Face à la crise de l’énergie de cet hiver 2022, à l’incapacité manifeste du « marché européen » de l’électricité libéralisé d’assurer ce qui depuis le traité Euratom (1957) constitue l’un des objectifs premiers de l’UE, une énergie abondante et économique, face à la déconfiture des distributeurs alternatifs et à leur activité purement parasitaire, le gouvernement a décidé d’augmenter le plafond de l’Arenh : ce ne sont plus 100 TWh d'électricité nucléaire réservés aux fournisseurs alternatifs mais 120 TWh à compter du 1er avril et jusqu'à la fin de l'année 2022. EDF se trouve donc contraint de fournir encore plus d’électricité en-dessous de son prix de production pour subventionner des concurrents qui n’ont pas investi dans la production d’électricité… à n’importe quel moment qu’ils le désirent…Le comble, c’est une électricité qu’EDF, l’ayant déjà vendue, devra acheter au prix fort sur le marché. Coût estimé : 8 milliards.
Note : parmi les
petits distributeurs alternatifs qui bénéficient à fond de l’Arenh figure Total
et ses 16 milliards de bénéfice 2021. Dites Total, si vous voulez distribuer de
l’électricité, ça serait pas mal que vous contribuiez à produire l’électricité
pilotable dont vous avez besoin ; donc pas en investissant dans les
Energies Variables Intermittentes , mais dans des EPR..
Florilèges de réactions à ce hold up
d’Etat qu’est l’augmentation du plafond de l’Arenh
Jancovici très en colère : l'Etat s‘est servi dans les poches d'EDF
au service de la campagne électorale du locataire actuel de l'Elysée ?
https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:6900361035920785408/
Le deuxième temps de la valse n'aura pas
tardé à se produire, et n'aura même pas attendu après l'élection : après avoir
mis à la charge d'EDF (dont ce n'est évidemment pas le rôle) de soulager ses
"concurrents" et les électeurs français de 8 milliards d'euros
environ (ca dépendra des prix de marché de l'électricité), l'Etat met déjà la
main à la poche de 2 milliards pour recapitaliser ladite EDF.
Il y a une blague classique qui consiste à
demander à un ouvrier de creuser un trou pour disposer de la terre pour pouvoir
boucher un trou existant. Comment boucher le nouveau trou demande l'ouvrier ?
Mais en creusant un nouveau trou pardi !
Cette histoire de shadoks était
prévisible. Et comme 8 -2 = 6 et pas 0, et que par ailleurs 6 EPR à construire
couteront 60 milliards plus ou moins 30 (et ce n'est qu'un début puisque le
parc représente actuellement plutôt l'équivalent de 50 EPR), ce n'est
évidemment pas en commençant par demander à EDF de payer 6 milliards pour
assurer la réélection de l'équipe en place que cela va renforcer la solidité
financière de l'opérateur qui va devoir s'atteler à ce plan industriel. Surtout
que EDF va devoir continuer à verser des dividendes à son actionnaire !
L'article des Echos parle de
"restaurer la confiance des investisseurs". Les
"investisseurs" détiennent 15% du capital d'EDF et demandent 10% de
retour sur capitaux investis. Leur donner satisfaction est-il vraiment
l'objectif N°1 quand on parle d'un actif qui est crucial pour l'avenir du pays
pour le siècle qui vient ?
Et les investisseurs n'auraient-ils pas
été moins échaudés si l'Etat ne s'était pas servi dans les poches d'EDF au
service de la campagne électorale du locataire actuel de l'Elysée ?
Jancovici pédagogique : la concurrence-européenne a créé un système de prédation
des ressources.
https://marianne.net/societe/ecologie/jean-marc-jancovici-la-concurrence-europeenne-a-cree-un-systeme-de-predation-des-ressources
"Les distributeurs privés ne gèrent que des
factures. Si le prix du marché augmente très fortement, ces distributeurs sont
obligés de suivre : ils ne peuvent pas comme l'ancien monopole lisser les
tarifs sur l'année selon leurs coûts de production puisqu'ils n'ont pas de
centrales ! La concurrence a cet effet très paradoxal que ni les technocrates
bruxellois, ni les politiques français n'avaient vu venir : faire monter les
prix et les rendre volatiles"
Commentaire : ben si, un
peu quand même :Marcel Boiteux "Il ne s'agit plus d'ouvrir la concurrence pour
faire baisser les prix mais d'élever les prix pour permettre la
concurrence".
