Les
deux Jacobinismes : France insoumise, France en marche
Fin des vacances, fin des
devoirs de vacances. Vous trouverez sur ce site ce à quoi je m’étais engagé,
les « bonnes feuilles » de l’histoire
de la France Contemporaine, d’Hyppolite Taine- soit quand même 108 blogs concernant l’Ancien
Régime, la Révolution- l’Anarchie, la Conquête Jacobine- j’ai laissé de côté le
Régime Moderne, qui vaut bien le reste, mais dépasse le cadre que je m’étais
fixé, celui de Taine comme le premier analyste, bien que le nom ne soit jamais
prononcé, du totalitarisme, de ce premier phénomène totalitaire qu’a été le
jacobinisme, des circonstances qui le font naître et le favorisent, de son
idéologie, de ses méthodes d’action, de l’élimination de tous les corps
intermédiaires, de la psychologie de ses
militants, des sentiments qu’il mobilise et détourne, dont celui de la
démocratie…. Pour mémoire, ce devoir de vacances, je me l’étais donné après la
lecture de l’ouvrage de Michel Onfray, Décoloniser les Provinces, l’un des plus
intéressants et les plus politiques parmi les derniers ouvrages de M. Onfray
plaidoyer anti-jacobin pour le girondisme, le communalisme libertaire, le
pouvoir de parlements régionaux, l’autogestion, l’autorité consentie… Donc, au cas
où ça ne serait pas clair , si je vous ai mis en appétit, lisez Taine et Onfray.
De fait, je crois qu’
Onfray a touché ici un point important de notre histoire et de notre avenir,
qui s’annonce bien sombre tant que nous resterons coincés entre deux
jacobinismes. L’un est assez identifiable, celui de la France insoumise, avec
son éloge de Robespierre, du pouvoir de la rue contre les corps constitués, son
centralisme démocratique au profit d’un leader, son contrôle permanent des élus
par des comités révolutionnaires, son culte de l’égalité au détriment des
libertés qu’on méprise en les appelant formelles. Il est tellement
reconnaissable, l’histoire nous a tellement montré dans quels massacres il s’achevait
(au besoin, relisez Taine !) qu’il est probablement peu dangereux, sauf s’il
parvient à s’imposer comme ma seule alternative à l’autre jacobinisme, plus
insidieux, celui de la secte libérale, la France en marche.
Il existe un contresens total à faire disparaître, qui voudrait
que jacobinisme et libéralisme soient antagonistes. Les Jacobins sont
philosophiquement des libéraux, des hommes de la doctrine du contrat, hostiles
à tout corps intermédiaires, à toute régulation économique, ou professionnelle
(qu’on supprime les diplômes de docteur en médecine ou d’enseignant, le peuple
se déterminant librement saura bien reconnaitra les bons médecins et les bons
professeurs. Que leur pratique, en raison d’un état de crise largement suscité
par leur propre politique, ait été différente
ne change rien au principe, et, au contraire, montre bien la complicité
profonde et nécessaire des deux jacobinismes.
Le
jacobinisme de la secte libérale
Venons-en au jacobinisme,
le moins évident, celui de la secte libérale, de Macron et de ses marcheurs, et
pour cela, Taine est un guide utile, qui permet de pointer les caractères profondément
jacobins des macroniens :
Le
culte de l’Etat et le refus des corps intermédiaires :
« Au nom de la raison que l’État seul représente et interprète » (et
ici, la raison, la doctrine, c’est celle de la secte libérale), on chamboulera
toute la société, avec le mépris le plus profond pour son histoire, un fatras
irrationnel de droits, non pas acquis, mais conquis.
« Pas de corps
organisés qui ferait concurrence à l’Etat , C’est pourquoi, si l’on veut que
les hommes restent égaux et deviennent citoyens, il faut leur ôter tout centre
de ralliement qui ferait concurrence à l’État ». Voire comment Macron
considère les syndicats.
Le
refus de la délibération (que de temps perdu pour ceux qui
ont la foi libérale !) : Taine le rappelle , la démocratie c’est
d’abord la possibilité de délibérer, et c’est un marqueur de l’esprit
totalitaire que de chercher à empêcher la délibération. « Nos
délégués ne sont là que pour exécuter nos ordres ». On reconnaitra ici la
gestion du Parlement par les ordonnances et le gestion des parlementaires
godillots du groupe Macron.
L’idéologie
(ici libérale) au mépris des faits : croire que « la
société humaine n’existe pas et que le législateur est chargés de la faire ». Taine : « les
systèmes politiques puisés dans un livre ne sont bons qu’à être reversés dans
un autre livre »
Disqualification
de l’adversaire comme ennemi de la société. « Le parti (ici
libéral) a pour lui la théorie régnante, et seul il est décidé à l’appliquer
jusqu’au bout » (Taine). Il est donc seul conséquent. S’opposer à lui est
contraire à la saine raison et à l’intérêt de la société dans son ensemble. Irréfutable !
de là, la dénonciation des fainéants, les cyniques, les extrêmes.
Le
jusqu’au boutisme : le rejet des réformes limitées, des
transformations graduelles. Taine : « Selon eux, leur droit et leur devoir
sont de refaire la société de fond en comble. Ainsi l’ordonne la raison pure »
qui a découvert les lois du contrat.
L’organisation
sectaire : Les Marcheurs constituent une élite qui a le
monopole de la compréhension de l’histoire : Taine : par la
communauté du but, ils sont une faction ; par la communauté du dogme, ils sont
une secte, et leur ligue se noue d’autant plus aisément qu’ils sont à la fois
une secte et une faction. Qui n’a été frappé par le caractère sectaire
des meetings de Macron et de son ton si proche de celui des télévangélistes
américains.
La
démagogie égalitaire et l’uberisation : C’est peut-être l’aspect le moins connu
du jacobinisme, le mépris des qualifications et des diplômes : que les
médecins, les instituteurs, les hommes de loi puissent s’installer librement,
sans garantie de diplôme, le peuple ( le consommateur) saura bien reconnaître
les bons et choisira librement ! Et c’est ainsi que Marat fut un grand médecin…
Bref, le Jacobinisme, version libérale Macron
ou robespierriste est dangereux, et doit être combattu. Lisez Onfray et Taine !
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