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dimanche 21 octobre 2012

Biocitech -Romainville en danger ?

Un site prestigieux

Ce fut d’abord la première usine, puis centre de recherche de Roussel-Uclaf, fondé en 1928,à la place des écuries des omnibus parisiens – pas tout à fait un hasard, car le médicament vedette de la jeune firme pharmaceutique était alors l’hémostyl, extrait de sérum de cheval ; puis ce fut l’épopée de la chimie de stéroïdes dont Roussel devint le champion mondial, avec l’ergocalciférol (vitamine D contre le rachitisme), l’estrone, la testostérone, la progestérone, les corticoïdes Hydrocortisone et Cortancyl,  - ce dernier sera un succès considérable et aussi le premier sulfamide français (Rubiazol), des antibiotiques comme le Claforan et des dérivés d’Erythromycine. Durant la grande période de Roussel-Uclaf, le centre de Romainville regroupa plus de deux mille chercheurs, techniciens et ouvriers, et assurait près des trois quarts de la production mondiale de corticoïdes.
Puis ce furent le décès brutal de Jean-Claude Roussel, et une succession de fusions (Hoechst, Aventis, Sanofi-Aventis) mal maîtrisées, dans lesquelles le gouvernement français fut incapable de préserver un immense patrimoine scientifique français et une industrie stratégique. La dernière grande invention de Roussel-Uclaf, bien dan sa tradition, fut le RU486 (la pilule du lendemain), qui fut l’objet d’un bras de fer avec l’actionnaire principal Hoechts qui ne voulait pas le développer.

Le Parc scientifique Biocitech : des atouts gaspillés

En 2003, Sanofi-Aventis décidé l’abandon du site de Romainville et le transforme en « Bioparck» destiné à l’accueil d’entreprises dans le domaine de la chimie, de la biologie et de la santé.
Le site est particulièrement bien adapté à l’implantation de laboratoires de recherches, de développement, voire de production légères, chimiques et biologiques, avec un immobilier et des services techniques et scientifiques efficaces et adaptés. Il est de plus très bien situé, en Seine Saint-Denis, mais aux portes de Paris et desservi par le métro (pourquoi persiste-t-on à vouloir exiler les scientifiques sur les plateaux glacés et mal desservis de Saclay ou de  Palaiseau ?)
Or Biocitech est loin d’être le succès initialement prévu, et nombre d’entreprises ont disparu (soit parce qu’elles échouaient, soit parce qu’elles ont réussi et ont été rachetées) ou sont parties, au point de mettre en danger le parc scientifique, le phénomène s’amplifiant en boule de neige puisque les charges s’accroissent pour les entreprises restantes, au point de devenir dissuasives.
Le principal problème de Biocitech est qu’il n’est pas géré, qu’il n’existe aucune politique volontariste de développement. Légalement, le parc appartient toujours à Sanofi, qui s’en moque totalement ; il existait un projet de cession à la Caisse des Dépôts, dont l’un des rôles est effectivement d’assurer le développement de structures de recherches scientifiques, notamment en liaison avec les pôles de compétitivité. De façon significative et désespérante, ce transfert ne s’est pas fait parce que Sanofi aurait dissimulé à la Caisse des Dépôts le départ imminent du site d’une société parmi les plus importantes.

Pourtant, Biocitech aurait dû, devrait encore avoir un bel avenir. La Région Parisienne est le première région européenne, devant le Grand Londres, pour le domaine pharmaceutique, et la troisième région européenne dans les biotechnologies ( et regroupe 50% des entreprises françaises de biotechnologie), son réseau d’hôpitaux, grâce à l’APHP, est le premier d’Europe. Biocitech, en Seine-Saint-Denis, mais proche de Paris a tout pour devenir un atout essentiel pour l’île de France, et pour la France dans le domaine de la recherche et de l’innovation pour la Chimie et des Sciences de la Santé. Encore faudrait-il que ce parc d’Activité ne soit plus géré par Sanofi, qui l’a complètement abandonné, et soit repris par une structure qui veuille le développer. Un défi pour le Ministère du redressement industriel et pour la Banque publique d’investissement ?


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