"Ce qui serait moins une escroquerie ? Dire qu'il
faut revenir à un monopole d'Etat ou... à un système qui y ressemble…Les
Anglais ont été les premiers à militer pour l'ouverture des marchés, et les
premiers à renationaliser leur système. Ils ont mis en place des prix et des
actifs garantis ; on n'est pas très loin dans l'esprit de la
renationalisation »
« Concernant le parc français, la seule solution
pour protéger le consommateur des variations de prix serait de faire revenir le
système dans le giron de l'Etat. Mais cela pose un vrai problème vis-à-vis de
l'Union Européenne. Je ne vois pas
comment dans le cadre du système.actuel, on réussirait à contrôler durablement
les prix de l'électricité. Cet épisode interroge de manière plus large sur
le mandat européen. A quoi servait la construction européenne à l'origine ? A
garantir la paix en partageant les ressources. Or, la concurrence européenne a créé un système de non partage des
ressources, ou plus exactement de
prédation des ressources qui prédation des ressources qui in fine menace la
stabilité sociale, donc la paix »
Alain Supiot
sur EDF : EDF doit subventionner ses concurrents et ne peux plus assumer sa
mission de continuité, d’égalité d’accès et de modicité de la production
électrique
https://lemonde.fr/idees/article/2022/01/28/emmanuel-macron-n-est-que-le-dernier-avatar-de-la-politique-de-deperissement-de-l-etat-social_6111394_3232.html#xtor=AL-32280270-[default]-[android]
" EDF a été créée en 1946 pour assurer la continuité
et l’égalité d’accès à l’énergie de toute la population, dans des conditions
économiques abordables. Forte de ce consensus politique et social, de la
compétence de ses ingénieurs et de l’autonomie que lui conférait son statut
d’entreprise publique, EDF était devenue un leader mondial dans son domaine
jusqu’à ce qu’en 1999, obéissant aux directives européennes, le gouvernement
entame son démantèlement pour revenir à
la situation des années 1930, d’un marché de l’énergie ouvert à la libre
concurrence.
Ce marché largement fictif (EDF est le seul producteur) s’avérant
aujourd’hui incapable d’assurer la continuité et la modicité du service, le
gouvernement en tire argument, non pour restaurer le service public de
l’électricité, mais bien mais bien au contraire pour obliger EDF à soutenir
artificiellement ses concurrentes, la privant ainsi
des ressources nécessaires aux investissements qu’appelle notamment la
transition écologique"
Historique : le Conseil Supérieur de l’Energie émet
un avis défavorable sur l’augmentation de l’Arenh. Réaction des fédérations
syndicales de l’énergie.
https://cfe-energies.com/le-cse-contre-le-relevement-du-volume-darenh/
« L'ensemble des fédérations
syndicales représentatives de l'énergie @cfecgcenergies , @FNMECGT , @FCE_CFDT
, @force_ouvriere saluent l'avis
défavorable rendu par le CSE sur cette mesure. Les fédérations saluent aussi le vote des associations de consommateurs
qui, en s’associant à leur action, ont clairement manifesté leurs inquiétudes
sur ces mesures purement électorales. Les fédérations syndicales regrettent
néanmoins que leurs propositions de
baisse de la TVA et de financement de ces mesures par une taxation des profits
exceptionnels des énergéticiens n'aient pas été entendues. Elles le
regrettent d'autant plus que cette proposition était soutenue par les
associations de consommateurs, et que
c'est la volte-face de @AnodeAsso sur le
sujet (alors qu'elle soutenait une baisse de la TVA), qui a conduit au rejet de
cette mesure par le CSE… »
Les Fédérations syndicales saluent le soutien du Conseil Supérieur de
l’Énergie à leur proposition de rendre effectifs les contrôles appelés de ses
vœux par le Ministre Bruno LE MAIRE et destinés à éviter de nouveaux effets
d’aubaine liés à cette augmentation des volumes d’AReNH servis aux fournisseurs
alternatifs. Pour autant, les syndicats regrettent que ces mêmes fournisseurs
alternatifs, épaulés par les pétroliers représentés au CSE, se soient opposés à
cette mesure de bon sens et de justice.
