La fin de Galderma : 450
emplois supprimés dans la recherche à Sophia Antipolis
L’un des buts affichés des ordonnances Macron est de simplifier les
licenciements, surtout pour les firmes étrangères, qui hésiteraient
prétendument à s’installer en France faute
de pouvoir en repartir rapidement …une fois consommées les aides dont elles ont
pu profiter.
Eh bien,
bienvenue dans le nouveau monde : Nestlé vient d’annoncer son intention de supprimer jusqu'à 450 des 550 emplois dans le centre
de recherche de Galderma situé à Sophia
Antipolis – ce qui signifie l’éradication de la recherche dermatologique en France_
une centaine de salariés pourraient être reclassés dans un "nouveau centre
de compétences" qui, cependant, "ne devrait pas être implanté à
Sophia".
Mais on
est heureux de savoir, selon le porte-parole de Nestlé que « l 'hexagone reste un territoire et marché-clé pour Galderma, étant la
plate-forme des opérations commerciales pour l'Europe du Sud ». Supprimons les chercheurs et les emplois,
gardons les marchés !
Après Galderma, l’Oréal ?
C’était pourtant une belle histoire que celle de Galderma,
dont l’origine est liée à cet autre fleuron français, L’Oréal. L’Oréal est un
champion de la cosmétique, c’est –à-dire des produits ou procédés en vue de nettoyer, protéger,
parfumer, maintenir en bon état, de modifier leur aspect ou modifier l'odeur des parties superficielles du corps
humain (peu, cheveux, ongles, muqueuse buccale.. .).Un cosmétique n’a pas
d’action thérapeutique et n’est donc pas soumis à la réglementation sur les
médicaments (études cliniques, opérations de mise sur le marché). La
dermatologie ne concerne également que les parties superficielles du corps,
mais a pour but de soigner et doit donc se soumettre à la réglementation du médicament. Les produits développés par Galderma soignent par
exemple l’acné, la rosacée, le psoriasis et les dermatoses corticosensibles,
l’onychomycose, les désordres pigmentaires, les douleurs… (Différine, Rozex/MetroGel,
Oracea, Locéryl).
L'origine de Galderma est la création en 1979 à
Sophia-Antipolis du CIRD (Centre International de Recherche Dermatologique) par
le Professeur Hans Schaefer sous l'impulsion du dirigeant de L'Oréal de
l'époque François Dalle. Il s’agissait pour l’Oréal d’une valorisation et d’une diversification possible de sa
recherche cosmétique dans le domaine plus lourd et difficile des médicaments.
Ce fut un immense succès. Galderma proprement dit, en tant
que compagnie, a été créé en 1981 par
L'Oréal et Nestlé. La société réalise 978
millions d'euros de chiffre d'affaires, à 50 % aux États-Unis et emploie plus
de 5.000 personnes dans une trentaine de pays.
Et elle possédait depuis 2006 le plus grand centre de R et D mondial en dermatologie, à
Sophia-Antipolis.
En 2014, Nestlé a acquis les 50% du capital détenu par
L'Oréal et est devenu l'unique actionnaire de Galderma. On voit maintenant ce
qu’il en fait !
Alors, on peut s’inquiéter
légitimement et fortement de l‘avenir de l’Oréal après la disparition de Mme
Bettencourt, si Nestlé devait devenir majoritaire, comme le fait craindre l’absence
d’intérêt du couple Meyer pour l’Oréal
La politique destructrice de la secte libérale
Les mesures prises par Nestlé correspondent-elles à un projet
stratégique – on parle d’une orientation accrue vers les produits biologiques ?
En quoi cela justifierait-il la destruction complète d’un centre plutôt que sa reconversion ?
Mais le pire est que la motivation première semble venir de l‘entrée
dans le capital de Nestlé d’un activiste boursier américain, Daniel Loeb, détenteur de 1% du capital, qui ne cesse de
réclamer un changement de stratégie au profit d'une meilleure rémunération des
actionnaires – c 'est le troisième plan de
restructuration chez Nestlé depuis son
entrée et il semble que le géant suisse soit ainsi contraint à des opérations
qu’il ne souhaitait pas forcément. Galderma
et le plus grand centre mondial de recherche en dermatologie ont été sacrifiés
pour un licenciement boursier !
Face à un tel dégât - une firme française championne
mondiale de la dermatologie et le plus grand centre mondial de recherche en
dermatologie rayés de la carte-, on a du mal à comprendre pourquoi la priorité
des priorités seraient de faciliter les licenciements pour les firmes
étrangères – prétendument les ordonnances Macron sont nécessaires pour
encourager les firmes étrangères à investir.
Il faut vraiment avoir l’esprit embrumé des adeptes les
plus fanatiques de la secte libérales et croire à un monde libéral bisounours
(mais où règnerait la compétition perpétuelle et acharnée) pour ainsi arriver à
un déni de réalité aussi flagrant ; que la facilitation, quelle que soit
la situation réelle- des licenciements ne peut mener qu’au pillage et à la
braderie du patrimoine intellectuel français ; que la recherche est une
activité stratégique dont la régulation ne peut être laissée au seul marché, et
surtout aux spéculateurs financiers ; et que les décisions des firmes sont
indépendantes de la nationalité de leurs dirigeants et de la localisation de
leur siège.
Galderma, ses chercheurs, ses travailleurs, payent au prix fort ce qu’il faut bien appeler
l’imbécillité de la secte libérale et les ordonnances scélérates de M. Macron.
Et beaucoup d’autres victimes sont à craindre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.