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dimanche 27 mars 2022

Relance de l'Energie Nucléaire Civile: Ce que dit la science, Marc Fontecave, L’Humanité, 10 mars 2022

Extraits :

1) La fin de la procrastination : « Le président de la République, Emmanuel Macron, a, le 10février 2022, par un retournement qui semblait inimaginable il y a peu de temps, annoncé, à côté d’une politique de soutien à 1'énergie éolienne en mer et à 1'énergiephotovoltaïque, un grand programme nucléaire civil pour notre pays. Celui-ci prévoit, d'une part, la construction de 6 réacteurs pour 2035 et 1'étude de 8 réacteurs supplémentaires pour 2040 ; d'autre part, la prolongation au-delà de cinquante ans des réacteurs existants, après l’accord de l’Autorité de Sécurité nucléaire (ASN). Il était urgent qu’une telle décision soit prise, après des années de procrastination…Le programme qui vient d'être annoncé est assez précisément ce que préconisait l'Académie des sciences le 8 juillet 2021 dans un avis suivant la publication d'un rapport intitulé «Considérations sur l'électronucléaire actuel et futur» (https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/07/avis-de-lacademie-des-sciences-8-mai.html)

2) Ce n’est pas remplacer  le nucléaire par les ENR qui nous permettra de répondre au défi climatique : « L'actualité de la question nucléaire est d'abord liée à la nécessité de définir pour l'avenir un mix électrique le moins émetteur de gaz à effet de serre. L'énergie nucléaire est la source d'énergie la moins carbonée à notre disposition, ce qui explique pourquoi les pays qui l'ont adoptée, en la combinant à1'énergie hydraulique, comme la France ou la Suède, sont les plus vertueux sur le plan des émissions de CO2.  Avec une énergie électrique décarbonée à plus de 90%, nous ne ferons jamais mieux, et ce n’est évidemment pas en remplaçant notre énergie nucléaire par des énergies éoliennes et solaire, cette dernière significativement plus carbonée, que nous améliorerons ce record. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant d'observer une évolution de l'opinion sur la place du nucléaire dans la production électrique, de récents sondages montrant que presque 60% des Français y sont favorables. »

3) un scénario 100% ENR n’est pas tenable « Ce qui est de mieux en mieux compris, également, c'est que la perspective d'un mix électrique très largement dominé par des énergies renouvelables intermittentes (et c'est encore plus vrai lorsque c'est à 100 %), dans le contexte d’une électrification croissante d’un grand nombre de secteurs (transport, habitat, industrie) à l'horizon 2050, n'est pas tenable, notamment en raison des risques sérieux d’insécurité d'approvisionnement électrique que de tels scénarios font prendre. C'est exactement ce que disait le rapport remis au gouvernement français, le 21 janvier 2021, par RTE.. »

4) Problème de l’intermittence et du stockage intersaisonnier : « Tout d'abord, il faut disposer de sources d'énergie mobilisables et décarbonées pour compenser l'intermittence de l’éolien et du solaire. Or, la seule source mobilisable et décarbonée est 1’énergie nucléaire. Cette problématique est bien illustrée par l’expérience des pays, comme l'Allemagne, qui se dénucléarisent et sont de plus en plus dépendants des énergies intermittentes : ils assurent leur approvisionnement électrique avec des centrales thermiques (charbon et gaz)…

En second lieu, il faut disposer de capacités de stockage d'énergie (de type batteries électriques et hydrogène) à très grande échelle, une perspective encore très lointaine en raison des contraintes scientifiques et technologiques. Dans un article récemment publié dans les « Comptes rendus» de l'Académie des sciences, nous avons évalué la quantité d'énergie annuelle qu'il faudrait stocker, dans les moments d'excès d'énergies solaire et éolienne, pour la redonner au réseau dans les périodes de défaut de ces énergies. Dans un scénario avec 100 % de renouvelables, cette quantité dépasse la centaine de térawattheures (TWh) quand elle est aujourd'hui d'environ l0 TWh, assurée pour l'essentiel (7 TWh) par les Step (stations de transfert d'énergie par pompage). Cette étude montre également que le problème majeur est le stockage intersaisonnier, qui ne pourrait être dans l'état actuel des technologies assuré que par l’hydrogène. Malheureusement, la technologie Power-to-112-to-Power n’a qu'un très faible rendement de 25% »

La troisième condition est la stabilisation de la fréquence du système électrique, qui ne peut pas être assurée avec une production exclusivement éolienne et solaire… »

NB :  sur ces questions et le développement du réseau, voir Rapport IEA/RTE : Conditions et prérequis en matière de faisabilité technique pour un système électrique avec une forte proportion d’énergies renouvelables à l‘horizon 2050, https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/02/rapport-iearte-conditions-et-prerequis.html

5) Le nucléaire, un atout majeur pour l’avenir : « Pour toutes ces raisons, l'énergie nucléaire est, pour la France, un outil majeur de sécurisation de l'approvisionnement électrique…Il est urgent en effet de relancer une industrie nucléaire française, la troisième filière derrière l’aéronautique et l'automobile, qui a montré sa capacité à fournir au pays sur le long terme une électricité bon marché, une sécurité d’approvisionnement et une indépendance énergétique. Elle contribuera à réussir la nécessaire électrification et décarbonation du monde de demain »






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