Fin du monopole, fin du service public : plan Macron, Pepy à la
manoeuvre
Dans un de mes blogs précédents, j’évoquais
une colère légitime contre Guillaume Pepy et la dégradation jusqu’à la
catastrophe (Brétigny) des prestations de la SNCF et constatais qu’on ne peut
que s’interroger sur le fait qu’il n’est pas encore été sanctionné et
démissionné. L’une des explications que j’évoquais semble se confirmer ;
si M. Pepy, contre toute vraisemblance et contre décence est maintenu, c’est bien
parce qu’il agit en bon petit soldat des projets déments de libéralisation du
transport ferroviaire imposés par la Commission Européenne et endossés par nos
gouvernements ; et qu’il sera alors toujours temps de le sacrifier si cela
devait tourner mal. En témoignent les déclarations incendiaires de M. Macron
sur la réforme de la SNCF et des régimes spéciaux, sa généreuse proposition
d’échanger les avantages acquis des salariés par la reprise par l’Etat de la
dette de l’entreprise… dont il est de toute façon le garant !!!!.l et pour
préparer la SNCF à la libéralisation du trafic ferroviaire et à la compétition
avec des acteurs privés.
Encore plus inquiétant le surenchérissement
de deux sénateurs LR et UDI, de la commission du développement durable du
Sénat, qui ont présenté le 6 septembre
la première proposition de loi mettant fin au monopole de la SNCF dans le
transport ferroviaire de voyageurs à l’intérieur du territoire français au
prétexte « Nous voulons éviter tout retard, tout recul ou tout renoncement qui
compromettrait l’ouverture à la concurrence ».
A quelle folie, imbécillité au
sens médicale autodestructrice conduit le culte de la secte libérale ?
Tels les lemmings se précipitant en groupe vers la falaise, toute une partie de
l’intelligentsia et des pseudo élites françaises se précipite vers le suicide.
Notons toute de même que ces
Sénateurs de droite sont moins extrémistes que Macron concernant le personnel
et les avantages acquis puisqu’ils prévoient que les agents de la SNCF
transférés vers les nouveaux exploitants
garderont leurs avantages en matière de retraite et de congés payés. Néanmoins,
« les nouveaux entrants sur le marché devront pouvoir organiser comme
ils l’entendent le service, la polyvalence, les horaires de travail, pour
arriver à avoir un service avec plus de compétitivité. » . Comment ça pourra
marcher ?
Selon le projet sénatorial, les
lignes seraient vendues par « lots » comprenant des secteurs rentables et
d’autres moins. Nous voulons réguler cette ouverture à la concurrence pour que
les opérateurs concurrents ne se positionnent pas uniquement sur des lignes
rentables, en laissant les lignes moins rentables en déshérence, les
abandonnant à la seule SNCF qui, du coup, aura tendance à moins bien les
exploiter » assure le Sénateur Hervé
Maurey.
A voir comment se sont passées
les privatisations des autoroutes…il n’y a qu’à croire. C’est la fin du service
public et un accroissement des inégalités territoriales qui se prépare.
Leçons étrangères : les folies de la secte libérale et son déni
des réalités
Royaume-Uni : une vrai libéralisation catastrophique
Le cas du Royaume-Uni est très
particulier. C'est le seul pays à avoir tenté la privatisation de la gestion
des infrastructures (exploitation, entretien, et même construction...). La privatisation de l'infrastructure
a été opérée en 1996 et a duré à peine six ans. Le réseau ferroviaire a été
confié à la société privée Railtrack, cotée en bourse. La décision a été bien
accueillie…par les milieux financiers, avant que les difficultés de gestion et
de graves problèmes de sécurité ne viennent mettre un terme à l'expérience.
Railtrack a été déchue de la gestion du réseau en 2002. Celui-ci a été purement
et simplement renationalisé de manière d’ailleurs assez hypocrite, sous la
responsabilité de Network Rail, société « privée à but non lucratif », mais de
fait sous le contrôle de l'État.
En ce qui concerne le trafic
voyageur, la réforme s’apparente à celle que veulent proposer les Sénateurs :
services « nationaux » découpés en «groupes de lignes », par « franchise »,
dont la gestion est attribuée par le ministre des transports, après appel
d'offres (sur la base de la subvention demandée la plus faible) à des
entreprises privées, y compris, bien sûr, à des compagnies non britanniques.
