Les financiers antinucléaires s’agitent à Bruxelles
C’est
le titre d’une excellente tribune de
Gérard Grundblatt et Michel Gay dans Contrepoint
https://www.contrepoints.org/2022/02/03/420165-les-financiers-antinucleaires-sagitent-a-bruxelles
Il s’agit de comprendre comment
on en arrive à ça (communiqué de WWF
France )
https://www.wwf.fr/vous-informer/actualites/taxonomie-europeenne-le-groupe-dexperts-de-la-commission-dit-non-au-greenwashing-du-gaz-fossile-et
« Le
rapport du groupe d'experts ou Plateforme européenne sur la finance durable -
dont le WWF est membre -, démonte trois idées fausses que la Commission a
utilisées pour justifier l'inclusion du gaz fossile et du nucléaire dans la
taxonomie : leurs critères d’intégration seraient exigeants, ils seraient basés
sur la science, et ces deux activités contribueraient à la transition
écologique.
Après
l'étude de cette proposition par les experts de la Plateforme européenne sur la
finance durable, le constat est sans appel : ces critères de la Commission ne
sont ni exigeants, ni fondés sur la science. Ils ne répondent donc pas à une
des exigences les plus fondamentales de la Taxonomie : apporter des preuves
tangibles, pas des promesses.
Le
WWF applaudit la Plateforme - qui
rassemble 57 experts et 11 membres observateurs de différents horizons :
secteur public, entreprises, institutions financières, scientifiques, ONG… -
pour avoir refusé de cautionner un tel greenwashing.
La Plateforme alerte sur les tentatives de la
Commission d’étouffer la science : oui, le gaz fossile génère d'énormes émissions,
et oui, le nucléaire crée des déchets hautement radioactifs que nous ne savons
toujours pas comment gérer. Le rapport de la plateforme est une nouvelle
sonnette d'alarme : ni le gaz fossile ni le nucléaire ne doivent entrer dans la
taxonomie verte de l'UE. La Commission doit écouter la science et abandonner sa
proposition de greenwashing du gaz et du nucléaire. »
Sébastien
Godinot, économiste au WWF European Policy Office et membre de la Plateforme
européenne sur la finance durable
Extraits de
‘Les financiers antinucléaires s’agitent à Bruxelles,Gérard Grundblatt et Michel Gay
dans Contrepoint )
Un étrange « groupe d’experts conseillant l’Union européenne sur ses règles
d’investissements verts » constitué principalement
(voir un extrait des membres en annexe) de financiers, d’ONG environnementales
(WWF, ECOS,…) et d’industriels (Iberdrola et Airbus) a demandé à Bruxelles le
22 janvier 2022 d’exclure l’énergie nucléaire de la liste des activités pouvant
bénéficier d’investissements considérés comme respectueux de l’environnement.
Leur « réponse » à la réglementation actuellement
proposée par la Commission européenne à Bruxelles reviendrait selon ces «
experts » à attribuer un « label vert » à des investissements qui ne
participeraient pas de manière significative à la lutte contre le dérèglement
climatique. Ils ciblent l’énergie nucléaire défendue notamment par la France au
nom de l’impératif de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Toutefois, tous les membres de cet étrange « groupe
d’experts » ne sont pas d’accord avec la conclusion de ce rapport puisque « la
plupart » (« most members ») seulement craignent que cette inclusion « mette en
péril cette classification et la cohésion de l’Union européenne ».
Ils demandent à l’exécutif européen de « ne pas
aller de l’avant » sur ce sujet en indiquant que la Commission ne garantit pas
que les déchets nucléaires n’auront pas un effet nuisible sur l’environnement. »
Des experts
de quoi ? Surement pas de ce dont ils prétendent trancher !
Cette « Plateforme européenne sur la finance
durable » remplace depuis 2021 le Groupe d'Experts Techniques (Technical
Expert Group, TEG) pour accompagner la Commission européenne dans le
développement de la stratégie de la finance durable. Elle est composée de 50 membres d'institutions publiques et
privées, et experts de la finance durable et des technologies environnementales.
La Plateforme est mise en place pour un durée indéterminée, les membres signent
un mandat de 2 ans renouvelable, ou non, par la Commission.
Elle fonctionne en 4 sous-groupe 1: Technical Working Group, 2: Subgroup on regulation review, 3: Subgroup
on negative and low impact activities, 4: Subgroup on social taxonomy, 5:
Subgroup on data and usability, 6: Subgroup on monitoring capital flows.
