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mardi 28 juin 2016

SImondon m’était conté

SImondon m’était conté (2)

Simondon se donnait pour but de penser l’homme avec la technique, comme quelque chose qui lui appartient, image d’une individualité ouverte et insistait : la mentalité technique est une mentalité ouverte. Parmi les quelques philosophes modernes qui poursuivent sur sa lancée, citons Pascal Chabot, d’ailleurs auteur de La philosophie de Simondon (Vrin, 2003) et d’un film sur lui. Les ligne suivantes sont extraites d’un autre de ses ouvrages, Les philosophes et la technique, Vrin 2003 :  
«  Beaucoup de philosophes portent un jugement critique sur le développement des technologies, la technicisation du monde a des conséquences négatives, elle serait en partie responsable des guerres modernes(Bergson), de la venue de l’Antéchrist (Schmidt), du développement de la société de masse (Ortega y Gasset) ou du nihilisme (Heidegger). D’autres y voient un facteur qui accentue l’incompréhension de l’autre (Gadamer), le déclin de la culture (Arendt), la violence (Brun) ou encore la servitude humaine (Jonas). Si tant d’esprits profonds, qui par ailleurs professent des opinions politiques ou religieuses diverses, s’accordent pour imputer à la technique une responsabilité dans certains des maux récents, c’est qu’elle est au centre du problème. Mais à quel titre ? La technique n’est pas un sujet de droit, elle ne peut être citée à comparaitre. Elle est un nom générique qui couvre des activités multiples, depuis la construction des routes jusqu’aux manipulations de la vie, en passant par la microchirurgie de pointe et les technologies de destruction.  Les expressions sont donc floues… La technique représente tant d’activités différentes … Et les maux qu’on lui reproche sont si nombreux. .. Ne serait-ce pas alors une cabale réactionnaire que certains philosophes organisent contre le progrès. Ne projetteraient-ils pas sur la technique le malaise d’une civilisation ? N’en feraient-ils pas un bouc émissaire d’autant plus commode qu’il est silencieux ? Peut-être, mais ce serait alors la première fois dans l’histoire qu’au lieu de rejeter le bouc émissaire dans le désert ou de le précipiter d’une falaise, on le garde si près de soi et on le sollicite tant. Il ne s’agirait plus alors d’un rite expiatoire, mais d’une situation paradoxale.

Renouveau du dialogue


Signe du renouveau d’un dialogue fécond, hors des anathèmes, entre technique et philosophie ? Une des dernières émissions Répliques (juin 2016) de M. Finkielkraut, invitant Luc Ferry pour son ouvrage tout juste paru, La révolution transhumaniste  (Plon 2016) et Michel Onfray. L’un et l’autre discutent régulièrement avec des scientifiques et se donnent la peine de se tenir au courant des avancées scientifiques -  il semble même que pour son ouvrage, M. Ferry se soit astreint à une sérieuse mise à niveau en biologie. S’efforçant de distinguer entre humanisme, transhumanisme et posthumanisme, loin des anathèmes, il montre comment certains des aspects des projets transhumanistes qui visent non plus à seulement soigner l’homme, mais à l’améliorer, sans pour autant créer un surhomme « posthumain » peuvent se concilier avec la tradition humaniste. Ainsi, il s’agit bien, après avoir lutté contre les inégalités de statut social ( castes, esclavage,noblesse), puis les inégalités dues à la richesse( c’est pas encore tout à fait  réglé), de lutter contre une injustice peut-être plus grande encore, celle de la loterie génétique et de remédier à ses défauts les plus évidents (maladies génétiques), en préservant la diversité,  et en évitant de créer une société de clones comme celle que décrivit Huxley. Le projet transhumaniste d’étendre la vie humaine (entendons la vie humaine en parfaite santé- on y arrive déjà pour des souris jusqu’à un âge correspondant environ à 150 ans chez l’homme) lui parait ainsi acceptable et prometteur, enrichissant les sociétés humaines d’une meilleur conciliation entre la jeunesse et l’expérience.  Beaucoup moins rassurants sont d’autres projets (par exemple une vision artificielle) qui, au départ conçus pour guérir, pourraient facilement et (presque inévitablement ?) dériver en projet d’hommes « augmentés » et en lutte insane et mortifère suscités par les compétitions entre Etats (compétition guerrière) ou entre individus (ultra libéralisme) pour l’obtention du surhomme (du transhomme) le plus fort. Bref une réflexion intéressante, qui apporte beaucoup de question, peu de réponses, me semble-t-il. Une possible : la religion positiviste d’Auguste Comte  et son clergé de savant et de philosophes chargé des intérêts collectifs de l’Humanité ? 


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