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mercredi 31 octobre 2012

La Chine éveillée ne parle pas forcément américain !

Santé publique, système public !

Intéressante interview dans La Recherche d’octobre 2012 du Ministre de la Santé de la République Populaire de Chine. Le Dr Chen Zhu est un hématologue qui a obtenu son doctorat en France, à l’hôpital Saint-Louis. L’épidémie de Syndrome respiratoire aigu, le SRAS, en 2003, a créé un électrochoc en matière de santé publique. Son premier effet a été une rupture radicale avec les habitudes de dissimulation des problèmes de la bureaucratie communiste, et la mise en place d’un système d’alerte transparent, rapide, efficace. Avec un réseau sentinelle de cinq cents hôpitaux dans tous le pays, l’immense et populeuse Chine est maintenant au meilleur niveau en ce qui concerne la surveillance de maladies épidémiques émergentes. Avec la rapidité des transports et l’accroissement des échanges, c’était une nécessité pour la santé, bien public mondial ; la Chine assume sa part du travail
Lors de la première phase de libéralisation de l’économie, de nombreux paysans et ouvriers d’Etat ont perdu leur assurance maladie- dans les campagnes, 80% de la population n’était plus couverte. Les hôpitaux devaient fonctionner comme des entreprises et équilibrer leurs budgets, ils sont donc devenus inaccessibles à la plus grande partie de la population et la corruption a prospéré. Depuis 2007, une nouvelle politique a été poursuivie, visant à la mise en place d’un système public de santé, notamment financement public des hôpitaux pour remédier aux dérives observées, et d’une assurance maladie publique couvrant les besoins essentiels. Un système plus proche du système français que du système américain !

Les relations scientifiques franco-chinoises

La Chine assume aussi maintenant sa part dans la recherche thérapeutique. En matière de médicament, l’un des grands succès chinois a été la découverte de l’antipaludéen le plus efficace, l’artémisine, isolé à partir de remèdes  traditionnels. La Chine se dote aussi de moyens considérables en matières de biobanques (banques de cellules diverses utiles pour la recherche et éventuellement les thérapies cellulaires), de bioinformatiques, de recherche translationnelle (permettant d’établir des liens solides  entre effet clinique et recherche pharmacologique fondamentale.
Dans la domaine de la médecine et des maladies émergents, l’Institut Pasteur de ShangHai, collaboration entre les Instituts Pasteur et l 'Académie des Sciences de Chine constitue une réalisation remarquable, ainsi que, dans le domaine de l’informatique et de l’automatique, le laboratoire mixte INRIA/Académie des Sciences de Chine (LIAMA) de Pékin.
Près de 30.000 étudiants chinois sont en France. Grâce à l’action d’hommes comme M. Vallat, l’ancien proviseur de Louis-Le-Grand, qui a lancé des filières de recrutement en Chine (et en Inde) pour les classes préparatoires, grâce aussi à des initiatives comme l’Ecole Centrale de Pékin, grâce aux collaborations, notamment avec l’ingénierie d’EDF et d’AREVA dans le domaine du nucléaire, la Chine connaît et apprécie le modèle généraliste et original de formation des ingénieurs à la française.
En matière de science, de technique, de modèle de société, la Chine ne s’inspire pas que des USA. Et la collaboration franco-chinoise a de beaux jours devant elle.

Eric Sartori, (Histoire des Grands Scientifiques Français, tempus 2012)

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