Elle est présidée par Nathan Fabian, un britannique
ancien d’Arthur Andersen. Le moins qu’on puisse dire est que le processus de
sélection est assez sophistiqué. Après appel à candidature, les membres sont nommés par le directeur
général de la DG FISMA, à l'issue de la procédure de sélection, qui doit être
menée en étroite collaboration avec les DG CLIMA, ENV, ENER, le CCR et d'autres
services de la Commission le cas échéant, parmi les candidats répondant aux
critères de sélection.
Il semble qu’il y ait eu à peu près 500 candidatures, et que des candidatures issues d’organisations environnementalistes pro
nucléaires aient été systématiquement retoquées, ainsi que celles de grands
groupes français de l’énergie.
Ainsi, Iberdrola et Eon y sont, pas EDF.
De nombreuses association environnementales qui ont
pénétré depuis longtemps les milieux financiers y sont : World Wildlife
Fund (WWF), EIT Climate KIC, Agent Green, Birdlife, Climate Bonds Initiative
(CBI), Finance Watch, Value Balancing Alliance, Institute for European
Environmental Policy (IEEP) aucune favorable au nucléaire !
Pour les institutions purement financières, la seule
française est BNP-Paribas qui a à faire face à Allianz SE..Bloombergest aussi
présent.
Donc une institution largement pénétrée par les
militants dits environnementalistes
Quelle
compétence sur le nucléaire ?
Leur prédécesseur le TEG (Technical Expert group)
avait au moins eu la décence de reconnaitre le caractère fortement décarboné de
l’électricité nucléaire, et de refuser de se prononcer à titre définitif en ce
qui concerne l’inclusion dans la taxonomie, et plus spécifiquement sur le
problème des déchets nucléaires en reconnaissant son incompétence sur le sujet,
et en proposant le recours, à une expertise technique ciblée sur la question.
Cette expertise a été menée par un groupe d’expertise spécialisé, le du « Joint Research Center » (JRC) En mars 21, le JRC rendait son rapport et concluait favorablement à l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie pour les raisons suivantes :
1) Les analyses n’ont révélé aucune preuve
scientifique que l’énergie nucléaire nuit davantage à la santé humaine ou à
l’environnement que les autres technologies de production d’électricité déjà
incluses dans la taxonomie en tant qu’activités soutenant l’atténuation du
changement climatique.…
2) À l’heure
actuelle, il existe un large consensus scientifique et technique selon lequel
l’enfouissement des déchets radioactifs de haut niveau et de longue durée dans
les formations géologiques profondes est considéré comme un moyen approprié et
sûr de les isoler de la biosphère pendant les très longues périodes nécessaires à une retour
à une radioactivité normale.
3) La production d’électricité à base d’énergie
nucléaire peut être considérée comme une activité contribuant de manière
significative à l’objectif d’atténuation du changement climatique et tous les impacts potentiellement nocifs des
différentes phases du cycle de vie de l’énergie nucléaire sur la santé humaine
et l’environnement peuvent être prévenus et dûment évités.
Question : quelle est la légitimité des « experts » de la
Plate Forme sur la finance durable pour s’opposer aux arguments largement
détaillés du JRC sur le caractère DNSH de la Plateforme européenne sur la
finance durable ? En quoi est-elle supérieure à celle de leurs prédécesseurs
du TEG ?
Réponse : 1) nulle et 2) en rien !
Simplement cela prouve que cette seconde version des experts de la finance
durable a été encore davantage prise en otage par les militants écolos bigots irrationnels
antinucléaires !
Finance
durable et investissements idéologiques
Et puisque les experts de la finance durable se
permettent de trancher sur des problèmes physiques, je vais me permettre de
leur donner des conseils financiers, par exemple sur l’éolien offshore. Petits
rappels:
article
récent du Monde (18 février 2022) : « Energie : « Tempête financière pour
l’éolien en mer » : «
Extraits : Les leaders du secteur
en Europe sont à la peine. Le métier est peu rentable, les prix explosent et
les investisseurs sont méfiants »
« Avec
seulement trois acteurs non chinois de taille mondiale (Vestas, Siemens et GE),
les résultats ne sont pas au rendez-vous. Le danois Vestas a prévenu que, en
2022, sa marge bénéficiaire serait au maximum de 4 % et pourrait tutoyer le
zéro. L’allemand Siemens Gamesa anticipe, lui, une marge négative de 4 % cette
année. Début février, le patron a été évincé par les actionnaires. Il faut dire
que les chéris de la Bourse ne le sont plus vraiment. En un an, le cours de
l’action Siemens Gamesa a perdu la moitié de sa valeur, et Vestas a plongé de
40 % depuis ses plus hauts de novembre 2020. Sans parler des déboires du
parapétrolier italien Saipem, dont la reconversion dans l’éolien est en train
de prendre l’eau, au large de l’Ecosse, dans un projet géant conduit par EDF »
https://www.forbes.fr/environnement/leolienne-en-mer-le-nouvel-eldorado-des-energies-renouvelables/
https://www.greentechmedia.com/articles/read/orsted-warns-industry-not-to-ignore-forecast-downgrades
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/02/leolien-off-shore-avis-de-tempete.html
Fin 2019, les cours du géant danois Orsted,
pionnier de l’éolien offshore ont plongé en fin d’année en raison de la
réévaluation de la production de son parc éolien en mer. Ce dernier aurait
sous-évalué les pannes à répétition entraînées par les vents violents du large. Les
marchés s’interrogent donc sur la viabilité de ce business model dont la
robustesse financière reste encore à démontrer. Selon l’agence environnementale
américaine, le coût actualisé de l’énergie éolien en mer reste 2,7 fois plus élevé
que l’éolien conventionnel.
