Hydroélectricité : une décision avisée et courageuse
Delphine Batho a étonné en déclarant son opposition à la libéralisation en cours des barrages hydroélectriques, imposée par la Commission européenne, plus précisément la Direction de la concurrence dans le cadre de l’ouverture du marché de l’électricité. Celle-ci imposerait à EDF de céder 20% de son parc hydraulique, soit 49 barrages, à la concurrence. La Ministre de l’Ecologie a indiqué qu’ « il y a le problème de délai de licence sur le renouvellement qui semble devoir passer par une mise à la concurrence…, un enjeu de valorisation du patrimoine français en matière d'hydroélectricité, de valorisation environnementale… Moi je ne souhaite pas une nouvelle libéralisation.»
Il était en effet de temps de remettre en cause des décisions basées sur une idéologie de la concurrence qui a largement démontré sa nocivité. Dans des domaines où l’investissement de départ, où la recherche sont importants, celle-ci ne fonctionne simplement pas, comme cela a été largement démontrée par la privatisation de l’électricité aux USA, celle des transports publics en Angleterre. Lorsque qu’un monopole naturel est remplacé par un oligopole, les firmes qui le constituent n’ont aucun intérêt à investir et peuvent très bien se contenter de laisser la pénurie s’installer et les prix augmenter. Dans le secteur des télécommunications, la libéralisation s’est accompagnée d’une baisse d’un tiers des investissements en recherche ; conséquence, en France, on se demande qui investira dans le développement des réseaux haut débit, l’appel à la bonne volonté de Free étant d’un effet incertain.
Dans ces secteurs, la libéralisation, c’est l’explosion des dépenses de communications et l’effondrement des dépenses de recherche ! – et il n’est donc pas étonnant que la libéralisation trouve de nombreux communicants pour la défendre.
Dans le secteur de la production d’énergie, la libéralisation, la concurrence libre et entière ne fonctionne pas. Face aux délires de la Commission européenne, comme d’habitude l’Allemagne fait le gros dos, en affirmant que sa constitution fédérale et la division de son réseau rendent sans objets les préconisations de la Commission , l’Italie commence par voter en urgence la prolongation pour quinze ans de son monopole avant d’affirmer son obéissance parfaite à la Commission , et, comme d’habitude, avec les gouvernements précédents, la France se préparait à agir en bonne élève, suivant exactement les préconisations de la Commission de la concurrence dans les délais impartis.
Eh bien, il était temps que cela change, et qu’on prenne le temps de réfléchir vraiment aux avantages et inconvénients de la libéralisation, domaine par domaine, qu’on pense stratégie industrielle, production, recherche, et pas simplement intérêt – et encore immédiat - du consommateur…Et qu’on ait enfin le courage, si besoin est, de résister aux ukases de la Commission Européenne.
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