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mardi 14 mars 2023

Campagne EELV contre le nucléaire : le baroud de déshonneur

Le contexte : l’ensemble des Français s’affirme de plus en plus favorables à l’énergie nucléaire. Selon certains sondages, ce serait même le cas de plus de 50% des électeurs EELV, de plus en plus influencés par une approche plus scientifique des problèmes climatiques et écologiques notamment exemplifiée par M.Jancovici. Or, pour l’establishment EELV, l’anti-nucléaire semble une caractéristique existentielle : « les écologistes entendent réinvestir la bataille culturelle et appellent à l'organisation d'une Convention citoyenne sur le nucléaire… On repart au combat, affirme la secrétaire nationale d'EELV, Marine Tondelier. On va faire cette proposition de Convention citoyenne. »

https://www.france24.com/fr/france/20230311-face-%C3%A0-l-adh%C3%A9sion-croissante-au-nucl%C3%A9aire-en-france-les-%C3%A9cologistes-contre-attaquent

Dans cette nouvelle bataille « culturelle », les écologistes mobilisent principalement trois fake news qu’ils martellent dans les media

I)La consommation d’eau par le nucléaire

"Nous entendons toutes sortes de mensonges ou de contrevérités sur la consommation d'eau du nucléaire", regrette-t-elle, avant d'assurer que dans notre pays, « près d’un tiers de l'eau consommée" sert au refroidissement des centrales. (Marine Tondelier)…. Mais c'est aussi, avec les quelques centrales thermiques restantes et selon EELV: 31% de l'eau CONSOMMÉE dans tout le pays soit le 2ème poste de consommation après l'agriculture

Alors une fois pour toutes disons-le, simplement et fermement : à ce rythme il n’y aura bientôt plus assez d’eau dans nos fleuves pour refroidir les centrales nucléaires !

https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/le-nucleaire-un-tiers-de-l-eau-consommee-en-france-2250492.html

https://twitter.com/marinetondelier/status/1633171620129849345?t=gG-WLXMqoAqYBK1YRQALyw&s=09

https://twitter.com/marinetondelier/status/1633171622193426434

Réponse : c’est une confusion soigneusement entretenue entre consommation et prélèvement : Le #nucléaire PRÉLÈVE l’#eau d’un fleuve ou de la mer pour son refroidissement. 

➡️ 98% de cette eau est restituée à la source

➡️ 2% sont « consommés « par évaporation atmosphérique. ( donc restituée un peu plus trad sous forme de pluie.

Contrairement à ce que certains écolos semblent croire, l’eau n’est pas consommée et transformée, en quoi ? en tritium ?

II) La compatibilité du nucléaire avec le réchauffement climatique

"La compatibilité du nucléaire avec le réchauffement climatique est une vraie interrogation", souligne @laernoes, "aujourd'hui, 50% de l'eau en France, 26 milliards de mètres cubes d'eau sont nécessaires pour refroidir le parc actuel".

Laernoes, https://twitter.com/LCP/status/1631014782366109705

La question du refroidissement des centrales nucléaires par temps de canicule ou réchauffement climatique n‘est pas un problème de sécurité, mais de préservation de la biodiversité : l’eau rejetée ne doit pas dépasser soit une certaine valeurs absolue ( qui changera avec le réchauffement climatique), soit une certaine différence  (3°C généralement) avec l’eau puisée

Quel impact du réchauffement climatique sur le nucléaire? Pas grand chose sauf pour Chooz, même dans un scénario de réchauffement à +4°C : cela joue surtout sur le production mais pas sur la sûreté, qui plus est dans des périodes de chaud où le besoin en électricité est faible

En bord de mer, les réacteurs nucléaires n'ont pas besoin d'aéroréfrigérant et les canicules ne sont pas un sujet. Vous avez ici par exemple une photo des 6 réacteurs de Gravelines (sans aéro). A noter qu'un pays comme la Chine n'a pour le moment que des réacteurs en bord de mer

Pour les réacteurs en bord de fleuve, les effets de la centrale sur le débit et la température du fleuve sont contrôlés, principalement pour des raisons d'environnement et de biodiversité. C'est très différent pour chaque réacteur selon le fleuve et son emplacement sur le fleuve. ( Par exemple, au Blayais, avec la proximité de l’estuaire de la Garonne, c’est plus souple.)

Dans son rapport sur 2050, Rte avait simulé et chiffré les indisponibilités du nucléaire avec plusieurs scénarios de réchauffement climatique. L'impact existe mais il est limité (et là encore, c'est une question de réglementation et d'environnement, pas de sûreté) : conclusion : il y a une possibilité de perte de qqs % de production dans des périodes où généralement la demande n’est pas forte.


Donc : pas d'impact sur la sûreté et des effets qui peuvent s'anticiper à la conception. Flamanville, Penly et Gravelines étant en bord de mer, la question ne se posera pas pour les 1er EPR là-bas.

Et rappelons qu’on peut faire parfaitement fonctionner une centrale nucléaire en plein désert, comme celle de Pheonix en Atrzone, refroidie par les eaux usées de la ville…

III) Centrales nucléaires et leucémies

"Habiter à côté d'une centrale nucléaire, ça ne fait pas rêver", a déclaré Aymeric Caron en commission des affaires économiques à l'Assemblée nationale jeudi 2 mars. "Ça se comprend", continue le député Révolution écologique pour le vivant (REV) en donnant plusieurs raisons dont celle-ci : "Si on a lu cette étude de l'Inserm de 2012 qui évoque un nombre de leucémies infantiles supérieur à la moyenne nationale dans un rayon de 5 km autour des centrales."

