insistent les risques sur une baisse trop importante des pilotables dans toute l’Europe…Car les interconnexions,  si votre voisin est aussi dépourvu que vous, ça le fait pas.

 

Note de France  Stratégie : https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/02/note-de-france-strategie-quelle.html

 

Et une remarque de RTE fait un peu frémir par sa légèreté : « Plus le système est interconnecté, moins le besoin de flexibilité à garantir dans chaque zone qui le compose est important : cette réalité technique a permis d’améliorer fortement l’efficacité du système électrique en France au XXe siècle, et peut être renforcée à l’échelle européenne au cours des prochaines années au bénéfice des consommateurs français. »(p.34)

 

Ben oui, mais à l’époque  il s’agissait de production pilotable, pas variable et intermittente !

 

Par contre,  on notera, dans la partie européenne du rapport : «  la superposition des stratégies définies au niveau national ne garantit pas la construction d’un système où la sécurité d’approvisionnement est assurée et où les coûts sont optimisés. » (Chap6, p.232)

 

Principaux messages :

 

- La consommation d’énergie va baisser mais celle d’électricité va augmenter pour se substituer aux énergies fossiles ; (NB de 473 TWh en 2019 à 645 TWh en 2050, soit 36 % de plus que 2019)

 

- Accélérer la réindustrialisation du pays, en électrifiant les procédés, augmente la consommation d’électricité mais réduit l’empreinte carbone de la France ;

 

- Atteindre la neutralité carbone est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables ;

 

- Se passer de nouveaux réacteurs nucléaires impliquerait des rythmes de développement des énergies renouvelables plus rapides que ceux des pays européens les plus dynamiques, et pour le solaire, et pour l’éolien

 

Ainsi, pour le scenario MO, RTE note : « Il ne peut exister aucune ambiguïté sur le caractère très ambitieux de tels rythmes, qui dépassent les meilleures performances européennes en la matière, et qui semblent aujourd’hui difficilement atteignables au vu des rythmes constatés et projetés et des difficultés d’acceptabilité des nouveaux projets. La faisabilité technique de M0 est en outre conditionnée aux différentes conditions listées dans le rapport publié conjointement par RTE et l’Agence internationale de l’énergie en janvier 2021 »

 

- Même le scenario N1 (26% nucléaire doit être considéré  à fort pourcentage d’ENR

 

- Même le scénario N3 (51% nucléaire) comprend un fort socle d’électricité renouvelable : 70 GW solaire, 40GW éolien à terre (soit 3 fois plus de mats qu’aujourd’hui) et 22 GW éolien off shore

 

- Pour les scenario nucléaires, « 50GW, ce n’est pas une limitation technique, ce n’est pas gravé dans le marbre, c’est juste la photographie à date de ce qui représente déjà un véritable défi industriel »

Dans le corps du document RTE précise : « Cette projection pourra être amenée à évoluer avec le temps : sans réinvestissement dans la filière, sa capacité projetée à long terme continuera de diminuer, tandis qu’une décision rapide de relance pourrait conduire, ultérieurement, à revoir à la hausse ses perspectives »(Chap 4 p.112)

 

- Pour l’aval du cycle du nucléaire, les hypothèses les moins favorables ont été retenues par précaution

 

- La fermeture de 14 réacteurs prévue par la PPE n’a pas fait l’objet d’un consensus et  n’est d’ailleurs pas maintenue dans le scenario N03 à 50 GW. Les réacteurs sont fermés plus lentement, tous ceux qui peuvent être prolongés sont amenés à 50-60 ans, et certains au-delà (nécessite l’accord de l’autorité de sureté)

 

-« Une sortie (très) rapide du nucléaire est incompatible avec le respect des trajectoires climatiques de la France et/ou le maintien de la sécurité d’approvisionnement à court terme…Même avec un préavis de dix ou quinze       ans, ce scénario pose un problème évident de bouclage énergétique.

