Des "scandales" bien ciblés
La chronique européenne nous
offre deux incroyables « scandales » qui ont fait l’objet pour une fois de la
plus grande diligence de la part des autorités européennes. Ainsi, l’Office
européen de lutte antifraude (Olaf) a demandé en août au Parlement européen de
lancer une procédure de recouvrement à l’encontre de Marine Le Pen pour une somme de 339 946 euros. Il s’agit de la
rétribution de deux assistants parlementaires qui auraient travaillé
essentiellement comme permanents pour le FN ; l’un, embauché comme assistant local, était en fait
son garde du corps, lequel était supposé rester dans la circonscription de Mme
Le Pen, et non assurer sa protection à Bruxelles et Strasbourg ; l’autre était
son assistante parlementaire européenne entre 2010 et 2016, un contrat
équivalent à celui d'un fonctionnaire européen qui, selon les enquêteurs de
l’Olaf, n’était pas compatible avec ses responsabilités au FN. Bref, au
contraire du précédent, elle aurait dû être davantage à Bruxelles et Strasbourg
plutôt qu’à Paris.
L’autre « scandale » concerne Le Parti du peuple, formation danoise anti-immigration et eurosceptique.
Son leader européen Morten Messerschmidt a écrit un livre dénonçant la fraude
aux subventions européennes et le gaspillage de l’argent des contribuables. Or
l’impression de l’ouvrage a été financée par les fonds européens attribués au
Parti du Progrès. Le Parti du Progrès s'est aussi vu réclamer par le Parlement
Européen 400.000 euros dont plus de la moitié aurait été utilisée pour financer
la campagne du référendum de 2015 sur la possibilité (opt out ) de ne pas
participer à certaines politiques européennes et leur campagne législatives…
On ne peut qu’être assez confondu par ces attaques extrêmement ciblées
contre des partis hostiles à l’‘Europe institutionnelle actuelle (rien, nada,
nichts, niente… d’équivalent à reprocher à d’autres partis ?), mais rappelons
tout de même que la démocratie impose de permettre à tous les partis légaux de
concourir à l’expression du suffrage universel et à la vie politique, même si
l’on ne partage pas leurs options. Et
qu’il ne manquait plus aux institutions européennes que de se comporter
vis-à-vis de leurs opposants en Erdogan,
(celui du début, avant que ça s’aggrave…)
Pendant ce temps-là, la Commission ne cesse de s’enfoncer dans les eaux
boueuses des conflits d’intérêts, voire de la corruption, un problème récurrent
au moins depuis la reconversion du Commissaire européen Mac Sharry qui
rejoignit l’agrobusiness après avoir mis en en place la Politique Agricole
Commune ; citons plus récemment l’ancien président Barroso rejoignant Goldman
Sachs, le maltais John Dali contraint à la démission pour une sombre affaire
d’influence des lobbies du tabac, les
comptes bahaméens de l’ex commissaire à la concurrence Nelly Kroes,
l’utilisation de l’avion privé d’un homme d’affaire allemand par le Commissaire
allemand à l’économie numérique Oettinger,.
Je reçois régulièrement les mails de l’association Sauvons l’Europe. Et pour ce magnifique
projet qui aurait dû être celui de notre génération, il semble que nous en
soyons en effet là, sauver ce qui peut l’être. Mais pour défendre les
institutions européennes, encore faudrait-il qu’elles soient défendables.
A quand, réellement, de nouveaux grands projets européens ?
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