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jeudi 20 mars 2014

Debré et Even condamnés par le Conseil de l’Ordre


En attendant d’autres sanctions ?


En première instance, le Conseil de l’Ordre des Médecins (Conseil régional) a condamné Debré et Even à une « interdiction d’exercer la médecine pendant une durée d’un an, dont six mois avec sursis ». Les attendus mentionnent de «nombreux manquement à la déontologie » : Debré et Even ont  mis « gravement en cause la compétence et l’honnêteté de médecins, notamment allergologues et cardiologues », juge l’instance disciplinaire dans sa décision du 17 mars. Ils ont suscité chez les patients « un sentiment de défiance à l’égard de leur médecin traitant » et ont voulu donner à leur livre « un tour spectaculaire non dénué de visées commerciales ». (Le Quotidien du Médecin, 18 mars 2014)
 
Concernant des médecins retraités, la sanction n’est que symbolique, mais le symbole est tout de même important. Le problème est que le Conseil de l’Ordre ne se prononce ( mais  pouvait -il faire autrement ?) que sur la déontologie et le défaut de confraternité, et non réellement sur le manque de valeur scientifique de l’ouvrage et de ses auteurs et la mise en danger de patients interrompant leurs traitements sous l’influence de ces marchands de peur très intéressés ; ce qui peut laisser penser qu’après tout, c’est le manque de confraternité et non le mensonge intéressé qui est condamné, et que Debré et Even pouvaient avoir raison dans leurs dénonciations tous azimuth « des médecins irresponsables, des patients inconscients, des agences de surveillance incompétentes et de l'industrie pharmaceutique diabolique?" ‘(Elise Soli, Huffington Post). Cette condamnation de l’ordre devrait donc être suivi d’un rappel ferme des diverses sociétés savantes de l’ineptie et de la dangerosité de l’ouvrage ; et éventuellement de poursuites pénales pour mise en danger de la vie d’autrui.

 
La plupart des réactions s’exprimant sur le site du Quotidien du Médecin sont favorables à l’Ordre : « Quand on publie des absurdités pareilles, on peut douter sérieusement de la qualité professionnelle de ces deux confrères. Six mois d'interdiction est un minimum pour leur apprendre à réfléchir à la portée de leurs actes et aux heures que nous perdons grâce à eux à expliquer à nos patients coronaropathes la nécessité de ne pas interrompre leurs traitements ». « Leur brûlot largement médiatisé nous a obligé à essayer de reconvaincre nombre de patients sur l'utilité des traitements que nous mêmes ou nos confrères notamment cardiologues pour ne parler que des statines, prescrivons. Si ce n'est pas une attitude anti-déontologiques comment la qualifier ? » «  Les professeurs Even et Debré nous ont traité comme des apprentis sorciers ou encore comme des mauvais élèves alors que nous n'avons rien à apprendre d'eux en dehors peut être dans le domaine de leur spécialité » . « Il faudrait faire une enquête sur le nombre d'accidents cardio-vasculaires, voire de décès, survenus chez des malades ayant arrêté leur traitement de statines, paniqués par l'oeuvre, sans aucun doute rémunératrice, de ces deux messieurs ».  Plusieurs internautes appellent Even et Debré, s’ils ont encore un peu d’honnêteté et de conscience, à verser leurs royalties à  la recherche médicale.

La responsabilité des media
 

Reste qu’une part du problème vient aussi du traitement médiatique - un médecin mentionne que la plupart des patients n’ont pas lu le livre, mais que beaucoup en ont entendu parler dans les media.  Une parole prétendument iconoclaste et pamphlétaire, fut-elle absurde, mensongère et intéressée, est privilégiée face aux démonstrations argumentées et aux vérités nuancées d’experts reconnus et d’officiels. Il y a bien aussi une responsabilité et une déontologie médiatique qui doit interdire de donner le même poids au mensonge et à la diffamation, même s’il fait vendre, qu’à l’honnêteté et au savoir ;
 
 
Est-il pourtant si difficile, même à un journaliste non spécialiste, de  comprendre et d’expliquer que Debré et Even, et pour le diabète, et pour la contraception, et pour l’hypertension, et pour la dépression, et pour le cholestérol, et pour les antiinflammatoires, et pour les allergies ne peuvent avoir raison contre la communauté des spécialistes de chacune de ces aires thérapeutiques, eux qui ne sont spécialistes en rien, et, en tous cas, pas en ces domaines ?
 
 
Et pourquoi les journalistes ne rappellent-ils pas comment Even, dès 1985, déjà affamé de gloire médiatique, s’est ridiculisé et a compromis la recherche française en annonçant dans une conférence de presse la découverte d’un traitement du sida, après avoir administré de la ciclosporine ( un médicament diminuant les défenses immunitaires)  à deux patients, lesquels mourront rapidement, essai mené dans un contexte de compétition internationale pour découvrir un traitement du sida, et conduit sans respecter les règles :pas de consentement éclairé des patients, pas de consultation de la  Commission nationale d’éthique pour approuver le protocole de cet essai. (en fait, le nombre de lymphocytes  T4 des patients augmentait du fait qu'ils sont neutralisés par la ciclosporine, mais du fait même de cette neutralisation, cette augmentation n'était  d'aucun secours). Ou encore ses déclarations incendiaires contre les dangers du tabagisme passif, pourtant avérés ? Il suffit pourtant de consulter Wikipedia…et quelques experts qui ont de la mémoire.
 
 
 

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