À moyen terme, un moratoire sur les énergies renouvelables combiné à un maintien de toute la capacité nucléaire existante ne constituerait donc pas une inquiétude immédiate pour l’approvisionnement électrique de la France, même avec le développement des nouveaux usages électriques.(Chap5p.180-183)

 

En revanche, dans une telle configuration, à l’horizon 2030, le solde exportateur de la France diminuerait fortement jusqu’à s’annuler dès que les nouveaux usages électriques se seront suffisamment développés »

 

Remarque 4) 50GW de nucléaire, donc 50% de nucléaire (scenarioN3) est une estimation « à date » de la filière, c’est un rythme de construction bien inférieur à ce qu’était le plan Messmer (cela représente 28GW dans 30 ans alors que la France a ouvert 40GW en 10 ans dans les années 80). Avec des prolongations à 80 ans pour  Sauvons Le Climat, 67 -70 GW demeurent atteignables. Pour la SFEN, l’idée est de commencer immédiatement la construction de 6 EPR, de voir ainsi à quel rythme on peut réapprendre à marcher, avant de se mettre éventuellement à courir et à construire des EPR2 à un rythme plus élevé qui permettrait de dépasser mes 50% de nucléaire en 2050. Quel était le rythme de construction « à date » des réacteurs nucléaires en 1973 ? Que donnerait une mobilisation totale sur le mode du plan Messmer (54 tranches de 1977à 1990), à l’échelle européenne- du moins des Européens (assez nombreux) qui veulent du nucléaire ?


2) Etude économique et faisabilité

 

- Message martelé plusieurs fois lors de la conférence : la LCOE ( Leverage cost of electricity) n’est pas pertinente pour comparer les différents systèmes de production, car il faut tenir compte des coûts systèmes

 

- Les scénarios comprenant un parc nucléaire de 40 GW au moins (N2 et N03) peuvent conduire, à long terme, à des coûts plus bas pour la collectivité qu’un scénario 100% renouvelable reposant sur de grands parcs.

 

- Cet effet apparaît d’autant plus marqué quand le parc nucléaire est significatif (40 GW dans N2) de sorte à éviter les coûts associés à une boucle «power-to-gas-to-power» en France et aux renforcements massifs des réseaux.

 

Ainsi le coût du système électrique est actuellement de 45 milliards par an ; avec le scénario fortement nucléaire (50%), il serait de 59 milliards d’euros par ans, et avec le scénario le plus ENR de 80 milliards, soit une différence de 20 milliards par an ( NB : ça fait plus de 3 EPR par ans …si on pouvait les construire)

 

RTE insiste sur le fait que rapporté au MWh, l’augmentation serait très supportable (de l’ordre de 15%)

Pour le démantèlement, le retraitement et le stockage des déchets nucléaires, « RTE a pris systématiquement les hypothèses les plus hautes, selon un principe de prudence »


Et les écarts entre scénarios se creusent progressivement à partir de la décennie 2040-2050…À partir de l’horizon 2040-2050, les besoins d’adaptation du réseau et de développement des nouvelles flexibilités se font plus importants dans les scénarios avec une forte part d’énergies renouvelables et creusent ainsi les écarts de coûts.



- Renforcer les interconnexions entre la France et ses voisins représente un fort levier d’économie qui implique un degré d’interdépendance entre partenaires européens..

 

- Un développement poussé des énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire n’est pas concevable sans que des moyens de production pilotables n’existent en complément…En France, le besoin sera d’autant plus fort que le parc nucléaire est réduit. Il est massif dans les scénarios 100% renouvelables ou en cas de faible relance du nucléaire : de l’ordre de 30 GW, soit plus de centrales thermiques que la France n’en a eu depuis les années 1970 (aujourd’hui la France dispose de 16 centrales à gaz fossile). Il peut en revanche être écarté dans les scénarios de forte relance du nucléaire dans le cas où l’interconnexion avec le système électrique européen est importante et fluide.