Ceci repose sur une publication de l’INSERM (Geocap studies) de 2012 qui a trouvé entre 2002 et 2007, 14 enfants avec une leucémie vivaient à moins de cinq kilomètres d'une centrale nucléaire, alors qu'il aurait dû y en avoir sept, selon leurs estimations.

1) Ce sont des chiffres extrêmement faibles et un cluster dû au hasard n’est pas improbable ( faible significativité). Il y a de plus des biais d’études, il est très facile de créer ce genre de fausses corrélations.

Comme l’a noté un commentaire tweeter, “voila comment on crée ce genre de corrélations: j'affirme qu'habiter dans une zone de 15 km autour de la maison d'Aymeric Caron cause des problèmes de santé. Je vais donc recenser les cancers de différents types, les naissances avec malformation, l'espérance de vie de différentes catégories de la population,...les troubles psy . Et toute déviation à la moyenne nationale, je vais l'attribuer à cette proximité. Ah tiens? Vivre dans cette zone double le cancer des poumons chez les hommes et les troubles cardio-vasculaires chez les femmes enceintes? Boum, j'ai ma corrélation.
 
On taiera au passage les "bienfaits" (tout aussi spécieux) que pourraient révéler une corrélation inverse. "Ah tiens, moins de dépression chez les ados? et moins d'obésité chez les femmes de plus de 65 ans", ça doit être ça aussi! “

2) Selon les auteurs de l’étude, le lien avec les très faibles radiations ionisantes émises par les centrales en fonctionnement normal ne peut pas être établi

De fait, en 2021, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) publiait un rapport à ce sujet, portant sur les années 2014 à 2019 et ses observations sont claires : on est bien davantage exposé à des rayonnements ionisants en passant une radio ou un scanner qu'en vivant à côté d'une centrale.

"La dose reçue peut varier d’environ 0,1 millisievert (mSv) pour une radio pulmonaire à 15 mSv pour un scanner abdomino-pelvien ou un TEP-scanner", peut-on y lire, alors que "pour les personnes résidant dans un rayon de 10 km autour [d'une installation nucléaire], une dose de 1 à 10 µSv/an (soit 0,001 à 0,01 mSv/an) est retenue suivant le site". Une simple radio des poumons équivaut à dix ans de vie à côté d'une centrale nucléaire, si on prend les estimations maximales (0,01 mSv/an), une radio des lombaires équivaut à 100 ans, un scanner du thorax à 1 000 ans.”

3) Dès 2013, cette étude était contredite 

En France

“Les enquêtes sanitaires effectuées auprès des populations habitant à proximité des installations nucléaires se suivent et se ressemblent : elles ne montrent, parmi ces populations riveraines, aucun excès de cancers ou de leucémies attribuables à la centrale nucléaire ou à l’usine située dans le voisinage. La dernière en date de ces études a été menée en 2013, à l’initiative des Commissions Locales d’Information du département de la Manche – qui compte sur son territoire l’usine de retraitement de La Hague, la centrale nucléaire de Flamanville, le centre de stockage de déchets radioactifs CSM et l’arsenal de Cherbourg spécialisé dans la construction et la maintenance des sous–marins nucléaires. … Publiés et diffusés fin 2013, les résultats de cette étude sont résumés ainsi dans le document de synthèse : « l’incidence des cancers masculins dans la Manche est équivalente à celle estimée en France » tandis que « l’incidence des cancers chez la femme est inférieure de 1,5% à celle estimée en France ».   En d’autres termes, les installations nucléaires du Cotentin ne causent pas de dommages à la santé des populations riveraines.”

Et à l’étranger

 “Au plan international, l’étude la plus récente venant corroborer ces constats a été réalisée en 2013 au Royaume-Uni sur 10 000 enfants de moins de 5 ans diagnostiqués avec la leucémie ou d’autres cancers entre 1962 et 2007. Elle a été conduite par le Centre de recherche britannique sur les cancers de l’enfance, se demandant si les tout jeunes enfants vivant à proximité immédiate des centrales nucléaires n’ont pas un risque accru de développer une leucémie ou un cancer. La réponse est négative. Le Dr John Bithell, qui a dirigé l’étude, a apporté sur ce point les précisions suivantes : « notre étude cas-témoins a examiné les dossiers de naissance pour presque tous les cas de leucémie infantile nés en Grande- Bretagne et les conclusions de ces analyses sont rassurantes. Nous n’avons pas trouvé de corrélation entre le développement de cette maladie et la proximité des installations nucléaires ». Notons que cette conclusion apporte un nouveau démenti aux rumeurs complaisamment entretenues par certains militants anti-nucléaires attribuant à l’usine de Sellafield un taux de leucémies infantiles plus élevé dans la région que dans le reste du pays.

En fait, personne ne peut sérieusement remettre en cause ce constat fondamental vérifié depuis des années autour de 200 sites nucléaires en France et dans le monde : les installations nucléaires correctement exploitées ne sont pas un problème de santé publique. La raison en est simple : leurs rejets radioactifs sont limités à des niveaux très faibles, se confondant avec le bruit de fond de la radioactivité naturelle.”

https://www.sfen.org/rgn/manche-impact-installations-nucleaires-sante/

Leukaemia in young children in the vicinity of British nuclear power plants: a case–control study,

https://www.nature.com/articles/bjc2013560.pdf

L’industrie nucléaire et le risque de cancers dans le département de la Manche ».

https://inis.iaea.org/search/search.aspx?orig_q=RN:45086097


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