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samedi 23 septembre 2017

Galderma : la fin d’un fleuron français

La fin de Galderma : 450 emplois supprimés dans la recherche à Sophia Antipolis

L’un des buts affichés des ordonnances Macron est de simplifier les licenciements, surtout pour les firmes étrangères, qui hésiteraient prétendument  à s’installer en France faute de pouvoir en repartir rapidement …une fois consommées les aides dont elles ont pu profiter.
Eh bien, bienvenue dans le nouveau monde : Nestlé vient d’annoncer  son intention de supprimer jusqu'à 450 des 550 emplois dans le centre de recherche de Galderma  situé à Sophia Antipolis – ce qui signifie l’éradication de la recherche dermatologique en France_ une centaine de salariés pourraient être reclassés dans un "nouveau centre de compétences" qui, cependant, "ne devrait pas être implanté à Sophia".
Mais on est heureux de savoir, selon le porte-parole de Nestlé que  « l 'hexagone reste un territoire et marché-clé pour Galderma, étant la plate-forme des opérations commerciales pour l'Europe du Sud ». Supprimons les chercheurs et les emplois, gardons les marchés !

Après Galderma, l’Oréal ?

C’était pourtant une belle histoire que celle de Galderma, dont l’origine est liée à cet autre fleuron français, L’Oréal. L’Oréal est un champion de la cosmétique, c’est –à-dire des produits  ou procédés en vue de nettoyer, protéger, parfumer, maintenir en bon état, de modifier leur aspect ou modifier  l'odeur des parties superficielles du corps humain (peu, cheveux, ongles, muqueuse buccale.. .).Un cosmétique n’a pas d’action thérapeutique et n’est donc pas soumis à la réglementation sur les médicaments (études cliniques, opérations de mise sur le marché). La dermatologie ne concerne également que les parties superficielles du corps, mais a pour but de soigner et doit donc se soumettre à la réglementation du médicament. Les produits développés par Galderma soignent par exemple l’acné, la rosacée, le psoriasis et les dermatoses corticosensibles, l’onychomycose, les désordres pigmentaires, les douleurs… (Différine, Rozex/MetroGel, Oracea, Locéryl).
L'origine de Galderma est la création en 1979 à Sophia-Antipolis du CIRD (Centre International de Recherche Dermatologique) par le Professeur Hans Schaefer sous l'impulsion du dirigeant de L'Oréal de l'époque François Dalle. Il s’agissait pour l’Oréal d’une valorisation  et d’une diversification possible de sa recherche cosmétique dans le domaine plus lourd et difficile des médicaments.

Ce fut un immense succès. Galderma proprement dit, en tant que compagnie,  a été créé en 1981 par L'Oréal et Nestlé. La société  réalise 978 millions d'euros de chiffre d'affaires, à 50 % aux États-Unis et emploie plus de 5.000 personnes dans une trentaine de pays.
Et elle possédait depuis 2006 le plus grand centre de R et D mondial en dermatologie, à Sophia-Antipolis.
En 2014, Nestlé a acquis les 50% du capital détenu par L'Oréal et est devenu l'unique actionnaire de Galderma. On voit maintenant ce qu’il en fait !
Alors,  on peut s’inquiéter légitimement et fortement de l‘avenir de l’Oréal après la disparition de Mme Bettencourt, si Nestlé devait devenir majoritaire, comme le fait craindre l’absence d’intérêt du couple Meyer pour l’Oréal

La politique destructrice de la secte libérale

Les mesures prises par Nestlé correspondent-elles à un projet stratégique – on parle d’une orientation accrue vers les produits biologiques ? En quoi cela justifierait-il la destruction complète d’un centre plutôt que sa reconversion ?  Mais le pire est que  la motivation première semble venir de l‘entrée dans le capital de Nestlé d’un activiste boursier américain, Daniel Loeb, détenteur de 1% du capital, qui ne cesse de réclamer un changement de stratégie au profit d'une meilleure rémunération des actionnaires – c 'est le troisième plan de restructuration chez Nestlé  depuis son entrée et il semble que le géant suisse soit ainsi contraint à des opérations qu’il ne souhaitait pas forcément. Galderma et le plus grand centre mondial de recherche en dermatologie ont été sacrifiés pour un licenciement boursier !

Face à un tel dégât - une firme française championne mondiale de la dermatologie et le plus grand centre mondial de recherche en dermatologie rayés de la carte-, on a du mal à comprendre pourquoi la priorité des priorités seraient de faciliter les licenciements pour les firmes étrangères – prétendument les ordonnances Macron sont nécessaires pour encourager les firmes étrangères à investir.

Il faut vraiment avoir l’esprit embrumé des adeptes les plus fanatiques de la secte libérales et croire à un monde libéral bisounours (mais où règnerait la compétition perpétuelle et acharnée) pour ainsi arriver à un déni de réalité aussi flagrant ; que la facilitation, quelle que soit la situation réelle- des licenciements ne peut mener qu’au pillage et à la braderie du patrimoine intellectuel français ; que la recherche est une activité stratégique dont la régulation ne peut être laissée au seul marché, et surtout aux spéculateurs financiers ; et que les décisions des firmes sont indépendantes de la nationalité de leurs dirigeants et de la localisation de leur siège.

Galderma, ses chercheurs, ses travailleurs,  payent au prix fort ce qu’il faut bien appeler l’imbécillité de la secte libérale et les ordonnances scélérates de M. Macron. Et beaucoup d’autres victimes sont à craindre. 


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