 

« Dans le scénario « M0 » sans nucléaire en 2050, RTE estime par exemple que le système électrique devrait, pour pallier la variabilité des filières renouvelables, pouvoir entre autres s’appuyer sur 26 GW de capacités de stockage par batterie, de 15 GW de demande « pilotable », de 1,1 million de véhicules électriques pouvant restituer de l’électricité sur le réseau (vehicle-to-grid) et de 29 GW de nouvelles centrales thermiques « décarbonées » (alimentées par de l’hydrogène « vert » ou par d'autres gaz « renouvelables »

 

Et ces moyens pilotables sentent fortement le gaz :

 

« Dans les scénarios sans nouveau nucléaire, le socle nécessaire de capacités thermiques dépasse la taille du parc de CCG et TAC au gaz : plus de 20 GW de centrales thermiques au méthane ou hydrogène en 2050 sont nécessaires, contre un parc au gaz de l’ordre de 7 GW aujourd’hui. Il ne s’agit donc pas uniquement de convertir les centrales actuelles, mais également d’en construire de nouvelles…..Dans des scénarios sans relance du nucléaire, il n’apparaît ainsi pas imaginable, même avec un fort volontarisme sur le développement de la flexibilité de se passer de capacités thermiques pour assurer la sécurité d’approvisionnement…  la mutualisation des moyens thermiques de «back-up» en Europe conduira la France à importer de l’électricité produite à partir de centrales au gaz situées à l’étranger » (Chapitre 7. P 291_299)


Remarque 5) : Sur l’hydrogène, RTE semble très très optimiste, et ce n‘est pas vraiment en ligne avec le Comité de Prospective de la CRE qui se montre très dubitatif sur les  possibilités massives  d’une utilisation autre qu’industrielle et localisée avec de grands réseaux. Quiconque sait comment fonctionne un compresseur à hydrogène, la volatilité et l‘explosivité de ce gaz, se souvient du Hindenburg et de quelques accidents récents en Corée ou en Norvège a aussi des doutes.  Préférez-vous vivre à proximité d’installations nucléaires oud’usines d’hydrogène ?

 

Reste aussi   l’équation thermodynamique : le stockage hydrogène c’est d’emblée deux tiers de perte !


Et l’équation économique : produire de l’hydrogène à partir d’électricité pour le brûler, ou pire, le retransformer en électricité, c’est brûler des sacs Vuitton dans un poêle (Samuel Furfari)

 

Bref, tout ça a toutes les chances de se transformer en gaz bien carboné, si Poutine veut bien, à la mode allemande

 

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/07/comite-de-prospective-de-la-cre-le.html

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/09/les-enjeux-de-lhydrogene-le-rapport-de.html

 

 

- « Les scénarios à très hautes parts d’énergies renouvelables, ou celui nécessitant la prolongation des réacteurs nucléaires existants au-delà de 60 ans, impliquent des paris technologiques lourds pour être au rendez-vous de la neutralité carbone en 2050 »

 

Les prérequis technologiques associés aux scénarios à forte proportion en renouvelables ont été explicités dans le rapport commun publié par RT et l’Agence internationale de l’énergie : (1) l’arrivée à maturité de solutions technologiques permettant de maintenir la stabilité du système électrique sans production conventionnelle : 2)  le déploiement à grande échelle des flexibilités : flexibilité de la demande, les capacités d’effacement, le pilotage « intelligent » de la consommation…(3)  la maîtrise des enjeux de développement des réserves techniques (« Bien que le dimensionnement des réserves opérationnelles et la responsabilité d’équilibre soient des enjeux bien identifiés dans le débat actuel sur l’architecture de marché, ce point n'a pas suscité une forte attention dans le cadre des travaux prospectifs sur les scénarios de long terme. Ainsi, l’effet de l'éolien et du photovoltaïque sur les réserves opérationnelles n'est généralement pas pris en compte dans les publications académiques sur le déploiement à grande échelle des EnR « ) (4) une mise à niveau des réseaux électriques nationaux.

 

Les validations techniques à apporter pour atteindre cette cible demeurent importantes et nécessitent un effort de R&D conséquent et soutenu.

