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jeudi 17 février 2022

2022 année nucléaire

 2022 s'annonce intense et critique pour le nucléaire !

La construction de 6 nouveaux réacteurs était actée dans la PPE de 2018, mais n’avait reçu  aucun début d’exécution, aucun signal positif. Pour fixer les idées, 6 EPR2 permettent d’atteindre 26% de production nucléaire en 2050 ; 14 EPR2 ne permettraient que  d’atteindre entre 36 et 50% de nucléaire en 2050 (selon que l’on ferme les réacteurs existant comme prévu, ou au contraire sous des hypothèses volontaristes  de prolongation des centrales existantes, y compris pour certaines au-delà de 60 ans). Et encore sous des hypothèses très optimistes de demande énergétique, qui laissent peu de place à la réindustrialisation.

Le nucléaire a trop souffert depuis trop longtemps des à-coups, décisions contradictoires, procrastination des dirigeants politiques. Il a besoin de décisions rapides, de continuité, de prévisibilité.

Je souhaite vous informer d'une initiative, d'une pétition que j'ai lancée en faveur de la reprise d'un programme nucléaire conséquent.

Elle s'appuie fortement  sur l'avis de juin 2021 de l'Académie des Sciences sur le rôle du nucléaire dans la transition énergétique et est plus particulièrement destinée aux ingénieurs, techniciens scientifiques..

Pétition

https://www.change.org/ingénieurspourlenucléaire

Si vous en partagez les vues, n’hésitez pas à signer et à faire circuler !

Texte de la pétition :

Les ingénieurs et élèves ingénieurs de France s’engagent pour le nucléaire et le climat !

Nul ne peut plus ignorer que le réchauffement climatique d’origine anthropique fait peser une menace existentielle sur nos civilisations et sur l’existence même de l’humanité, ainsi d’ailleurs que la surconsommation et l’épuisement des combustibles fossiles. Nos sociétés ne survivront que par une transition énergétique climatiquement efficace, économiquement soutenable et socialement acceptable permettant une diminution drastique de nos émissions de gaz à effet de serre et de l’utilisation des énergies fossiles.

En Europe même, certains choix énergétiques ne vont pas du tout dans ce sens, notamment les politiques de sortie du nucléaire, qui conduisent fatalement à une augmentation des émissions de CO2. Sur fond d’ignorance scientifique, d’obscurantisme, de manipulation des peurs, des initiatives voire des décisions néfastes pour le climat sont prises : tentative au Parlement Européen d’imposer la sortie du nucléaire pour tous les pays de l’U.E.[1],  exclusion en l’état du nucléaire de la taxonomie financière européenne et de l’accès au financement via les green bonds etc. D’autre part, la fermeture programmée dans toute l’Europe de capacités pilotables, en particulier  nucléaires, et la dépendance accrue à des énergies variables intermittentes mettent sérieusement en péril la sécurité d’approvisionnement, en particulier lors des pointes hivernales, comme cela a été signalé par France Stratégie[2].

Comme l’a souligné récemment le Président de l’Autorité de Sureté Nucléaire devant le Senat,  « tous les sujets abordés sur l’énergie nucléaire en France ont un point commun : ils ont tous fait l’objet d’études approfondies et l’heure a sonné pour le gouvernement et les politiques, aujourd’hui, qui doivent prendre des décisions. Autrement dit, l’absence de décision et d’anticipation en matière de politique énergétique, l’absence de choix concernant l’énergie pilotable qui intégrera le paysage français demain, l’indécision sur le nouveau nucléaire, sur les solutions relatives aux déchets, l’absence de visibilité pour le tissu industriel français, etc., auront très clairement des conséquences irréversibles d’ici 2035/2040 »[3]

Le nucléaire sous ses différentes formes actuelles (GEN III, EPR) et à venir ( GEN IV, petits réacteurs modulaires-SMR) constitue la seule source d’électricité décarbonée pilotable, à part l’hydraulique, capable de fournir par tous temps une électricité abondante et bon marché[4].

Le temps n’est plus de la procrastination, de l’irrationalité, de la démagogie, de la lâcheté. S’appuyant sur  l’expertise de nombreuses sociétés savantes (AIE, NEA-OCDE, UNSCEAR, Autorités de Sureté Nucléaire, SFEN, Centre Commun de Recherche de la Commission européenne…), partageant l’avis de l’Académie Française des Sciences de juin 2021[5] et reprenant ses recommandations, les ingénieur.es et élèves ingénieur.es de France demandent aux dirigeants politiques de ce pays un engagement ferme dans le nucléaire, notamment sur les points suivants :

conserver la capacité électronucléaire du bouquet énergétique de la France par la prolongation des réacteurs en activité, quand leur fonctionnement est assuré dans des conditions de sûreté optimale, et par la construction de réacteurs de troisième génération, les EPR, dans l’immédiat ; 

- assurer au nucléaire un accès équitable aux financements publics et privé, basé sur la neutralité technologique et économique, en tenant compte de l’ensemble des coûts et bilan carbone associés à toutes les technologies ;

 initier et soutenir un ambitieux programme de R&D sur le nucléaire du futur afin de préparer l’émergence en France des réacteurs à neutrons rapides (RNR) innovants de quatrième génération (Gen IV), qui constituent une solution d’avenir et dont l’étude se poursuit activement à l’étranger ;

- prendre en compte dans ce programme tous les aspects scientifiques du recyclage du combustible associés aux réacteurs, incluant la gestion des déchets radioactifs, en particulier, après plus de cinquante ans d’études, la reconnaissance par toutes les autorités de sureté des pays concernés de l’enfouissement géologique profond comme meilleure solution pour les déchets de haute activité et à vie longue ;

 maintenir des filières de formation permettant d’attirer les meilleurs jeunes talents dans tous les domaines de la physique, la chimie, l’ingénierie et les technologies nucléaires pour développer les compétences nationales au meilleur niveau ;

informer le public en toute transparence sur les contraintes des diverses sources d’énergie, l’analyse complète de leur cycle de vie et l’apport de l’électronucléaire dans la transition énergétique en cours ;

Confiants dans la rationalité scientifique et technique qui constitue le cœur de leur métier, confiants aussi dans la capacité de l’humanité à résoudre les problèmes auxquels elle a à faire face, les ingénieur.es et élèves ingénieur.es de France s’engagent pour le nucléaire et suivront de près les intentions, les discours et les actes des différents candidats aux plus hautes responsabilités politiques.

Eric Sartori, ESPCI(97)

#IngenieursPourLeNucléaire



[1] Parlement Européen, Résolution sur la COP 25, amendement 56, présenté le 28 novembre 2019, par le SPD allemand et adopté par la Commission ENVI

[2] Quelle sécurité d’approvisionnement électrique en Europe à horizon 2030 ?, France Stratégie, 15 janvier 2021

[3] Audition  devant le Sénat du Président de l’ASN, Bernard Doroszczuk. le 7 avril 2021.

[4] 6g CO2/kWh en France, 12g CO2/kWh (moyenne mondiale) contre 440 g CO2/kWh pour le gaz, 800 à 1000 g CO2/kWh pour le charbon, 13 g CO2/kWh pour l’éolien terrestre, 14-17 g CO2/kWh pour l’éolien maritime posé, 24-47 g CO2/kWh pour l’éolien flottant, 56 g CO2/kWh pour le photovoltaïque,

[5] L’apport de l’énergie nucléaire dans la transition énergétique, aujourd’hui et demain, Académie des Sciences, 8 mai 2021

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