Enfin, les Fédérations syndicales s’interrogent sur les
raisons qui ont conduit ces mêmes fournisseurs alternatifs et pétroliers à
soutenir une disposition manifestement illégale du Gouvernement refusant qu’EDF
puisse être indemnisé du préjudice subi, conformément aux principes
fondamentaux de notre droit. Par ce refus, ceux-ci démontrent que c’est
clairement la fin du service public qui leur importe, tout en demandant à
profiter de ce qu’il en reste ! Mais que serait un monde bas carbone sans
l’électricien national alors qu’eux-mêmes n’ont jamais souhaité assumer le
moindre risque industriel en développant leurs propres moyens de production ?
Il est enfin à noter que lors des débats, le Ministère, interrogé sur la
compatibilité de ces dispositions avec le droit européen en matière d’aides
d’Etat et sur la réalité d’un aval formel de la Commission Européenne, a refusé
de répondre.
Conformément à ce qu’elles ont déjà publiquement annoncé,
les Fédérations syndicales réaffirment par conséquent leur volonté d’aller
jusqu’au bout de leur combat contre ces mesures en les attaquant devant le
Conseil d’État, et ce dans les meilleurs délais une fois que ces textes auront
été publiés.
Les
actionnaires salariés : L’Entreprise n’a jamais donné son accord concernant
cette décision du gouvernement, contrairement à ce qui a pu être publié dans
certains médias
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/edf-les-actionnaires-minoritaires-vent-debout-contre-l-intervention-de-l-etat-902650.html ; https://cfe-energies.com/les-fonds-dactionnariat-salarie-edf-passent-a-laction/
Les Conseils de Surveillance des 2 fonds d’actionnariat
salarié du groupe EDF se sont réunis le 19 janvier 2022 en urgence, à la
demande de leur présidente, afin d’examiner tous les moyens d’actions
permettant de contester la décision inique de l’Etat, imposant à EDF de vendre
à perte 20 TWh à ses concurrents.
Dans un premier temps, ils ont auditionné des membres du
COMEX et de la Direction du Groupe. Ils nous ont indiqué que… l’Entreprise n’a
jamais donné son accord concernant cette décision du gouvernement,
contrairement à ce qui a pu être publié dans certains médias….La Direction ne
sait toujours pas comment cette annonce va être formalisée, ni si
l’augmentation sur 2022 du volume de l’ARENH a été acceptée par la Commission
Européenne. L’Etat aurait informé la Commission Européenne et celle-ci ne se
serait pas opposée à cette mesure. La Direction reste en attente d’un texte
(arrêté ou décret) afin de l’étudier juridiquement dans l’intérêt de
l’Entreprise….
Au regard de l’ensemble de
ces éléments et face à la spoliation des actionnaires minoritaires d’EDF, dont
de nombreux salariés et anciens salariés du Groupe, les membres élus des Conseils de
Surveillance ont décidé d’engager tous les moyens de recours, dès que cette politique sera traduite en décision
exécutoire, afin de défendre l’intérêt social de l’entreprise et les intérêts des
actionnaires salariés et anciens salariés.
Alliance Association EAS-CFE-CGC-UNSA /
CFDT / CGT / Association Energie en Actions / FO
Je bosse pour la concurrence !
Et on terminera par l’indignation de certains salariés
qui ont créé un hashtag #jebossepourlaconcurrence, constatant qu’à partir
approximativement du milieu de l’année,
ils bossent non pour le service public dans lequel ils s’étaient engagé, mais à
son détriment et pour la concurrence privée !
"Lorsque je
me suis engagé chez EDF en 2009, c’était pour contribuer à de grands projets
énergétiques, et notamment nucléaires, dans une mission de service public... Aujourd’hui,
sans que j’ai changé ni d’employeur ni de contrat de travail, 40% de mon temps,
de mon énergie au travail, de mon investissement, de mon engagement
contribueront à maintenir en vie sinon à enrichir des fournisseurs
alternatifs.. qui ne me sont connus qu’à travers leurs démarchages incessants,
et dont les profits n’ont d’égal que leur inutilité à contribuer à la
transition énergétique...
Aux alentours du
15 juillet, tous les salariés d’EDF comme moi travailleront pour la concurrence et les intérêts privés qui
s’y rattachent.
Il faudra marquer
cette date d’un Hashtag pour que les français comprennent l’absurdité du
système qui a été mis en place."
#aujourdhuijebossepourlaconcurrence#edf
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