Soyons clair aucune des quatre conditions essentielles identifiées par RTE n’a de solution autre que fortement hypothétique (sauf peut-être la 4ème) ! 

 

Remarque 6) Alors là, c’est un peu culotté de mettre sur le même plan les défis scientifiques fondamentaux des scénarios 100% ENR que les défis techniques et opérationnels des EPR et des SMR (certes, ce sont de beaux défis industriels)...qui existent déjà et ne posent aucun défi scientifique fondamental. Pas besoin d’inventer de nouvelle science !

 

Pour plus de précisons, https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/02/rapport-iearte-conditions-et-prerequis.html

 

- La transformation du système électrique doit intégrer dès à présent les conséquences probables du changement climatique,

 

Les centrales nucléaires existantes situées en bord de fleuve seront plus régulièrement affectées par des périodes de forte chaleur et de sécheresse… La sensibilité des nouveaux réacteurs nucléaires à ces aléas climatiques pourra être minimisée en privilégiant certains sites (en bord de mer ou en bord de fleuve faiblement contraints en matière de débits et de température seuil) et grâce aux aéroréfrigérants imposés pour les futures centrales en bord de fleuve.

 

La  nature du risque évoluera avec des périodes de tension qui interviendront principalement lors de périodes combinant températures faibles et absence de vent (alors qu’elles étaient par le passé réduites aux situations de froid extrême). Ces périodes froides et sans vent, qui suscitent beaucoup de questions dans le débat public sur le mix électrique, induisent ainsi des besoins de capacités pilotables très significatifs dans les scénarios à haute part en énergies renouvelables (plusieurs dizaines de gigawatts). Seules de telles capacités permettront de passer ce type de situations.

L’augmentation des situations de sécheresse à la fin de l’été et à l’automne pourra également conduire à des périodes de tension…

 

3) Problématiques  environnementales

 

« Le développement des énergies renouvelables soulève un enjeu d’occupation de l’espace et de limitation des usages. Il peut s’intensifier sans exercer de pression excessive sur l’artificialisation des sols, mais doit se poursuivre dans chaque territoire en s’attachant à la préservation du cadre de vieLes énergies renouvelables ne conduisent pas, de manière générale, à une forte imperméabilisation et artificialisation des surfaces »


Oui, bon, mais voyons d'un peu plus près...

 

Les analyses des «Futurs énergétiques 2050» confirment une plus grande visibilité des infrastructures : les éoliennes pourraient représenter entre 14000 et 35000 mâts, et les panneaux solaires entre 0,1% et 0,3% du territoire…. Les scénarios avec construction de nouveaux réacteurs nucléaires conduisent à une moindre occupation de l’espace… mais tout de même 15 à 20000 mâts pour le scénario le plus nucléarisé.


Dans les différents scénarios à l’horizon 2050, les surfaces artificialisées sont ainsi multipliées par 2 à 5 suivant les hypothèses associées au PV au sol et à l’éolien tandis que les surfaces imperméabilisées augmentent de 50%.

Les scénarios à plus forte proportion en énergies renouvelables sont ceux pour lesquels le flux d’artificialisation est le plus important, tiré par le développement du photovoltaïque, de l’éolien et dans une moindre mesure du réseau. Il atteint jusqu’à environ 600 ha/an dans le scénario M0 contre moins de 250 ha/an pour le scénario N03



Remarque 7 : là aussi, c’est culotté !  Parler de  l'artificialisation des sols, au surplus dans un sens ministériel très restrictif (un  panneau PV sur un chassis à un m. du sol n'artificialise pas, 1 éolienne =1 pylône ?- sauf que il faudra et les éoliennes, et les pylones)) et non d'occupation de l'espace est assez manipulatoire et malhonnète.

Parce que, rappelons-le, on ne lutte pas contre les grandeurs physiques fondamentales

-

Développer les renouvelables électriques dégage un bénéfice climatique même si l’électricité française est déjà décarbonée à 93% aujourd’hui.