Très confraternel, Orstedt qu ’il baissait son taux de rendement interne prévu pour plusieurs projets en Europe et à Taïwan. La question sous-jacente est une sous-estimation des effets de sillage et de blocage. Son porte-parole a insisté sur le fait que le problème n’est pas propre à l’entreprise, mais plutôt à l’ensemble de l’industrie, ajoutant que ses prévisions sont généralement plus prudentes que celles de ses concurrents.
« Notre tâche principale est de nous assurer que nous ne prenons que des projets où nous créons effectivement de la valeur. Il n’est dans l’intérêt d’aucun actionnaire, ni de notre organisation d’opérer avec des prévisions de production gonflées et de gagner des projets sur cette base »
Oersted a récemment averti que ses 10
parcs offshore auront besoin de réparations urgentes, les câbles s’usant
prématurément en raison du frottement contre le plancher rocheux…L’opérateur
dit qu’il pourrait avoir besoin de dépenser 350 millions de livres sterling sur
deux ans pour réparer les dommages aux câbles causés par les roches du fond
marin
Et pour ce
qui concerne plus spécifiquement la France, et même la Bretagne ( projet
Bretagne Sud, 60 éoliennes entre Groix et Belle-Île)
Naval Group : début
février 2021, Naval Group met fin à sa diversification (Naval Energies) dans le
secteur des énergies marines renouvelables qu’il estime immature : «Malgré les efforts de toutes et de tous,
ces projets, engagés depuis près de 12 ans ne présentent pas aujourd'hui
suffisamment d'assurance de succès économique à court, moyen ou long terme.
L'éolien flottant représente des investissements considérables pour une
rentabilité incertaine, voire inatteignable »
https://actu.fr/normandie/cherbourg-en-cotentin_50129/emr-naval-group-decide-de-jeter-l-eponge_39284292.html
Saipem et EDF en Ecosse (qui a d’ailleurs repris Naval Energies): « Derrière
l’avertissement choc sur les bénéfices de Saipem la semaine dernière se cache
la perte importante sur un contrat de fourniture de fondations d’éoliennes pour
un projet d’EDF au large de la côte est de l’Écosse.
Saipem est en retard dans
la livraison des fondations en acier
pour 54 éoliennes, ce qui aggrave les retards potentiels du projet EDF,
ont déclaré des personnes proches du dossier. Les pertes de Saipem pourraient
dépasser la valeur de son contrat d’une valeur d’environ 550 millions d’euros
(630 millions de dollars), ont déclaré les gens, demandant à ne pas être nommés
car l’affaire est privée. »
Dites, les experts de la finance durable, qu’est-ce
que vous penseriez d’investir dans des EPR plutôt que dans de l’éoline off
shore ?
Et il y a même des guidelines pour ça, KPMG y a
travaillé !
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/11/les-pays-bas-vers-un-programme.html
NB : site de la plate forme, liste des membres, avis sur la taxonomie (44
pages illisibles, probablement parmi le pires que peut générer la bureaucratie
Européenne)
Et tiens, parmi les nouvelles du front de l'éolien off shore et les collages terribles :
Le 14 avril 2022 au Havre,
Emmanuel Macron s'est rendu dans l'usine de production d'éolienne en mer
Siemens Gamesa, avec son ancien Premier ministre et maire de la ville de
Seine-Maritime, Edouard Philippe.
26 avril 2022 : Siemens Energy examine ses perspectives alors que les problèmes de la division éolienne s'aggravent : baisse de 27,5 % des commandes enregistrées au deuxième trimestre. Perte d'exploitation de Siemens Gamesa au T2 de 304 millions d'euros...
Messieurs les finaciers, à bon entendeur et investisseur...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.