Les résultats ont été variables. En 2003, la Stratégic Rail Authority a retiré
la concession du réseau South Eastern à Connex, la filiale transport de Veolia,
en raison de qualité de service insuffisante (retards pour les trois-quarts des
trains !). La même année, l'autorité britannique a attribué le réseau de
TransPennine (région de Manchester) au consortium formé par First Group et
Keolis (filiale de la SNCF). Oh certes, les appels d’offres originaux sont
souscrits ; mais d’exploitants en
exploitants, ou le prix augmente de façon incontrôlée, ou le service se dégrade
irrémédiablement, jusqu’à devenir catastrophique.
Allemagne : l’hypocrisie et la Deutsche Bahn règnent
Quant à l’Allemagne, dans le
ferroviaire comme dans l’hydraulique, elle joue à dés pipés et contourne
facilement des règles qu’elle a érigé à sa mesure : Libéralisation
nominale ne signifie pas libéralisation effective. Il existe certes 317
entreprises ferroviaires privées en Allemagne (on ne comptabilise pas la DB)
qui opèrent dans le transport de marchandises. Mais en réalité seules 45 à 50
d'entre elles sont réellement actives. Ensuite, sur cette masse déjà plus
réduite d'opérateurs privés, seulement 7 d'entre eux ont développé un maillage
national de transport, représentant à eux seuls 80% des t.k (tonnes-kilomètres)
des opérateurs autres que la DB.[3] Ainsi, moins de 3% des opérateurs privés
sur le marché du fret en Allemagne sont capables de concurrencer sérieusement
Railion, la filiale de fret ferroviaire de la DB.
Quant à la quarantaine d'autres
opérateurs actifs, ils sont implantés régionalement mais surtout localement
(dans le cadre de ports, de grands sites industriels), n'intervenant que sur
des opérations terminales (Short-Liners). Dans le cadre de ces opérations
terminales, ces opérateurs privés coopèrent très souvent avec Railion, qui
continue ainsi à dominer très largement le marché domestique du fret : sa part de marché sur le trafic du fret en
Allemagne reste de 83%. Quant au marché du transport de passagers, il
existe effectivement 77 opérateurs privés en plus de la DB Bahn (la filiale
transport de passagers de la DB), mais celle-ci continue de représenter 95% des parts de marché.
De plus, les nouveaux entrants se
plaignent d'entraves - Veolia Transport s'est plaint maintes fois de procédures
irrégulières dans lesquelles la DB aurait joué un rôle.[La DB profite également
de son pouvoir de négociation vis-à-vis des autorités locales, en mettant en
jeu le sort des gares dans l'attribution des marchés d'exploitation du
transport. Parallèlement, la DB bénéficie d'aides indirectes des autorités
publiques, qui ne sont pas forcément liées au service fourni : par exemple,
'Etat prend en charge, via un de ses organismes, 17% de sa masse salariale. Surtout, l'Allemagne a certes un
marché libéralisé mais ne dispose toujours pas d'une réelle autorité de
régulation qui pourrait encadrer la concurrence. D'ailleurs, le terme de «
régulation » était totalement absent dans la loi allemande de réforme du rail… ILl
est apparu que la séparation très partielle du gestionnaire de l'infrastructure
et de l'exploitant ferroviaire (DB Netze est une filiale de la holding DB AG)
pouvait constituer un risque d'entrave à la concurrence. Et de nombreux
nouveaux entrants, qui souhaitent accéder au réseau, se plaignent de cette
confusion des rôles et du manque de crédibilité qui en découle, et contestent
notamment l'impartialité de DB Netze dans la fixation des prix vis-à-vis des
intérêts du holding DG AG.
Une concurrence très partielle et
très maitrisée par le monopole historique, de multiples avantages au profit de
la Deutsche Bahn, les pressions sur les autorités locales, par exemple pour les
gares, une régulation inexistante, un réseau moins indépendant qu’en France… Disons-le gentiment, nos chers amis
allemands réclamant la libéralisation en France se fichent un peu de nous.
Mais, faisant fi du bon sens et des expériences étrangères, nos imbéciles
heureux de la secte libérale veulent mettre fin au service public ferroviaire, s’afficher
comme les meilleurs élèves des
eurocrates , revenir aux temps d’avant 1945 des réseaux PLM et Chemins de Fer
du Nord…
Heureusement, ce
rtaines régions
ont pris les devants et signé de nombreuses conventions avec la SNCF,
d’ici la fin de l’année 2017 ou le début de 2018, pour six ou sept ans,
retardant d’autant la libéralisation effective. Les gestionnaires régionaux,
loin des billevesées théoriques libérales, savent très bien ce que leur couterait
la libéralisation
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