La forte performance du parc français actuel sous l’angle des émissions est une réalité indéniable. L’Allemagne émet ainsi sept fois plus pour produire son électricité malgré un fort développement des renouvelables au cours des dernières années pour sortir du nucléaire, le Royaume-Uni émet deux fois plus et l’Italie presque trois fois plus.

 

Remarque 8) Et cette performance est à replacer dans le temps. Ca en fait des tonnes de carbone évités !

RTE n’a cessé de marteler le message : l’ajout d’ENR dans le mixte ne dégradera pas la décarbonation de l’électricité… Oui mais, lisons plus loin : « poursuivre le développement de l’éolien et du solaire conduit bien à réduire les émissions si ces capacités s’ajoutent aux centrales nucléaires existantes »

Et sinon ? « Dans les scénarios où la fermeture des réacteurs nucléaires n’est pas compensée par de nouveaux, le maintien de la performance climatique nécessite un strict respect des rythmes de développement des renouvelables ( rappelons-le plus intense que nulle part ailleurs en Europe) et implique un remplacement du gaz fossile utilisé dans les centrales thermiques par du gaz vert dès la décennie 2030-2040. Si ces conditions ne sont pas respectées, les émissions de gaz à effet de serre du système électrique augmenteront et rendront la neutralité carbone hors d’atteinte »

 

Et oh surprise, finalement, le système le plus décarboné est le plus nucléarisé :


- L’économie de la transition énergétique peut générer des tensions sur l’approvisionnement en ressources minérales, particulièrement pour certains métaux, qu’il sera nécessaire d’anticiper. (NB. RTE dans sa conférence a surtout à juste titre insisté sur  le cuivre..que se disputent à peu près toutes les composantes de la transition énergétique)

 

De nombreuses ressources nécessaires à la transition du système énergétique (cuivre, lithium, cobalt, Aluminium, Silicium…) présentent des enjeux de criticité réels, qui peuvent être de multiples natures et spécifiques à chaque ressource : volume des réserves connues, monopole, conflit d’usage et importance économique, substituabilité, impacts environnementaux liés à leur extraction…

 

Ainsi, «  la consommation de cuivre primaire d’ici 2050 s’élèverait à plus de 80% des ressources connues en 2019 soit un niveau susceptible de compliquer fortement l’approvisionnement en cuivre ».

 

Rappelons que le  nucléaire est respectivement 20, 2 000 et 1 00 fois plus économe en cuivre que l’éolien terrestre, l’éolien maritime et le solaire PV, rapporté à l’énergie produite sur le cycle de vie de l’installation (source IRENA-2019 et JRC-2020).


Ou

 

« Le scénario de référence décrit dans les «Futurs énergétiques 2050» prévoit une demande cumulée en lithium d’environ 1 million de tonnes sur les trente prochaines années pour électrifier 95% du parc de véhicules légers en France et décarboner les transports. Cette demande représente de l’ordre de 5% des réserves mondiales connues de lithium, pour les seuls besoins associés aux véhicules électriques français »

La croissance des besoins en métaux spécifiques pour les batteries, notamment des véhicules électriques, constitue un point de vigilance réel. Des actions spécifiques visant à limiter ces besoins de ressources critiques seront donc nécessaires dans tous les cas : sobriété dans le secteur des transports (réduction du nombre de véhicules, limitation de la taille des batteries, développement de nouvelles générations de batteries avec un recours plus limité aux métaux comme le cobalt, etc.

 

Remarque 8 : Oui, l’Ademe l’a déjà bien traité

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/06/le-photovoltaique-choix-technologiques.html ; https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/01/les-reseaux-electriques-choix.html


- « Quel que soit le scénario choisi, il y a urgence à se mobiliser… »

 

Comme le disait le Président de l’Autorité de Sureté : le nucléaire a besoin de prises de décisions. Les EPR2, c’est maintenant qu’il faut les lancer. » Sans réinvestissement dans la filière, sa capacité projetée à long terme continuera de diminuer, tandis qu’une décision rapide de relance pourrait conduire, ultérieurement, à revoir à la hausse ses perspectives » (Chap 4 p.112)

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