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lundi 10 novembre 2014

Le Positivisme et la théorie cellulaire


Dans le numéro de juillet-août 2014 de La Recherche, Laurent Loison a publié un article d’histoire des sciences (Un Français contre la théorie cellulaire)  qui raconte l'opposition de Charles Robin, co-fondateur en 1848 avec Claude Bernard, de la Société de Biologie et positiviste déclaré  à la théorie cellulaire  de Schwann. Même si Laurent Loison, dans un article de toute façon intéressant, ne verse pas  dans la dépréciation facile, rebattue et injuste du Positivisme, il m’a semblé utile de préciser le point suivant dans une lettre qui a été publiée par la revue dans son numéro d’octobre.

Charles Robin était philosophiquement disciple de Littré, donc un positiviste « incomplet », aux yeux des positivistes orthodoxes de la rue Monsieur le Prince. Ceux-ci ne se sont pas privés de lui infliger une correction fraternelle (ce sont les meilleures !), justement sur le thème de la théorie cellulaire, en soulignant que  Robin tirait ses idées du Cours de Philosophie Positive de 1835 où Comte considérait en effet que l’explication scientifique en biologie devait s’arrêter au tissu, la cellule lui apparaissant en gros comme une notion métaphysique, voire comme un artefact microscopique. Seulement, faisaient-ils remarquer, Comte, en 1851, dans le Système de Politique Positive  (t. I, Introduction fondamentale, 3ème chap., p. 648-649), revenait sur sa condamnation de la théorie cellulaire  en ces termes :  « La grave lacune que signalait à cet égard mon traité philosophique  a été depuis, comblée suffisamment, surtout d'après les démonstrations comparatives de M. Schwann. Cette doctrine est maintenant la mieux élaborée de toutes celles que comportait l'essor isolé de la biologie, et la mieux adaptée à sa culture encyclopédique ».

Contrairement à l’idée répandue, le positivisme est un système complètement ouvert qui a pour vocation d’intégrer les connaissances lorsqu’elles sont devenues «positives», c’est-à-dire « certaines, précises, relatives, organisatrices ». Comte considérait que ce n‘était pas encore le cas pour la théorie cellulaire en 1835, mais plus en 1851.

Les positivistes en tant que groupe ne se sont pas plus opposés à la théorie cellulaire qu’à la théorie atomique - il y  eut des positivistes dans les deux camps. Et les littréens auraient gagné à ne pas ignorer le Système de Politique Positive !
 
 

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